30 ans de la prise de Saint Nicolas du Chardonnet : Samedi 17 février 2007

C’est dans une salle archi-​comble de près de 900 per­sonnes que s’est dérou­lée la manifestation
de same­di au cours de laquelle de nom­breux témoi­gnages (cf. infra) ont fait revivre la (re)prise
de Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet en février 1977.…

Discours d’ouverture par l’abbé Xavier Beauvais, curé de Saint-Nicolas

Excellence, M. le 1er Assistant, M. le Supérieur de District, chers confrères, chers amis,

Vous êtes très nom­breux à avoir répon­du à l’in­vi­ta­tion du cler­gé de Saint-​Nicolas de fêter cet anni­ver­saire, les 30 ans de la résur­rec­tion du culte catho­lique à Paris, dans une église pari­sienne, celle que l’on a long­temps appe­lée « le phare de la Tradition ».

Mgr Etchegarray dans sa revue dio­cé­saine écri­vait le 23 jan­vier 1977 « les mos­quées font cruel­le­ment défaut en France ». Un mois plus tard réponse lui était donnée…:

« Les églises catho­liques où se célèbrent le culte catho­lique, où s’en­seignent la doc­trine catho­lique, où coulent les sources de la grâce, font cruel­le­ment défaut » . Réduits aux cata­combes de la salle wagram, les « croi­sés de la Tradition », « ces parias de la foi », ren­traient triom­pha­le­ment dans Saint-Nicolas-du-Chardonnet !

« C’est tou­jours au moment des épreuves, disait Mgr Lefebvre, de l’obs­cu­ri­té la plus pro­fonde que luit l’é­toile, que sur­git la nuée lumi­neuse, que se lèvent des géants de la foi qui res­taurent le royaume de Notre Seigneur. »

Ainsi, ces géants de la foi, Mgr Ducaud-​Bourget, M. l’ab­bé Coache, M. l’ab­bé Serralda, se sont levés, et vous, les laïcs, vous les avez sui­vis ! Alors que l’Eglise pour­sui­vait sa course folle d’ou­ver­ture au monde en nous fer­mant les églises, une église à Paris s’ou­vrait ce jour-​là à Dieu, et s’y engouf­frèrent non pas les fumées de Satan mais celles de l’en­cens du Saint Sacrifice de la Messe. Une église pro­mise à la célé­bri­té his­to­rique pour avoir sym­bo­li­sé un des plus dou­lou­reux moments de l’his­toire de l’Eglise ouvrait ses portes à tant de catho­liques désem­pa­rés, reje­tés, mépri­sés. L’occupation de St-​Nicolas concré­ti­sait la récla­ma­tion d’un droit légi­time : obte­nir une église pour y célé­brer la messe de tou­jours, celle pour laquelle ont été construites nos églises et nos cathédrales !

Qu’il me soit alors per­mis ici de saluer les nom­breux parents de prêtres que j’ai tenu à mettre à l’hon­neur aux tables d’hon­neur ; qu’il me soit per­mis de rap­pe­ler la mémoire et invi­ter à la prière pour M. l’ab­bé Marchal, M. l’ab­bé Basire et M. l’ab­bé Van Es dont la vie sacer­do­tale fut gran­de­ment mêlée à Saint-Nicolas.

Qu’il me soit per­mis de saluer ceux de la 1ère garde et leur chef dis­pa­ru, M. Philippe Duchet, ain­si que ceux de la 2ème et leur chef dis­pa­ru, M. de Milleville.

Qu’il me soit per­mis enfin de vous saluer tous, tous ceux qui depuis 30 ans et plus, dans une fidé­li­té sans faille à l’Eglise de tou­jours, mènent le com­bat aux côtés de la Fraternité Sacerdotale saint-​Pie X.

« Que le sei­gneur nous accorde dans l’é­pais­seur de la nuit, écri­vait le Père Calmel en 1970, de demeu­rer fidèles à la lumière, de conti­nuer la résis­tance, d’as­su­rer la trans­mis­sion de la foi et des sacre­ments de la foi. »

Il est tou­jours temps de secouer « la majo­ri­té silen­cieuse », le trou­peau de tous ces jeunes conscients, peut-​être, de la néces­si­té d’une action mais qui, par fai­blesse, manque d’in­té­rêt pour les plus belles causes, et qui, par lâche­té, répugnent à s’en­ga­ger. Voilà aus­si la rai­son d’un tel anni­ver­saire fêté comme nous sou­hai­tons le fêter !

Quand on aime, on se bat, et même si le com­bat semble par­fois per­du d’a­vance, il vaut la peine d’être sou­te­nu car c’est pour Notre Seigneur Jésus Christ que l’on se bat. Il faut savoir se com­pro­mettre ! Un des dan­gers les plus mor­tels à notre jeu­nesse aujourd’­hui, c’est peut-​être une sorte de scep­ti­cisme, de fata­lisme, d’un aban­don facile au sens de l’his­toire. Une des ten­ta­tions mor­telles de toute une jeu­nesse aujourd’­hui n’est-​elle pas celle de ce per­son­nage de Dostoiewski qui se sui­cide parce qu’il ne voit pas à quoi employer ses forces ? Or, quand on aime, on se bat !

Plaise à Dieu, à la Très Sainte Vierge Marie vou­loir nous octroyer la fidé­li­té jus­qu’à la fin et disons aujourd’­hui ce que Robert Brasillach écri­vait un jour face à la débâcle de sa géné­ra­tion et l’é­va­nouis­se­ment de ses rêves :

« Que nous importent les déroutes, nous aurons bien d’autres matins, je sais que déjà nous écoute, demain. »

Demain, Saint-​Nicolas, comme hier, ce sera une fon­taine de vie divine à laquelle ont pui­sé et pui­se­ront tant d’âmes. J’en veux pour preuve cette belle lettre de Maître X.…, notaire, Docteur en droit, reçue le 9 février et qui témoigne de ce qu’une mul­ti­tude d’entre vous aurait pu exprimer :

« Arrière petit neveu de Louis Bertrand de l’Académie Française, comme j’au­rais aimé être par­mi vous, vos prêtres et tous les fidèles en ectte occa­sion[…]. Je serai auprès de ma mère de 98 ans[…]. Pourtant il y a trente ans, je suis venu à Saint-​Nicolas. L’église venait d’être prise 3 jours avant. Quel sou­ve­nir ! Ancien enfant de choeur (en rouge et sur­plis blanc) moi qui ne pra­ti­quais plus depuis 20 ans, j’y ai assi­té à deux messe de suite, tant j’a­vais soif de la messe de tou­jours dont c’é­tait la résur­rec­tion[…]. Quel bon­heur ! Venu exer­cer en ban­lieue parie­sienne, votre église devint, et est tou­jours, mon église, ma paroisse. Depuis 1977 j’ai par­ti­ci­pé, je crois, à tous les com­bats de la Tradition catho­lique. En cet anni­ver­saire, une pen­sée émue va vers vous, vos confrères qui vous ont pré­cé­dé, tous m’ont redon­né la foi de mon enfance, l’ont for­ti­fiée. Quelle recon­nais­sance je leur ai ! Et comme ma reli­gion retrou­vée m’a aidé dans les dif­fi­cul­tésde la vie à alquelle elle a don­né un sens ! Oui, vive Saint-​Nicolas et « ad mul­tos annos ». »

Voilà, c’est cela St-​Nicolas-​du-​Chardonnet. Merci et bon appêtit !

Xavier Beauvais †

Intervention de l’abbé de Cacqueray, Supérieur du District de France

A la française !

Le 27 février 1977, Monseigneur Lefebvre ne se trou­vait pas pré­sent lors d’une des plus impor­tantes vic­toires de la Tradition menée sur le pavé pari­sien, celle de la déli­vrance de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

Tout bana­le­ment, il voya­geait en Allemagne tan­dis que ses fan­tas­sins fran­çais s’occupaient de mener l’une des plus belles recon­quêtes de l’épopée traditionaliste.

Cependant, bien qu’il ne fût pas phy­si­que­ment pré­sent, bien que l’initiative eût été lan­cée sans qu’il en fût même aver­ti, il est bon de rap­pe­ler aujourd’hui com­ment cette jolie prise se situe dans un élan dont l’impulsion lui revient.

Il est vrai que la résis­tance et le cou­rage de nom­breux prêtres en France et dans le monde, de beau­coup de fidèles catho­liques avec eux, avant même la fon­da­tion de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X par Monseigneur Lefebvre, ont per­mis la sur­vie de la messe en de nom­breux pays. Leur fidé­li­té et leur achar­ne­ment ont de même été déci­sifs pour l’implantation de la Tradition. Nous devons nos hom­mages à ces hommes vaillants qui ont lar­ge­ment fait le lit de la Fraternité et nous appe­lons de nos vœux le livre qui conte­ra leurs mérites.

Mais la divine sur­prise que tous espé­raient, la prin­ci­pale demande adres­sée au Ciel par les prières des sur­vi­vants était de voir un évêque se lever et prendre la tête de leur com­bat. Ils le savaient : seule cette pré­sence épis­co­pale leur serait un gage de pérennité.

On dit que les Vendéens, pour déci­der Charrette à accep­ter de prendre leur com­man­de­ment, avaient dû aller le tirer par les pieds de sa cachette- son lit sous lequel il s’était réfugié- et déli­ca­te­ment pla­cer le canon d’un pis­to­let sur sa tempe pour hâter son adhé­sion. A notre connais­sance, les sémi­na­ristes désem­pa­rés qui vinrent trou­ver l’ancien Supérieur Général des Pères du Saint-​Esprit n’eurent pas à employer de tels moyens. Monseigneur Lefebvre les vit venir à lui mais ne se cacha pas sous son lit. Il écou­ta leur désar­roi, pria et se déter­mi­na sans retour vers cette grande bataille qui allait le hap­per pour le res­tant de ses jours.

Il est cer­tain que sa venue, auréo­lée de tout l’immense pres­tige déjà atta­ché à sa per­sonne, suf­fit pour com­mu­ni­quer à la résis­tance catho­lique un souffle d’une puis­sance incom­pa­ra­ble­ment nou­velle. Le récon­fort et l’espérance que Monseigneur Lefebvre appor­ta par sa pré­sence et par son action à cette pre­mière armée qui s’était levée furent déci­sifs pour la tour­nure prise par les évé­ne­ments, leur réso­nance mon­diale ain­si que l’union et l’affermissement des âmes qui en résul­ta. Quoiqu’il s’en défen­dît, il devint le chef incon­tes­té de la réac­tion catho­lique oppo­sée aux réformes.

La fon­da­tion du sémi­naire d’Ecône, l’afflux des sémi­na­ristes, l’apparition des pre­miers jeunes prêtres venus rejoindre leurs anciens, l’admirable décla­ra­tion de 1974, si ferme et si lumi­neuse dans son expres­sion, accen­tuaient l’espérance, décu­plaient l’énergie et favo­ri­saient une immense ger­mi­na­tion d’initiatives et d’audaces généreuses.

Cependant, jusqu’aux ordi­na­tions du 29 juin 1976, il n’était pas encore publi­que­ment mani­fes­té que l’évêque, sur la tempe duquel les nou­veaux Vendéens n’avaient pas eu à poser le canon d’un pis­to­let, ne trem­ble­rait pas devant les canons autre­ment plus meur­triers que Rome mena­çait de diri­ger contre lui.Ce ne fut jus­te­ment qu’au moment de ces ordi­na­tions sacer­do­tales et de l’été chaud que fut révé­lé à la face du monde sa déter­mi­na­tion : Monseigneur Lefebvre avait bien pris la mesure du com­bat et sa gra­vi­té lui était appa­rue telle qu’elle per­met­tait et lui fai­sait même un devoir de pas­ser réso­lu­ment outre l’utilisation des lois contre la Foi.

Son enjam­be­ment réso­lu des canons déchaî­na l’enthousiasme des âmes les plus ardentes de cette mêlée. L’été fut chaud ; « les tra­di­tio­na­listes » ren­trèrent de leurs vacances gal­va­ni­sés. N’était-ce pas pour eux fina­le­ment que Monseigneur Lefebvre avait subi les pre­mières foudres romaines ? Ne leur montrait-​il pas, par son exemple, que cette lutte méri­tait bien que l’on reçoive beau­coup de horions et que l’on en rende quelques-​uns ? Le dur­cis­se­ment de la bataille appa­ru à tra­vers le refus par le pape Paul VI de la céré­mo­nie du 29 juin et l’inflexible réso­lu­tion de Monseigneur Lefebvre d’ordonner quand même ses prêtres leur don­nait une cau­tion pres­ti­gieuse, des idées et des ailes .

Avouons que pour les Français, jamais mécon­tents de taqui­ner un peu les lois, il n’en fal­lait pas plus. L’été avait été chaud grâce au cou­rage d’un évêque catho­lique, fran­çais de sur­croît ? Ils se pro­mirent les uns aux autres que l’hiver ne serait pas froid non plus, qu’ils ne per­met­traient certes pas que Monseigneur Lefebvre fût long­temps lais­sé dans l’isolement des pre­mières sanc­tions qui l ‘avaient frappé.

Et c’est bien dans cette ambiance que s’est dérou­lée la jour­née du 27 II 1977 où eut lieu la res­ti­tu­tion d’une église à la messe de tou­jours. Cette prise de Saint-​Nicolas qui bra­va l’évêché, n’a été en réa­li­té que le corol­laire pari­sien, tout de suite après l’été chaud, de la céré­mo­nie inter­dite de trans­mis­sion du sacer­doce éter­nel à Ecône, la réponse des bre­bis à leur ber­ger pour l’assurer qu’ils avaient bien com­pris son mes­sage, l’affirmation de leur pro­fonde adhé­sion à sa pensée.

C’est parce que lui, le pre­mier, avait fran­chi le Rubicon en une pro­ces­sion qui des­cen­dait du sémi­naire à la tente des ordi­na­tions que les catho­liques com­prirent qu’ils pou­vaient désor­mais pas­ser le leur en une autre pro­ces­sion qui les condui­sit de la Mutualité à Saint-​Nicolas. Ils s’y croyaient peut-​être même enga­gés par l’honneur pour signa­ler à l’archevêque la cor­res­pon­dance de leur déter­mi­na­tion avec la sienne. N’aurait-il pas été indé­cent de le lais­ser tout seul sur le ban des mau­dits ? Les catho­liques n’ont pas mis deux sai­sons à s’en aper­ce­voir et à se pré­ci­pi­ter, au mépris des sanc­tions, pour l’y rejoindre.

Qui a donc par­lé de bru­ta­li­té ? Je trouve au contraire cette foule du 27 II 1977 d’une exquise déli­ca­tesse, toute de recon­nais­sance et d’affection vis-​à-​vis de son pré­lat. Jusqu’au papier-​cadeau qui n’a pas été oublié pour que cette prise lui reste une surprise !

Voilà pour­quoi, à l’occasion de cet anni­ver­saire, nous ne disons pas seule­ment mer­ci à nos anciens, à Monseigneur Ducaud-​Bourget, à Monsieur l’abbé Coache et à tous ceux qui furent pré­sents à la res­ti­tu­tion de Saint-​Nicolas au culte catho­lique mais éga­le­ment à Monseigneur Lefebvre ! Cher Monseigneur, pouvait-​on, en réa­li­té, faire moins pour vous après l’exemple que vous nous aviez donné ?

Abbé Régis de Cacqueray †

Intervention de Monsieur Francis Vaillant

Excellence, Messieurs les Abbés, mes T.R. Pères, Mesdames, Messieurs et Chers Amis,

Je ne pense pas être le plus qua­li­fié pour par­ler aujourd’­hui, d’autres plus dignes et plus anciens sont plus à même d’é­vo­quer leurs sou­ve­nirs, aus­si j’es­saie­rai de le faire le plus modes­te­ment possible.

Parisien de longue date, quoi­qu’ac­tuel­le­ment Versaillais, j’ai été, presque depuis l’o­ri­gine, un parois­sien assi­du et demeure tou­jours, mal­gré mon sou­tien actif à la Chapelle Notre-​Dame de l’Espérance, un parois­sien non pas d’oc­ca­sion, mais de toutes les occa­sions de St Nicolas du Chardonnet. Ce témoi­gnage que j’ap­porte, en 30 ans, des cen­taines, des mil­liers de familles peuvent y appor­ter le leur, dans les mêmes termes, res­sem­blant de près ou de loin aux mêmes inté­rêts et aux mêmes convic­tions, je ne repré­sente que l’une d’entre elles.

Des liens étroits lient notre famille à St Nicolas depuis 30 ans, des enfants bap­ti­sés, tous mes gar­çons y ont appris et ser­vi la messe, la plu­part y ont été confir­més par Mgr Marcel Lefebvre, un fils né en mars 1977, « géné­ra­tion St Nicolas », prêtre de la Fraternité St Pie X, y a célé­bré sa Première Messe solen­nelle, une de mes filles s’y est mariée l’an der­nier, enfin mes enfants gros­sissent les rangs des nou­veaux parois­siens et prennent le relai, autant de preuves d’at­ta­che­ment à cette mira­cu­leuse paroisse pari­sienne de la Tradition catholique.

Miracle il y a 30 ans et tout aus­si grand miracle de conti­nuer d’exis­ter depuis 30 ans ! Tous les élé­ments majeurs qui s’y sont dérou­lés, avec mon épouse et nos enfants, nous y sommes accou­rus en témoins, en pas­sant par toutes les péri­pé­ties d’oc­cu­pa­tion ou de céré­mo­nies com­mé­mo­ra­tives, messes pon­ti­fi­cales, arri­vées ou départs de prêtres, pro­ces­sions du 15 août ou de la Fête Dieu, ker­messes, mani­fes­ta­tions et célé­bra­tions diverses, l’or­di­na­tion d’un prêtre et jus­qu’à l’ab­ju­ra­tion cet été des sué­dois luthériens.

Qu’y a‑t-​il de si par­ti­cu­lier à St Nicolas du Chardonnet ? St Nicolas est à la Tradition catho­lique ce qu’Ecône est au sacer­doce et la Fraternité à la Sainte Eglise Catholique. Ecône forme les prêtres dont l’Eglise a besoin, la Fraternité trans­met la vrai foi tra­di­tion­nelle et St Nicolas donne l’exemple de ce que doit être une véri­table paroisse catho­lique où tout chré­tien peut vivre une pra­tique reli­gieuse authen­tique. On peut se confes­ser à toutes heures du jour, prendre des forces digne­ment devant le Saint Sacrement qui trône au beau milieu du grand autel, prier devant des sta­tues fami­lières ou chaque dévo­tion peut être satis­faite, N.D. de Lourdes, St Joseph, le Sacré-​Cour, Ste Thérèse de l’Enfant Jésus. Un prêtre n’hé­site pas à se dépla­cer au che­vet d’un mou­rant et toutes les fêtes chré­tiennes fami­liales y sont célé­brées avec de la belle musique sacrée, des fastes inéga­lés et la cha­leur d’un monde où la Charité n’est pas un vain mot. Enfin, quelle impres­sion unique de vivre le recueille­ment des fidèles à la consé­cra­tion, moment suprême du Sacrifice où Dieu des­cend sur terre pour sou­la­ger nos peines et nos misères.

Bref, St Nicolas est une aide pro­vi­den­tielle au salut, dans l’es­prit des paroisses que les anciens ont connu au temps béni ou elles étaient encore catholiques !

Observons les sor­ties de messes, quelle joie se des­sine sur les visages des parois­siens qui ont plai­sir à se revoir, s’in­ter­pel­ler et bavar­der une demi-​heure ou une heure entière, quelles que soient les condi­tions cli­ma­tiques. C’est Paris en minia­ture, on y voit toutes les cou­leurs, toutes les socié­tés les plus hautes et les plus humbles, toutes les races et les natio­na­li­tés les plus variées. Peut-​être cer­tains y passent plus de temps qu’à la messe, tel­le­ment il y fait bon vivre, sans comp­ter qu’on peut ache­ter du vin, des huîtres, des gâteaux, toute la gas­tro­no­mie fran­çaise y est avan­ta­geu­se­ment repré­sen­tée !… Le par­vis est indis­so­ciable de l’église.

Cette paroisse deve­nue ori­gi­nale, au cour de Paris et face à la cathé­drale Notre-​Dame, défend et déve­loppe l’es­prit chré­tien qui per­met à une famille catho­lique pra­ti­quante de don­ner à tous, petits et grands, de quoi nour­rir spi­ri­tuel­le­ment et mora­le­ment les âmes et faire vivre la foi chrétienne.

St Nicolas doit faire des saints, St Nicolas doit aider cha­cun à se pré­pa­rer à chan­ger de vie. Les dimanches du Bon Pasteur, les jeunes gens peuvent y entendre des ser­mons qui appellent à la vie sacer­do­tale, les ser­mons de carême et les récol­lec­tions incitent à se conver­tir et choi­sir sa vie d’homme ou de femme et, pour­quoi pas, prendre des forces pour des temps deve­nus très dif­fi­ciles pour un catholique !

Saint Nicolas, mer­veilleux miracle dans ce Paris déchu et véri­table fleur de lis imma­cu­lé dans ce monde souillé, est l’es­poir des parents chré­tiens, où doit se trem­per l’a­ve­nir de leurs enfants. C’est cet esprit parois­sial qui doit conti­nuer où cha­cun a sa place comme fidèle ou fils spi­ri­tuel, ami ou enfant de la paroisse. C’est pour cela qu’on y revient à Saint-Nicolas.

Longue vie à St Nicolas du Chardonnet, N.D Reine du Clergé priez pour nos prêtres que nous remer­cions cha­leu­reu­se­ment, en par­ti­cu­lier M. l’Abbé Beauvais, ses vicaires, le frère et sans oublier tous ceux qui ouvrent dans l’ombre.

Bon anni­ver­saire à tous ! Deo Gratias !

Francis Vaillant

Intervention audio de Monsieur Francis Vaillant 

Intervention de Monsieur André Corvisier


Monsieur André Corvisier : le témoi­gnage émou­vant d’un « très ancien ».

Intervention audio de Monsieur André Corvisier

Intervention du Docteur Sivignon, Directeur du Brémien


Monsieur le Docteur Sivignon : la gen­tillesse, l’hu­mour et le dévouement.

Intervention audio de Monsieur le doc­teur Sivignon 

Intervention de Monsieur l’abbé Christian Bouchacourt, Supérieur du District d’Amérique du Sud


« Muy esti­ma­dos fieles », s’est excla­mé le poly­glotte abbé Bouchacourt.… croyant encore être dans la pampa !

Intervention audio de Monsieur l’ab­bé Christian Bouchacourt 

Intervention de monsieur l’abbé François-​Marie Chautard, 1er vicaire

Chers amis,

Saint-​Nicolas fut repris il y a trente ans mais Saint-​Nicolas n’a pas trente ans. Bien au contraire, notre paroisse peut affi­cher fiè­re­ment ses neuf cents ans d’exis­tence puisque la pre­mière cha­pelle fut édi­fiée en 1230 sous le règne de saint Louis, dans cet extra­or­di­naire trei­zième siècle. Vous vous dou­tez donc bien qu’en 9 siècles, durent pas­ser ici toutes sortes de per­son­nages, des saints, des mécréants et. d’illustres incon­nus. C’est de cette his­toire dont j’ai­me­rais vous entretenir.

Cueillons dans celle-​ci non pas seule­ment des char­dons ou des détails piquants mais dif­fé­rents faits que nous livre cette longue aventure.

Tout d’a­bord, comme vous le savez, saint Nicolas est le patron de notre église. Elle fut en effet construite pour les mari­niers des bords de Seine, bate­liers dont il est le saint patron. La rai­son en est simple, mais peut-​être cer­tains d’entre vous l’i­gnorent. Si saint Nicolas est connu pour son miracle des trois petits enfants, il est peut-​être moins connu pour un autre pro­dige qu’il accom­plit en faveur de trois marins per­dus qu’il sau­va mira­cu­leu­se­ment. Vous com­pre­nez donc pour­quoi la cha­pelle nou­vel­le­ment construite fut pla­cée sous son patronage.

Parmi les saints qui ont prié dans cette église, on peut ima­gi­ner sans se trom­per saint Albert le Grand qui ensei­gnait, tout près d’i­ci à l’emplacement de la rue Maître Albert qui porte son nom.

Sautons quelques siècles, pas­sons au des­sus du XVe siècle durant lequel une deuxième église fut construite, pour arri­ver au grand siècle, le siècle de Louis XIV bien enten­du, mais pour l’heure celui d’Henri IV et bien­tôt de Louis XIII.

Saint François de Sales, au soir de sa vie vient à Saint-​Nicolas pour y prê­cher un ser­mon des qua­rante heures. Saint-​Nicolas est une petite église mais qui va pro­chai­ne­ment connaître un rayon­ne­ment spi­ri­tuel. Car, c’est ici que mon­sieur Bourdoise ins­talle en 1620 une com­mu­nau­té de prêtres qu’il avait fon­dée huit ans plus tôt et qui, sous le nom de Nicolaïtes se taille bien vite une répu­ta­tion de sainteté.

C’est du moins ce qu’en dit un autre saint qui connut bien cette paroisse, en l’oc­cur­rence mon­sieur Vincent de Paul. Partageant avec Bourdoise le sou­ci de la for­ma­tion d’un cler­gé saint et for­mé, il vint aus­si à Saint-​Nicolas pour une autre rai­son : la pré­sence de Mme Le Gras, future sainte Louise de Marillac, habi­tant l’ac­tuelle rue Monge. Et c’est ain­si qu’en 1633, les sœurs de la Charité connues pour leurs cor­nettes furent ici fon­dées par mon­sieur Vincent et Mme Le Gras.

Sautons un petit siècle, durant lequel notre église com­men­ça d’être édi­fié avec les soins, Charles le Brun, peintre de la gale­rie des glaces pour arri­ver dans les années trou­blées du début du XVIIIe. Tandis que l’ar­che­vêque de Paris, le car­di­nal de Noailles, s’op­pose au pape dans l’af­faire du jan­sé­nisme, le curé de Saint-​Nicolas, mon­sieur Ludron reste fidèle à la consti­tu­tion papale Unigenitus tant et si bien qu’on l’ap­pelle le curé Constitutionnaire. C’est d’ailleurs durant cette période que Monsieur de la Salle, futur saint jean, édi­fie la com­mu­nau­té du sémi­naire en y demeu­rant quelques mois. La crise s’a­paise mais la Révolution se profile.

Nous voi­ci en 1775. Pour l’heure, se déroule une céré­mo­nie d’or­di­na­tion à Saint-​Nicolas. On pour­rait s’en réjouir si l’on igno­rait que le nou­veau sous-​diacre n’est autre que Charles de Talleyrand, le futur évêque rené­gat. Celui-​ci, du reste, s’é­va­nouit au cours la céré­mo­nie, la conscience angois­sée de rece­voir un tel ordre avec des dis­po­si­tions impies. 1791. Nous sommes cette fois-​ci en pleine effer­ves­cence révo­lu­tion­naire et le curé, Joseph-​Marie Gros, prêtre réfrac­taire est rem­pla­cé par un curé consti­tu­tion­nel, mon­sieur Brongniard élu entre autres par des francs-​maçons. Son pre­mier soin, du reste, est d’ex­pul­ser l’ab­bé Gros. Mais ils se retrou­ve­ront bien­tôt comme nous allons le voir. En effet, quelques mois plus tard, lors des mas­sacres des 2 et 3 sep­tembre mon­sieur Gros obtient la palme du mar­tyr à l’an­cien sémi­naire saint Firmin. Notez la coïn­ci­dence. Le Bienheureux de Saint-​Nicolas fut mar­ty­ri­sé, le 3 sep­tembre, future date de la fête de saint Pie X. Quant à mon­sieur Brongniard, le bon Dieu l’au­ra au tour­nant – si l’on peut dire – puis­qu’il mon­tre­ra lui-​même à l’é­cha­faud en 1794. pour avoir conti­nué clan­des­ti­ne­ment son minis­tère à Saint-​Nicolas. L’église est ven­due et bien­tôt sa des­truc­tion déci­dée en 1799.

Mais, grâce à Dieu et aux bons soins de mon­sieur Hure, curé non en titre mais en fonc­tion, l’é­glise est sau­vée et affec­tée au culte par le concor­dat de 1802. Le sémi­naire devient alors le petit sémi­naire de Paris.

L’église connaît alors une période calme, de recons­truc­tion après la tour­mente révo­lu­tion­naire. C’est l’é­poque où Renan fait ses études au sémi­naire sous la férule de mon­sieur Dupanloup. Période pai­sible qui dura jus­qu’en 1906 date à laquelle, au petit matin, les 200 sémi­na­ristes se retrou­vèrent chas­sés par la force publique. Cependant, la pro­vi­dence n’ou­blie pas Saint-​Nicolas. Un an plus tard, la paroisse peut se glo­ri­fier d’une lettre du pape qui n’est autre que saint Pie X.

Comme on le voit, saint Pie X et le sacer­doce sont inti­me­ment liés à Saint-​Nicolas. Saint Pie X bénit la fon­da­tion de l’ar­chi­con­fré­rie de Marie Reine du Clergé et per­mit pour l’é­glise de Saint-​Nicolas, pri­vi­lège unique par lequel je ter­mine, d’a­jou­ter aux lita­nies de la sainte Vierge l’in­vo­ca­tion suivante :

« Marie reine du Clergé. Priez pour nous. »

François-​Marie-​Chautard †

Intervention audio de Monsieur l’ab­bé François-​Marie Chautard 

Intervention de Monsieur l’abbé Jean-​Baptiste Quilliard, économe-​adjoint du District de France


Enfant de chœur, céré­mo­niaire, prêtre : un par­cours sans faute !

Intervention audio de Monsieur l’ab­bé Jean-​Baptiste Quilliard 

Intervention du Professeur Dominique Viain


Monsieur le Professeur domi­nique Viain : pré­sent, toujours !

Intervention audio de Monsieur le Professeur Viain 

Intervention de Monsieur Olivier Naude

Cher Monseigneur, Chers Messieurs les Abbés, Mes biens chers amis, Monsieur le Curé,

je veux tout d’a­bord vous remer­cier de me don­ner la parole en ce si beau jour. Je ne suis pas un ouvrier de la toute pre­mière heure à Saint-​Nicolas. En effet avant 1977, je sui­vais la Messe célé­brée par Monsieur le Chanoine Poncelet, 21 rue du Cherche Midi, bien avant la créa­tion de l’Institut Universitaire Saint-​Pie X. Monsieur le Chanoine Poncelet y célé­brait la messe chaque dimanche ain­si que Monsieur l’Abbé Emmanuel des Graviers, prêtre de l’Officialité de Paris. Ce der­nier venait éga­le­ment assis­ter aux vêpres à St-​Nicolas, tous les dimanches. Je devais en ce jour évo­quer leur mémoire, eux qui ont eu le sou­ci des géné­ra­tions futures.

C’est en 1980 que, fai­sant déjà par­tie des fidèles occa­sion­nels de la paroisse, je consul­tais par hasard le tableau des annonces au fond de l’é­glise. Il y avait un petit billet sur lequel on pou­vait lire :

« Les jeunes gens dési­reux d’ap­prendre à ser­vir la Messe peuvent s’a­dres­ser au céré­mo­niaire à la sacristie. »

J’allais à la sacris­tie, et j’embarquais ce jour là pour un long périple litur­gique. Ces années pas­sées au ser­vice de la litur­gie m’ont per­mis d’ac­com­pa­gner à l’au­tel les cinq évêques de la Fraternité, nos quatre curés suc­ces­sifs, leurs nom­breux vicaires dont je recon­nais cer­tains par­mi l’as­sis­tance, je les salue tout par­ti­cu­liè­re­ment. Je pense qu’ils se sou­viennent de ces soi­rées qui nous réunis­saient dans une même ami­tié avec Bernard Faribault, notre valeu­reux archi­viste qui nous a quit­té il y a main­te­nant 1 an et demi, et puis des anciens du ser­vice comme Michel Laisné, Charles Halin ou Joël Lemaire.

Vous le consta­tiez vous-​même, le ser­vice litur­gique com­pre­nait un nombre impres­sion­nant d’en­fants de chour et de grands clercs tout dévoués au ser­vice de l’au­tel. Leur nombre est mon­té jus­qu’à plus de 120 cer­taines années. Il m’est bien agréable aujourd’­hui de retrou­ver nombre d’entre eux par­mi les prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X. Ce sont entre autres Messieurs les Abbés Jean Baptiste Quilliard (avec qui j’ai ser­vi la Messe à Mgr Ducaud-​Bourget), Jean-​Michel Gleize, Philippe Brunet, Bruno Lajoinie, Philippe Bourrat, François Chazal mis­sion­naire en Inde, Nicolas Bely mis­sion­naire au Gabon, Louis-​Joseph Vaillant, Guillaume Dubujadoux et bien d’autres encore que je ne cite pas car la liste serait trop longue, mais qu’il sache que mon ami­tié fidèle leur reste tout acquise.

Pour d’autres gar­çons du ser­vice, à force de fré­quen­ter le chour de St-​Nicolas, toutes ces his­toires de chour, avec un « h » aspi­ré, devaient se trans­for­mer en his­toires de cour, sans « h » cette fois, celui-​ci se trou­vant défi­ni­ti­ve­ment aspi­ré. Je peux en par­ler faci­le­ment, car j’ai ren­con­tré celle qui est deve­nue mon épouse dans le chour même de St-​Nicolas. Elle s’oc­cu­pait des enfants du caté­chisme, et moi des enfants de chours. Nous nous sommes mariés et main­te­nant nous nous occu­pons de nos sept enfants. Le Chanoine Poncelet me disait : « Là où il y a de bons prêtres, là il y a beau­coup d’en­fants », à St-​Nicolas c’est vérifié.

Je vou­drais main­te­nant conclure sur une petite anec­dote dont j’ai été témoin à la sacris­tie au tout début des années 80. Ce dimanche là avait atti­ré un nombre très impor­tant de membres du cler­gé. Les prêtres, reli­gieux, sémi­na­ristes affluaient à la sacris­tie qui avait été pour la cir­cons­tance fer­mée aux fidèles par manque de place. Au milieu de cette marée noire de sou­tanes, on dis­tin­guait la mozette vio­lette de Mgr Ducaud-​Bourget qui allait de l’un à l’autre. La pro­ces­sion se met­tait en place, lors­qu’un retar­da­taire s’ap­pro­cha de Mgr en lui deman­dant s’il pou­vait se joindre à nous. Et Mgr de lui répondre :

« Mais bien sûr cher ami, plus on est de fous, plus on prie. » C’est ce que nous pou­vons tou­jours dire 30 ans plus tard « .plus on est de fous, plus on prie. »

Olivier Naude

Intervention audio de Monsieur Olivier Naude 

Intervention de Monsieur l’abbé Christophe Beaublat, prieur de Grenoble

Une immense gratitude.

Je remer­cie Monsieur l’ab­bé Beauvais de son aimable invi­ta­tion. Si j’ai l’hon­neur de vous adres­ser la parole, c’est en effet parce que j’ai reçu le sacre­ment de bap­tême adulte, à Saint-​Nicolas du Chardonnet, et que je suis deve­nu prêtre ensuite. Le che­min d’une conver­sion est long et dif­fi­cile à raconter.

Ce sont sur­tout trois années qui ont été impor­tantes pour moi : 1987, 1988, et 1989. Et je vais vous indi­quer les prin­ci­pales étapes.

1987 fut une année où il y eut une cer­taine effer­ves­cence autour du Millénaire Capétien. Des jour­naux, des confé­rences, des col­loques un peu par­tout. J’étais un étu­diant qui, comme beau­coup d’autres jeunes sans doute, consi­dé­rais que les choses n’al­laient pas bien en France. Il me sem­blait qu’on ne pou­vait pas subir pas­si­ve­ment, s’ha­bi­tuer et ne pas réagir. Quand il n’y a pas de spi­ri­tua­li­té ou de vie reli­gieuse, on pense qu’il faut sur­tout chan­ger les choses au plan poli­tique. Et donc, mili­ter (depuis 1984), essayer de se rendre utile, d’une manière ou d’une autre, pour faire connaître des idées, des pro­jets, défendre des « valeurs ». Si l’on n’est pas un peu fou, idéa­liste, voire extré­miste à 20 ans c’est plu­tôt triste ! Et tous ces rap­pels utiles sur l’his­toire de France, l’his­toire de nos rois, au moment où je com­men­çais à être désa­bu­sé par la poli­tique poli­ti­cienne, m’ont conduit à regar­der avec sym­pa­thie du côté de la cause roya­liste et de tout ce qui pou­vait res­sem­bler à une réac­tion saine, tra­di­tion­nelle. A ce moment-​là j’é­tais à Besançon et, par le hasard des ren­contres, j’ai décou­vert la presse « incor­recte » : Monde et Vie, Lectures Françaises, Rivarol, Aspects de la France, pour n’en citer que les prin­ci­paux. Grâce à Lectures Françaises, j’ai décou­vert la Librairie Duquesne, où j’ai pu me rendre une ou deux fois, à l’oc­ca­sion de voyages à Paris pour visi­ter la famille. Cette librai­rie allait deve­nir pour moi un endroit très bien­fai­sant, la source de bien des découvertes.

1988 fut l’an­née des Sacres bien sûr, et pour moi l’an­née du ser­vice mili­taire. Etant du contin­gent 88/​04, j’ai d’a­bord pas­sé 4 mois à Angers, comme Elève Officier de Réserve, à L’Ecole d’Application du Génie, puis 12 mois comme Aspirant, chef de sec­tion d’une Compagnie de Combat, au 19e RGDB, à Besançon. Merveilleux ser­vice mili­taire, où j’ai appris beau­coup de choses. Comme offi­cier j’a­vais une solde inté­res­sante, un argent de poche qui m’a per­mis d’a­che­ter beau­coup de bons livres, à chaque fois que j’é­tais en per­mis­sion à Paris. J’avais bien conscience d’être un malade qui avait besoin de bons médi­ca­ments, et la Librairie Duquesne fut alors pour moi la meilleure des phar­ma­cies. A la fin de mon séjour à Angers, à l’oc­ca­sion d’un week-​end à Paris, je me suis ren­du par curio­si­té à l’é­glise Saint-​Nicolas. Des dames de l’ou­vroir m’ont remis l’Ordo entre les mains quand je leur deman­dai s’il y avait l” « équi­valent » à Besançon. Je rele­vai les coor­don­nées de deux laïcs et contac­tai le pre­mier dès mon arri­vée à Besançon. Ce fut, dès le dimanche sui­vant, la décou­verte du local qui était trans­for­mé en cha­pelle juste avant la messe. Un peu moins beau qu’à Saint-​Nicolas ! Tout de suite, le MJCF s’in­té­res­sa à moi et me per­mit de connaître une nou­velle façon de mili­ter : l’a­pos­to­lat dans la jeu­nesse. Ce n’é­tait plus le dévoue­ment sans comp­ter au pro­fit de Tartempion, mais le don de soi pour le Christ-​Roi, pour ame­ner les âmes à Jésus-​Christ. L’animatrice d’é­quipe allait deve­nir ma future mar­raine. Je fis la connais­sance d’un jeune foyer com­po­sé de deux anciens étu­diants de l’Institut Saint Pie X, qui me mirent en contact avec le rec­teur, Monsieur l’Abbé Lorans.

La fin de l’an­née 1988 et le début de l’an­née 1989, ce fut la fin de mon ser­vice mili­taire, et des ren­contres impor­tantes, à Besançon et à Paris. A Besançon, la messe du dimanche, à chaque fois que je pou­vais, et de la for­ma­tion doc­tri­nale, dans l’é­quipe MJCF tout d’a­bord, et aus­si grâce à mon futur par­rain, qui me fai­sait lire de vieux numé­ros de la revue Itinéraires. C’est grâce à lui éga­le­ment que j’ai pu pas­ser deux jours au sémi­naire d’Ecône, où j’ai croi­sé la sil­houette « mythique » du fon­da­teur de la Fraternité, le chef his­to­rique de la Tradition, même s’il s’en défen­dait, Monseigneur Lefebvre ! A Paris, c’é­tait une fois par mois un entre­tien avec Monsieur l’ab­bé Lorans, dans son bureau, rue du Cherche-​Midi, et donc les conseils d’un prêtre pour ma vie spi­ri­tuelle et mon caté­chisme, en vue du Baptême, pré­vu pour la Vigile Pascale 1989. Monsieur l’Abbé Laguérie, ren­con­tré deux fois me semble-​t-​il , savait que j’é­tais bien sui­vi et que ma pré­pa­ra­tion était sérieuse. 1989 fut l’an­née du funeste bicen­te­naire, et l’an­née de la chute du « Mur ».

Quand on se conver­tit, le chan­ge­ment n’est pas seule­ment dans le com­por­te­ment, mais d’a­bord et sur­tout dans le regard qu’on porte sur le monde dans lequel on vit . C’est un regard de foi qu’on porte sur les per­sonnes et les évè­ne­ments. C’est une manière toute dif­fé­rente de consi­dé­rer l’his­toire de France, l’his­toire de l’Eglise, et même, l’é­co­no­mie, la finance, la poli­tique, la méde­cine ou encore les sciences. C’est la per­sonne tout entière qui est chan­gée, et en l’oc­cur­rence, c’est la prise de conscience que j’a­vais été trom­pé, dans tous les domaines. Et aujourd’­hui cela signi­fie l’en­trée dans le monde du véri­table anti­con­for­misme et de la pen­sée « incor­recte » ! Le ser­vice mili­taire s’est ter­mi­né début mars 1989, et j’ai alors rejoint la région parisienne.

La Vigile Pascale est arri­vée deux semaines après, et donc ce pro­jet extra­or­di­naire qui s’est réa­li­sé. Magnifique céré­mo­nie, com­bien émouvante !

Et l’an­née 1989, quel sym­bole ! C’était pour moi l’acte contre-​révolutionnaire le plus impor­tant que je pou­vais poser à ce moment-​là ! Puis, très vite, une acti­vi­té pro­fes­sion­nelle et les pre­miers congés payés, en juillet 1990. La 1ère semaine fut consa­crée à une retraite de vie chré­tienne, à Flavigny, au cours de laquelle je reçus mani­fes­te­ment un 1er appel du Bon Dieu en vue du sacer­doce. Mais tout cela était encore pré­ma­tu­ré, et c’est en octobre 1993 que j’en­trai au sémi­naire de Flavigny, avec une lettre de recom­man­da­tion du Père Innocent-​Marie, après avoir offert une année comme per­ma­nent au MJCF, y offi­ciant comme secré­taire géné­ral, c’est-​à-​dire l’homme à tout faire du Président. Mais là je plai­sante, car ce fut une année exceptionnelle.

De 1989 à 1993 je fus un parois­sien de Saint-​Nicolas du Chardonnet, fidèle de la messe de 9h.00. J’ai eu cette chance de faire par­tie de la cho­rale. Il fal­lait être bien à l’heure, à 8h.30, pour la répé­ti­tion de gré­go­rien avec Monsieur l’ab­bé Laguérie. Le ser­vice de messe, c’é­tait plu­tôt le mer­cre­di à 18h.30, à la messe des jeunes. Et l’ha­bi­tude s’é­tait prise de se retrou­ver ensuite à la Huchette pour « dégus­ter » un sand­wich grec.

Que de bons sou­ve­nirs. Voici donc, à grands traits, le che­mi­ne­ment qui fut le mien. Une immense gra­ti­tude par consé­quent, et je vous invite à remer­cier avec moi le Seigneur pour tous ses bien­faits, ain­si que Notre-​Dame, Reine du clergé.

Merci pour votre attention.

Christophe Beaublat +

Intervention audio de Monsieur l’ab­bé Christophe Beaublat

Intervention de Maître François Wagner


Maître François Wagner offre à l’ab­bé Beauvais le dos­sier judi­ciaire plai­dé par son papa d’heu­reuse mémoire.

Intervention audio de Maître François Wagner 

Intervention de Monsieur Rémi Demolins

Excellence, M. les abbés, Mesdames, Messieurs, très chers amis,

Monsieur le Curé m’a deman­dé de par­ler de l’enthou­siasme que nous avons eu pour gar­der une église. Je pense aux anciens de la garde qui sont res­té ensemble pen­dant quatre mois et qui for­maient une vraie com­mu­nau­té. C’est en tant que hal­le­bar­dier (de seconde classe) que j’ai l’honneur et la joie de témoi­gner de ce moment inou­bliable pour vous faire revivre et par­ta­ger un évè­ne­ment d’exception.
Le maître-​mot de la convic­tion qui nous a sou­te­nu dans le com­bat d’il y a trente ans et qui devrait conti­nuer à nous gui­der aujourd’hui est : « N’ayez pas peur….de la véri­té ».
Car c’est pour res­tau­rer la liber­té du véri­table culte catho­lique, à Paris, dans une vraie église, avec de vrais prêtres et de vrais évêques, se fai­sant entendre d’un vraie chaire de véri­té - celle de Mgr Lefebvre qui por­tait à lui seul d’une seule voix la tra­di­tion catho­lique – que la prise de Saint Nicolas s’est faite dans un mou­ve­ment d’enthousiasme et d’espoir dif­fi­cile à ima­gi­ner aujourd’hui.
Beaucoup d’anecdotes ont été racon­tées depuis tout à l’heure. Je ne vais pas vous en racon­ter d’autres. Mais je vais quand même vous dire une chose : après le deuxième et troi­sième jour, ce qui nous habi­tait, c’était l’idée qu’on ne pas­se­rait pas le soir dans l’église. Est arri­vée la fin de la pre­mière semaine : nous étions les pre­miers éton­nés ! Nous avons espé­ré une deuxième semaine… Et, à la fin du pre­mier mois, nous espé­rions un deuxième mois !… Maintenant, il y a trente ans !!!
Si nous avons gar­dé Saint Nicolas pen­dant 4 mois, c’est parce qu’à l’époque nous n’avions pas peur de la Vérité. Nous étions très déter­mi­nés.
Lors de la prise de Saint Nicolas, c’était bien de la libé­ra­tion de la messe qu’il s’agissait. Tout est par­ti du besoin d’un lieu pour célé­brer la messe.
Il est essen­tiel de com­prendre l’état d’esprit qui nous ani­mait. Formés (pour cer­tains d’entre nous) avant le concile Vatican II, nous étions intiment péné­tré de la légi­ti­mi­té de la cause. Le fait ini­tial à rete­nir, c’est que ces fidèles et ces prêtres qui avaient joui jusque là, d’une manière pai­sible et conti­nue, du vrai culte catho­lique et des authen­tiques lieux de cultes, furent, sou­dain, confron­tés à cette situa­tion inouïe : en se pré­sen­tant un jour dans leur lieu de culte habi­tuel, d’y trou­ver un faux culte, cari­ca­ture de l’ancien.
Imaginons leur indi­gna­tion de légi­time déten­teur de la véri­té, exclus par une imposture.
La nou­velle géné­ra­tion, hélas, n’ayant pas eu cette expé­rience a sou­vent du mal à être péné­trée des mêmes cer­ti­tudes. D’où ses ten­ta­tions de com­pro­mis­sion, de ral­lie­ment, d’abandon du combat.
Depuis la prise de Saint Nicolas, en 1977, et la fameuse messe de Lille, Mgr Lefebvre a sou­le­vé un grand mou­ve­ment d’enthousiasme dans la France entière et au delà le monde entier ; Assise l’a convain­cu de la néces­si­té d’ordonner des Evêques, en 1988, s’il vou­lait que le sacer­doce puisse perdurer.
Avec le sacre des Evêques, Mgr Lefebvre venait de poser l’acte des­ti­né à main­te­nir à tout prix le sacer­doce catho­lique.
Sainte Thérèse d’Avila disait que le monde meurt à force de silence. C’est ce qui menace ceux qui louchent vers les nau­fra­geurs de Vatican II, plus obs­ti­nés, par leur œcu­mé­nisme, à construire La Religion Universelle qu’à remettre de l’ordre. On juge un arbre à ses fruits. A l’évidence, aujourd’hui, après La Salette, l’effondrement de la pra­tique reli­gieuse, la repen­tance, les décla­ra­tions de Mgr Lefebvre par­lant des « anti-​christ » du Vatican, aujourd’hui on ne peut plus ser­vir deux maîtres : Dieu et le moder­nisme, égout col­lec­teur de toutes les hérésies.
A tous les plus jeunes qui sont nés depuis les années 70, à tous nos enfants, je vou­drai leur dire que ce repas qui nous réunit n’est pas un repas d’anciens com­bat­tants ; Non ! C’est un repas de veillée d’armes ! Depuis bien­tôt 300 ans qu’il dure, ce com­bat va cres­cen­do et le plus dur est devant nous ! En effet, le monde (celui qui s’oppose Dieu), cherche à nous ava­ler, à nous digé­rer, à faire dis­pa­raitre la Foi, à gagner les âmes à Satan. On ne gagne une course qu’en la ter­mi­nant, qu’en fran­chis­sant la ligne d’arrivée. Et ce sont les der­niers mètres qui sont les plus durs, mais ils font par­tie de la course. Abandonner, c’est perdre.
Et pour­tant, l’espérance est devant nous. Saint Nicolas est au moder­nisme ce que la Vendée Militaire est à la République. C’est un lieu de résis­tance chré­tien où nous avons de vrais prêtres, de vraies messes, de vrais sacre­ments, où les cœurs bien droits peuvent chan­ter à pleins pou­mons « Catholiques et Français tou­jours ».
Hier, Saint Nicolas, Demain la France et le monde. Ce n’est pas un hasard, si Saint Nicolas est au cœur de Paris, Paris au cœur de la France, et la France Fille aînée de l’Eglise ! En effet, chers enfants, n’oubliez jamais que Jésus-​Christ est le Roi, le Roi de France, et que nous avons la Sainte Vierge pour Reine, la Reine de France. Il n’y a pas d’autres pays qui ont cette grâce ! « Dieu ne meurt pas » mur­mu­ra le héro chré­tien Garcia Moréno assas­si­né par les francs-​maçons ! Demain, le nom de la France sera réécrit en lettres d’Or ! Le monde se conver­ti­ra et la paix du Christ règne­ra sur le monde. Haut les cœurs !
Soyons de dignes héri­tiers de Mgr Lefebvre ! Au nom de tous les hal­le­bar­diers, et, je pense, de vous tous, je remer­cie tout le cler­gé : les évêques et les prêtres qui sauvent nos âmes, seul but de notre vie.
Que la très Sainte Vierge Marie, reine du Clergé et reine de France, que le grand saint Nicolas nous pro­tègent tous.

Rémi Demolins

Intervention audio de Monsieur Rémi Demolins 

Intervention de Monsieur Fromentoux


L’intervention de Monsieur Fromentoux a été inter­rom­pue par un mes­sage « sur­prise » que nous vous
pro­po­sons d’en­tendre ci-​dessous : la sur­prise était de taille…tout en gar­dant la dis­tan­cia­tion nécessaire
que requiert le sens de l’hu­mour chrétien…Prions pour le per­son­nage que nous allons entendre
et remer­cions Monsieur l’ab­bé Brunet, second vicaire de St-​Nicolas, qui nous a révé­lé un talent, un
de plus, incon­nu du plus grand nombre.…

Intervention audio de Monsieur Fromentoux 

L’intervention surprise des 30 ans de Saint-Nicolas

Intervention audio de l’in­vi­té « sur­prise » : hom­mage présidentiel 

Intervention de Mgr Bernard Fellay, Supérieur Général de la FSSPX


Son Excellence Mgr Bernard Fellay

Intervention audio de Mgr Fellay 

Quelques photos supplémentaires

Photos du haut : l’ab­bé Quilliard aux prises avec le gâteau d’an­ni­ver­saire ; Mgr Fellay, les abbés de Cacqueray,
Beauvais et Chautard ; les abbés Pfluger, Duverger,
Bouchacourt et Brunet.

Photos du milieu : un cinéaste atten­tif et un Frère heureux !

Photo du bas : mon­sieur l’ab­bé Vassal très studieux…H