Credo n° 191 – Février-​mars 2009

Chers amis,

« Au com­men­ce­ment était le Verbe … et le Verbe était Dieu … En Lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes ; et la Lumière brille dans les ténèbres … Le verbe était la vraie Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde… ».

Nous connais­sons ces phrases du début de l’Evangile de St Jean que le prêtre dit à la fin de chaque Messe dans nos cha­pelles et que le rite ordi­naire à supprimé.

Pourquoi les ténèbres n’ont-​ils pas reçu cette Lumière ? Parce que Lucifer « Celui qui porte la Lumière » a refu­sé par orgueil de por­ter cette Lumière aux Êtres Humains. La Création a donc erré dans les ténèbres. Mais Dieu ne pou­vait lais­ser Lucifer détruire Sa Création. Il a par­lé à Abraham, puis à Moïse et beau­coup plus tard cette Parole, ce Verbe s’est fait Chair. Ce Verbe nous a aimé jus­qu’à don­né Sa Vie dans les pires souf­frances pour nous rou­vrir le Chemin de la Vérité qui conduit à la Vie. Et pour être sûr que nous gar­de­rons cette bonne Voie, Il a ins­ti­tué, avant Sa dou­lou­reuse Passion, la Sainte Messe, renou­vel­le­ment non san­glant du don de sa Vie pour nous.

Lucifer, deve­nu le Prince des ténèbres et l’en­ne­mi juré de notre Rédempteur, a conti­nué son œuvre de mort. D’abord dans le domaine tem­po­rel. Cette France, deve­nue la Fille aînée de l’Eglise, avec son roi sacré à Reims, lieu­te­nant de Dieu, est deve­nue sa prin­ci­pale proie. Attisant les cupi­di­tés humaines, comme il avait pro­cé­dé avec Eve, Lucifer par­vint en 1789 à faire guillo­ti­ner ce roi gênant parce qu’Il était le lien tem­po­rel entre le pays et Dieu. Coupée du Divin, la France fut com­man­dée par les seuls appé­tits ter­restres et sur­tout par cette règle énon­cée par un Pt de la France répu­blique : « Aucune loi morale ne doit être au des­sus des lois de la République ».

Ce mode de gou­ver­ne­ment a été jus­qu’à plaire au Vicaire du Christ, Léon XIII, qui impo­sa aux catho­liques fran­çais de s’y ral­lier. Avançant pas à pas, Lucifer par­vint à mettre son retour­ne­ment, sa révo­lu­tion, jus­qu’au cœur de l’Eglise du Christ, lors du concile Vatican II. En impo­sant la Nouvelle Messe, il cou­pait le lien, plus que sacré, qui rat­ta­chait les chré­tiens au Créateur. « La Messe de Luther », titre d’une confé­rence don­née par Mgr Lefebvre à Florence le 15 février 1975, pre­nait le relais, sous l’ap­pe­la­tion de N.O.M.: Nouvel Ordo Missae .Pour le tem­po­rel, ce sigle devient Nouvel Ordre Mondial, quelle coïn­ci­dence !.

Luther, ce moine paillard et sen­suel, ne pou­vait pas, le matin, être Sacerdos Alter Christus en pre­nant la Coupe du Salut dans ses mains et le soir retom­ber dans ses frasques char­nels, sans être trou­blé et mal à l’aise. D’où son com­bat pour faire tom­ber la Ste Messe, renou­vel­le­ment non-​sanglant du Sacrifice de la Croix, en sup­pri­mant l’offertoire.

Vatican II, en sup­pri­mant l’of­fer­toire a donc effa­cé le côté sacri­fi­ciel de la ste Messe, et selon les termes de Mgr Lefebvre ren­du celle-​ci « non pas héré­tique, mais ambi­va­lente, équi­voque, car l’un peut la dire avec la foi catho­lique inté­grale du Sacrifice, de la Présence réelle … et l’autre peut aus­si la dire sans avoir cette inten­tion et alors la Messe n’est plus valide … Et cer­tai­ne­ment Luther, durant plu­sieurs années l’a dite vali­de­ment, quand il était encore plus ou moins catho­lique, mais plus tard, quand il a refu­sé le sacri­fice, le Sacerdoce, la Présence Réelle, alors sa Messe n’é­tait plus valide »(Conf. citée ci-dessus).

Cette célé­bra­tion est bien celle vou­lue par Luther. Voici deux témoignages :

Julien Green, aca­dé­mi­cien fran­çais, d’o­ri­gine angli­cane, raconte son che­mi­ne­ment reli­gieux qui l’a ame­né à l’Eglise catho­lique, dans son livre « Ce qu’il faut d’a­mour à l’homme » (Ed. Plon 1978). Page 135 : « La pre­mière fois que j’en­ten­dis une messe en fran­çais, j’eu peine à croire qu’il s’a­gis­sait d’une messe catho­lique et ne m’y retrou­vai plus. Seule me ras­su­ra la consé­cra­tion, bien qu’elle fût mot pour mot pareille à la consé­cra­tion angli­cane.… Page 137 : un jour que j’é­tais à la cam­pagne avec ma sœur Anne, nous assis­tâmes à une messe télé­vi­sée, le curé du vil­lage étant absent ce jour-​là. Je me sou­viens que tour­nant les pages de mon mis­sel fran­çais, j’es­sayais de recon­naître sur l’é­cran quelque chose qui res­sem­blât à une messe. En vain. Ce que je recon­nus, comme Anne de son côté, était une imi­ta­tion assez gros­sière du ser­vice angli­can qui nous était fami­lier dans notre enfance. Le vieux pro­tes­tant qui som­meille en moi dans sa foi catho­lique se réveilla tout à coup devant l’é­vi­dence et l’ab­surde impos­ture que nous offrait l’é­cran, et cette étrange céré­mo­nie ayant pris fin, je deman­dai sim­ple­ment à ma sœur : « Pourquoi nous sommes nous conver­tis ? … Page 143 : Que l’Eucharistie fût aus­si la mise en Croix du Seigneur, sans quoi point de salut, on ne nous le disait plus. Or cette réa­li­té du sacri­fice pro­pi­tia­toire de la messe est en train de s’ef­fa­cer dis­crè­te­ment de la conscience des catho­liques, laïcs ou prêtres. Les vieux prêtres qui l’ont, si je puis dire, dans le sang ne sont pas près de l’ou­blier et disent par consé­quent des messes conformes aux inten­tions de l’Eglise, mais que dire des jeunes prêtres ? Que croient-​ils ? Qui ose­ra dire ce que vaut leur messe ?

Le pas­teur Luthérien sué­dois Sten Sandmark, que la Providence nous a fait ren­con­trer lors d’un pèle­ri­nage de l’UNEC (voir Credo 177). Ce pas­teur vou­lait deve­nir catho­lique mais hési­tait à fran­chir la pas, « car, nous a‑t-​il dit, il ne vou­lait pas retrou­ver Luther de l’autre côté ». Ayant assis­té, les larmes aux yeux, à notre messe, quelques mois après il abju­rait à Saint-​Nicolas et sera ordon­né prêtre le 29 juin pro­chain à Zaithskofen, sémi­naire de la FSSPX en Allemagne.

Ces deux témoi­gnages nous montrent que les posi­tions et les actes pris par Mgr Lefebvre ont sau­vé la Sainte Messe et par là, la catho­li­ci­té de l’Eglise ins­ti­tuée par Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Si phy­si­que­ment, le Vicaire du Christ n’a pas été déca­pi­té, c’est spi­ri­tuel­le­ment que cette déca­pi­ta­tion eut lieu. En sup­pri­mant de la messe la par­tie sacri­fi­cielle, prin­ci­pale et pri­mor­diale, nous nous sommes cou­pés du Ciel. La messe n’est deve­nue qu’une « célé­bra­tion », même par­fois « célé­bra­tion œcu­mé­nique » comme celle du 18 jan­vier, pré­vue à la télé­vi­sion dans le jour du Seigneur.

Après avoir vu le carac­tère équi­voque, de par sa concep­tion, de la nou­velle messe, et qui de ce fait peut être inva­lide, le Pape, dans le Motu Proprio, pro­pose comme remède « la sacra­li­té » : « Dans la célé­bra­tion de la Messe selon le Missel de Paul VI, pour­ra être mani­fes­tée de façon plus forte que cela ne l’a été sou­vent fait jus­qu’à pré­sent, cette sacra­li­té qui attire de nom­breuses per­sonnes vers le rite ancien. La meilleure garan­tie pour que le Missel de Paul VI puisse unir les com­mu­nau­tés parois­siales et être aimé de leur part est de célé­brer avec beau­coup de révé­rence et en confor­mi­té avec les pres­crip­tions ; c’est ce qui rend visible la richesse spi­ri­tuelle et la pro­fon­deur théo­lo­gique de ce Missel ». Mais puisque ce rite est équi­voque et pro­tes­tant, ce n’est pas en le célé­brant avec cha­subles, encens et atours dorés que ce rite devien­dra auto­ma­ti­que­ment catho­lique et se trans­for­me­ra en Sacrifice expia­toire. Benoît XVI écrit aus­si : « L’usage de l’an­cien mis­sel pré­sup­pose un mini­mum de for­ma­tion litur­gique et un accès à la langue latine ; ni l’un ni l’autre ne sont tel­le­ment fré­quents ». Ecrire cela, c’est faire insulte à tous les fidèles de la Sainte Eglise Catholique qui pen­dant des siècles ont assis­té à la sainte Messe, par­fois sans mis­sel, sans savoir lire mais qui s’u­nis­saient au prêtre avec tout leur cœur, car ils savaient qu’ils étaient au Calvaire et non pas dans une « salle à man­ger ». Des can­tiques popu­laires réchauf­faient le cœur des fidèles qui, s’ils ne connais­saient pas le latin, savaient par les leçons de caté­chisme que la Ste Messe était le renou­vel­le­ment non-​sanglant du Sacrifice de la Croix ; que le Christ était sur l’au­tel et qu’il sera bien­tôt en eux pour qu’ils se rap­pellent qu’ils sont les Temples du St Esprit et qu’ils doivent rayon­ner et témoi­gner devant le monde de cette Vérité.

A pro­pos de nou­veaux Saints, il serait bon de remettre dans le rite ordi­naire, les archanges Gabriel et Raphaël. Pourquoi les avoir cachés der­rière St Michel ? Il est vrai que la tâche de Gabriel est deve­nue « équi­voque », elle aus­si, depuis que l’on dit qu’il a ren­du visite à un cer­tain Mohamet pour lui faire com­prendre qu’à Nazareth il s’é­tait trom­pé de mes­sage. Et St Raphaël, patron des méde­cins ? Ne devrait-​il pas être mis, lui aus­si, sur le devant, à une époque où l’on oblige ces méde­cins à être des arti­sans de la culture de mort ?

La tâche de la FSSPX n’est pas ter­mi­née ; Rome est loin d’être sur le che­min de la Foi catho­lique d’a­vant le Concile. « Restons fermes dans la Foi ». Soyons mis­sion­naires et sur­tout : Prière et pénitence…

Jean BOJO

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