15 août 540

Saints Mandrier et Flavien

Morts le 15 août 540 sur l’ile de Cépet.

Les saints Mandrier et Flavien étaient des païens ; il sem­ble­rait qu’ils étaient membres de la garde saxonne du roi wisi­goth Alaric II. Les wisi­goths, chré­tiens ariens, occu­paient la Provence depuis la fin du cin­quième siècle jusqu’en 507.

Tandis que les ostro­goths, ariens éga­le­ment, occu­paient la Provence à par­tir de 508 jusqu’en 537.

C’est saint Cyprien, dont L’Etoile de la Mer d’octobre 2013 a nar­ré la vie, qui a conver­ti puis bap­ti­sé ces deux sol­dats. Saint Cyprien était diacre à Arles à par­tir de l’an 503.

En 508, Théodoric, roi arien des Ostrogoths (en Italie) enva­hit la Provence par soli­da­ri­té gothique. Les Francs et les Burgondes font le siège d’Arles. Les goths incar­cèrent Césaire, dénon­cé par un sol­dat juif pour intel­li­gence avec les assié­geants. Cyprien prou­va à Toulouse l’innocence de l’archevêque, lequel sera libé­ré avant la levée du siège. De retour, Cyprien emmène deux sol­dats qu’il venait de conver­tir : les saints Mandrier et Flavien.

Les saints Mandrier et Flavien ont dû remar­quer la dif­fé­rence de dévo­tion qui exis­tait entre l’arianisme qui consi­dé­rait le Messie seule­ment comme un homme gra­ti­fié de Dieu, et le catho­li­cisme qui l’adorait comme Dieu. Les deux reli­gions se disaient chré­tiennes et se réfé­raient au Nouveau Testament, mais une lec­ture atten­tive de l’Evangile amène à la recon­nais­sance de la divi­ni­té du Christ. Le manque de foi des ariens les empê­chait aus­si de vivre de la grâce. On ne s’étonne pas que le roi arien des Ostrogoths, Théodoric 1er l’Amale, ait léga­li­sé le divorce à la fin du cin­quième siècle ! Toutes choses qui s’opposent encore à l’Evangile.

Vers l’an 516, saint Césaire d’Arles sacre saint Cyprien pour être évêque du dio­cèse de Toulon.

Toujours est-​il qu’en 537, Vitigès, nou­veau roi des Ostrogoths, arien, cède la Provence à Thibert, roi des Francs d’Austrasie et des Burgondes. Poussé vers le nord de l’Italie par les troupes byzan­tines, Vitigès espé­rait ména­ger ou être sou­te­nu des Francs… Sous les Francs, catho­liques, saint Cyprien eut toute lati­tude pour extir­per de son dio­cèse l’arianisme répan­du pen­dant soixante ans d’occupation gothique.

La lec­ture de l’Evangile ou sim­ple­ment la pré­di­ca­tion évan­gé­lique de saint Cyprien a pu aus­si révé­ler aux deux jeunes bap­ti­sés la voca­tion de cer­tains hommes à la vie consa­crée à Dieu, à une vie plus par­faite sur la terre, à la suite, à l’imitation de Jésus-​Christ qui vécut dans la pau­vre­té, la chas­te­té et l’obéissance aux décrets de son Père.

C’est à cette voie de vie reli­gieuse que ces jeunes sol­dats se sen­tirent appe­lés, et pour laquelle ils renon­cèrent au métier des armes, et se reti­rèrent avec l’autorisation de l’évêque de Toulon sur l’île de Sépet, ou Cépet, (au XVIIe siècle, l’isthme des Sablettes en a fait la presqu’île de St-​Mandrier, on ne par­le­ra plus que du Cap Cépet).

Le 3 octobre 545, saint Cyprien décéda.

Un 19 août, les saints Mandrier et Flavien sont mar­ty­ri­sés sur l’île qui s’appellera dès la fin de ce sixième siècle Saint-​Mandrier, peut-​être parce que saint Mandrier avait auto­ri­té spi­ri­tuelle sur saint Flavien dans leur ermi­tage, et c’est pour­quoi il serait cité en pre­mier dans la litur­gie. Sont-​ce des ariens qui se seraient achar­nés sur ces moines emblé­ma­tiques du catho­li­cisme, ou des païens ?
En 566, on construi­sit une cha­pelle sur cette île qui était la pro­prié­té de l’abbaye St-​Victor de Marseille, peut-​être pour y hono­rer les reliques des saints qui venaient d’y ver­ser leur sang.

Les Wisigoths en Espagne se conver­ti­ront au catho­li­cisme en 587, et les Ostrogoths en Italie en 607.

L’île puis la presqu’île de St-​Mandrier appar­te­nait à la com­mune de Six-​Fours qui com­pre­nait aus­si La Seyne. En 1658, la presqu’île appar­te­nait à la nou­velle com­mune de La Seyne qui s’était sépa­rée de Six-​Fours. Puis la presqu’île s’est consti­tuée en com­mune sépa­rée de La Seyne le 24 avril 1950.

Le dio­cèse de Fréjus-​Toulon fête les saints Mandrier et Flavien seule­ment au rang de mémoire, parce que le 19 août est sur­tout la fête de saint Louis de Brignoles.

L’église parois­siale du Mourillon à Toulon, construite au XIXe siècle fut dédiée à saint Flavien ; notre cha­pelle Ste-​Philomène se trouve sur son ter­ri­toire paroissial.

Abbé L. Serres-Ponthieu