Dimanche 4 juillet 2010 – Pèlerinage au Mont Sainte-Odile

La pho­to de famille à l’is­sue du pèle­ri­nage

Le reportage photos

Chaque année a lieu le célèbre pèle­ri­nage alsa­cien au Mont Sainte-​Odile. Organisé par les prêtres du Prieuré de Strasbourg, sis depuis l’Ascension 2010 à Urmatt, il ras­semble les fidèles de toute la région. Cette année, c’était le nou­veau doyen de la région pour la Fraternité Saint-​Pie X, M. l’abbé Dominique Rousseau, qui était invi­té à célé­brer la sainte Messe à Ottrott, petit vil­lage alsa­cien au pied de la montagne.

Les jours pré­cé­dant la fête avaient été très chauds (la tem­pé­ra­ture avoi­si­nant les 40°) et l’on pou­vait craindre de vio­lents orages. Quelques-​uns écla­tèrent, qui eurent pour effet d’adoucir un peu l’atmosphère en ce dimanche.

Des tentes furent mon­tées par les fidèles dans un champ, pour abri­ter le célé­brant et les pèle­rins du soleil ou de la pluie. Combien furent-​ils à venir en ce jour pour hono­rer sainte Odile ? Près de 300 pour la Messe, davan­tage encore pour la marche et l’arrivée au Mont.

L’abbé chan­ta les ver­tus et la gloire de notre sainte régio­nale au cours de son ser­mon. Puis, après la Messe et avant de gra­vir la mon­tagne, tous purent se res­tau­rer sur place.

Puis le prieur, M. l’abbé François Knittel, bat­tit le rap­pel à 13 H 30 et la colonne des pèle­rins s’ébranla, en ordre par­fait, enca­drée par les jeunes de nos chapelles. 

Quelques haltes bien­ve­nues pon­tuèrent la marche qui dura près de trois heures, à tra­vers routes de mon­tagne, forêts de sapins touf­fus et clairières.

Vers 17 H 00, nous par­ve­nions au som­met de la mon­tagne, au sanc­tuaire de sainte Odile et, age­nouillés devant la sta­tue qui domine le Mont, nous avons réci­té les lita­nies de la sainte et nous avons renou­ve­lé la consé­cra­tion de l’Alsace à la sainte Patrone : 

« … Demeurez l’ange des petits enfants ; seillez sur leur inno­cence et conservez-​leur tou­jours des maîtres vrai­ment chréiens. Pour nos familles, soyez ce que vous fûtes dans la vôtre, la négo­cia­trice de la paix, la mes­sa­gère du salut. Remplissez cloîtres et sémi­naires d’âmes pareilles à la vôtre… »

Merci au Bon Dieu pour cette jour­née qu’il nous a accor­dée : un temps clé­ment et enso­leillé, de nom­breuses grâces pour toutes nos âmes en ce début d’été.

Dans la soi­rée, de retour à la prai­rie qui nous accueillait le matin, de nom­breux fidèles se retrou­vèrent pour la tra­di­tion­nelle grillade, avant de repar­tir, le cœur gon­flé de joie chrétienne.

Le pro­chain rendez-​vous pour le doyen­né est fixé au pèle­ri­nage à Domrémy, pour fêter sainte Jeanne d’Arc, le dimanche 19 sep­tembre. Alsaciens et Lorrains, nous vous y atten­dons nombreux !

Le sermon de l’abbé Dominique Rousseau 

Mes biens chers Frères,

Dès mon arri­vée à l’Étoile du Matin, Monsieur l’abbé Knittel m’a invi­té à pré­si­der ce pèle­ri­nage au Mont Sainte-​Odile. Il y a donc près d’un an que jeme réjouis à la pen­sée de me retrou­ver par­mi vous aujourd’hui, pour hono­rer et prier la sainte d’Alsace.

Aux pieds de cette mon­tagne, je tâche­rai ce matin de mettre en relief deux des Béatitudes que Notre-​Seigneur a pron­cées sur la Montagne :

Bienheureux ceux qui sont affli­gés, car ils seront conso­lés !
Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils ver­ront Dieu !
(Mat. V 4 ; 8) 

Si j’ai cité ces Béatitudes en com­men­çant ces mots, c’est parce que sainte Odile les a bien mises en pra­tique dans sa vie. En elle nous pou­vons voir la pra­tique héroïque des ver­tus chré­tiennes. « Soyez par­faits, comme votre Père céleste est parfait. »

Odile, la sainte que nous hono­rons en ce pèle­ri­nage, aveugle de nais­sance, a trou­vé la vue lors de son bap­tême, à l’âge de 15 ans. Comment ne pas mettre en relief la sixième Béatitude : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils ver­ront Dieu » ?
Le cœur pur est celui qui est habi­té par Dieu, revê­tu de la grâce sanc­ti­fiante. Ce cœur peut voir Dieu et de fait, il a la vie éter­nelle en lui-même.

« Odile » : ce nom signi­fie Lumière de Dieu.

Tout est Providence en notre sainte, la pro­tec­trice de l’Alsace !

Tout est Providence ? Écoutez plu­tôt ! Il est vrai que les voies du Bon Dieu ne sont pas les nôtres et le mot de Providence semble mal choi­si, de prime abord, quand on va entendre l’énumération de ces quelques faits de la vie d’Odile :

Son père vou­lait un fils et, lorsqu’il apprend que c’est une fille et que, de plus, elle est aveugle, Aldaric la chasse, de rage. L’œuvre de chris­tia­ni­sa­tion n’a pas encore éten­du ses bien­faits en bien des régions et nous voyons qu’il faut du temps pour adou­cir les mœurs, chan­ger les men­ta­li­tés. Lorsque, plus tard, il aura accep­té qu’elle revienne au foyer, il vou­dra la marier à un jeune et riche sei­gneur, elle refu­se­ra car elle s’est déjà depuis long­temps don­née à un autre Seigneur, le Christ ! Son père fera donc des pres­sions pour qu’elle accède à ses demandes. Mais si elle révère et aime son père, elle est l’épouse de Notre Seigneur Jésus-​Christ et donc elle quitte en secret la demeure fami­liale pour ne pas subir une volon­té infé­rieure à celle de Dieu, à qui elle s’est donnée.

Il fau­dra attendre que la grâce tra­vaille le cœur et l’âme de ce père rude et mal dégros­si pour qu’Odile revienne enfin à Hohenbourg. Et comme il arrive par­fois, de ces carac­tères entiers, taillés d’une seule pièce, Aldaric va don­ner son châ­teau à sa fille aînée. Revirement, conver­sion, départ de la mis­sion d’Odile, qui va éclai­rer toute l’Alsace et plus encore.

« Odile » : tout ce que ce nom com­porte mani­feste clai­re­ment la Lumière de Dieu. Ce haut lieu alsa­cien qu’est Hohenbourg va deve­nir en peu de temps un foyer de cha­ri­té ardente. Des jeunes filles, des vierges vont venir pour se ras­sem­bler, prier en com­mu­nau­té, exer­cer les œuvres de misé­ri­corde aux plus dému­nis, aux malades. Miraculée à son bap­tême, dès son vivant Odile opère des miracles en ren­dant la san­té à un lépreux. Alertée par le gémis­se­ment d’un pauvre, per­du dans la mon­tagne, elle s’approche de lui avec ses com­pagnes et se penche sur lui. Quel spec­tacle d’horreur : c’est un lépreux ! Surmontant son dégoût, elle l’embrasse, le serre dans ses bras. Miracle : il est gué­ri !
De même, le miracle évan­gé­lique se renou­velle : les pains et le vin se multiplient. 

Odile, après la mort de son père, a vu son âme souf­frir dans les flammes du pur­ga­toire. Elle a beau­coup pleu­ré. La tra­di­tion rap­porte qu’elle a pas­sé cinq jours et cinq nuits à jeû­ner et à prier. Au bout de ces jour­nées de larmes, elle a vu l’âme de son père d’envoler au ciel. On vénère tou­jours le lieu de ses prières : « la Chapelle des Larmes ». Bienheureux ceux qui sont affli­gés, car ils seront consolés !

Les miracles conti­nue­ront ; elle qui fut aveugle de nais­sance, gué­rie lors de son bap­tême, obtien­dra la gué­ri­son d’un aveugle après avoir fait jaillir l’eau d’un rocher. Cette eau coule tou­jours et répand ses bien­faits sur les âmes.

Mes Frères, nous sommes venus ici en pèle­ri­nage. Nous aus­si, nous sommes « enfants de lumière » (Eph. V 8). N’oublions jamais ces paroles enten­dues lors de notre bap­tême : « Recevez ce cierge allu­mé. Gardez sans reproche la grâce de votre baptême… »

Puissions-​nous à l’occasion de ce pèle­ri­nage deve­nir davan­tage encore des lumières, pour éclai­rer nos contem­po­rains. « Que votre lumière brille devant les hommes » ! Nous avons reçu beau­coup, le Bon Dieu nous a éclai­rés par la Foi reçue au bap­tême et enri­chie depuis ce jour en notre âme par tant de grâces de toutes sortes. Cela doit nous pla­cer dans une grande humi­li­té. Car en effet nous por­tons ces richesses dans des vases d’argile, bien fragiles…

« Vous êtes la lumière du monde… Vous êtes le sel de la terre ». Notre-​Seigneur nous a fait de beaux cadeaux. Tâchons de nous en mon­trer dignes !

Nous mon­te­rons en pèle­ri­nage au Mont Sainte-​Odile ; que cette marche, que notre prière fasse jaillir de nos cœurs des traits de lumière. Remplissons-​nous de la clar­té divine, répan­due en abon­dance sur Odile.

Sainte Odile, veillez sur vos pèle­rins, gardez-​les purs, faites-​leur voir Celui que vous avez aimé ! Protégez l’Alsace et ses fidèles catho­liques, de l’erreur qui aveugle les esprits et enté­nèbre les âmes. Fille de Lumière, donnez-​nous de voir clai­re­ment les vues de Dieu sur cha­cun d’entre nous et faites-​nous la grâce de nous appli­quer à bien accom­plir notre devoir d’état. Que votre sol­li­ci­tude auprès des malades nous aide à puri­fier nos vies de la lèpre du péché, de l’aveuglement de l’âme, afin que nous puis­sions enfin cou­rir avec joie dans les sillages divins, dans la sim­pli­ci­té de l’enfant qui se jette avec confiance dans les bras de son Père.

« Dieu, vraie lumière, qui d’une manière admi­rable avez ouvert les yeux de la bien­heu­reuse Odile, votre vierge, faites qu’à son exemple et par son inter­ces­sion, nous détour­nions nos regards des vani­tés du monde et méri­tions ain­si de contem­pler votre face, vous, le seul vrai Dieu, dans la gloire du ciel. »
(Collecte du 13 décembre, fête de sainte Odile)

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

Ainsi soit-​il.