Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du Juvénat du Sacré-​Coeur Décembre 2010

Libreville – Décembre 2010

Cher Amis et Bienfaiteurs,

Déjà un an, depuis la der­nière lettre ! Nous sommes alors d’autant plus sen­sibles à votre inlas­sable géné­ro­si­té que nos nou­velles se font plu­tôt rares !

50 ans d’indépendance

Le 17 août, le Gabon a fêté le 50ième anni­ver­saire de l’indépendance. Les dis­cours, les articles, les ana­lyses et les bilans ont été nom­breux : « on a beau­coup par­lé ! ». Mais les regards chré­tiens sur cet évé­ne­ment ont été pour le moins, assez rares.

Relire ce que le Pape Pie XII a dit sur le sujet, il y plus de cin­quante ans, est alors très ins­truc­tif. Par exemple :

« (Dans les Colonies), le pro­ces­sus d’é­vo­lu­tion vers l’au­to­no­mie poli­tique, que l’Europe aurait dû gui­der avec pré­voyance et atten­tion, s’est rapi­de­ment trans­for­mé en explo­sion de natio­na­lismes avides de puis­sance. Il faut avouer que ces incen­dies impré­vus, au détri­ment du pres­tige et des inté­rêts de l’Europe, sont, au moins par­tiel­le­ment, le fruit de son mau­vais exemple. » (Noël 1954)

« Pourrait-​on lais­ser les conflits suivre, pour ain­si dire, leur cours, ce qui amè­ne­rait faci­le­ment à en aug­men­ter la gra­vi­té, à creu­ser dans les esprits des sillons de haine et à créer ce qu’on appelle des ini­mi­tiés tra­di­tion­nelles ? Est-​ce qu’un tiers n’en tire­rait peut-​être pas avan­tage, un tiers que les deux autres groupes au fond ne veulent pas et ne peuvent pas vou­loir ? (Noël 1955)

« De toute façon, qu’une liber­té poli­tique juste et pro­gres­sive ne soit pas refu­sée à ces peuples, et qu’on n’y mette pas – d’obsta-​cles. » (Noël 1955)

« L’Eglise qui, au cours des siècles, vit déjà naître et gran­dir tant de nations, ne peut qu’être par­ti­cu­liè­re­ment atten­tive aujourd’­hui à l’ac­ces­sion de nou­veaux peuples aux res­pon­sa­bi­li­tés de la liber­té politi-​que. » (Encyclique « Fidei Donum » 21 avril 1957)

« Ceux-​ci tou­te­fois recon­naî­tront à l’Europe le mérite de leur avan­ce­ment ; sans l’in­fluence de l’Europe, éten­due à tous les domaines, ils pour­raient être entraî­nés par un natio­na­lisme aveugle à se jeter dans le chaos ou dans l’es­cla­vage. » (Noël 1955)

Malgré ses erreurs et mau­vais exemples, l’Europe a le mérite d’avoir com­mu­ni­qué aux peuples colo­ni­sés, les bases de la civi­li­sa­tion ; celle dont Saint Pie X écrivait :

« … la civi­li­sa­tion n’est plus à inven­ter, ni la cité nou­velle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est ; c’est la civi­li­sa­tion chré­tienne, c’est la cité catho­lique. Il ne s’agit que de l’instaurer et la res­tau­rer sans cesse sur ses fon­de­ments natu­rels et divins contre les attaques tou­jours renais­santes de l’utopie mal­saine, de la révolte et de l’impiété…» (Lettre sur le Sillon 25 août 1910).

Or recon­naître les bien­faits reçus est une condi­tion de péren­ni­té. En effet la lon­gé­vi­té et la pros­pé­ri­té d’un peuple dépend de sa fidé­li­té à pra­ti­quer, à l’égard de ses civi­li­sa­teurs, l’honneur dic­té par IVème com­man­de­ment du Décalogue : hono­rer ses pères et mères pour vivre lon­gue­ment. C’est pour­quoi, l’avenir des pays qui fêtent leur indépen-​dance, dépend de leur fidé­li­té à cette loi du gouver-​nement divin des peuples.

Un des buts du Juvénat

Ces véri­tés chré­tiennes sont bien celles que nous vou­lons incul­quer aux élèves du Juvénat. A l’avenir, ils ser­vi­ront excel­lem­ment le Gabon, leur Patrie encore jeune de 50 années, dans la mesure où ils vivront de ces véri­tés. Le res­pect de l’ordre natu­rel des socié­tés est le préa­lable néces­saire au règne du Christ Roi ; mais ce res­pect n’est pos­sible dura­ble­ment qu’avec sa grâce sur­na­tu­relle. C’est dire l’importance immense de l’éducation chrétienne.

C’est pour­quoi nous pour­sui­vons plus que jamais avec confiance en Dieu, l’œuvre du Juvénat com­men­cée peti­te­ment, avec huit élèves, il y a quinze ans. L’année sco­laire 2010/​2011 a débu­tée avec plus de 200 élèves externes bien que demi-​pensionnaires pour la plu­part. Nous ser­vons à déjeu­ner à 160 d’entre eux.

Il y a eu une appré­ciable embel­lie des effec­tifs. Les condi­tions nou­velles et plus exi­geantes de l’enseignement public pour l’admission des élèves au col­lège ont joué en notre faveur. Sont venus à nous des élèves qui aupa­ra­vant auraient trou­vé plus aisé­ment une place dans un éta­blis­se­ment pu-​blic. Parmi ceux-​ci, nous avons sélec­tion­né, avec cir­cons­pec­tion, quelques bons éléments.

Au service des bonnes volontés

Mais l’augmentation des effec­tifs s’explique sur­tout par un recru­te­ment meilleur auprès des enfants, fidèles de la Mission. De nom­breux parents de ces enfants, en effet, pré­tex­taient trop faci­le­ment du coût éle­vé des sco­la­ri­tés pour ne pas ins­crire leur enfant. Pour ébran­ler cet argu­ment, après avoir ciblé des enfants du caté­chisme de la Mission, par­ti­cu­liè­re­ment récep­tifs, nous avons encou­ra­gé leurs parents à consen­tir un peu d’effort. De son côté, le Juvénat a fait tout le pos­sible pour allé­ger la charge aux parents. Il faut dire que ces enfants sont pour la plu­part issus de milieu très pauvre. Le maté­ria­lisme des nou­veaux riches ne les a pas encore enta­més ; ils sont donc plus récep­tifs à la spiritualité.

De ce fait l’ardeur chré­tienne du Juvénat a aug­men­té : les élèves, pas encore fidèles à la Mission, sont encou­ra­gés à gran­dir dans la convic­tion catho­lique. Ainsi, se trouve amé­lio­rée la capa­ci­té mis­sion­naire du Juvénat à rame­ner vers la Tradi-​tion, ces élèves « venus d’ailleurs » et avec eux, leurs familles.

D’autre part, nous accen­tuons le contact avec les familles. Nous visi­te­rons à domi­cile, d’abord, toutes celles qui nous accueillent spon­ta­né­ment. Nous espé­rons mieux per­sua­der ces familles à reprendre ou ren­for­cer la vie chré­tienne si sou­vent réduite à l’état de « traces » comme les gaz rares ! Les familles plus hési­tantes à nous accueillir y vien­dront par l’exemple des pré­cé­dentes et sur­tout par l’effet de la prière.

Enfin nous réunis­sons, le mer­cre­di après-​midi et le same­di, des élèves pour par­ti­ci­per aux ser­vices d’intérêt géné­ral : entre­tien du jar­din, des locaux etc. Ces acti­vi­tés ont du suc­cès : la plu­part des enfants s’ennuient tel­le­ment à la mai­son et puis, ici, il y a tou­jours un moment pour le bal­lon ! Ces mêmes jours, d’autres viennent pour un sou­tien par­ti­cu­lier dans leurs études : c’est moins attrac­tif, mais com­bien nécessaire !

Il faut bien dire que la jeu­nesse est de plus en plus livrée à elle-​même et désoeu­vrée. Les vraies familles sont rares ; dans la plu­part des cas, les foyers sont écla­tés, quand ils ont existé.

Le projet d’internat

C’est pour­quoi, nous conti­nuons d’espérer que la Providence nous don­ne­ra les moyens de réa­li­ser l’internat sco­laire que nous projetons.

De nou­veaux amé­na­ge­ments ont été réa­li­sés cette année, dans ce but, au Domaine St Joseph : ter­ras­se­ment en Janvier, élec­tri­fi­ca­tion en Février/​Mars, mise en ser­vice du forage en juin, construc­tion d’une mai­son pour le gar­dien. Les études prélimi-​naires avec un archi­tecte ont eu l’avantage de si-​tuer l’ampleur des construc­tions projetées.

Niveau de vie matérialiste

La presse fait état, de plus en plus, des pro­grès éco­no­miques du Gabon pla­cé par­mi les pays sub-​sahariens au meilleur niveau de vie. Ces indi-​ces éco­no­miques sont rela­ti­ve­ment réa­listes ; ils tiennent trop peu compte de la répar­ti­tion très inégale des reve­nus dans la popu­la­tion. Il faut encore du temps pour que les « petites gens » béné­fi­cient des grands efforts faits depuis plus d’un an, pour diver­si­fier l’économie. Au Gabon, un tiers de la popu­la­tion vit avec moins de 2 € par jour ! On est loin du Produit Intérieur Brut (PIB) par habi­tant et par jour cal­cu­lé à 9,35€ !

D’autre part, le mil­liard de consom­ma­teurs que repré­sente la popu­la­tion afri­caine est une aubaine pour la relance de l’économie mon­diale essouf­flée. En effet, les pays dits déve­lop­pés sont gavés par le maté­ria­lisme ; ain­si repus, ils peinent à absor­ber la pro­duc­tion effré­née impo­sée par le capi­ta­lisme. Or les popu­la­tions afri­caines, pour la plu­part encore, sont loin d’être équi­pées de tous les biens de consom­ma­tions. C’est pour­quoi le capi­ta­lisme cos­mo­po­lite tra­vaille à aug­men­ter le niveau de vie des Africains pour en faire des consom­ma­teurs assi­dus, à l’instar des Américains ou des Européens. Déjà, en 1957, le Pape Pie XII tiraient l’alarme à ce sujet et concluait :

« Les Africains, qui par­courent en quelques décades les éta-​pes d’une évo­lu­tion que l’Occident a mis plu­sieurs siècles à accom­plir, sont plus faci­le­ment ébran­lés et séduits par l’en­sei­gne­ment scien­ti­fique et tech­nique, qui leur est dis­pen­sé, comme aus­si par les influences maté­ria­li­santes qu’ils subissent. Des situa­tions dif­fi­ci­le­ment répa­rables peuvent de ce fait se créer ici ou là et nuire par la suite à la péné­tra­tion du catho­li­cisme dans les âmes et dans les socié­tés. Il faut, dès aujourd’hui, don­ner aux pas­teurs des pos­si­bi­li­tés d’ac­tion pro­por­tion­nées à l’im­por­tance et à l’ur­gence de la conjonc­ture actuelle. » (Encyclique Fidei Donum)

Sur cet appel plus que jamais d’actualité, nous vous remer­cions de l’intérêt que vous por­tez à l’œuvre d’éducation chré­tienne qui nous est confiée. Nous vous recom­man­dons vous-​mêmes et toutes vos inten­tions au cha­pe­let quo­ti­dien en com­mu­nau­té et à la messe men­suelle célé­brée en l’honneur de l’Enfant Jésus, à vos intentions.

Tout le Juvénat se réunit pour vous sou­hai­ter une sainte fête de Noël et for­mu­ler à votre inten­tion et à celle de vos familles, les vœux les meilleurs de sanc­ti­fi­ca­tion et de vie chré­tienne pour la nou-​velle année 2011.

Les Pères et les Frères du Juvénat

Gabon – Mission Saint-​Pie X

Prieur : Abbé Prudent BALOU YALOU – 15/​08/​11

Mission Saint-​Pie X
B.P.3870
Libreville
GABON
00 241 11 76 60 18 

Gabon – Juvénat du Sacré-Cœur

Directeur : Abbé Christophe LEGRIER – 15/​08/​11

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