Sermon de Mgr Lefebvre – Saint nom de Jésus – 2 janvier 1977

Mes bien chers frères,

En ce pre­mier dimanche de l’année qui suit la fête de la Circoncision, l’Église nous demande de fêter le Saint Nom de Jésus. Pourquoi atti­rer par­ti­cu­liè­re­ment l’attention des fidèles sur le nom de Jésus ?

Eh bien, ce n’est pas l’Église la pre­mière qui a vou­lu que les fidèles aient une dévo­tion par­ti­cu­lière pour ce nom de Jésus, mais Dieu Lui-​même. Car c’est Lui qui a choi­si le nom de Jésus. Ce ne sont pas les hommes qui ont choi­si ce nom.

De même que le Bon Dieu l’a fait déjà au cours de l’Ancien Testament, le nom d’Adam, le nom d’Ève, le nom d’Abraham, ont été choi­sis par Dieu.

Le nom de Jean-​Baptiste, le nom de Pierre ont été choi­sis éga­le­ment par Notre Seigneur Jésus-​Christ Lui-​même, par Dieu.

Ainsi Dieu a vou­lu se réser­ver, en cer­taines cir­cons­tances, de choi­sir Lui-​même le nom qui devait être impo­sé à la per­sonne qui naissait.

C’est ain­si que l’Ange Gabriel annon­ça à la très Sainte Vierge lorsqu’il vint la visi­ter pour lui annon­cer qu’elle serait la mère du Sauveur : Et voca­bis nomen ejus Jesum (Lc 1,31) : « Et vous lui don­ne­rez le nom de Jésus ».

Et non seule­ment l’Ange Gabriel, à la très Sainte Vierge a annon­cé que le nom de son Fils serait Jésus, mais il l’a annon­cé éga­le­ment à saint Joseph, lorsque saint Joseph était dans le doute au sujet de l’enfant que por­tait la Vierge Marie dans son sein. L’Ange appa­rut à Joseph et lui dit : « Celui qui naî­tra de la Vierge Marie vient de l’Esprit Saint » : Et voca­bis nomen ejus, Jesum (Mt 1,21).

C’est à saint Joseph que l’Ange a annon­cé que le nom de cet enfant serait celui de Jésus et, il a ajou­té : Ipse enim sal­vum faciet popu­lum suum a pec­ca­tis eorum (Mt 1,21) : « Et Il sau­ve­ra son peuple de tous leur péchés ». Ainsi l’Ange don­nait en même temps l’explication du nom de Jésus.

Car, en effet, dans la langue hébraïque, le nom de Jésus veut dire sau­veur – Salvator – Jésus est le Sauveur. C’est la défi­ni­tion la plus par­faite, la plus exacte que l’on puisse don­ner de Notre Seigneur Jésus-​Christ Lui-​même, de son rôle, du but pour lequel Il est venu ici-​bas, par lequel Il s’est incar­né. Il vient pour nous sau­ver de nos péchés, nous rendre la grâce sanc­ti­fiante et nous redon­ner le che­min du Ciel.

Et ce n’est pas seule­ment le nom de Jésus qui a été dési­gné, mais l’Écriture s’est char­gée de nous mon­trer la toute-​puissance de ce nom de Jésus.

Tout à l’heure, vous l’avez enten­du, dans la lec­ture de l’Épître. Dès que Notre Seigneur était mon­té au Ciel, le pre­mier miracle impor­tant – je dirai presque spec­ta­cu­laire – qu’ont fait les apôtres et saint Pierre en par­ti­cu­lier, c’est de gué­rir ce para­ly­tique qui se trou­vait à la porte du Temple.

Cet homme que tout le monde connais­sait et qui se trou­vait depuis des années à la porte du Temple, que l’on devait conduire et dépo­ser là pour rece­voir les aumônes de ceux qui avaient pitié de lui, cet homme voyant Pierre et son com­pa­gnon, leur demande s’ils ne peuvent pas eux aus­si lui don­ner quelque chose. Et saint Pierre le regarde et lui dit : « Nous ne pou­vons pas te don­ner d’argent, parce que nous n’en avons pas, mais nous allons te don­ner autre chose : Au nom de Jésus-​Christ de Nazareth, lève-​toi et marche ». Et il lui prit la main et voi­ci que ce para­ly­tique se dresse sur ses jambes et les suit en chan­tant les louanges de Dieu (Ac 3, 6–8) .

Évidemment, émo­tion de toute la popu­la­tion qui se trou­vait là, de voir celui qui était depuis peut-​être des années, para­ly­tique à la porte du Temple, mar­cher der­rière les apôtres et chan­ter les louanges de Dieu.

Alors saint Pierre a pris soin d’expliquer à tous ces fidèles qui s’étonnaient et qui vou­laient presque offrir des hom­mages à Pierre, comme s’il était Dieu lui-​même. Il leur dit : « Mais ce n’est pas en notre nom que nous avons ren­du la san­té à cet infirme. Ce n’est pas en notre nom. C’est au nom de Celui que vous avez cru­ci­fié, de Celui que vous n’avez pas vou­lu recon­naître. C’est en son nom que cet homme s’est levé et a reçu la san­té » (Ac 3,12–16).

Et voi­ci que ce n’était pas suf­fi­sant ; c’est que le bruit de ce miracle se répan­dait dans tout Jérusalem. Les Princes des prêtres s’en inquiètent et se disent : « Il faut abso­lu­ment que l’on arrête ces bruits qui courent afin d’empêcher la reli­gion de cet homme que nous avons cru­ci­fié, de se répandre à nou­veau dans Jérusalem ». Ils font appe­ler Pierre et les apôtres étaient avec lui et ils font éga­le­ment appe­ler ce para­ly­tique et ils somment Pierre de dire : « En quel nom avez-​vous vrai­ment gué­ri cet homme ? » (Ac 4,7).

C’était l’occasion unique pour Pierre de pro­cla­mer la véri­té à nou­veau devant les Princes des prêtres. Et il leur dit solen­nel­le­ment : « C’est au nom de Jésus de Nazareth, de Celui que vous ne vou­lez pas recon­naître, de Celui que vous avez cru­ci­fié », car, a‑t-​il ajou­té : « Il n’y a pas d’autre nom don­né ici-​bas sous les cieux, pour rece­voir le salut » (Ac 4,10–12) : Et non est in alio ali­quo salus (Ac 4,12) : « Il n’y a pas de per­sonne qui puisse nous don­ner le salut, en dehors de Notre Seigneur Jésus-​Christ de Nazareth ».

Il valait bien la peine que les Princes des prêtres appellent Pierre et appellent ce para­ly­tique, pour que nous ayons cette affir­ma­tion, dès le début du chris­tia­nisme. Ainsi, solen­nel­le­ment, devant des témoins – et des témoins de qua­li­té – Pierre affir­mait : « Il n’y a pas d’autre nom don­né sous le Ciel, en lequel nous puis­sions être sau­vés : Celui de Notre Seigneur Jésus-​Christ de Nazareth ».

Ne cher­chons pas ailleurs, il ne peut y avoir d’autre voie pour aller au Ciel que de pas­ser par Notre Seigneur Jésus-​Christ. Et non seule­ment Pierre a affir­mé cette toute puis­sance du nom de Jésus, mais Paul aus­si l’a affir­mé, dans son Épître aux Philippiens.

Et ceci, l’Église nous le fait lire éga­le­ment. Saint Paul dit que Notre Seigneur a été obéis­sant, obéis­sant jusqu’à la mort sur la Croix. Et c’est pour­quoi Dieu l’a exalté :

Propter quod et Deus exal­ta­vit illum et dona­vit illi nomen quod est super omne nomen (Ph 2,9) : « Et il lui a don­né un nom qui est au-​dessus de tous les noms ». Ut in nomine Jesu omne genu flec­ta­tur cæles­tium,ter­res­trium et infer­no­rum (Ph 2,10).

À l’écoute seule­ment de ce nom, à la pro­non­cia­tion de ce nom, tout genou flé­chit, au Ciel, sur la terre et dans les enfers.

Voilà ce que dit saint Paul.

Il lui a donc choi­si un nom. Et au dire de ce nom, à la simple pro­non­cia­tion de ce nom, tout le monde au Ciel, sur la terre, dans les enfers, doit ployer le genou.

Pouvait-​il dire une chose plus admi­rable ? En effet, au nom de Jésus, le Sauveur, qui peut encore s’opposer à Notre Seigneur Jésus-​Christ ? Qui ne doit pas L’adorer et le remer­cier ? Et si dans l’enfer, ce n’est pas par amour de Notre Seigneur Jésus-​Christ qu’ils s’agenouillent, c’est par crainte de Lui, par sa jus­tice, car Il est le Maître, Il est le Roi, Il est le juge éternel.

Et nous le voyons encore, la glo­ri­fi­ca­tion de ce nom, nous la voyons encore dans l’Apocalypse. C’est saint Jean, dans l’Apocalypse qui nous dit que devant l’Agneau, les élus qu’il nomme d’un chiffre qui signi­fie une mul­ti­tude infi­nie, un nombre infi­ni d’élus 140.000 qui s’agenouillent devant l’Agneau et por­tant sur le front le nom de l’Agneau, por­tant sur le front le nom de Jésus. Ce sont ceux-​là qui sont élus. Ce sont ceux-​là qui s’agenouillent devant l’Agneau dans l’Éternité pour par­ti­ci­per à la gloire de Dieu :

Quoadusgue signe­mus ser­vos Dei nos­tri in fron­ti­bus eorum (Ap 7,3) : « Jusqu’à ce que nous ayons mar­qué au front les ser­vi­teurs de notre Dieu ».

Ainsi, c’est l’Évangile même qui nous apprend la toute-​puissance du nom de Jésus. Toute la Tradition l’a répété.

Je pense qu’il n’y a pas de nom plus doux, de nom plus agréable, de nom plus récon­for­tant à pro­non­cer pour les chré­tiens, pour les vrais fidèles, pour ceux qui ont la foi, de dire le nom de Jésus.

C’est pour­quoi toute la Tradition ins­crit dans ses monu­ments, dans ses orne­ments – voyez dans les orne­ments de l’Église – le nom de Jésus, ces trois lettres que nous voyons sou­vent ins­crites ou sculp­tées dans la pierre, les trois lettres I H S. En réa­li­té, ce n’est pas « H », c’est « Σ », « Hiesus », c’est le terme grec qui signi­fie Jésus et dont les deux pre­mières lettres sont « J » et « H », mais ce « Η » est encore une fois, en grec, un « éta » : H, qui quand il s’écrit en majus­cule se trace comme un « H » (dans l’alphabet latin), c’est ΙΧΘΤΣ :

Ιησονς.….….. : Jésus
Χρισψος.…… : Christ
Θεον.….….….. : Fils
Τιος.….….….… : Dieu
ΣωΥηρ.….…… : Sauveur

Les deux pre­mières lettres et la der­nière lettre du nom de Jésus, sont ain­si ins­crites sur la pierre, sur les orne­ments, dans toutes les déco­ra­tions de l’Église. Le peuple fidèle a vou­lu ins­crire le nom de Jésus par­tout, afin de se rap­pe­ler la grande grâce qu’il avait reçue par l’intermédiaire de Jésus : le salut de leur âme.

Nous devons avoir nous aus­si, suc­ces­seurs de tous ces fidèles qui chantent la gloire de Notre Seigneur Jésus-​Christ au Ciel, nous devons ici-​bas sur cette terre, aimer à pro­non­cer le nom de Jésus. Et, remar­quez que trop faci­le­ment dès que cet esprit laïc, cet esprit moder­niste s’infiltre à tra­vers nos familles, à tra­vers les écoles, à tra­vers la Société, on n’ose plus pro­non­cer le nom de Jésus.

Dans la mesure où une socié­té se laï­cise, on par­le­ra encore de Dieu, mais pas de Jésus. Parce que pro­non­cer le nom de Jésus, c’est mani­fes­ter sa foi, c’est donc mani­fes­ter sa foi en Celui qui est notre salut, que Jésus-​Christ est Dieu. Et que par consé­quent nous avons à être logique avec nous-​mêmes et à suivre la sainte reli­gion que Notre Seigneur Jésus-​Christ est venu nous apporter.

Alors, pour évi­ter cette logique trop impla­cable qui nous amène à nous sou­mettre à Jésus-​Christ, on ne parle plus de Jésus ; on ne nomme plus son nom.

Et on ne parle plus de Dieu, Dieu que l’on conçoit cha­cun à sa manière et ain­si on espère réunir tous les croyants – comme l’on dit main­te­nant – tous les croyants. Cela va depuis les boud­dhistes, les musul­mans, les pro­tes­tants, les chré­tiens, les catho­liques – tout cela – les croyants de Dieu.

Qu’est-ce que cela signi­fie ? Nous devons être chré­tiens, nous ne devons pas être des déistes, des gens qui croient seule­ment à Dieu ! Mais nous n’avons pas d’autre Dieu que Notre Seigneur Jésus-​Christ. Il n’y aura pas d’autre Roi au Ciel que Notre Seigneur Jésus-​Christ que nous adorons.

Pourquoi ? C’est Notre Seigneur Jésus-​Christ Lui-​même qui l’a dit. Cela c’est un mys­tère inson­dable, un mys­tère qui nous dépasse ; mais c’est la véri­té. Il n’y a en Jésus qu’une seule Personne. Il n’y a pas deux per­sonnes en Jésus-​Christ. Il n’y a pas la per­sonne humaine et la per­sonne divine. Il y a la nature humaine et la nature divine. Mais il n’y a qu’une seule Personne qui est celle de Dieu.

Par consé­quent, lorsque l’on parle de Notre Seigneur Jésus-​Christ, qu’on lui attri­bue… , Jésus a par­lé et l’on a écrit ses pro­pos : les paroles de Jésus ; tout ce qu’il a pro­non­cé ; tout ce qu’il a fait ; tous les actes qu’il a accom­plis, tout cela doit être attri­bué à la Personne.

Quoique vous fas­siez vous-​même, cha­cun d’entre vous : vous allez, vous venez, vous agis­sez, c’est à la per­sonne que vous êtes que l’on attri­bue les actes que vous faites. Eh bien, tout ce que Notre Seigneur Jésus-​Christ a fait, c’est Dieu qui l’a fait : Dieu Lui-​même. Il n’y avait pas d’autre Personne en Notre Seigneur Jésus-​Christ. Les plus petits des actes, les moindres choses que Notre Seigneur Jésus-​Christ a faites étaient des choses divines. Parce qu’il était Dieu. C’est Dieu qui était le res­pon­sable de tout ce que fai­sait cette Personne qui cir­cu­lait dans la Palestine.

— Oui mais, c’est seule­ment la ver­tu de Dieu qui était en Notre Seigneur Jésus-​Christ, pas le Père, ni le Saint-​Esprit. Si vous me dites cela, vous n’avez pas lu l’Évangile. Car souvenez-​vous de la ques­tion qu’a posée Philippe, peu de temps avant que Notre Seigneur aille pour sa Passion, qu’il parte pour le Jardin des oliviers.

Fatigués un peu, les apôtres, qui vou­laient tou­jours voir de leurs yeux toutes choses… un peu comme nous, nous vou­drions bien voir de nos yeux Notre Seigneur Jésus-​Christ ; nous vou­drions bien voir Dieu le Père, Dieu le Saint-​Esprit, de nos yeux, des yeux de notre corps. Philippe (fati­gué) dit à Notre Seigneur : « Mais, montrez-​nous donc le Père ; vous par­lez tou­jours du Père, de votre Père ».

Et Notre Seigneur se retourne vers Philippe et lui dit : « Tu n’as pas encore com­pris que lorsque tu me vois, tu vois le Père ; le Père est en moi et moi je suis dans le Père ».

Mystère cer­tai­ne­ment pour nous, grand mys­tère de la Sainte Trinité : « Lorsque tu me vois, tu vois le Père ». Donc, quand les apôtres voyaient Notre Seigneur, ils voyaient le Père, parce qu’il n’y a qu’un Dieu – en trois Personnes sans doute – mais il n’y a qu’un Dieu. Et si vrai­ment Notre Seigneur Jésus-​Christ était Dieu, Il avait en Lui et le Père et le Saint-​Esprit : c’était la Trinité présente.

Sans doute Celui qui ani­mait la Personne, qui assu­mait d’une manière par­ti­cu­lière la nature humaine, c’était le Verbe de Dieu qui s’est incar­né. Mais dans ce Verbe de Dieu, rési­daient le Père et le Saint-​Esprit : la Trinité Sainte. Ils ne peuvent pas se sépa­rer. C’est impos­sible ! Ils ne peuvent pas lais­ser le Père et le Saint-​Esprit au Ciel et le Verbe étant incar­né dans la chair humaine que Notre Seigneur a prise dans le sein de la Vierge Marie.

Il n’y a qu’un seul Dieu, tou­jours unis, tou­jours ensemble, indis­so­lu­ble­ment unis. Par consé­quent lorsque nous ado­rons Notre Seigneur Jésus-​Christ, nous ado­rons aus­si le Père et le Saint-​Esprit. Nous ado­rons la Trinité Sainte. Nous n’avons donc qu’un seul Dieu : Notre Seigneur Jésus-​Christ, en qui résident le Père et le Saint-​Esprit et qui est le Verbe de Dieu.

Alors ne soyons pas de ces gens qui aiment par­ler de Dieu, mais qui n’aiment pas par­ler de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Et, pré­ci­sé­ment, les enne­mis de l’Église, les enne­mis de Notre Seigneur Jésus-​Christ pour­suivent son Nom. Et c’est pour­quoi les Princes des prêtres ont fait appe­ler saint Pierre et lui ont dit : « Nous vous inter­di­sons de prê­cher encore en ce nom de Jésus. N’en par­lez plus. Nous ne vou­lons pas que vous en par­liez ; par­lez de tout ce que vous vou­drez, mais pas de Jésus-Christ. »

Mais c’est cela que disent les enne­mis de l’Église : Parlez de Dieu – oui, à la rigueur, vous pou­vez par­ler de Dieu – mais pas de Jésus-Christ.

Il y a donc une haine du nom de Jésus-​Christ. Alors, nous, au contraire, nous devons affir­mer notre foi en Notre Seigneur Jésus-​Christ, notre amour en Notre Seigneur Jésus-​Christ. Et c’est pré­ci­sé­ment ce qui fait la dis­tinc­tion des juifs dont nous sommes les des­cen­dants – nous sommes les enfants spi­ri­tuels des juifs, nous n’avons pas à mépri­ser la race des juifs – Notre Seigneur a pris sa chair dans le sein d’une juive qui était la Vierge Marie. Les apôtres étaient tous juifs, même saint Paul qui était citoyen romain, était juif de naissance.

Ce sont eux qui nous ont don­né la vraie foi. Ce sont eux qui ont ver­sé leur sang, qui ont ver­sé leur sang les pre­miers pour éta­blir l’Église. Ce sont eux dont nous sommes les suc­ces­seurs, dont nous sommes les des­cen­dants. C’est par eux que nous avons reçu le Sang de Notre Seigneur Jésus-​Christ, et tous les sacrements.

Nous devons donc aimer la race juive, mais nous ne devons pas nier que par­mi les juifs, il y a ceux qui ont accep­té Notre Seigneur Jésus-​Christ, ceux qui l’ont reçu ; ceux qui ont pro­pa­gé son nom ; ceux qui ont don­né leur sang pour Lui. Et puis il y a ceux qui l’ont haï. Mais haï avec une haine farouche, avec une per­sé­cu­tion constante, sans relâche, encore aujourd’hui. Et c’est cela que nous repro­chons aux juifs, à ceux qui n’ont pas vou­lu suivre Notre Seigneur Jésus-​Christ. On dirait que vis­cé­ra­le­ment, dans leur nature, dans leur sang, ils ne peuvent pas sup­por­ter la pen­sée de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Voyez encore aujourd’hui, pen­dant ces huit jours, deux États qui ne sont plus catho­liques – ils ont gagné encore une fois ceux qui pour­suivent Notre Seigneur Jésus-​Christ : l’Italie et le Liban.

L’Italie a tou­jours eu dans sa Constitution qu’elle recon­nais­sait la reli­gion catho­lique comme la seule reli­gion de l’État d’Italie. Donc elle recon­nais­sait Notre Seigneur Jésus-​Christ comme son roi, comme son chef. Eh bien, c’est fini. Le concor­dat est rom­pu et cette phrase est sup­pri­mée. L’Italie n’est plus un état catho­lique, l’État ita­lien ne recon­naît plus offi­ciel­le­ment Notre Seigneur Jésus-Christ.

Et le Liban ! Vous allez voir que la paix va se réta­blir au Liban. Pourquoi ? Parce qu’ils ont réus­si ce qu’ils vou­laient avoir. Le Liban était un état confes­sion­nel, mais confes­sion­nel d’une manière par­ti­cu­lière. Au Liban, il y avait ces deux confes­sions offi­cielles : celle de l’islam et la catho­lique. Et ils s’étaient arran­gés pour que tan­tôt le gou­ver­ne­ment soit un gou­ver­ne­ment musul­man et tan­tôt que le gou­ver­ne­ment soit un gou­ver­ne­ment catholique.

Eh bien, ils ont déci­dé, depuis huit jours, ce qu’ils appellent – vous avez pu le voir dans les jour­naux – « la décon­fes­sion­na­li­sa­tion » du Liban. Désormais, ce Liban n’est plus un état reli­gieux, n’est plus un état qui recon­naît deux reli­gions : l’islam et la reli­gion catho­lique. C’est un état laïque. Par consé­quent Notre Seigneur n’est plus désor­mais recon­nu offi­ciel­le­ment dans cet état aussi.

Et cela, c’est pour­sui­vi par ceux qui com­mandent toutes les ques­tions mon­diales ; ceux qui sont au cœur de ces groupes, groupes mal­heu­reu­se­ment où se trouvent des juifs, qui pour­suivent Notre Seigneur Jésus-​Christ dans tous ses repères et qui vou­draient anéan­tir par­tout, sur la terre tout entière, le nom de Jésus-​Christ. Et ils réus­sissent peu à peu, à enle­ver ce nom de Notre Seigneur Jésus-​Christ offi­ciel­le­ment dans les États. Cette guerre qui est faite à Notre Seigneur, nous devons en être conscients.

Certes ce n’est pas pour cela que l’on ne doit pas aimer ses enne­mis, les enne­mis de Notre Seigneur. Nous devons les aimer pour les conver­tir, mais pas pour les appuyer, pas pour les encou­ra­ger à faire leur œuvre diabolique.

Alors gar­dons, nous, au contraire, l’amour de Notre Seigneur Jésus-​Christ dans notre cœur. Prions-Le.

Et je vou­drais en ter­mi­nant vous lire la tra­duc­tion de cette hymne si belle, faite en l’honneur de Notre Seigneur :

« Jésus ô très doux sou­ve­nir, qui met au cœur le vrai bon­heur. Plus que le miel et que tout, douce à notre âme est sa pré­sence. Rien n’est plus suave à chan­ter, rien n’est plus aimable à entendre. Rien n’est plus doux à médi­ter que ce nom Jésus Fils de Dieu, Jésus espoir des péni­tents, tout amour pour qui vous implore. Toute bon­té pour qui vous cherche. Mais que dire quand on vous trouve. La langue ne peut expri­mer, ni la plume faire com­prendre, le croi­ra qui l’a vécu, ce que c’est que de ché­rir Jésus.

« Soyez ô Jésus notre joie, vous qui serez notre cou­ronne, qu’en vous consiste notre gloire dans tous les siècles à jamais. Amen. »

Demandons à la très Sainte Vierge Marie, deman­dons à tous ceux qui ont aimé Jésus et qui ont com­pris la joie, le bon­heur, la satis­fac­tion, la conso­la­tion d’aimer Jésus pen­dant toute leur vie, de nous apprendre à L’aimer de tout notre cœur.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.