Editorial du numéro 26 de juillet-​août 2011- Aux Sources du Carmel

Bulletin du Tiers-​Ordre sécu­lier pour les pays de langue fran­çaise


Editorial de Monsieur l’abbé Louis-​Paul Dubroeucq,
aumônier des tertiaires de langue française 

Cher frère, Chère sœur,

De nom­breux sujets ont déjà été abor­dés dans ce bul­le­tin dans le but de vous aider à vivre plus pro­fon­dé­ment votre vie de ter­tiaire. C’était soit un thème en rela­tion étroite avec la spi­ri­tua­li­té car­mé­li­taine, soit l’approfondissement d’un point spé­cial de la règle. Ainsi, au cha­pitre XI, celle-​ci nous entre­tient de l’oraison, de la lec­ture spi­ri­tuelle, de l’examen de conscience et de l’exercice de la pré­sence de Dieu, exer­cices impor­tants pour le pro­grès de l’âme dans la vie inté­rieure. Ayant déjà par­lé de l’oraison men­tale dans ASDC n° 11, nous trai­te­rons ici de ce qui la nour­rit : la lec­ture spi­ri­tuelle. « La lec­ture spi­ri­tuelle leur sera éga­le­ment très utile, sur­tout les jours de fête, s’ils ne peuvent la faire les jours ordi­naires. »(Règle n°49)

La lec­ture spi­ri­tuelle consti­tue le pre­mier des éche­lons par les­quels l’âme s’élève à Dieu car elle dis­pose à l’oraison men­tale, four­nis­sant à l’âme la matière des saintes médi­ta­tions qui éclairent l’esprit et embrasent le cœur. Elle n’est pas une lec­ture d’étude, mais une lecture-​prière, en vue de l’oraison. Dès les pre­miers siècles du chris­tia­nisme, elle était ain­si pra­ti­quée. : « Que la lec­ture spi­ri­tuelle soit notre exer­cice quo­ti­dien, et ce que nous lisons, méditons-​le pour l’imiter.(1) »Les fidèles y étaient for­te­ment encou­ra­gés : « Lisez aus­si sou­vent que pos­sible, et appre­nez autant que vous pour­rez. Que le som­meil vous sai­sisse la plume à la main, et que la page sainte reçoive votre tête qui tombe(2). »Ainsi s’effectue une com­mu­ni­ca­tion conti­nuelle entre Dieu et l’âme : « Quand nous prions, dit saint Jérôme, nous par­lons à Dieu, mais quand nous lisons, c’est Dieu qui nous parle.(3) » Le livre de lec­ture spi­ri­tuelle est encore un guide sur le che­min de la ver­tu et de la per­fec­tion ; c’est un miroir dans lequel cha­cun apprend à se connaitre tout en appro­fon­dis­sant les mys­tères divins. « Comme la nour­ri­ture est néces­saire à la vie du corps, la lec­ture spi­ri­tuelle est aus­si indis­pen­sable à la vie de l’âme (…). Elle apprend la manière de com­battre les enne­mis du salut ; elle est une pluie bien­fai­sante qui rend l’âme féconde, une édu­ca­trice vigou­reuse et une nour­rice béné­vole de bonnes œuvres.(4) » Elle ranime le cou­rage lorsqu’on est abat­tu. Saint Augustin en témoigne dans ses Confessions : « L’exemple de vos bons ser­vi­teurs, Seigneur, occu­pait sans cesse notre pen­sée, échauf­fait nos froi­deurs et consu­mait notre paresse ; il empê­chait que le poids de nos ins­tincts ne nous fît retom­ber dans le précipice…Sans doute leurs géné­reuses actions ser­virent beau­coup à nous rai­dir devant ces faux pro­phètes, de sorte que leur lan­gage allu­mait nos ardeurs au lieu de les éteindre.(5) »

Comment faire cette lec­ture ? En esprit de prière : la lec­ture doit consti­tuer une base solide pour gui­der la médi­ta­tion, et favo­ri­ser la contem­pla­tion. Notre appli­ca­tion à une lec­ture bien faite engendre une fer­vente orai­son. Lisons len­te­ment, sans pré­ci­pi­ta­tion : « Lorsque vous lisez, dit Saint Ephrem, ne vous conten­tez pas de tour­ner les pages de votre livre, mais reli­sez par­fois deux ou trois fois la même phrase, afin d’en bien sai­sir toute la signification.(6) » En réflé­chis­sant pieu­se­ment : soyons atten­tifs au Saint-​Esprit qui nous parle ; lorsqu’une chose nous touche, « que la prière inter­rompe votre lec­ture », dit saint Bernard ; il ne s’agit pas de lire beau­coup mais sur­tout de se péné­trer de sa lec­ture : « cher­chez en lisant, et vous trou­ve­rez en médi­tant. »écrit saint Jean de la Croix.

Parmi les livres recom­man­dés par la règle, figurent tout d’abord les saints Évangiles, puis l’Imitation de Jésus-​Christ, les œuvres spi­ri­tuelles de notre Mère sainte Thérèse, de notre Père saint Jean de la Croix, de saint François de Sales, de saint Alphonse de Liguori…, aux­quels nous pou­vons ajou­ter : celles de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Bienheureuse Élisabeth de la Trinité… Prenons le livre qui pour­ra nous faire le plus de bien et nous unir à davan­tage à Dieu. Ne nous conten­tons pas de lire un livre une seule fois. Saint Alphonse de Liguori relut jusqu’à trente fois la vie de sainte Thérèse de Jésus. « On ne doit pas faire comme les guêpes, dit saint François de Sales, qui vol­tigent conti­nuel­le­ment d’un endroit à l’autre, et ne ramassent rien ; mais bien comme les abeilles, qui recueillent tout le suc des fleurs. » Le but de la lec­ture spi­ri­tuelle n’est pas tant d’acquérir de nou­velles connais­sances au sujet de Dieu et de tout ce qui nous conduit à lui, que de le goû­ter et de vivre en lui et pour lui. 

Au des­sus de tous les ouvrages, pla­çons l’Évangile. Sainte Thérèse de Jésus disait que les maximes et les récits évan­gé­liques l’unissaient plus à Dieu que les plus élo­quentes paroles humaines. Sainte Thérèse de Lisieux nour­ris­sait ses orai­sons essen­tiel­le­ment des paroles sacrées ; elle y décou­vrait le « carac­tère » de Jésus. Ne suivait-​elle pas ain­si ce conseil d’un Père de l’Église qui nous invite à « Connaître le cœur de Dieu à tra­vers les paroles de Dieu(7) » ? Dans cette lec­ture Élisabeth Leseur pui­sait lumière et force pour son pro­grès spi­ri­tuel : « Je lis l’Évangile et, à cette suave lumière, je découvre encore en moi bien des « recoins » d’égoïsme et de vani­té. Livre unique, sans cesse lu et sans cesse nou­veau, beau d’une beau­té sou­ve­raine, res­plen­dis­sant de véri­té ; d’une grâce et d’un charme exquis, où l’on puise sans cesse et que rien n’épuise ! Don béni de Dieu, pour­quoi les hommes t’oublient-ils, puisque par toi seule­ment ils appren­dront de nou­veau la cha­ri­té ?(8) »

Apprenons, bien chers ter­tiaires, de notre Reine et Mère la fidé­li­té, la constance, l’application pieuse à bien nour­rir notre âme de saintes lec­tures et, comme elle, à les « médi­ter et les gar­der dans notre cœur ».

† Je vous bénis.

Abbé L.-P. Dubrœucq †

Notes

(1) St Ambroise, in Ps. 118, Rouet de Journel, Textes ascé­tiques des Pères de l’Eglise, p.198, nº 466, 1947.
(2) St Jérôme, Lettre sur les devoirs de la vierge, idem, p. 220, n° 536.
(3) St Jérôme, Ep. Ad Eustochium.
(4) R.P. Berthold de Jésus o.c.d., A l’école de la per­fec­tion reli­gieuse, t.2, p. 323–324, éd. Ch. Beyaert, Bruges, 1955.
(5) St Augustin, Confessions, IX, 2.
(6) St Ephrem, Lib. de pat. et cons.
(7) St Grégoire le Grand, Lettre à Théodore, 4,31, R.J., op. cit., p.531, n. 1346.
(8) E. Leseur, Journal, p.60–61, éd. de Gigord, 1917.

Retraites car­mé­li­taines :

Retraite car­mé­li­taine : du 22 au 27 août 2011, à l’Etoile du Matin. 57230 Eguelshardt

Réunion du Tiers-​Ordre du Carmel le same­di 18 juin 2011, à 9h30,
21 rue du Cherche-​midi, Paris 6ème ( locaux de l’Institut st PieX)

Comme l’in­dique l’or­do de 2011,des messes sont célé­brées au Mans
tous les­di­manches et fêtes d’o­bli­ga­tion à l’a­dresse sui­vante :
Chapelle Notre-​Dame de l’Annonciation
1, rue des Edelweiss, 72000 Le Mans (Quartier des Maillets)
Tél : au prieu­ré Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17