Un trésor dans des vases d’argile

A l’heure où vous lisez ces lignes, le troi­sième Chapitre géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X s’est ouvert. Il doit pro­cé­der à l’é­lec­tion du nou­veau Supérieur géné­ral et de ses deux Assistants.

Ce Chapitre géné­ral doit aus­si, comme l’é­crivent les Statuts, « véri­fier si la Fraternité applique conscien­cieu­se­ment les Statuts et s’ef­force d’en gar­der l’esprit ».

Enfin, il va cer­tai­ne­ment pro­po­ser au futur Supérieur géné­ral des pistes de réflexion dans la situa­tion actuelle, notam­ment en ce qui concerne les impor­tants mais com­plexes rap­ports avec Rome.

En des cir­cons­tances ordi­naires, ce Chapitre n’at­ti­re­rait nul­le­ment l’at­ten­tion dans l’Église et dans le monde. La réunion sta­tu­taire d’une socié­té comp­tant moins de 500 membres prêtres n’est pas de nature à sus­ci­ter les grands titres des médias.

Or la réa­li­té est dif­fé­rente, tant dans son appa­rence que dans sa réalité.

D’abord, 36 ans après sa fon­da­tion, notre ouvre, si modeste en soi, conti­nue à atti­rer les lumières de l’ac­tua­li­té. Un jour­na­liste pour­tant cri­tique m’a­vouait récemment :

« Je suis stu­pé­fait de la réso­nance média­tique qui entoure la Fraternité Saint Pie X, même encore aujourd’hui. »

Mais, après tout, le vain bruit du monde ne doit pas nous impres­sion­ner : qu’on parle de nous en bien, qu’on parle de nous en mal, ou alors qu’on ne parle pas de nous, nous ne sommes jamais en réa­li­té que ce que Dieu juge de nous.

Or, dans la réa­li­té, dans le fond, devant Dieu, je pense que la Fraternité, son Chapitre, son nou­veau Supérieur géné­ral, sa ligne de conduite, son esprit, ont une impor­tance capi­tale dans l’his­toire actuelle de l’Église, immen­sé­ment au-​delà de ce que les appa­rences de cette Fraternité, de ce que son côté pure­ment humain pour­raient nous faire croire.

Depuis 36 ans, la Fraternité Saint Pie X porte en elle, comme en un vase fra­gile, un tré­sor d’une valeur ines­ti­mable : la foi de l’Église, le saint sacri­fice de la messe, la Tradition.

Ce n’est pas que ces réa­li­tés n’existent ailleurs : jamais nous n’a­vons dit, jamais nous ne dirons que la Fraternité s’i­den­ti­fie à l’Église, que l’Église se réduit à la Fraternité.

En revanche nous disons que pour le moment, par un mys­tère insigne de la Providence, et en rai­son d’une crise effroyable qui secoue l’Église, c’est dans la Fraternité Saint Pie X et ce qu’on appelle com­mu­né­ment la « Tradition catho­lique » que ces biens essen­tiels sont le mieux pré­ser­vés, afin de retrou­ver un jour (et le plus vite pos­sible) leur place pleine et entière dans la vie de l’Église.

Et cela, le démon ne le veut pas. Dans cette crise qui porte sa marque, celle de la confu­sion et du men­songe, il agit de tous côtés pour semer le trouble.

Le spec­tacle est d’ailleurs révé­la­teur : depuis les pires sites inter­net sédé­va­can­tistes jus­qu’aux pires revues pro­gres­sistes à la Golias, tous s’ac­cordent en un point, celui d’at­ta­quer la Fraternité Saint Pie X. L’Évangile nous en a prévenus :

« Hérode et Pilate devinrent amis ce jour-​là, d’en­ne­mis qu’ils étaient. »

Voilà pour­quoi il est néces­saire, non de glo­ser, non de jouer la mouche du coche, mais de prier pour que ce Chapitre géné­ral emplisse plei­ne­ment son but, ravive l’u­ni­té de la Fraternité, réchauffe l’a­mour de Dieu et le zèle apos­to­lique, redonne un élan sup­plé­men­taire à toute la Tradition.

Prier aus­si, comme nous le fai­sons certes, mais peut-​être pas, mal­heu­reu­se­ment, « avec la foi qui sou­lève les mon­tagnes », pour que l’Église, au plus vite, retrouve plei­ne­ment sa propre Tradition bimil­lé­naire. Qu’elle refleu­risse, que toutes les congré­ga­tions qu’elle com­prend retrouvent leur splen­deur, et que la Fraternité Saint Pie X puisse reprendre la modeste place qui lui revient en soi, et que seule la ter­rible crise actuelle l’a for­cée, pro­vi­den­tiel­le­ment, de quitter.

Abbé Régis de Cacqueray †
Supérieur du District de France