Sus à la loi Maillé

La honte a enva­hi la France avec la loi Mallié, la honte, car la fille aînée de l’Eglise se débar­rasse offi­ciel­le­ment dans cette loi des hom­mages et même du plus simple res­pect dus à Jésus-​Christ. Pire encore, à mesure que le fana­tisme anti­ca­tho­lique monte et enva­hit ceux qui nous gou­vernent, alors que le peuple catho­lique devrait pou­voir se jeter aux pieds de ceux qui devraient défendre la foi – les évêques de France – ceux-​ci se taisent, tels des chiens muets, à la tête d’une meute ago­ni­sante [1].

La voix du pape

Le 13 mars 1943, le Pape Pie XII s’adressait aux curés de Rome, en ces termes :

« Votre devoir est de vous pré­oc­cu­per d’obtenir que le dimanche rede­vienne vrai­ment le jour du Seigneur et que la Sainte Messe soit le centre de la vie chré­tienne, l’aliment sacré qui serve à répa­rer vos forces phy­siques et qui sou­tienne votre âme dans la ver­tu. Le dimanche doit être le jour du repos en Dieu, de l’adoration, de la sup­pli­ca­tion, de l’action de grâces, de la demande du par­don divin pour les fautes com­mises au cours de la semaine écou­lée, le jour où l’on implore les grâces de lumière et de force spi­ri­tuelle pour les jours de la semaine qui commence.

Rappelez au peuple que le dimanche est le sou­ve­nir per­pé­tuel du jour de la résur­rec­tion de Notre-​Seigneur. Rappelez-​lui que l’homme doit se rele­ver et quit­ter les lieux de son tra­vail, de l’usine, des champs d’où c’est mal­ai­sé­ment qu’au milieu des grandes pré­oc­cu­pa­tions des choses maté­rielles, des péri­pé­ties de tout genre de la jour­née, la pen­sée peut s’élever jusqu’à Dieu et le prier.

Le dimanche doit être le jour de repos pour le corps, d’élévation spi­ri­tuelle pour l’âme. Le dimanche doit être le jour où les membres de la famille se réunissent et non pas un jour de dis­per­sion ; le jour de la lec­ture spi­ri­tuelle et de la prière faite avec dévo­tion et non pas la jour­née de la dissipation.

Le culte de Dieu qui, dans le cours de la vie humaine, devrait com­men­cer et ter­mi­ner chaque jour­née, impose des devoirs spé­ciaux pour la sanc­ti­fi­ca­tion des fêtes. Contre la pro­fa­na­tion et la laï­ci­sa­tion du Saint Jour du dimanche qui, à un rythme crois­sant, le dépouillent de son carac­tère reli­gieux et ain­si éloignent les hommes de Dieu, l’Eglise – gar­dienne de la loi divine – doit s’opposer et faire front avec une sainte fer­me­té. Les épou­van­tables des­truc­tions cau­sées par la guerre appa­raissent à la pié­té chré­tienne comme une effrayante mani­fes­ta­tion des dom­mages que la pro­fa­na­tion du dimanche porte avec elle ».

Il s’agit bien d’une profanation

On vou­drait libé­rer le tra­vail le dimanche pour une meilleure reprise de la crois­sance éco­no­mique, cynique farce de l’athéisme. Pie XII aver­tis­sait en 1948 :

« La pro­fa­na­tion de ce jour détourne du peuple les béné­dic­tions célestes et empêche la pros­pé­ri­té de ses activités ».

Il s’agit bien ici d’une pro­fa­na­tion. Pourquoi ? On appelle sainte une chose qui est exclu­si­ve­ment consa­crée au culte de Dieu. La faire ser­vir à des usages ordi­naires, c’est la pro­fa­ner, c’est-à-dire éty­mo­lo­gi­que­ment par­lant, la jeter hors du temple. Et le dimanche est une chose sainte. Dieu a pré­le­vé un jour sur sept. C’est une dîme, une rede­vance qu’Il exige, en témoi­gnage de son domaine sou­ve­rain et qu’aucun État ne peut alié­ner. Ce jour, Il le fait sien. Dieu en a fait un ordre for­mel de le consa­crer tout entier au repos de l’âme, au tra­vail moral, à la prière, à la recon­nais­sance, à l’adoration, d’où cette défense rigou­reuse de don­ner le dimanche au tra­vail cor­po­rel. Ainsi tra­vailler, vendre, ache­ter, c’est pro­fa­ner le dimanche. L’employer aux exer­cices reli­gieux, c’est le sanctifier.

Avec une sagesse égale à sa divine auto­ri­té, l’Eglise a déter­mi­né un acte spé­cial qui, sous peine de faute grave, doit être reli­gieu­se­ment accom­pli ; à savoir, l’assistance au Saint Sacrifice de la messe, à la messe tra­di­tion­nelle s’entend.

Même au point de vue social, il y a dans un tel pré­cepte, une leçon d’égalité et de fra­ter­ni­té dans cette réunion des classes sociales dif­fé­rentes, des couches variées de popu­la­tion sous les yeux de leur Père commun.

Profanation du dimanche veut dire ruine de la religion

Qu’est-ce que la reli­gion ? Suivant la défi­ni­tion de saint Augustin, reli­gion signi­fie alliance ou socié­té de l’homme avec Dieu, lien qui unit l’homme à Dieu.

Toute alliance sup­pose des enga­ge­ments réci­proques entre les par­ties contrac­tantes, c’est-à-dire cer­taines condi­tions fon­da­men­tales dont la vio­la­tion entraîne la rup­ture du contrat. Il en est ain­si de la reli­gion. Une ques­tion se pose alors : est-​ce que la sanc­ti­fi­ca­tion du 7e jour est une condi­tion fon­da­men­tale de cette divine socié­té, une condi­tion telle que la vio­la­tion de ce pré­cepte entraî­ne­rait la dis­so­lu­tion de l’alliance ? Tout dans la reli­gion – dogme et pré­cepte – est fon­da­men­tal. Tout venant de Dieu est éga­le­ment res­pec­table et doit être éga­le­ment res­pec­té. Le repos du 7e jour est la base même de l’alliance de l’homme avec Dieu. D’où il s’ensuit que la pro­fa­na­tion du dimanche, publique, géné­rale, habi­tuelle, est la ruine de la reli­gion.
Quatre rai­sons le prouvent. Dans tout le code divin, on ne trouve pas de pré­cepte :
- plus ancien,
- plus uni­ver­sel,
- plus réité­ré,
- plus for­te­ment sanc­tion­né, et par consé­quent, plus essentiel.

Il n’y a pas de précepte plus ancien

Cette loi de la divi­sion du temps en sept jours, non ins­ti­tuée par l’homme, date de l’origine des temps ; elle est le fon­de­ment de la reli­gion, uni­ver­sel­le­ment. C’était du haut du Sinaï que le Créateur inti­ma ses volon­tés au peuple d’Israël. Cornelius a Lapide remarque que Dieu ne leur dit pas : « Sanctifie le jour du sab­bat » mais, « souviens-​toi de sanc­ti­fier le jour du sab­bat ». Ce pré­cepte n’était pas nou­veau, les aïeux de ce peuple d’Israël l’ont connu, il remonte à l’origine des temps. On le trouve dans le Livre de l’Exode :

« Tu tra­vaille­ras 6 jours et tu feras tous tes ouvrages ; mais le 7e, c’est le sab­bat du Seigneur ton Dieu. En ce jour, tu ne feras aucun ouvrage. Car le Seigneur a fait le ciel et la terre et la mer en six jours, avec tout ce qu’ils ren­ferment, et il s’est repo­sé le 7e jour, c’est pour­quoi le Seigneur a béni le jour du sab­bat et l’a sanctifié ».

Il n’y a pas de précepte plus universel

L’obligation de consa­crer un jour sur 7, exclu­si­ve­ment au ser­vice de Dieu, a donc sur­vé­cu à toutes les vicis­si­tudes des temps et pas­sé de la loi ancienne dans la loi nou­velle. Par la déter­mi­na­tion sou­ve­raine de l’Eglise, l’accomplissement en est fixé au dimanche. L’évêque d’Antioche, saint Théophile écrit à son ami Antolycus, vers le milieu du IIe siècle :

« Tous les peuples de la terre connaissent le 7e jour ».

Cette véri­té d’un jour réser­vé à Dieu, cette véri­té d’une sanc­ti­fi­ca­tion par le repos et par le culte du 7e jour est impérissable.

Il n’y a pas de précepte qui ait été si souvent réitéré

Sanctifier le jour du sab­bat est un ordre conti­nuel­le­ment répé­té du Paradis ter­restre au Sinaï, du Sinaï au Calvaire et du Calvaire aux quatre coins du monde. Inspiré de Dieu, Moïse l’intime jusqu’à douze fois au peuple d’Israël. Les auteurs sacrés qui se suc­cèdent avant et après la cap­ti­vi­té de Babylone insistent tous avec une force par­ti­cu­lière sur l’accomplissement de ce pré­cepte. Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Osée, Amos, les grands et les petits pro­phètes semblent avoir pour but essen­tiel de leur mis­sion, d’annoncer les biens ou les maux qui sont la suite de l’observation ou de la pro­fa­na­tion du jour de Dieu. Et depuis, les Pères de l’Eglise, les codes et consti­tu­tions des empe­reurs romains, les capi­tu­laires et les chartes de tous les rois de l’Europe, les règle­ments des com­munes, des cor­po­ra­tions, des conciles, ency­cliques et bulles pon­ti­fi­cales, les man­de­ments épis­co­paux ont réité­ré la vigueur de ce précepte.

Il est même jusqu’à la voix du fir­ma­ment qui est élo­quente. Les cieux sont les pré­di­ca­teurs de la briè­ve­té du temps et du repos sep­té­naire. Le ciel est une magni­fique hor­loge qui indique les jours, les semaines, les mois et les années. Le soleil marque la divi­sion des jours com­po­sés de ténèbres et de lumière. Cette suc­ces­sion, si rapide et si régu­lière, détermine-​t-​elle seule­ment maté­riel­le­ment la mesure des ins­tants dont se com­pose notre vie ? Non, la pen­sée du Créateur est plus haute. Si les créa­tures sont faites pour l’homme, l’homme est fait pour Dieu. Le fait de com­men­cer chaque jour et de finir pour recom­men­cer encore, enseigne trois mys­tères :
- Le mys­tère de la vie. Elle est courte.
- Le mys­tère de la mort. Elle n’est pas éter­nelle.
- Le mys­tère de la résur­rec­tion. Elle est aus­si cer­taine que la vie et la mort.

Voilà ce que nous dit par son mou­ve­ment diurne, l’astre élo­quent qui nous éclaire. Il nous dit encore que le com­men­ce­ment et la fin de la vie sont deux heures solen­nelles : qu’ainsi le com­men­ce­ment et la fin de chaque jour doivent être mar­qués par l’adoration, d’où la prière du matin et du soir. Pour ses phases diverses, la lune marque les semaines. Au bout de sept jours, on la voit arri­ver à une moi­tié régu­lière ; au bout d’un nou­veau sep­té­naire, son disque est plein. Au bout de sept nou­veaux jours, il a décru d’une moi­tié par­faite ; enfin, après 28 jours à peu près d’apparition, il dis­pa­raît pour se renou­ve­ler bientôt.

Cette lune qui se montre en tra­vail de crois­sance et de décrois­sance pen­dant six jours consé­cu­tifs, puis qui se repose dans une forme fixe chaque 7e jour, peut-​elle mieux rem­plir l’intention du Créateur et indi­quer plus clai­re­ment à l’homme, les six jours de tra­vail et le 7e de repos ? Le Souverain Maître prend d’une main une por­tion de notre vie, la bénit, la sanc­ti­fie, la réserve comme une dîme et un hom­mage. Rien que cela devrait déjà être suf­fi­sant pour péné­trer nos âmes d’un grand res­pect pour le repos sacré du 7e jour.

Il n’y a pas de précepte plus fortement sanctionné

L’importance d’une loi se recon­naît à la sévé­ri­té des peines et à la gran­deur des récom­penses par les­quelles le légis­la­teur en assure l’exécution. Et envi­sa­gée à ce nou­veau point de vue, il est incon­tes­table que la loi du repos heb­do­ma­daire tient le pre­mier rang par­mi les lois divines et même dans les codes des nations chré­tiennes. Le repos sacré du 7e jour n’est ni un simple conseil qu’il soit per­mis de pra­ti­quer ou de ne pas pra­ti­quer ; ni un com­man­de­ment sans impor­tance qu’il soit loi­sible de vio­ler sous les moindres pré­textes, ou dont cha­cun puisse se dis­pen­ser de son auto­ri­té pri­vée. C’est un pré­cepte capi­tal et la peine de mort était infli­gée pour qui osait l’enfreindre. On en trouve l’illustration dans le Livre des Nombres. Israël cam­pait au milieu du désert. Un jour de sab­bat, on trouve dans les envi­rons un homme ramas­sant quelques mor­ceaux de bois : il est conduit à Moïse. Le Saint Législateur, que l’Écriture appelle le plus doux des hommes, n’ose prendre sur lui de faire exé­cu­ter la loi dans toute sa sévé­ri­té ; il s’en va consul­ter le Seigneur. Pas de grâce, répond le Dieu d’Israël ; « qu’il soit lapi­dé ». Et il fut lapi­dé. À l’imitation de cet exemple, les empe­reurs romains d’Orient et d’Occident, les grands monarques d’Europe ont infli­gé des peines très fortes contre les pro­fa­na­teurs du dimanche. Le pro­phète Jérémie menace de cala­mi­tés les socié­tés cou­pables d’enfreindre la sain­te­té de cette loi fondamentale.

Ecoutez-​le :

« Voulez-​vous sau­ver vos biens et votre vie ? Ne por­tez point de far­deaux le jour du sab­bat. Abstenez-​vous de toute œuvre ser­vile le jour du sab­bat. Sanctifiez ce jour du sab­bat comme je l’ai pres­crit à vos pères. Si vous ne le faites pas, je met­trai le feu aux portes de votre ville ».

Juda fut sourd à la voix du pro­phète. Nabuchodonosor se char­gea d’accomplir la menace du Tout Puissant et de ven­ger la loi sacrée du repos heb­do­ma­daire. Saccagée, rui­née, emme­née en escla­vage, fou­lée aux pieds des infi­dèles pour avoir vio­lé le sab­bat du Seigneur, la nation juive ne se cor­ri­gea pas. Revenue de sa cap­ti­vi­té, elle com­mit de nou­veau le crime qui avait cau­sé tous ses malheurs.

« Et je vis, lit-​on dans le Livre d’Esdras, et je vis des israé­lites qui fou­laient des pres­soirs le jour du sab­bat ; d’autres qui por­taient des far­deaux, qui trans­por­taient toutes sortes de mar­chan­dises et qui les intro­dui­saient dans Jérusalem. (…). J’en fis les plus sévères reproches aux chefs de la cité, et je leur dis : quel est donc le crime que vous com­met­tez ? Quoi ! vous pro­fa­nez le jour du sab­bat. Est-​ce que nos Pères ne se sont pas ren­dus cou­pables du même for­fait ? Et avez-​vous oublié que c’est pour cela que notre Dieu a déver­sé sur nous et sur la ville tous les maux que nous avons souf­ferts ? Et vous vou­lez ral­lu­mer la colère du Seigneur en vio­lant le jour sacré du repos ! » « Les menaces et les châ­ti­ments ne suf­fisent pas au sou­ve­rain légis­la­teur. L’observation du 7e jour est, de tous les actes de sou­mis­sion de la part de l’homme, celui dont Il se montre le plus jaloux ».

Aussi, pour assu­rer l’accomplissement de cette loi, Il lui pré­sente un nou­veau motif dans les récom­penses magni­fiques dont Il cou­ron­ne­ra sa fidé­li­té. C’est encore le pro­phète Jérémie qui parle :

« Si vous écou­tez ma voix et que vous ne pro­fa­nez le jour du sab­bat ni pour le négoce ni pour le tra­vail, les princes et les rois pas­se­ront par les portes de Jérusalem ; on y vien­dra de toutes parts, les mains pleines d’offrandes, et cette pros­pé­ri­té sera éternelle ».

Et que dit le pro­phète Isaïe ?

« Si vous regar­dez le jour qui m’est consa­cré comme un repos déli­cieux, comme le jour saint et glo­rieux du Seigneur, dans lequel vous lui ren­drez l’hommage qui Lui est dû, alors vous trou­ve­rez votre joie dans le Seigneur ; je vous élè­ve­rai au-​dessus de tout ce qu’il y a de plus éle­vé sur la terre ».

Si donc, reli­gion veut dire alliance ou socié­té de l’homme avec Dieu, lien qui unit l’homme à Dieu, il est évident que la pro­fa­na­tion fran­çaise du dimanche qui plane sur la nation, c’est-à-dire la vio­la­tion publique, géné­rale, de la condi­tion essen­tielle de cette alliance, est la ruine même du divin contrat.

Cette profanation sera la ruine des autres préceptes divins

À ce pre­mier titre, la pro­fa­na­tion du dimanche est la ruine vou­lue de la reli­gion. Mais allons plus loin. On ne trouve pas dans le code divin de pré­cepte dont la vio­la­tion entraîne aus­si infailli­ble­ment la ruine de tous les autres.

À sup­pri­mer le dimanche, à le pro­fa­ner géné­ra­le­ment, on n’aura plus ni connais­sance ni pra­tique de la reli­gion, ni fré­quen­ta­tion des sacre­ments, ni culte exté­rieur. C’est pour­quoi, ce pro­jet qui se concocte d’abord dans les loges, puis sur les bancs de l’Assemblée, est très grave. Avec la pro­fa­na­tion du dimanche, il n’y aura plus d’instruction reli­gieuse. La pro­fa­na­tion du dimanche sera la ruine de la reli­gion, de ce qu’il en reste, elle ne pour­ra plus exer­cer aucune influence sérieuse.

Plaise à Dieu que per­sonne d’entre vous ne s’en fasse le com­plice. Avec la pro­fa­na­tion du dimanche, il n’y aura plus aucune réflexion, plus aucune médi­ta­tion des véri­tés salu­taires. L’observation du repos sep­té­naire est plus qu’une condi­tion fon­da­men­tale de la socié­té de l’homme avec Dieu, elle est en quelque sorte cette socié­té même.

« Le sab­bat, dit Dieu dans le Livre de l’Exode, le sab­bat est mon pacte avec les enfants d’Israël, et le signe éter­nel de ce pacte ».

Ce qu’était, sous ce rap­port, le sab­bat dans l’ancienne alliance, le dimanche l’est sous la loi nou­velle. De là, cette locu­tion si pro­fon­dé­ment vraie des pre­miers per­sé­cu­teurs de l’Eglise à nos Pères dans la foi :

« Je ne te demande pas si tu es chré­tien, je te demande si tu as obser­vé le dimanche ».

La reli­gion, en effet, est ou n’est pas sui­vant que le dimanche est ou n’est pas sanc­ti­fié. Mgr Gaume va plus loin encore.

La pro­fa­na­tion du dimanche est la ruine de la reli­gion parce qu’elle est une révolte ouverte contre Dieu et une pro­fes­sion publique d’athéisme, une insur­rec­tion publique contre Dieu, un défi inso­lent, un insul­tant mépris de Dieu et de Sa loi. Cette vio­la­tion publique, habi­tuelle, géné­rale du repos sacré, est une insur­rec­tion pério­dique contre Dieu même, fruit de la « laï­ci­té posi­tive ».

Le plus vrai et le plus odieux carac­tère de cette laï­ci­té posi­tive est bien une pro­fes­sion publique d’athéisme qu’aucun catho­lique ne peut accep­ter, même au prix des dif­fi­cul­tés à venir. La reli­gion est le lien qui unit à Dieu non seule­ment l’homme indi­vi­duel mais encore l’homme col­lec­tif, c’est-à-dire le peuple. Ce lien n’existe pas pour un peuple à moins qu’il ne se mani­feste par cer­tains actes publics, accom­plis en com­mun, au moyen des­quels ce peuple témoigne sa foi comme peuple et sa dépen­dance à l’égard de la divi­ni­té. Or, toute nation qui n’a pas de culte public, obli­ga­toire pour la nation, fait pro­fes­sion publique d’athéisme. Les membres de cette nation peuvent avoir indi­vi­duel­le­ment une reli­gion, mais la nation n’en a pas : elle est athée comme nation. Honte pour celle qu’on a appe­lée « la fille aînée de l’Église », honte pour celui qui peut se tar­guer de faire des dis­cours plus papistes que le Pape lui-​même. Ces actes du culte public, accom­plis en com­mun et obli­ga­toires pour la nation, exigent de toute rigueur, un temps, un jour fixe où, libre de tout tra­vail, le peuple entier puisse s’assembler dans ses églises et mon­trer par des prières et des sacri­fices solen­nels, le lien sacré qui le rat­tache à Dieu. On ne trouve d’ailleurs pas une nation qui n’ait son jour de repos et de culte public.

C’est, il me semble, l’argument pour nous le plus fort, peut-​être le moins média­tique, mais devrait-​on adap­ter la véri­té à l’audimat ? L’argument le plus fort contre la sup­pres­sion du dimanche, c’est qu’il s’agit d’une pro­fa­na­tion, d’une ruine de la religion.

Envisagée sous ce rap­port, vous com­pren­drez toute la gra­vi­té de la ques­tion, la gra­vi­té d’un désordre qu’il faut com­battre. Et qui dit ruine de la reli­gion dit rup­ture du lien qui unit l’homme à Dieu, néga­tion de Dieu, néga­tion de la Providence, de l’autorité, de la socié­té, néga­tion de la famille et de la mora­li­té des actes humains.

Léon XIII, dans son ency­clique Rerum nova­rum, a insis­té for­te­ment sur l’observation des jours de fête. Pour lui, c’est là un signe qui révèle si, et jusqu’à quel point, l’homme sain et la véri­table har­mo­nie du pro­grès sub­sistent encore dans la socié­té humaine. Il voyait très clair et pro­fond quand il met­tait en rela­tion la ques­tion ouvrière avec le repos des jours de fête et la sanc­ti­fi­ca­tion du dimanche. Le bien-​être exté­rieur du tra­vailleur même ne peut être atten­du d’une tech­nique de la pro­duc­tion qui exige régu­liè­re­ment du tra­vailleur et de sa famille, le sacri­fice du dimanche ; il peut encore moins pro­ve­nir d’un état de choses où le dimanche ne serait pas, comme Dieu veut, un jour de tran­quilli­té et de repos, dans un cli­mat de pié­té éle­vée. C’est Pie XII qui le déclare dans un dis­cours aux ouvriers italiens :

« La tech­nique, l’économie et la socié­té mani­festent leur degré de san­té morale par la manière dont elles favo­risent ou contra­rient la sanc­ti­fi­ca­tion du dimanche. Plus exclu­si­ve­ment et inces­sam­ment se ren­force la ten­dance à la consom­ma­tion, d’autant plus l’économie cesse d’avoir pour objet l’homme réel et nor­mal, l’homme qui ordonne et mesure les exi­gences de la vie ter­restre à sa fin ultime et à la loi de Dieu ».

Alors, NON à la pro­fa­na­tion du dimanche et que per­sonne d’entre nous n’en soit complice.

Le dimanche en famille

Je ter­mi­ne­rai par cette cita­tion du Père de Chivré :

« Le Dieu Créateur reste pro­prié­taire du temps. Le Dieu Providence s’annonce pro­prié­taire de la semaine qui vient.
Il y a dans le dimanche pour une famille, l’occasion de se refaire une men­ta­li­té dont les parents et les enfants ont besoin pour demeu­rer famille chrétienne.

Dans le domaine pra­tique, Dieu n’est Dieu que s’Il a la pre­mière place, et le res­pect du dimanche marque cette pre­mière place.

Du point de vue néga­tif, pre­mière place en ne fai­sant jamais rien d’indigne de Dieu, en ce jour du Seigneur (paga­ni­sa­tion des dis­trac­tions et des amu­se­ments), et en ne frus­trant jamais Dieu de l’essentiel de ce qui lui revient un dimanche.

Du point de vue posi­tif, en hono­rant le dimanche d’une obli­ga­tion litur­gique : la grand’messe, car le dimanche est une affir­ma­tion solen­nelle de la foi.

Il est curieux de voir dans la Sainte Écriture que Dieu a créé l’homme et la femme le sixième jour, juste avant le sep­tième comme pour les pla­cer l’un et l’autre le plus près pos­sible de lui, afin de satis­faire son désir d’échanges fré­quents avec eux. On dirait que Dieu a béni le dimanche en faveur des foyers, plus qu’en faveur des indi­vi­dus, puisque, comme Créateur, Il assure à l’homme et à la femme, six jours pour expri­mer les qua­li­tés qu’Il nous a don­nées, et qu’ensuite Il se réserve le sep­tième jour pour rece­voir de l’un et de l’autre la recon­nais­sance de leur ado­ra­tion et de leur amour.

Un dimanche sans Dieu, pour une famille, est un foyer qui n’est pas res­pec­té et qui ne se res­pecte pas. Sans doute, pour nous chré­tiens, ce res­pect est obli­ga­toire, mais une obli­ga­tion qui n’est pas vécue avec amour est aus­si digne de reproche que d’approbation.

En résu­mé, le dimanche est le temps de Dieu où parents et enfants recouvrent la san­té spi­ri­tuelle et la joie de recon­naître l’amour du Seigneur comme une rai­son de s’aimer davan­tage entre eux tous ».

Conseil : Attention à ne pas se tran­quilli­ser la conscience par une rapide et dis­traite messe domi­ni­cale qui ne semble guère faire du dimanche un jour sanctifié.

Abbé Xavier Beauvais , curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet

Extrait du Chardonnet n° 251

(Sources : Œuvres du Père de Chivré (ses cahiers) – La pro­fa­na­tion du dimanche (Mgr Gaume)

Notes de bas de page

  1. Qu’on en juge par les motifs invo­qués par le car­di­nal de Paris dans les­quels on aura peine à y voir des argu­ments reli­gieux : « Il s’agit d’une déci­sion néfaste pour la vie sociale, la vie des familles et l’équilibre humain : une famille se construit aus­si sur une orga­ni­sa­tion sym­bo­lique du temps » La Croix du 18 sep­tembre 2009, p.10, 4e col.[]