Conférence sur Notre-​Dame de Fatima

Conférence pro­non­cée le same­di 21 août 2005 à l’oc­ca­sion du Pèlerinage de la Fraternité Saint Pie X à Fátima

Dignare me lau­dare Te, Virgo sacra­ta, Da mihi vir­tu­tem contra hostes tuos

Fatima est au Cœur Immaculé de Marie ce que Paray-​le-​Monial est au Sacré Cœur de Jésus, « ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épar­gné jusqu’à s’épuiser et se consom­mer pour leur témoi­gner son amour ; et, pour recon­nais­sance, il ne reçoit de la plu­part d’entre eux qu’ingratitudes, froi­deurs et mépris » pour les­quels Notre Seigneur deman­da répa­ra­tion. Le 13 juin 1917, vers midi, à quelques cen­taines de mètres d’ici, trois petits ber­gers du Portugal, pour la deuxième fois, reçurent la visite de la Reine du Ciel ; ils l’entendirent pro­non­cer ces paroles : « Jésus veut éta­blir dans le monde la dévo­tion à mon Cœur Immaculé » ; puis, raconte Sœur Lucie, « la Sainte Vierge ouvrit les mains et nous com­mu­ni­qua le reflet de la lumière immense qui l’enveloppait (…). Devant la paume de sa main droite, se trou­vait un Cœur entou­ré d’épines qui s’y enfon­çaient. Nous com­prîmes que c’était le Cœur Immaculé de Marie, outra­gé par les péchés de l’humanité, qui deman­dait réparation ».

C’est le point cen­tral du Message de Fatima.

Comme l’affirmait le Cardinal Cerejeira, ancien Patriarche de Lisbonne, « Fatima, c’est la mani­fes­ta­tion du Cœur Immaculé de Marie au monde actuel pour le sauver ».

Certes, à cha­cune de ses six Apparitions à Fatima, Notre Dame nous a deman­dé de ne pas omettre notre cha­pe­let quo­ti­dien, « la plus belle prière après la Sainte Messe », disait Saint Pie X – « Récitez le cha­pe­let tous les jours » – ce cha­pe­let qu’Elle tenait aus­si dans ses mains à Lourdes, mais qu’Elle recom­man­da expli­ci­te­ment à Fatima ; et il est vrai que lors de sa der­nière Apparition, le 13 octobre 1917, la Sainte Vierge se dési­gna sous le vocable de « Notre Dame du Rosaire », l’arme de tant de vic­toires de la chré­tien­té depuis Lépante en 1571 jusqu’au Brésil en 1960, en pas­sant par la France en 1628, Vienne en 1683, la Hongrie en 1716, le Portugal en 1915 [1], et com­bien d’autres encore…, mais lorsque il s’agit de Son Cœur Immaculé, de Son Cœur auquel Dieu confie la vraie paix, de Son Cœur où s’enfoncent les épines blas­phé­ma­trices des hommes, alors son ton se revêt d’une solen­ni­té nouvelle :

« Pour sau­ver les âmes des pauvres pécheurs, Dieu veut éta­blir dans le monde la dévo­tion à mon Cœur Immaculé [2] (…) Pour empê­cher la guerre, je vien­drai deman­der la consé­cra­tion de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion répa­ra­trice des pre­miers same­dis. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se conver­ti­ra et on aura la paix ; sinon elle répan­dra ses erreurs dans le monde, pro­vo­quant des guerres et des per­sé­cu­tions contre l’Eglise. Les bons seront mar­ty­ri­sés ; le Saint-​Père aura beau­coup à souf­frir ; plu­sieurs nations seront anéan­ties. Finalement mon Cœur Immaculé triomphera (…). »

Si l’on consi­dère les dif­fé­rents thèmes du Message de Fatima, le plus fré­quem­ment évo­qué est celui du Cœur Immaculé de Marie : 11 fois ; alors qu’il est ques­tion 7 fois de la conver­sion des pécheurs, 6 fois du cha­pe­let quo­ti­dien et 3 fois de Notre Dame du Rosaire.

Pour la pre­mière fois dans l’histoire de toutes ses Apparitions sur la terre, La Sainte Vierge uti­li­sa des moyens inha­bi­tuels, puis­sants, pour appuyer ses demandes ins­tantes, urgentes, d’une impor­tance consi­dé­rable pour le salut des âmes et des nations : Ainsi, le 13 juillet 1917, Notre Dame mon­tra l’enfer aux trois enfants et, le 13 octobre sui­vant, accom­plit, devant 70 000 témoins, le grand miracle du soleil ; un soleil qui se trans­for­ma en une roue de feu et mena­ça de s’écraser sur la terre ! Une véri­table scène apo­ca­lyp­tique qui pro­vo­qua plu­sieurs confes­sions publiques, comme, par exemple, celle d’un jour­na­liste qui était pour­tant venu pour tour­ner Fatima en déri­sion ; mais le jour­na­liste de « O Século » ne riait pas ; à genoux dans la boue, il confes­sait à haute voix ses péchés…

Pourquoi ces moyens ? Parce que la Très Sainte Vierge Marie révé­la à Fatima les bles­sures de Son Cœur et deman­da répa­ra­tion des offenses qui lui sont faites, afin que la situa­tion du monde s’améliorât et que beau­coup d’âmes fussent sau­vées. Notre Dame assu­ra du salut éter­nel ceux qui auront cher­ché à La conso­ler, comme nous le ver­rons, et pro­mit la conver­sion de la Russie com­mu­niste et la paix des nations [3]. Il ne s’agit pas seule­ment de répa­rer nos péchés qui, mal­heu­reu­se­ment, ont été la cause de la Passion de Jésus et donc de la Com-​passion de sa Très Sainte Mère, il s’agit aus­si de fautes qui la font direc­te­ment souf­frir, de fautes com­mises contre Elle, d’offenses déli­bé­rées, com­mises parce qu’Elle est MARIE ! Ceci est un fait nou­veau dans l’histoire du mys­tère d’iniquité. Notre siècle est tom­bé suf­fi­sam­ment bas pour s’en prendre à la Sainte Vierge Elle-​même ; il est dif­fi­cile de tom­ber plus bas dans la lâche­té, l’ingratitude et la malice ! Hélas, les exemples concrets ne manquent pas, nous le ver­rons aussi…

Mais, d’abord, réflé­chis­sons, médi­tons un peu sur la digni­té, la bon­té, la sain­te­té de la per­sonne offen­sée : Qui est Marie ? Quel est ce Cœur qui, avec le Sacré Cœur de Jésus, nous aime tant ? Ce Cœur qui a tant bou­le­ver­sé les pas­tou­reaux de Fatima, spé­cia­le­ment la petite Jacinthe, qu’il les condui­ra en peu de temps à une héroïque sain­te­té…
En nous effor­çant de répondre, avec l’aide des Pères et des Docteurs de l’Eglise, à ces ques­tions (I), nous mesu­re­rons mieux la per­ver­si­té de l’acharnement (II) que subit la meilleure des Mères, notre Bonne Mère du Ciel, et nous cher­che­rons alors à La conso­ler (III) le mieux que nous pour­rons : C’est pour cela que nous sommes venus en pèle­ri­nage à Fatima, dans une démarche de répa­ra­tion au Cœur Immaculé de Marie, et ce, non parce que nous serions dignes de le faire, non, mais parce qu’Elle nous l’a deman­dé, ici-​même, à Fatima.

I- « Quæ est ista » ?

uelle est Celle-​ci [4] » ? Par trois fois, comme ravi en extase, l’auteur ins­pi­ré du livre du Cantique des can­tiques pose cette ques­tion. Les Pères de l’Eglise enseignent que ce « Ista », « celle-​ci » s’applique à l’Eglise, l’Epouse mys­tique de Notre Seigneur, ou encore aux âmes des justes, unies à Dieu par la grâce, mais éga­le­ment à la Très Sainte Vierge Marie.

« – Quelle est Celle-​ci qui monte du désert, comme une colonne de fumée, exha­lant la myrrhe et l’en­cens, tous les aro­mates des mar­chands ? »
« – Quelle est Celle-​ci « Qui est cette Femme » qui appa­raît comme l’au­rore, belle comme la lune, res­plen­dis­sante comme le soleil, et ter­rible comme une armée ran­gée en bataille ? »
« – Quelle est Celle-​ci qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé ? »

Le livre de l’Apocalypse [5] décrit cette Femme et le com­bat qu’Elle doit livrer :

« Il parut dans le ciel un grand signe – Signum mag­num – : une femme revê­tue du soleil, la lune sous ses pieds, et une cou­ronne de douze étoiles sur sa tête ». (…) Un autre signe parut encore dans le ciel : tout à coup on vit un grand dra­gon rouge ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes, sept dia­dèmes ; de sa queue, il entraî­nait le tiers des étoiles du ciel, et il les jeta sur la terre. Puis le dra­gon se dres­sa devant la femme qui allait enfan­ter afin de dévo­rer son enfant, dès qu’elle l’au­rait mis au monde. Or, elle don­na le jour à un enfant mâle, qui doit gou­ver­ner toutes les nations. (…) Quand le dra­gon se vit pré­ci­pi­té sur la terre, il pour­sui­vit la femme qui avait mis au monde l’en­fant mâle. (…) « Et le dra­gon fût rem­pli de fureur contre la femme, et il alla faire la guerre au reste de ses enfants, à ceux qui observent les com­man­de­ments de Dieu et qui gardent le com­man­de­ment de Jésus. »

Cette guerre avait été annon­cée par Dieu dés le début de la Genèse :

« Et je met­trai une ini­mi­tié entre toi et la femme, entre ta pos­té­ri­té et sa pos­té­ri­té ; celle-​ci t’écrasera la tête, et tu la meur­tri­ras au talon [6]. »

« Qui êtes-​vous, quel est votre nom ? »
lui deman­da Bernadette

Je suis l’Immaculée Conception.

Arrêtons-​nous un peu sur cette réponse, mys­té­rieuse. « Je suis celle qui a été conçue Immaculée » ou « je suis l’Immaculée » eut été plus com­pré­hen­sible. Mais non, la Très Sainte Vierge Marie s’identifie à une Conception, à LA Conception Immaculée.

Il faut y voir plus encore que le syno­nyme d’une expres­sion comme : « la Pureté-​même », for­mule qui peut dési­gner Celle qui fut pré­ser­vée de tout péché. Allant plus loin, plus haut, Saint Maximilien Kolbe y voit une inef­fable par­ti­ci­pa­tion de la Mère du Verbe Incarné à la Conception éter­nelle du Fils de Dieu. N’est-Elle pas la Mère de Jésus, Dieu fait homme, la deuxième Personne de la Sainte Trinité que le Père engendre de toute éter­ni­té ?.. Ainsi la Sainte Eglise, dans le com­mun des fêtes de la Sainte Vierge, lui attri­bue les paroles de la Sainte Ecriture qui s’appliquent à la Sagesse Eternelle :

« Depuis toute éter­ni­té, avant tous les siècles, j’ai été créée et j’existerai dans tous les siècles [7] … »

Oui, Notre Dame est un doux et grand Mystère, qui dépasse l’intelligence humaine. « Certainement, enseigne Saint Jean Chrysostome [8], la Bienheureuse Marie tou­jours Vierge fut un grand miracle. Qui, en véri­té, a trou­vé ou pour­ra trou­ver plus grande, plus illustre qu’Elle ? Elle seule, par sa gran­deur a sur­pas­sé le Ciel et la terre. Ni les pro­phètes, ni les Apôtres, ni les mar­tyrs, ni les Anges…, ni aucune créa­ture, visible ou invi­sible, ne la dépassent en gran­deur et en excel­lence. Elle est à la fois la ser­vante et la Mère de Dieu, Vierge et Mère ». Saint Irénée, Saint Athanase, Saint Cyprien, Saint Ephrem, Saint Grégoire de Naziance, Saint Cyrille d’Alexandrie, Saint Epiphane, Saint Jérôme, Saint Ambroise, Saint Augustin, Saint Jean Damascène, pra­ti­que­ment tous les Pères de l’Eglise ont des lignes magni­fiques sur la Très Sainte Vierge [9], que je ne peux citer, faute de temps ; rete­nons un court extrait de l’homélie que don­na Saint Cyrille d’Alexandrie lors du Concile d’Ephèse qui pro­cla­ma le dogme de la Maternité divine de Marie :

Nous vous saluons, Marie, Mère de Dieu, tré­sor digne d’être véné­ré par toute la terre, lumière inex­tin­guible, cou­ronne de la vir­gi­ni­té, trône de la droite doc­trine, temple indes­truc­tible, demeure de Celui qu’aucun lieu ne peut conte­nir, Mère et Vierge, (…) grâce à qui la Sainte Trinité est ado­rée et glo­ri­fiée, grâce à qui la Croix pré­cieuse est célé­brée et ado­rée dans le monde entier. Qui sau­ra chan­ter comme il est dû les louanges de Marie. Elle est à la fois Vierge et Mère. Réalité admi­rable ! Merveille qui me rem­plit de stupeur !

Qu’il est bon de lire ces cita­tions ardentes des Pères de l’Eglise, en ces temps où l’on ose rela­ti­vi­ser ou même taire la doc­trine catho­lique sur la Sainte Vierge pour ne pas cho­quer ceux qui, hélas, nient cet ensei­gne­ment et que l’on nomme œcu­mé­ni­que­ment « frères sépa­rés »… Cela facilitera-​t-​il leur conver­sion ? Les faits répondent : « Non, au contraire, ils se trouvent confor­tés dans leurs erreurs », évi­dem­ment. L’œcuménisme, c’est la néga­tion de l’esprit mis­sion­naire de l’Eglise.

Nous affir­mons au contraire, avec saint Bernard :

De Maria, num­quam satis.

: Jamais nous ne pour­rons dire, même après avoir lu tous les écrits des saints et des Docteurs et médi­té durant des années : « J’ai com­pris qui est la Sainte Vierge ». Plus nous la connaî­trons, plus nous l’aimerons et plus nous l’aimerons, plus nous cher­che­rons à la connaître sans pou­voir épui­ser le Mystère de Marie, sinon dans l’éternité du Ciel, après cette vie .

« Quand on l’a vu, on vou­drait mou­rir pour la revoir , écri­vit Sainte Bernadette. »
« Elle est le miroir où se reflètent les traits de Dieu, dit Saint Augustin. »

La petite Thérèse, gué­rie par une grâce de Notre Dame des Victoires, écri­vit dans son Autobiographie :

Tout à coup, la Sainte Vierge me parut Belle, si Belle que jamais je n’avais rien vu de si beau ; son visage res­pi­rait une bon­té et une ten­dresse inef­fables, mais ce qui me péné­tra jusqu’au fond de l’âme, ce fut le ravis­sant sou­rire de la Sainte Vierge ». Saint Denis l’Aréopagite nous lais­sa par écrit que « la pre­mière fois qu’il la vit, il se trou­va si frap­pé du charme admi­rable que le Très-​Haut avait mis en Elle, et par sa beau­té incom­pa­rable, qu’il l’aurait prise pour une divi­ni­té si sa foi, dans laquelle il était bien confir­mé, ne lui avait appris le contraire.

Le soir du 13 mai 1917, Jacinthe de Fatima, mal­gré le silence conve­nu avec sa cou­sine Lucie, au carac­tère plus hési­tant, ne pour­ra pas s’empêcher de répé­ter à peine ren­trée chez elle :

Oh la Belle Dame, oh la Belle Dame, oh la Belle Dame !

Chef‑d’œuvre de Dieu, Marie n’a rien qui ne sur­passe toutes les beau­tés de la création.

En sa pré­sence, toute beau­té s’efface, toute grâce dis­pa­raît, comme mes étoiles s’éclipsent au lever du soleil », écrit Saint Alphonse de Liguori [10] ; « En Elle, dit Saint Jean Damascène, se trouvent la grâce et l’agrément de toute la nature ».

Que dire alors des ver­tus sur­na­tu­relles, de la sain­te­té, de Notre Dame ?..
Ecoutons ce que nous disent les Docteurs et théo­lo­giens de l’Eglise, par exemple, sur la cha­ri­té qui habite son Cœur Immaculé, ce Cœur que nous sommes venus vénérer :

« Il eût été en quelque sorte peu digne de Dieu d’imposer un pré­cepte que per­sonne n’aurait accom­pli par­fai­te­ment, écrit Saint Albert-​le-​Grand ; le grand pré­cepte de la cha­ri­té a donc dû être plei­ne­ment obser­vé par quelqu’un, et il n’a pu l’être que par la Très Sainte Vierge Marie. »
« Reine de l’amour, comme l’appelle Saint François de Sales, »
« Notre Dame sur­passe en cha­ri­té tous les Anges et tous les hommes , affirme Saint Bernardin. »
« Les séra­phins eux-​mêmes, dit Richard de Saint-​Victor, auraient pu des­cendre du Ciel pour apprendre à l’école du Cœur de Marie de quelle sorte il faut aimer Dieu. »
« Elle est le feu por­tant le Feu, écrit Saint Alphonse, »
« enflam­mant et ren­dant sem­blable à Elle-​même tous ceux qui L’aiment et qui L’approchent, pré­ci­sa Saint Bonaventure. »

Et Saint Bernard d’enseigner :

L’amour divin bles­sa, trans­per­ça le Cœur de Marie jusqu’à sa der­nière fibre. Aussi accomplit-​Elle le pre­mier com­man­de­ment dans toute son éten­due et sans la moindre imperfection.

Citons encore Saint Bonaventure :

La Vierge Marie a aimé les hommes au point de sacri­fier pour eux Son Fils unique ; et main­te­nant qu’Elle règne dans le Ciel, sa Charité pour nous n’est point dimi­nuée, mais aug­men­tée de beau­coup parce qu’Elle connaît mieux nos misères.

Ne peut-​on pas affir­mer que tous les titres, toutes les pré­ro­ga­tives de la Sainte Vierge prennent leur source dans la cha­ri­té de son Cœur Très Pur ? « Refuge des pécheurs », « Santé des malades », « Vierge clé­mente », « Notre Dame du Perpétuel Secours »… Celle « dont on n’a jamais enten­du dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à sa pro­tec­tion ait été aban­don­né » pos­sède un Cœur qu’aucune misère ne peut lais­ser indifférent.

« O Marie, que toutes les Nations glo­ri­fient, que toute la terre invoque et bénisse votre Cœur Immaculé ». Notre cher Saint Curé d’Ars, modèle de pas­teur d’âmes, réci­tait cette prière tous les jours.

Et c’est pour cela qu’Elle est venue ici-​même, à Fatima, où, en par­ti­cu­lier, la petite Jacinta aima tant le Cœur Immaculé de Marie ! Touchante de sim­pli­ci­té, elle ne ces­sait de répéter :

Doce Coração de Maria, sede a min­ha sal­va­ção, Doux Cœur de Marie, soyez mon salut ; J’aime tant le Cœur Immaculé de Marie ! C’est le Cœur de notre Maman du Ciel !

Elle vit ce Cœur en ce 13 juin 1917, et en fut bou­le­ver­sée, trans­for­mée, « ce Cœur si tendre pour nous que les cœurs de toutes les mères réunis en un seul ne seraient qu’un mor­ceau de glace auprès du sien », comme le prê­chait le saint Curé d’Ars.

Elle est plus Mère encore que Reine, affir­ma Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

C’est pour­quoi la Liturgie nous invite à une immense confiance dans le Cœur de Notre Dame :

Adeamus cum fidu­cia ad tro­num gra­tiae, Approchons-​nous avec assu­rance du Trône de la grâce afin d’obtenir misé­ri­corde et la faveur d’un secours oppor­tun. [11]

Malheureusement, des âmes habi­tées et ani­mées d’ une folle ingra­ti­tude, d’un incroyable mépris, d’une haine dia­bo­lique osent s’approcher de Marie,» pour l’offenser, l’outrager, la salir…

Des épines s’enfonçaient pro­fon­dé­ment dans son Cœur, écri­vit Sœur Lucie dans ses Mémoires.

II – Le cœur outragé de Marie

uelles sont ces épines ? Quels sont ces blas­phèmes qui meur­trissent le Cœur de notre Mère ? Le 29 mai 1930, Sœur Lucie deman­da à Notre Seigneur :

Pourquoi cinq same­dis ? Parce qu’il y a cinq espèces d’offenses et de blas­phèmes pro­fé­rés contre le Cœur Immaculé de Marie :

  • Les blas­phèmes contre l’Immaculée Conception.
  • Les blas­phèmes contre sa Virginité.
  • Les blas­phèmes contre sa Maternité divine, en refu­sant en même temps de la recon­naître comme Mère des hommes.
  • Les blas­phèmes de ceux qui cherchent publi­que­ment à mettre dans le cœur des enfants l’indifférence ou le mépris, ou même la haine à l’égard de cette Mère Immaculée.
  • Les offenses de ceux qui l’outragent direc­te­ment dans ses saintes images ».

Cette réponse de Notre Seigneur à Sœur Lucie cor­res­pond à une bien triste réa­li­té : Les grands dogmes mariaux font l’objet de blas­phèmes inces­sants ou d’un silence conve­nu ; la dévo­tion mariale à laquelle les enfants sont faci­le­ment sen­sibles leur est impi­toya­ble­ment cachée, ridi­cu­li­sée ; les images, les sta­tues de Notre Dame sont la cible pri­vi­lé­giée des iconoclastes.

Les quelques faits que je vais vous citer suf­fisent lar­ge­ment à jus­ti­fier notre pèle­ri­nage de répa­ra­tion à Fatima. En réa­li­té, ces blas­phèmes sont innom­brables. Le Bon Dieu les per­met pour qu’une contre-​offensive s’ensuive, une réac­tion filiale, celle que cha­cun de nous sau­ra offrir à notre Mère outragée.

- Ce sont tout d’abord les pré­di­ca­tions men­son­gères des sectes d’origine pro­tes­tante, véri­table plaie de notre temps, spé­cia­le­ment en Amérique du sud, mais aus­si, de plus en plus en Europe. Leur zèle, volon­tiers tolé­ré par les gou­ver­ne­ments sans Dieu, s’intensifie dans les pays de tra­di­tion catho­lique. Au Portugal , j’en ai été témoin il y a quelques années, les adeptes du « Royaume uni­ver­sel de Dieu » dis­tri­buent régu­liè­re­ment des tracts invi­tant les gens à cas­ser leurs sta­tues de Notre Dame de Fatima, leur pro­met­tant en retour les béné­dic­tions de Dieu ! Il est vrai que le Père com­mun de ces sectes, Martin Luther, dans un ser­mon sur l’Ave Maria, en 1523, affirmait :

Je vou­drais qu’on éva­cue tota­le­ment le culte de Marie, seule­ment à cause de l’abus qu’on en fait.

- Au Brésil, la plus grande nation catho­lique du monde, un pas­teur, sur une impor­tante chaîne de télé­vi­sion, a don­né un coup de pied à Notre Dame Aparecida, la sainte Patronne de ce pays, en la trai­tant de « bone­ca feia », « pou­pée horrible ».

- En Argentine, il y a quelques mois, en la ville de Cordoba, une expo­si­tion offrait aux regards des visi­teurs un tableau ignoble dont le thème était : Marie a conçu du Saint Esprit. Les prêtres et les fidèles du Prieuré de cette ville ont réagi par une pro­ces­sion en l’honneur de Notre Dame jusqu’à la cathé­drale où les atten­daient une meute furieuse d’anarchistes. La police a fini par faire évi­ter un affron­te­ment san­glant. « Dici » a don­né un repor­tage sur cet évé­ne­ment. Un prêtre est allé voir le Curé de la Cathédrale pour deman­der son appui ; celui-​ci était dans son bureau, sachant par­fai­te­ment ce qui se pas­sait. Il répon­dit que cela ne le concer­nait pas… Que des anar­chistes attaquent la reli­gion, cela se com­prend aisé­ment, mais que le cler­gé ne réagisse pas quand la Reine du Clergé fait l’objet d’un affront blas­phé­ma­toire dans une expo­si­tion publique, cela est par­ti­cu­liè­re­ment grave. Mais n’est-ce pas la consé­quence d’un mot d’ordre impli­cite, sinon expli­cite ? N’est-ce pas le fruit de cet œcu­mé­nisme géné­ra­li­sé qui a enva­hi et bâillon­né l’Eglise et qui res­pecte plus les fausses reli­gions que Notre Dame ?

- An nom de cet œcu­mé­nisme, ici, à Fatima – vous le savez tous – le 5 mai 2004, un prêtre hin­douiste a pu invo­quer ses démons au lieu-​même des Apparitions de Notre Dame. L’expression « démons » n’est pas trop forte ; le psaume 95, au ver­set 5, l’utilise en disant : « Omnes dii gen­tium demo­nia », « tous les dieux des païens sont des démons ». Mais qu’est-ce qu’il avait à faire ici ? (… Certes, ce fut en ce lieu que, le 13 juillet 1917, la Sainte Vierge mon­tra l’enfer et les démons aux trois enfants, il y a donc un cer­tain rap­port direct mais c’est bien le seul !..) En réa­li­té, ce prêtre du diable célé­brait tran­quille­ment un rituel païen, invo­quait ses démons, bien loin d’être condam­né par le Recteur de ce lieu saint ; au contraire, celui-​ci reçut avec enthou­siasme, ain­si que l’évêque du lieu, un châle hin­douiste des mains du ministre de Shiva !.. Car la reli­gion de Shiva est res­pec­table, natu­rel­le­ment, elle aus­si a des valeurs de salut aux­quelles il faut savoir s’ouvrir : c’est le lan­gage œcuménique.

Le cha­pe­let, c’est très bien, mais les invo­ca­tions hin­doues, musul­manes, etc., aus­si ; ce qui compte c’est de pro­mou­voir la paix. …

cer­tai­ne­ment les marins de Lépante, en 1571, auraient appré­cié ces paroles qui auraient évi­dem­ment fait recu­ler les Turcs !

- Derrière tout cela, il y a la perte de la foi ou alors une effroyable hypo­cri­sie. On ne peut aimer et ser­vir Notre Dame, et en même temps témoi­gner du res­pect pour des reli­gions qui n’en veulent pas et qui détestent son divin Fils. C’est lui faire injure, évi­dem­ment. C’est Elle qui était au pied de la Croix, s’offrant en sacri­fice avec son Fils pour le salut des âmes, ce salut qui est com­pro­mis par les fausses reli­gions. Comment est-​il pos­sible de lire en pre­mière page de la revue du 28 octobre 2003 du Sanctuaire de Fatima, « Noticias de Fatima » : « Un Sanctuaire à plu­sieurs Credos », ou encore sur la cou­ver­ture de la revue d’octobre 2001 de l’Armée Bleue :

Fatima, un appel à l’unité des chré­tiens, des musul­mans et des juifs ?

Fatima, c’est un appel angois­sé de Notre Dame pour que les âmes soient sau­vées et donc un appel à la conver­sion des musul­mans, des juifs, des hin­dous, des pro­tes­tants, etc. Contrarier cet appel, c’est évi­dem­ment faire souf­frir le Cœur de Notre Dame. L’œcuménisme, qui ne pro­duit aucune conver­sion, sinon des déser­tions, ôte à l’Eglise catho­lique sa cré­di­bi­li­té et conforte les autres reli­gions et leurs adeptes dans leurs éga­re­ments. « Marie est une femme très édi­fiante, res­pec­table, admi­rable, la ser­vante de Dieu (jamais la Reine), notre sœur, etc. » admet­tra le pas­teur pro­tes­tant, mais jamais il n’acceptera de dire qu’Elle est tou­jours Vierge, Immaculée dans sa Conception, Corredemptrice et que l’on peut véné­rer son image. Et l’œcuménisme favo­rise la dif­fu­sion de ces erreurs graves contre la foi ; il rela­ti­vise les dogmes mariaux jusqu’au sein de l’Eglise, sup­pri­mant, par exemple le mot « tou­jours » dans l’expression « tou­jours Vierge », comme c’est le cas dans la nou­velle Messe.

- De même on laisse actuel­le­ment, sans réagir, se dif­fu­ser l’idée que « Jésus avait des frères »…Après tout, si elle n’est pas « tou­jours Vierge » !.. Cette idée à la mode qui fait son che­min est une insulte directe à la Très Sainte Vierge, évidemment.

- C’est à cause de l’œcuménisme que les dogmes de la Médiation uni­ver­selle et de la Co-​rédemption de Marie ne sont pas pro­cla­més : Cela ralen­ti­rait l’élan oecu­mé­niste, cela déplai­rait à nos « frères sépa­rés ». Voici un extrait de la décla­ra­tion de la Commission théo­lo­gique de Czestochowa, du 24 août 1996 :

Même si l’on don­nait à ces titres (de Corrédemptrice , Médiatrice » et Avocate) un conte­nu qui pour­rait être inclus dans le dépôt de la foi, leur défi­ni­tion, actuel­le­ment, ne serait pas théo­lo­gi­que­ment claire, car ces titres et la doc­trine qu’ils contiennent, néces­sitent un plus grand appro­fon­dis­se­ment dans une pers­pec­tive tri­ni­taire, ecclé­sio­lo­gique et anthro­po­lo­gique ( !) renou­ve­lée. Les théo­lo­giens, fina­le­ment, et spé­cia­le­ment les non-​catholiques, se mani­fes­tèrent sen­sibles aux dif­fi­cul­tés œcu­mé­niques qu’impliquerait une défi­ni­tion de ces titres.

Sans com­men­taires… Le 4 juin 1997, l’Académie Mariale Pontificale renchérissait :

Le mou­ve­ment actuel qui prône ces défi­ni­tions dog­ma­tiques n’est de toute évi­dence pas dans la ligne et les orien­ta­tions de Vatican II…

- Précisément, lors du Concile Vatican II, la pres­sion des œcu­mé­nistes et des théo­lo­giens pro­tes­tants sur les Evêques catho­liques fut telle que le sché­ma spé­ci­fique sur la Vierge Marie, pré­vu par la Commission pré­con­ci­liaire, se retrou­va inclus dans le sché­ma sur l’Eglise. Cela cor­res­pon­dait au vœu du Cardinal Alfrink [12], appuyé par le Cardinal Garrone :

Cela contri­bue­rait gran­de­ment à faci­li­ter le dia­logue avec les chré­tiens séparés.

La ques­tion fut mise aux voix. Les œcu­mé­nistes l’emportèrent par 17 voix. L’abbé Berto, théo­lo­gien de Mgr Lefebvre au concile, en pleura :

On a for­mel­le­ment décla­ré la Sainte Vierge gênante, encom­brante, à le face de son Fils, Elle, l’Epouse du Saint-​Esprit [13].

[…]

- Autre affir­ma­tion, pour le moins mal­heu­reuse de Jean Paul II, à l’audience géné­rale du 24 avril 1997 :

Jésus sur la Croix n’a pas pro­cla­mé for­mel­le­ment la mater­ni­té uni­ver­selle de Marie, mais il a ins­tau­ré un rap­port mater­nel concret entre Elle et le dis­ciple préféré.

Pourtant voi­ci ce que dirent, par exemple, Pie XI, le 30/​11/​1933 :

« C’est pré­ci­sé­ment au pied de la Croix, que durant les der­niers moments de sa vie, que le Rédempteur l’a pro­cla­mée notre Mère, la Mère de tous : »

« Voici ton fils, lui disait-​Il, en par­lant de St Jean qui nous repré­sen­tait tous »

et Léon XIII, le 22/​9/​1891 :

Jésus l’a pro­cla­mée du haut de la Croix, quand Il a confié à ses soins et à son amour la tota­li­té du genre humain dans la per­sonne du dis­ciple Jean.

Et ce furent aus­si l’avis et l’enseignement des Pères de l’Eglise. Pourquoi ce besoin de dimi­nuer l’importance du rôle de Marie dans notre Rédemption ? Pourquoi ce refus de com­men­ter dans ce sens la Sainte Ecriture et pré­fé­rer se réfé­rer à des textes apo­cryphes non cano­niques [14] ?

- Le 4/​1/​1996, le Pape Jean Paul II eut ces mots :

Attribuer le « maxi­mum » à Marie ne peut deve­nir une norme de la mariologie.

Pourtant St Thomas d’Aquin, le Docteur Commun de l’Eglise n’hésite pas à affirmer :

La Bienheureuse Vierge Marie, du fait de sa Maternité divine, pos­sède une cer­taine digni­té infi­nie, quam­dam digni­ta­tem infi­ni­tam [15].

Et St Alphonse de Liguori, Docteur de l’Eglise, d’écrire dans « Les Gloires de Marie » :

Dieu n’a pu L’exalter plus qu’Il ne la fait.

St Albert le Grand, éga­le­ment Docteur de l’Eglise dit :

Etre la Mère de Dieu est la plus grande digni­té après celle de Dieu,

et com­bien d’autres saints Docteurs qui magni­fient Notre Dame, comme, du reste, nous le fai­sons en réci­tant ses Litanies :

Mater puris­si­ma, Mater cas­tis­si­ma, Virgo prudentissima…

- Le caté­chisme enseigne éga­le­ment que si le culte de dulie concerne les saints, la Sainte Vierge, Elle, a droit à un culte d’hyperdulie. Celle « que toutes les géné­ra­tions pro­cla­me­ront bien­heu­reuse [16] » mérite le titre de Santissima, et Elle seule. C’est pour­quoi la Sainte Vierge est essen­tiel­le­ment anti-​œcuménique, comme le prouvent les faits suivants :

- Benoîte Rencurel, à qui Notre Dame appa­rut, au Laus (Apparition recon­nue par l’Eglise), ren­con­tra un jour, en l’année 1668, des pro­tes­tants qui lui deman­dèrent s’ils pou­vaient se sau­ver dans leur reli­gion. « J’en laisse le juge­ment à Dieu », répondit-​elle. La Sainte Vierge l’en reprit peu de temps après en lui disant :

« Ma fille, parce que vous avez eu trop de res­pect humain et que vous avez craint de dire la véri­té, vous ne me rever­rez pas avant un mois. »
La pieuse ber­gère pleu­ra long­temps cette faute [17].

- Lors d’une autre Apparition de Notre Dame, éga­le­ment recon­nue par l’Eglise, celle de Notre Dame de l’Osier, dans l’Isère, en 1649 ce fut un cal­vi­niste qui en béné­fi­cia. Il ne vou­lut pas se conver­tir. Alors la Sainte Vierge le mena­ça en lui disant que

Sa fin approche et que s’il ne chan­geait pas, il sera l’un des plus grands tisons de l’enfer qui fut jamais ; mais que s’il se conver­tit, Elle le pro­tè­ge­ra devant Dieu.

Empêtré dans sa reli­gion, pres­sé par les pro­tes­tants de ne pas se conver­tir, il fera enfin, sur son lit de mort, l’abjuration deman­dée [18].

- Le groupe mixte de 40 théo­lo­giens catho­liques et pro­tes­tants, connu sous le nom de Groupe des Dombes, a pen­dant 6 ans – de 1990 à 1996 – éla­bo­ré une théo­rie com­mune dont les conclu­sions, publiées entre autres dans la docu­men­ta­tion catho­lique [19], d’un point de vue marial sont effa­rantes. En voi­ci deux :

« 1) Le prin­cipe de la hié­rar­chie des véri­tés exclut de consi­dé­rer la foi et la pié­té mariale comme réfé­rence déci­sive pour appar­te­nir à la foi chré­tienne ; »
« 2) « Pour les deux dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption … du côté catho­lique, l’Eglise doit recon­naître qu’ils n’appartiennent pas à l’expression com­mune de la foi au moment de la sépa­ra­tion et ne peuvent obli­ger les autres chrétiens. »

- Des catho­liques, lors de la réunion œcu­mé­nique d’Assise, avaient appor­té une sta­tue de Notre Dame de Fatima. Interdiction for­melle lui fut don­née d’entrer. Nous concé­dons aisé­ment que Notre Dame n’avait pas sa place dans une telle céré­mo­nie, mais ce refus est révélateur.

- Il est clair que l’œcuménisme actuel enfonce pro­fon­dé­ment dans le Cœur de Marie une des épines les plus dou­lou­reuses ; ce sont ses propres fils, en effet, qui la désho­norent au lieu de cher­cher à la faire aimer par ceux qui la nient. Quelle est l’âme bien née qui ne réagi­rait que par des sou­rires diplo­ma­tiques quand sa propre mère est mépri­sée, insul­tée, rabaissée ?

- Ajoutons l’absence qua­si géné­rale de la réci­ta­tion du cha­pe­let dans les écoles et col­lèges dits catho­liques ; durant mes huit ans d’étude dans un col­lège de Brest, tenu par des prêtres, je n’y ai jamais vu le moindre cha­pe­let orga­ni­sé ; à cause de la cou­pable indif­fé­rence de leurs maîtres, com­bien de mil­liers d’enfants et de jeunes sont ain­si pri­vés de « la plus belle prière après la Messe » (Saint Pie X), si fruc­tueuse en grâces, si néces­saire à leur sanc­ti­fi­ca­tion ? On pré­fère dis­cu­ter en groupe, un évan­gile à la main.

- Evoquons enfin, un peu, ceux qui l’attaquent direc­te­ment, qui la haïssent parce qu’Elle est Marie et qu’Elle a vain­cu celui dont ils sont les sup­pôts. Ainsi, une orga­ni­sa­tion secrète a été décou­verte il y a main­te­nant plu­sieurs années et dont les membres s’engagent à pro­fé­rer des injures à la Sainte Vierge et vont jusqu’à don­ner de l’argent, des jouets, des frian­dises à des enfants pour que ceux-​ci récitent à leur tour des lita­nies de blas­phèmes contre Notre Dame.

- Est éga­le­ment dif­fu­sée une contre­fa­çon de la Médaille mira­cu­leuse où il est gravé :

« O Marie conçue avec péché!.. »

- Par ailleurs, des films scan­da­leux comme « Je vous salue, Marie », de Godart, ont été dif­fu­sés en France, par exemple. Il y a eu, grâce à Dieu, des réac­tions de catho­liques… pour la plu­part, il est vrai, traditionalistes.

- Un autre fait qui fait du Cœur de Notre Dame la cible des impies : En octobre 1997, l’entreprise fer­ro­viaire « Eurostar » a mis gra­tui­te­ment à la dis­po­si­tion de plu­sieurs mil­liers de voya­geurs un maga­zine où figure en cou­ver­ture une espèce de Don Juan moderne, à l’attitude las­cive et pro­vo­ca­trice, revê­tu d’un tee-​shirt por­tant l’effigie de …Notre Dame avec son Cœur Immaculé !..

- Et que d’exemples, que d’exemples, sans comp­ter ceux qui ne sont pas révé­lés, de blas­phèmes com­mis direc­te­ment contre la Très Sainte Vierge ou entre­te­nus par la pré­di­ca­tion œcu­mé­nique, ces cinq espèces de blas­phèmes évo­qués par Notre Seigneur et qui blessent dou­lou­reu­se­ment le Cœur Immaculé de Marie.

Alors, que faire ? Car il nous est impos­sible de ne pas cher­cher à conso­ler Notre Dame, à répa­rer son hon­neur, à lui témoi­gner notre amour filial…

III- Consoler le cœur de Notre-Dame

out d’abord, hic et nunc, en fai­sant un bon pèle­ri­nage ! Profitons bien des céré­mo­nies, des sacre­ments de péni­tence et de la Sainte Eucharistie, offrons à La Très Sainte Vierge une prière fer­vente, confiante. Sachons la prier, non seule­ment à nos inten­tions per­son­nelles, mais aus­si parce qu’Elle est MARIE, un grand Mystère de Charité et de Pureté, la Mère de Jésus …

« C’est une prière fort agréable à la Sainte Vierge que de louer Dieu des gran­deurs qu’Il a mises en Elle, et du choix qu’Il a fait d’Elle pour être sa digne et vraie Mère, affir­ma Sainte Jeanne de Chantal. »

Qui mieux que Notre Dame nous appren­dra à La conso­ler ? Répondons à ses demandes, tout sim­ple­ment, prenons-​les comme résolutions :

- La dévo­tion répa­ra­trice des pre­miers same­dis. Elle est si facile, et si fruc­tueuse : le salut éter­nel, pro­mis par la Sainte Vierge Elle-même.

« Cette grande pro­messe n’est rien d’autre qu’une nou­velle mani­fes­ta­tion de cet amour de com­plai­sance de la Très Sainte Trinité envers la Vierge Marie. Pour celui qui com­prend une telle chose, il est facile d’admettre qu’à d’humbles pra­tiques soient atta­chées d’aussi mer­veilleuses pro­messes. Il se livre alors filia­le­ment à elles d’un cœur simple et confiant envers la Vierge Marie (R.P. Alonso). »

En pra­tique, il s’agit, lors du pre­mier same­di de cinq mois consé­cu­tifs, de se confes­ser, de com­mu­nier, de réci­ter un cha­pe­let et de médi­ter pen­dant quinze minutes sur les mys­tères du Rosaire avec l’intention de répa­rer les offenses que souffre le Cœur Immaculé de Marie. En cas de néces­si­té, la confes­sion et la com­mu­nion peuvent repor­tées au Dimanche sui­vant.
Si vous les avez déjà accom­pli, selon ces condi­tions, pour­quoi, à l’exemple de Sœur Lucie, ne pas les recom­men­cer ? L’intention répa­ra­trice est, hélas, tou­jours d’actualité ! De ces deux demandes : la consé­cra­tion de la Russie et la com­mu­nion répa­ra­trice des pre­miers same­dis, dépend la paix du monde [20] ; et la deuxième nous concerne tous.

- « Récitez le cha­pe­let tous les jours ». Répondons-​nous à cette demande expli­cite de Notre Dame de Fatima, par six fois réité­rée ? Réellement, cela nous est impos­sible ? N’aurions-nous pas 20–25 minutes par jour pour réci­ter, si pos­sible en famille, le cha­pe­let dont les fruits dépas­se­raient nos espé­rances [21] ?..

- Efforçons-​nous éga­le­ment d’approfondir le Mystère de Marie. Plus nous La connaî­trons, plus nous L’aimerons. Je vous recom­mande de lire et de médi­ter « Les Gloires de Marie » de St Alphonse de Liguori, par exemple, ou les pages de St Bernard sur la Vierge Marie. Sur Fatima, procurez-​vous les « Mémoires de Sœur Lucie », ou son der­nier livre « Appels de Fatima », éga­le­ment l’excellent ouvrage du P. Marchi : « Témoignages sur Fatima » ain­si que le der­nier « Sel de la terre », N° spé­cial sur Fatima.

- Toujours dans le sou­ci de répa­rer l’honneur de Notre Dame outra­gée, si un affront lui est fait publi­que­ment, il ne faut pas hési­ter à inter­ve­nir publi­que­ment, si néces­saire, pour faire ces­ser cet affront. Dans une telle situa­tion, gémir ne suf­fit pas. Et l’expérience montre que c’est tou­jours effi­cace : le démon et ses ser­vi­teurs s’enfuient quand on leur oppose une éner­gique fermeté.

Ce type d’action pro­duit une joie pro­fonde, celle d’être venu en aide à Notre Dame. Permettez-​moi de vous racon­ter un fait qui, il est vrai, n’est pas par­ti­cu­liè­re­ment héroïque, qui vous fera même peut-​être sou­rire, mais qui est signi­fi­ca­tif : Un jeune homme, qui par­ti­ci­pait à un camp du MJCF en Espagne, ne put sup­por­ter une plai­san­te­rie offen­sante de très mau­vais goût faite à une grande sta­tue de Notre Dame, située au centre de la place d’un vil­lage : quelqu’un avait pla­cé une ciga­rette dans la bouche de la sta­tue. Aussitôt, il grim­pa sur le pié­des­tal de la sta­tue, qui était très haut, et, du revers de la main, fit tom­ber la ciga­rette. Il me révé­la par la suite que son âme fut alors rem­plie d’une joie telle qu’il n’en avait jamais connu de pareille. Et à par­tir de ce jour, ce jeune homme fit de grands pro­grès dans la vie chré­tienne. Notre Dame, qui ne se laisse jamais vaincre en géné­ro­si­té, lui en fut reconnaissante…

- Une autre source de conso­la­tion pour la Très Sainte Vierge est la pra­tique du sacri­fice comme Elle l’a recom­man­dé à Fatima en ces termes : « Sacrifiez-​vous pour les pécheurs et dites sou­vent, en offrant un sacri­fice : Ô Jésus, je vous l’offre pour votre amour, pour la conver­sion des pécheurs et en répa­ra­tion des péchés com­mis contre le Cœur Immaculé de Marie ».

- Enfin, si ce n’est pas déjà fait, pour­quoi ne pas nous consa­crer à la Très Sainte Vierge Marie, selon l’esprit de St Louis-​Marie Grignon de Montfort [22], « La lais­sant un plein droit de dis­po­ser de nous et de tout ce qui nous appar­tient pour la plus grande gloire de Dieu, dans le temps et l’Eternité ». De nom­breuses œuvres de la Tradition, dont la Fraternité Saint-​Pie X, sont consa­crées au Cœur Immaculé de Marie, ce qui est bon signe et riche d’espérances…

Dans son ouvrage « Les Gloires de Marie », St Alphonse de Liguori écri­vit ces mots que je vous cite en guise de conclu­sion et comme un conden­sé de cette confé­rence ; ils nous livrent les rai­sons pro­fondes de notre dévo­tion envers Notre Dame de Fatima et son Cœur Immaculé :

« Dieu le veut, »
« Notre Dame le mérite, »
« nous en avons besoin ! »

Abbé Bertrand Labouche, FSSPX

Notes de bas de page

  1. En 1915, y fut ins­ti­tuée la « Cruzada do Rosario », qui connut un grand suc­cès, … relan­cée par l’appel de Notre Dame de Fatima en 1917. La situa­tion de l’Eglise au Portugal s’améliora si vite que le Pape Benoît XV, le 29 avril 1918, n’hésita pas à par­ler d’une « aide extra­or­di­naire (« sin­gu­lare quod­dam auxi­lium ») de la Mère de Dieu. Le franc-​maçon, Afonso Costa avait pour­tant décla­ré en 1911 qu’ « en deux géné­ra­tions, le catho­li­cisme serait com­plè­te­ment éli­mi­né » du pays alors le plus laï­ci­sé du monde.[]
  2. 13 juillet 1917[]
  3. …Si la Russie est consa­crée à son Cœur Immaculé ! Sur la réponse don­née à cette demande, voir « Le sel de la terre – Spécial Fatima » N° 53.[]
  4. Cantique des can­tiques : 3, 6 ; 6, 9 ; 8, 5.[]
  5. Apocalypse, cha­pitre 12.[]
  6. Genèse, 3, 15.[]
  7. Ecclésiastique 24, 14.[]
  8. Sermon Apud Metaphrastem Ofic. Fest. B.V.M. Brev. Roman.[]
  9. Cf « Maria en los Padres de la Iglesia », du R.P. Luis Obregón Barreda – Ed. Ciudad Nueva, Colección « Los Padres hoy ».[]
  10. In « Les gloires de Marie »[]
  11. Introït de la Fête du Cœur Immaculé de Marie, au 22 août[]
  12. Le 30 sep­tembre 1963[]
  13. Voir « Le sel de la terre », N° 6, automne 1993, p. 169[]
  14. Cf. les audiences géné­rales de Jean Paul II les 3 et 10 juillet 1997.[]
  15. III, Q 25, art 6[]
  16. Magnificat[]
  17. Voir « Le sel de la terre », N° 6, p. 171[]
  18. Ibidem, p. 175[]
  19. N° 2165, août 1997[]
  20. « Je vien­drai deman­der la consé­cra­tion de la Russie à mon Cœur Immaculé et la com­mu­nion répa­ra­trice des pre­miers same­dis ; si l’on écoute mes demandes, la Russie se conver­ti­ra et il y aura la paix » – ND de Fatima le 13 juillet 1917.[]
  21. « En ces der­niers temps que nous vivons, la Sainte Vierge a don­né une effi­ca­ci­té nou­velle à la réci­ta­tion du Rosaire. De telle façon qu’il n’y a aucun pro­blème, si dif­fi­cile soit-​il, tem­po­rel ou sur­tout spi­ri­tuel, se réfé­rant à la vie per­son­nelle de cha­cun de nous ou à la vie fami­liale, familles du monde ou com­mu­nau­tés reli­gieuses ou bien à la vie des peuples et des nations, il n’y a pas de pro­blème, dis-​je, si dif­fi­cile soit-​il, que nous ne puis­sions résoudre par la prière du saint rosaire. Avec le saint rosaire nous nous sau­ve­rons, nous nous sanc­ti­fie­rons, conso­le­rons Notre Seigneur et obtien­drons le salut de beau­coup d’âmes ». Sœur Lucie au R.P. Fuentes, le 26 décembre 1957.[]
  22. Traité de la vraie dévo­tion à la TSV Marie[]