Benoît XVI donne son meilleur nonce à la France ! O.V. du 22/​09/​09


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Osservatore Vaticano du 22 septembre 2009

La nomi­na­tion à la non­cia­ture en France de Mgr Luigi Ventura a été annon­cée aujourd’­hui aux jour­na­listes (avec embar­go jus­qu’à midi). Je tenais moi-​même en réserve depuis plus de trois mois le por­trait du suc­ces­seur de Fortunato Baldelli, dont la nomi­na­tion a subi divers retards. (Une erreur de mani­pu­la­tion a d’ailleurs fait qu’un article, com­pre­nant la plu­part des infor­ma­tions que je donne ici, a été dif­fu­sé durant quelques minutes sur ce blog, il y a jus­te­ment plus trois mois, et que les quelques pri­vi­lé­giés qui l’ont lu ont pu béné­fi­cier de la pri­meur abso­lue de la nou­velle, alors qu’elle était encore incertaine!).

La nomi­na­tion de Luigi Ventura a été faci­li­té par son ancien­ne­té, qui est un cri­tère qui compte beau­coup dans la car­rière des anciens élèves de « l’école des nonces » (l’Académie ecclé­sias­tique pon­ti­fi­cale) : dans les non­cia­tures impor­tantes, il était le plus ancien et le plus ancien­ne­ment nom­mé. Luigi Ventura est d’une étoffe et d’une « ligne » qui lui aurait per­mis d’être nom­mé au poste de secré­taire pour les rela­tions avec les Etats, qu’a reçu Mgr Mamberti, ministre des Affaires étran­gères de l’Église en 2006. Mais c’est donc via le 10 de l’avenue du Président-​Wilson que Ventura arri­ve­ra un jour au car­di­na­lat, et l’on ne peut que se réjouir de ce détour dans notre pays.

Luigi Ventura est ori­gi­naire de Brescia, où il né le 9 décembre 1944. Il a donc 65 ans. Il lui fau­dra d’ailleurs un cer­tain temps pour connaître la France qu’il ignore, mais le pre­mier conseiller de la non­cia­ture et excel­lente per­sonne, Mgr Maurizio Bravi, fera la jonc­tion, avant d’être appe­lé lui-​même à de plus hautes fonc­tions. A l’origine secré­taire du car­di­nal Casaroli, il a per­cé comme membre émi­nent du per­son­nel diplo­ma­tique Sodano (lorsqu’il est deve­nu évêque, il lui a deman­dé d’être son consé­cra­teur), il passe pour être un pur rat­zin­gué­rien, ce qu’il a prou­vé en hui­lant la nomi­na­tion de Marc Ouellet à Québec, comme je dirai. Chaleureux, par­lant le fran­çais avec un net accent ita­lien mais d’une aisance presque volu­bile (par­ler vite et beau­coup pour dire peu de choses est typique de la vieille époque, celle de Casaroli), l’archevêque Ventura est un homme de grande expé­rience diplo­ma­tique : nonce en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Niger, il devint en 1999, nonce apos­to­lique au Chili. L’Amérique latine était sous le pon­ti­fi­cat pré­cé­dent le vivier des hautes per­son­na­li­tés diplo­ma­tiques du Saint-Siège.

En 2001, il devint nonce apos­to­lique au Canada avant les JMJ. Il est en fait très sem­blable de sen­ti­ments au nonce Baldelli, mais Luigi Ventura a des années en moins, pas de scia­tique, plus de vigueur et… n’a plus en face de lui la per­son­na­li­té encom­brante du car­di­nal Lustiger. C’est le type du pré­lat romain tra­di­tion­nel, qui ne manque pas de cou­rage : il n’a pas hési­té, il y a quelques années, à faire une visite offi­cielle dans une paroisse diri­gée par un curé conser­va­teur, ceci à la barbe de l’évêque par­ti­cu­liè­re­ment pro­gres­siste de Joliette (Mgr Lussier), qui a piqué une colère et n’a envoyé aucun délé­gué au nonce en visite dans son dio­cèse. Il a mon­tré un vif inté­rêt aux écoles et à la jeu­nesse catho­liques, à la trans­mis­sion de la foi, sachant que le Canada, jadis terre de chré­tien­té, est deve­nu un désert de foi. On ne lui tient mani­fes­te­ment pas rigueur à Rome de la sym­pa­thie qu’il a mon­trée aux Légionnaires du Christ, parce ce qu’il appré­ciait leur ardeur mis­sion­naire, mais sans avoir reçu d’eux un centime.

Luigi Ventura avait conclu une confé­rence aux évêques du Canada, le 19 sep­tembre 2005, d’une manière très en phase avec la réforme morale du cler­gé qui hante l’esprit de Benoît XVI : « Lumières et ombres ont tou­jours accom­pa­gné l’histoire de l’Église, à cause des per­sonnes qui en font par­tie. L’obscurité vient de l’infidélité et du péché, la lumière vient de la sain­te­té et de la grâce, comme nous le savons bien ». Il a aus­si mon­tré beau­coup de sym­pa­thie pater­nelle pour la messe tra­di­tion­nelle et pour la com­mu­nau­té tra­di­tion­nelle d’Ottawa, dont la Fraternité Saint-​Pierre est en charge. Il est même allé y célé­brer lui-​même dans la forme extra­or­di­naire. Certes, il a été un peu déce­vant pour la nomi­na­tion des évêques cana­diens, qui s’emploient à se coop­ter comme en France. Et puis le vivier d’épiscopables iden­ti­taires est très pauvre au Canada qu’en France En France, en 2009, il en est tout différemment.

A vrai dire, Luigi Ventura n’a jamais pré­si­dé à des nomi­na­tions catas­tro­phiques, mais tout de même à la pro­mo­tion d’un franc pro­gres­siste comme Mgr Pierre Morissette, qui sévis­sait à Baie-​Comeau et qui a été pro­mu au siège plus impor­tant de Saint-​Jérôme. En revanche, Mgr Ventura a trans­fé­ré à Toronto, en 2006, l’excellent Mgr Thomas Christopher Collins.

Mais la gloire de Luigi Ventura a sur­tout été d’avoir faci­li­té, à peine plus d’un an après son arri­vée, l’ascension de Marc Ouellet, can­di­dat du car­di­nal Ratzinger, à l’archevêché de Québec. Aujourd’hui car­di­nal, Ouellet ferait un papa­bile tout à fait conve­nable pour prendre, en cas de besoin, la tête des rat­zin­gué­riens. Du moins jusqu’au pro­chain Consistoire…

In Osservatore Vaticano du 22 sep­tembre 2009