12e Opération Rosa Mystica dans l’île de Mindanao à Polomolok – N° 04 : mercredi 11 avril 2018

Ça y est, le rythme est pris, pas moyen de se déro­ber ! En arri­vant à 7h sur place, nous nous fau­fi­lons au milieu de la foule qui attend. Et ce soir, il fau­dra même ren­voyer plus de cent per­sonnes pour ne pas pous­ser à bout les méde­cins… Ils ont encore deux jours à tenir, dans des condi­tions qui n’ont rien à voir avec leur cabi­net de ville occi­den­tale, soi­gné, propre et silen­cieux. Ici, c’est pous­sière, pro­mis­cui­té, sale­té, et bruit à volonté ! 

Quatrième journée : mercredi 11 avril 2018

Les mili­taires assurent notre sécu­ri­té tout autour du bâti­ment. Le lieutenant-​colonel Otida, chef du 27e Bataillon d’Infanterie, vient s’assurer du bon fonc­tion­ne­ment de la mis­sion. Il nous four­nit dix hommes. Ils ne sont pas sur­me­nés pen­dant la jour­née, mais en bons Philippins, ils savent attendre avec patience pen­dant des heures… En atten­dant, c’est ras­su­rant de les avoir, sachant que la menace ter­ro­riste n’est pas un vain mot chez eux non plus. Nous avons d’ailleurs énor­mé­ment de femmes voi­lées qui viennent se faire soi­gner ; appa­rem­ment, elles passent outre l’aspect reli­gieux pour pro­fi­ter des soins gra­tuits. Comme on dit chez nous, l’argent n’a pas d’odeur !

Cette année, les box de chi­rur­gie deviennent des hauts-​lieux d’expression artis­tique ! Au milieu de tant de misère, il faut bien appor­ter ici ou là quelques touches de dou­ceur ou de fan­tai­sie ! D’autant que la venue de chi­rur­giens ayant été annon­cée, il y a énor­mé­ment de soins à faire.

Un jeune enfant se pré­sente avec une apla­sie d’oreille bila­té­rale, il n’a pas de conduit audi­tif. Rien n’a été fait pour lui, il est consi­dé­ré comme sourd et va apprendre le lan­gage des signes. C’est tou­jours déso­lant pour les méde­cins de consta­ter cela, alors qu’en France il aurait pu être pris en charge et avoir une vie sociale normale.


» Baby boss au tra­vail. Bravo ! »

Un autre vient mon­trer son épaule ; il a eu un grave acci­dent de moto il y a huit mois, et ne peut plus mou­voir son bras sans aide. Il n’y a pas de frac­ture, semble-​t-​il, mais une impor­tante atro­phie mus­cu­laire. Dr de Geofroy junior [Voir pho­to ci-​dessus de Baby boss au tra­vail] deman­de­rait bien un IRM pour consta­ter l’ampleur des dégâts, mais cela risque de coû­ter trop cher. Peut être une atteinte du plexus brachial…. 

Aujourd’hui, le Dr Ledoux a plu­sieurs cas de can­cers, notam­ment deux adultes qui souffrent : une per­sonne de 40 ans a la moi­tié du visage prise par la tumeur ; il serait encore temps de lui faire de la chi­mio. Pour cela, le méde­cin demande un scan­ner pour faire un bilan d’extension, c’est envi­sa­geable puisque cela revien­drait à 180€. 

L’autre patiente a une tumeur mani­fes­te­ment maligne, exté­rio­ri­sée au niveau du conduit audi­tif externe, avec une para­ly­sie faciale débu­tante, témoi­gnant d’un enva­his­se­ment de l’os du rocher. Son cas est plus grave, il faut faire un IRM de toute urgence pour voir s’il y a des méta­stases et pou­voir por­ter un pro­nos­tic. Le doc­teur voit aus­si un pauvre enfant impres­sion­nant à voir : il a un menin­go­cèle (pro­tru­sion ménin­gée défor­mant le visage).

En France, le moindre kyste bénin se fait enle­ver, et il est impen­sable de ne pas prendre en charge le plus tôt pos­sible de telles tumeurs. Mais ici pas d’argent, pas de sou­ci des appa­rences ; seule­ment la pau­vre­té et l’acceptation de son sort… C’est très frus­trant de se sen­tir si dému­ni pour soi­gner ces gens. Idéalement, il fau­drait avoir une struc­ture hos­pi­ta­lière à notre dis­po­si­tion la semaine de mis­sion et le mois qui suit, pour pou­voir opé­rer et trai­ter rapi­de­ment les cas les plus urgents.

Autre patho­lo­gie moins grave, mais très répan­due : les goitres qui déforment le cou. Pour exemple, en trois jours, le Dr Ledoux en a vu 57 sur ses 130 patients, ce qui est abso­lu­ment énorme. C’est bénin le plus sou­vent, peu dou­lou­reux, alors on vit avec, sans se poser trop de questions.

Sinon, c’est Alexandra qui ren­contre encore quelques cas dif­fi­ciles, en voi­ci un : c’est un jeune homme de 30 ans presque aveugle : à 8 ans, un acci­dent lui a com­plè­te­ment lami­né l’œil droit ; et le gauche est très myope (-9). Il n’est donc pas allé à l’école, et ne sait ni lire, ni écrire. Pour tes­ter sa vue, il faut donc trou­ver autre chose que des lettres, Alexandra lui essaie des lunettes avec les­quelles il iden­ti­fie des des­sins à quelques mètres. C’est presque une résur­rec­tion pour lui ! 

Malgré la fatigue, la bonne humeur règne chez les volon­taires et les dîners sont ani­més. Ajoutez quelques bou­teilles de Red Horse Beer, et l’ambiance est assu­rée ! En plus, nous avons ce soir Jean-​Pierre Dickès au télé­phone, il est content de suivre en direct sa mis­sion, et recon­nais­sant de l’investissement des nou­veaux médecins.

Merci à tous ! 

Sources : Rosa Mystica 2018 /​Jeanne de Vençay /​La Porte Latine du 12 avril 2018

Suite des reportages 2018

Accès au repor­tage n° 05 du jeu­di 12 avril 2018
Accès au repor­tage n° 06 du ven­dre­di 13 avril 2018
Accès au repor­tage n° 07 du same­di 14 avril 2018
12° Opération Rosa Mystica n° 08 : mis­sion à Davao – « Ce n’est qu’un au revoir… »
12° Opération Rosa Mystica aux Philippines – N° 09 : la vidéo de cette magni­fique mis­sion 2018

Pour continuer à aider la Mission Acim Asia 2018

Les dons pour ACIM ASIA doivent être envoyés au : 

Dr Jean-​Pierre Dickès
2, route d’Equihen
62360 St-​Etienne-​du-​Mont
jpdickes@​gmail.​com

Il est rap­pe­lé que la tota­li­té des dons est envoyé à la mis­sion sans pré­lè­ve­ment de quelque nature que ce soit.
D’autant qu’ACIM France prend en charge inté­gra­le­ment le fonc­tion­ne­ment
de sa petite sœur d’Asie. Tous les volon­taires sont les bien­ve­nus tout au long de l’année.

Reçus fis­caux sur demande

ACIM-Asia / Rosa Mystica

Association d'aide médicale aux Philippines