10 avril 509

Saint Marcel

Né vers 430 en Avignon, et mort en 510 à Barjols.

Saint Marcel, naquit en Avignon, fils d’un séna­teur de cette cité. Il sui­vit son frère aîné, saint Pétrone, au monas­tère de Lérins. Pétrone étant deve­nu évêque de Die1 vers 450, Marcel sui­vit son frère pour lui prê­ter son concours.

Pétrone décé­da le 10 jan­vier 463, quelques jours après avoir ordon­né diacre son frère Marcel. La majo­ri­té du cler­gé et du peuple de Die choi­sit Marcel pour suc­cé­der à son frère, tan­dis qu’une mino­ri­té du cler­gé et de l’aristocratie locale s’était pro­non­cée pour un prêtre arien2 intri­gant et sou­te­nu par Gondioc3, roi arien des Burgondes, qui vient d’étendre sa puis­sance jusqu’à la Drôme. Cette fac­tion fai­sait valoir qu’il s’agissait encore d’un moine pro­ven­çal qui, de sur­croît, suc­cé­dait à son frère. Cependant le saint diacre s’enfuit par humi­li­té dans une mon­tagne sur l’autre rive de la Drôme, mais une forte expé­di­tion le retrou­va au bout de douze jours de recherche, et l’escorta jusqu’à Die le pro­té­geant de la fac­tion adverse qui se rédui­sit à lui lan­cer des pierres lors de la tra­ver­sée de la Drôme, faute de pou­voir s’emparer de lui. Saint Mamert, arche­vêque métro­po­li­tain de Vienne depuis 461, vou­lut empê­cher l’essor de l’arianisme et vint confir­mer l’élection de Marcel et l’ordonna prêtre et évêque de Die. Au cours du sacre, une colombe appa­rut et vol­ti­gea autour de la tête du nou­veau pré­lat et l’accompagna jusqu’à la chaire épis­co­pale. Ce sacre fut repro­ché pour avoir lésé la pré­ro­ga­tive de l’archevêque métro­po­li­tain d’Arles. Sur la dénon­cia­tion du roi Gondioc, le pape saint Hilaire 1er envoya une lettre de blâme à saint Mamert, et une autre, du 10 octobre, à l’archevêque d’Arles deman­dant qu’un concile fît une enquête. Le 24 février 464, le pape déclare vou­loir user d’indulgence, ne contes­tant point que Marcel pût être méri­tant, car Mamert et Marcel auraient dû être déposés.

Néanmoins, la fac­tion réfrac­taire réus­sit à se sai­sir de saint Marcel et à l’enfermer dans un cachot. Puis, Gondioc le libé­ra du cachot pour l’exiler. Le fils du roi eut alors une vio­lente mala­die ; or saint Marcel, sans jamais réduire sa misé­ri­corde, pria et obtint sa gué­ri­son. Confondu, Gondioc recon­nut ses fautes, et réta­blit Marcel à Die.

En 477, Marcel fut inter­cep­té par les Wisigoths qui venaient d’envahir la Provence où Marcel pou­vait se trou­ver péré­gri­ner non loin de Die. Ils le menèrent cap­tif à Arles4, puis dans le pays de Couserans dans les Pyrénées d’où il ne semble libé­ré qu’en 484, à la mort d’Euric, roi des Wisigoths.

Sur ses vieux jours, il vou­lut faire un pèle­ri­nage à Rome ; au retour, il tom­ba malade au monas­tère St-​Maurice, près de Barjols, où il décé­da le 10 avril 509, ayant été évêque de Die quarante-​six ans. Saint Grégoire de Tours le nomme au sein de sa Gloire des confes­seurs en une simple cita­tion : Marcel, évêque de Die. L’huile de la lampe allu­mée sur son tom­beau sert de remède aux malades. Le Martyrologe Romain le cite en ces termes : A Die, en Dauphiné, saint Marcel, évêque, que ses miracles ont ren­du célèbre.

La cathé­drale de Die reçut une par­tie des reliques de l’église col­lé­giale de Barjols, laquelle avait pris pour nom titu­laire St-​Marcel. Barjols fut enva­hie en 1562 par les cal­vi­nistes qui brû­lèrent les reliques de saint Marcel et jetèrent ses cendres au vent. Pie IV, pour conso­ler Barjols de ce sacri­lège, accor­da une indul­gence plé­nière aux pèle­rins péni­tents qui prie­raient dans la col­lé­giale le pre­mier dimanche après Pâques. L’autel sur lequel saint Pétrone, et par consé­quent saint Marcel, célé­braient la Messe était conser­vé dans l’église cathé­drale de Die jusqu’en 1567 lorsque les cal­vi­nistes incen­dièrent et les reliques, et la cathédrale.

Le pape Pie IX approu­va le culte envers saint Marcel dans les dio­cèses de Valence et de Fréjus.

Sant Marceu, Sant Marceu,
Lou beu jour qu’es nosta festo,
Sant Marceu, Sant Marceu,
O Barjols rén de tant beu !
Lei tripeto vendran lein.

Abbé L. Serres-Ponthieu

  1. Die, capi­tale du Diois, bai­gnée par la Drôme, se trouve en Dauphiné entre le Vercors, au nord, et les Baronnies, au sud. []
  2. Arius, dès 312, niait la divi­ni­té du Christ. []
  3. Grand-​père de sainte Clotilde. []
  4. Arles fut enva­hie en 480 par Euric (J. Heers). 477 (Griffe, p.85). []