6 juillet 1902

Sainte Maria Goretti – La Fille des marais, film d’Augusto Genina – 1949

Synopsis : c’est une très grande pau­vre­té qui conduit les époux Goretti et leurs six enfants à s’ins­tal­ler en 1899 dans une ferme, au bord de la Méditerranée, près de Nettuno en Italie. Dans la même mai­son, d’autres loca­taires sont éga­le­ment ins­tal­lés, les Serenelli, dont le fils Alexandre a déjà des regards troubles. La terre est inculte à Nettuno, c’est une région de marais et il faut défri­cher, tra­vailler dur pour nour­rir toute la famille. Maria est l’aînée.

Maria Goretti - dite Marietta – est née le 16 octobre 1890 à Corinaldo, dans la région des Marches ita­liennes dont la capi­tale est le port d’Ancône sur la Mer Adriatique d’une famille pieuse et très pauvre. En 1899, le lopin de terre que sa famille cultive ne suf­fi­sant plus à les nour­rir, les Goretti sont contraints de démé­na­ger à Le Ferriere di Conca dans le dio­cèse d’Albano au sud de Rome (Italie). La famille vit dans un minus­cule loge­ment qu’elle par­tage avec Giovanelli Serenelli, un veuf qui a un fils de 17 ans, Alessandro.

Peu de temps après, Maria, âgée de neuf ans, perd son père, empor­té par la mala­ria. Étant l’aî­née, c’est elle qui doit s’oc­cu­per de ses frères et sœurs, de la cui­sine, du ménage… D’ailleurs, sa mère Assunta et son frère Angelo (neuf ans) tra­vaillent aux champs toute la jour­née. Le pro­prié­taire, abu­sant de l’Illettrisme des vil­la­geois, leur a fait signer à tous un contrat d’embauche qui les désa­van­tage. La mère de Marietta, veuve avec trois enfants à charge, n’a pu faire autre­ment que d’ac­cep­ter. Très sérieuse et extrê­me­ment pieuse, Marietta est pré­pa­rée à sa pre­mière com­mu­nion par les pères pas­sion­nistes de Nettuno. La pau­vre­té de la famille est connue par leur entou­rage mais les gens du vil­lage se cotisent pour offrir à Marietta sa robe de pre­mière communion.

À l’âge de onze ans, Maria Goretti est déjà jolie. Précoce, elle fait aus­si plus que son âge, d’où son sur­nom de « petite femme ». Le jeune Alessandro Serenelli, vingt ans, pro­fi­tant du fait qu’elle est sou­vent seule, se met à la pour­suivre de ses assi­dui­tés. La jeune fille, n’o­sant en par­ler à sa mère, se réfu­gie dans la prière, son seul recours, tout en pre­nant garde à ne jamais res­ter seule avec le jeune homme.

Cependant, le 5 juillet 1902, vers quinze heures, alors qu’elle reprise une che­mise sur le palier de l’es­ca­lier, seule avec sa petite sœur Teresa qui fait la sieste sur une cou­ver­ture, le reste de la famille étant non loin de là occu­pé à broyer le grain, Alessandro arrive et entraîne de force la jeune fille, à l’in­té­rieur, dans la grande cui­sine. Cette der­nière se débat en s’ex­cla­mant : « Alessandro, Dieu ne veut pas ces choses là ! Si tu fais cela tu iras en enfer ! ». Vexé et fou de rage de ne pas par­ve­nir à vaincre la résis­tance de Marietta, le jeune homme sai­sit un poin­çon de vingt-​sept cen­ti­mètres de long et la frappe à qua­torze reprises. Alertée par le cha­hut, les voi­sins inte­viennent. Marietta est trans­por­tée à l’hô­pi­tal Orsenigo de Nettuno où elle meurt le len­de­main, après avoir reçu la Communion pour la der­nière fois.

Avant de lui don­ner la Sainte hos­tie, le prêtre lui demande si elle par­donne à son agres­seur. Elle répond : « Oui, pour l’a­mour de Jésus, je par­donne. Je veux qu’il vienne lui aus­si avec moi au Paradis. Que Dieu lui par­donne, car moi, je lui ai déjà par­don­né ». Elle meurt le 6 juillet 1902 à quinze heures quarante-cinq.

Alessandro Serenelli fut condam­né à une peine de trente ans de pri­son. Après huit années d’in­car­cé­ra­tion, une nuit de 1910, il rêva que Maria lui offrait des lys qui se trans­for­maient en lumières scin­tillantes. Ce rêve lui fit réa­li­ser le mal qu’il avait fait et il se repen­tit. Il fut libé­ré en 1929, après vingt-​sept années de détention.

Dans la nuit de Noël 1934, il alla jus­qu’à Corinaldo, où était retour­née la mère de Marietta, Assunta Goretti, qui à cette époque était au ser­vice du curé, et la sup­plia de lui par­don­ner. Elle accep­ta en disant : « Dieu vous a par­don­né, ma Marietta vous a par­don­né, moi aus­si je vous par­donne. » Tous deux assis­tèrent à la messe ensemble le len­de­main, rece­vant la Sainte Communion, l’un à côté de l’autre, sous le regard très éton­né des paroissiens.

C’est ensemble éga­le­ment qu’ils assis­tèrent le 27 avril 1947 aux céré­mo­nies de la béa­ti­fi­ca­tion et à celles de la cano­ni­sa­tion de Marietta le 24 juin 1950, par le Pape Pie XII comme sainte mar­tyre pour avoir défen­du sa pure­té jus­qu’à la mort.

Dans son allo­cu­tion, le Saint-​Père décla­ra : « Elle est le fruit mûr d’une famille où l’on a prié tous les jours, où les enfants furent éle­vés dans la crainte du Seigneur, l’o­béis­sance aux parents, la sin­cé­ri­té et la pudeur, où ils furent habi­tués à se conten­ter de peu, tou­jours dis­po­sés à aider aux tra­vaux des champs et à la mai­son, où les condi­tions natu­relles de vie et l’at­mo­sphère reli­gieuse qui les entou­raient les aidaient puis­sam­ment à s’u­nir à Dieu et à croître en ver­tu. Elle n’é­tait ni igno­rante, ni insen­sible, ni froide, mais elle avait la force d’âme des vierges et des mar­tyrs, cette force d’âme qui est à la fois la pro­tec­tion et le fruit de la virginité. »

Alessandro Serenelli, deve­nu membre du Tiers-​Ordre fran­cis­cain, tra­vaillait depuis 1936 en tant que jar­di­nier du Couvent des Pères Capucins d’Ascoli Piceno. Il mou­rut au Couvent de Macerata, le 6 mai 1970, à l’âge de 87 ans, après avoir rédi­gé un tes­ta­ment des plus édifiants.