Par monsieur l'abbé Yves le Roux, Recteur du séminaire de Winona (USA)
Vendredi 1er juin 2007
Version française
Chers amis et bienfaiteurs
Un homme privé d’amour ne serait-il qu’un monstre innommable ?
Saint-Exupéry, en une heureuse formule, nous invite à considérer que l’amour est avant tout « regarder ensemble dans la même direction » et non point « se regarder l’un l’autre ». Cette simple réflexion frappée au coin du bon sens souligne avec force que l’amour est avant tout une union de volontés et non une épuisante et stérile recherche de nous-même dans le visage de l’autre.
Peu le savent encore ; infiniment moins en vivent !
Le monde n’est plus qu’un immense lupanar où la sensualité – baptisée sans vergogne amour – s’y étale au grand jour en ses débordements les plus malsains. Salomon n’est plus seul, hélas, à pouvoir s’enorgueillir de n’avoir rien refusé à ses sens ; du moins n’avait-il pas, lui, cette prétention d’attribuer à ses passions les plus vulgaires le noble nom d’amour !
Cette recherche insatiable de tout ce qui satisfait les sens stérilise l’exercice normal de l’intelligence et de la volonté entraînant l’homme dans la spirale infernale de l’égoïsme, l’empêchant radicalement d’aimer. Aimer, en effet, n’est-ce point se donner, sortir de soi, se consacrer en un mot ? L’égoïste qui ne s’intéresse foncièrement qu’à lui-même, ne le peut ! Ses proclamations d’amour sont autant de mensonges : incapable de s’oublier, il ne peut se donner et ses aveux enflammés sont le prix qu’il lui faut payer afin de donner le change et recevoir son lot de maigres et fugitives satisfactions.
Nous sommes les témoins quotidiens et affligés du triste étalage d’une sensualité effrénée, assassin de l’amour véritable qui, lui, unit les volontés à coup de renoncements.
L’homme, épuisé par cette vaine course au plaisir, ne trouve aucun repos. Le bonheur le fuit à mesure que les plaisirs se multiplient. Puis les plaisirs se multiplient pour compenser l’absence de bonheur ! Cercle vicieux dans lequel l’homme tourne sans fin sur lui-même, hébété, assoiffé, desséché. Pâle apparence d’homme que cet être esclave de ses sens, incapable d’aspirer à autre chose que lui-même !
La question ne se pose plus : un tel homme est un monstre.
Nous éprouvons habituellement une certaine réticence à nous étendre sur ce sujet de l’amour tant il est galvaudé ! Nous avons tort au fond. Ne craignons pas de lui redonner ses lettres de noblesse, nous rappelant que, fils de l’amour incarné, nous sommes appelés à en être les témoins.
Précisons au prime abord que seul l’homme est capable d’aimer car lui seul possède une âme spirituelle. Nous n’aimons point parce que nos sens sont envoûtés par les plaisirs, mais parce que nous engageons notre volonté à rechercher un bien que l’intelligence lui a désigné. Sachant que toute connaissance passe par les sens, nous ne nions pas que ces derniers participent au processus de l’amour ; nous récusons simplement l’enlisement et la stérilisation de l’amour réduit à n’être qu’une excitation sensuelle.
Nous repoussons également les vaines prétentions de ceux qui affirment que l’animal est capable d’aimer. Cette erreur, assez commune somme toute, trouve sa source dans la confusion habituelle régnant entre attachement servile et consécration amoureuse. L’attachement du chien à son maître, souvent admirable reconnaissons-le, n’est point, cependant, un acte d’amour. Soyons clair : pour remarquable qu’elle soit, sa fidélité provient plus simplement – ou plus prosaïquement ! – de son instinct de conservation. Par défaut d’élection et de volition, l’animal ne peut aimer.
L’homme, grâce à ses facultés spirituelles qui lui permettent de choisir parmi de multiples attractions, le peut quant à lui. Ayant choisi librement, il s’engage alors ou pour le dire autrement : il se donne. L’amour est essentiellement un don et donc un sacrifice. À son sommet, il consiste dans le don de soi-même et donc dans le sacrifice de soi-même. Le sacrifice fait essentiellement parti du processus de l’amour, il en est son premier et ultime fruit : l’amour n’est rien d’autre, au fond, qu’une consécration totale de soi
Le sacrifice est le socle de l’amour. Vient-il à disparaître ? L’amour à son tour disparaît et nous est offert le triste spectacle de notre société hédoniste et décadente. S’il n’est enraciné dans le sacrifice, l’amour s’éteint en dépit de toutes les étreintes…
Ce renoncement fort pénible à notre nature et si peu en vogue de nos jours, loin de nous mutiler, est source d’équilibre et de joie profonde. Aimer est une nécessité de nature pour l’homme. L’homme ne vit que dans la mesure où il aime et n’aime que s’il se livre sans calcul. Nous ne sommes point Dieu : il est donc dans notre nature de rechercher nécessairement notre fin en dehors de nous-même. L’amour, en nous obligeant à sortir de nous, nous place dans l’ordre de notre nature et permet l’exercice normal et ordonné de toutes nos facultés. Vouloir efficacement le bien de l’autre au mépris de notre intérêt propre est la clef du bonheur, la respiration de notre âme et notre plein épanouissement.
Il est évident que ce plan purement naturel est limité et qu’un amour digne de ce nom n’est qu’un tremplin pour permettre à l’âme de recevoir l’amour divin. Il est, cependant, bien important de nous y arrêter car la surnature repose sur la nature. Si, par malheur, nous faisions l’impasse sur le naturel, nous refuserions l’ordre établi par Dieu Lui-même. Ce refus serait la preuve d’un incommensurable orgueil qui refuse obstinément à aimer en refusant de se donner ; car il ne croit pas à l’amour ne croyant qu’en lui-même !
Que Dieu nous en préserve et qu’il nous apprenne à aimer, à L’aimer surtout !
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