Sermon de Mgr Lefebvre – Sacrement de confirmation – 9 novembre 1980

Mes bien chers frères,
Mes bien chers enfants,

On pour­rait croire par­fois que le sacre­ment de confir­ma­tion n’a pas une grande impor­tance. On ne com­prend pas tou­jours le but pour lequel Notre Seigneur Jésus-​Christ a ins­ti­tué ce sacre­ment. Et mal­heu­reu­se­ment – il faut le recon­naître – aujourd’hui on accorde moins de solen­ni­té à la récep­tion de ce sacre­ment. Parce qu’en effet, lorsque l’on nous dit que le sacre­ment de confir­ma­tion donne les dons du Saint-​Esprit, il est vrai que vous, qui avez été bap­ti­sés, qui allez rece­voir le sacre­ment de confir­ma­tion dans quelques ins­tants, vous avez déjà reçu le Saint-​Esprit au bap­tême. Le prêtre a dit sur vous lorsqu’il vous a baptisé :

Exit immunde spi­ri­tus et date locum Spiritui Sancto.

« Sors de cet enfant esprit impur et cède la place à l’Esprit Saint Paraclet ».

Laisse la place au Saint-​Esprit. Donc vous avez déjà reçu le Saint-​Esprit au bap­tême. Alors pour­quoi le sacre­ment de confir­ma­tion ? Recevoir une deuxième fois le Saint-Esprit ?

Alors, nous nous tour­nons vers Notre Seigneur Jésus-​Christ qui a ins­ti­tué ce sacre­ment. Pourquoi Notre Seigneur Jésus-​Christ a‑t-​il ins­ti­tué ce sacrement ?

Suivant la tra­di­tion de l’Église, nous savons que ce sacre­ment est don­né d’une manière géné­rale au moment où les enfants com­mencent à prendre conscience de leur vie chré­tienne. Et qu’ils com­mencent aus­si, par le fait même, de prendre conscience des dif­fi­cul­tés de vivre la vie chré­tienne : les ten­ta­tions, prendre conscience des épreuves, des dan­gers que court la vie chré­tienne. C’est à ce moment-​là que le sacre­ment de confir­ma­tion doit avoir un effet qui aide ces enfants à résis­ter aux ten­ta­tions et à pro­té­ger leur vie chrétienne.

C’est pour­quoi Notre Seigneur a vou­lu, que gran­dis­sant, nous rece­vions cette grâce par­ti­cu­lière qui est une grâce de force, qui nous fait des com­bat­tants, des mili­tants contre tous les assauts du démon qui s’efforce de rui­ner notre vie chré­tienne. Il a tous les moyens à sa dis­po­si­tion comme jamais peut-​être il n’en a eus au cours de l’histoire du monde et de l’Église.

Alors, plus que jamais aujourd’hui, les chré­tiens ont besoin de ce sacre­ment de confir­ma­tion, de rece­voir la confir­ma­tion de la grâce du bap­tême, pour être en mesure de résis­ter aux assauts du démon et de pro­té­ger leur foi, de pro­té­ger leur vie chré­tienne. Voilà le but du sacre­ment de confir­ma­tion. Vous voyez, c’est très important.

De même que les parents donnent davan­tage de nour­ri­ture et une nour­ri­ture plus forte à leurs enfants à mesure qu’ils gran­dissent, eh bien, l’Église aus­si qui est une bonne mère, nous donne une nour­ri­ture plus forte aus­si au moment où nous gran­dis­sons dans la vie chré­tienne. C’est tout à fait normal.

Et vous ver­rez, dans quelques ins­tants, lorsque vous rece­vrez le sacre­ment de confir­ma­tion, avec quel soin l’Église a pré­pa­ré, a étu­dié les rites de la confirmation.

Vous ver­rez que d’abord l’évêque va étendre ses mains avec la prière ini­tiale du sacre­ment de confir­ma­tion, pour appe­ler sur vous tous les dons du Saint-​Esprit. Et ensuite, vous répon­drez chaque fois : amen, amen : qu’il en soit ain­si, que je reçoive vrai­ment tous ces dons du Saint-Esprit.

Mais ce n’est pas à ce moment-​là que vous rece­vrez dans vos cœurs, dans vos âmes, la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. Vous vien­drez ensuite vous age­nouiller devant l’évêque avec vos par­rain et mar­raine et à ce moment-​là l’évêque va impo­ser sa main sur votre tête en signant votre front du signe de la Croix. Signe de la Croix qui est le signe de la vic­toire de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Jésus a vain­cu le monde, a vain­cu le péché, a vain­cu la mort par la Croix. Donc vous serez signés de la Croix. Et sur votre front, mon­trant que vous ne devez pas avoir peur de por­ter ce signe de la Croix et de recon­naître que c’est par la Croix que vous aus­si vous vain­crez le démon et les tentations.

Et l’évêque signe votre front avec le signe de la Croix avec le Saint Chrême, mélan­gé au baume qui a été béni, consa­cré par l’évêque le Jeudi Saint. Pourquoi l’huile, pour­quoi le baume ? L’huile est le signe de force et le signe aus­si de la sanc­ti­fi­ca­tion, de la grâce qui pénètre dans le corps comme la grâce pénètre dans l’âme. Et le baume, c’est la bonne odeur de Notre Seigneur Jésus-​Christ, la bonne odeur des ver­tus de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Alors l’Église a vou­lu que ce soit ces élé­ments qui soient la matière du sacre­ment de confir­ma­tion. Ainsi lorsque l’évêque signe votre front avec le Saint-​Chrême, il pro­nonce les paroles du sacre­ment de confir­ma­tion et impose sa main sur votre tête. C’est à ce moment-​là même, à ce petit ins­tant que vous rece­vez la grâce du Saint-​Esprit. Que vos cœurs, que vos âmes sont mar­qués d’un carac­tère qui marque vos âmes comme vous avez été mar­qués pour le baptême.

Les anges du Ciel, vos parents qui sont au Ciel voient ce carac­tère dans vos âmes. Vous êtes désor­mais mar­qués de nou­veau par l’Esprit Saint.

Et puis ensuite l’évêque prie à nou­veau pour tous ceux qui sont confir­més afin de deman­der au Bon Dieu de don­ner ses grâces en abon­dance. Et puis, tous ensemble, à la fin, vous réci­te­rez le Credo, le Pater nos­ter et l’Ave Maria. Pourquoi ? Pour mani­fes­ter votre foi. Désormais vous pre­nez conscience que vous êtes chré­tien, que vous êtes chré­tienne et que vous n’avez pas peur de pro­cla­mer votre foi devant le monde, devant tous vos parents et amis qui sont ici pré­sents, devant toute l’Église, devant tous les saints qui sont au Ciel, devant vos saints Anges gar­diens, devant toute la Cour du Ciel, vous êtes heu­reux de pro­cla­mer votre foi chré­tienne. Cette foi que vous aurez à pro­cla­mer tout au long de votre vie, pas seule­ment aujourd’hui, mais tout au long de votre vie et ce ne sera pas tou­jours facile.

Alors vous deman­de­rez et nous deman­de­rons tous ensemble au cours de cette céré­mo­nie, que vous ayez cette grâce, d’être des sol­dats du Christ, de ne pas avoir peur d’être chré­tien, de ne pas avoir peur d’affirmer votre foi, par­tout où vous serez, afin de gar­der pré­cieu­se­ment ce don que le Bon Dieu nous a don­né, de la foi et de la grâce, de gar­der cela dans nos cœurs et de nous pré­sen­ter ain­si au der­nier jour, à l’heure de notre mort, devant le Bon Dieu, avec une vie chré­tienne, vive, intense, pro­fonde. Et nous prie­rons tout spé­cia­le­ment aujourd’hui la très Sainte Vierge Marie. Aucune grâce ne nous est don­née sans pas­ser par notre Mère du Ciel. Alors nous devons deman­der à Marie, nous devons deman­der à notre bonne Mère du Ciel, de nous don­ner une grâce abon­dante, de nous don­ner le Saint-​Esprit, Elle qui était emplie du Saint-Esprit.

C’est par Elle que les apôtres ont reçu la grâce du Saint-​Esprit le jour de la Pentecôte. Alors il faut deman­der à la très Sainte Vierge, de rece­voir le Saint-​Esprit en abon­dance, comme les apôtres l’ont reçu lorsqu’Elle était pré­sente au milieu d’eux et qu’Elle vous garde cette grâce jusqu’à votre der­nier souffle.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.