Entretien avec de l’abbé Lorans avec le pasteur Sten Sandmark

Le Pasteur Sten Sandmark en entre­tien avec l’ab­bé Alain Lorans

Le same­di 29 juillet, la veille de son abju­ra­tion à Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet, j’ai pu ren­con­trer le pas­teur Sten Sandmark grâce à Winfried Wuermeling, le dyna­mique secré­taire géné­ral de l’Unec. Nous devions enre­gis­trer un entre­tien pour Radio Silence.

Sten Sandmark est revê­tu de l’habit noir des Augustiniens, l’ordre auquel appar­te­nait Martin Luther. Ce qui frappe chez lui, de prime abord, c’est le contraste entre une voix douce et un men­ton éner­gique. Lorsque je lui demande com­ment il a décou­vert la messe catho­lique tra­di­tion­nelle, il me dit qu’il a atten­du ce moment pen­dant qua­rante ans. En 2005, les pèle­rins de l’Unec, sur les traces de Sainte Brigitte de Suède, ont sol­li­ci­té la per­mis­sion pour leur aumô­nier de célé­brer la messe tri­den­tine dans son église, il a accep­té. Et là, il a vu la messe qu’il voyait célé­brée par les prêtres catho­liques en Suède avant Vatican II, alors qu’il avait une dizaine d’années. Aujourd’hui, déclare-​t-​il, ces catho­liques n’ont plus qu’une messe hideuse… plus de chant gré­go­rien, une litur­gie en langue ver­na­cu­laire. Car il faut savoir, précise-​t-​il, que l’office luthé­rien en Suède a conser­vé beau­coup du rite catho­lique d’avant la réforme conci­liaire. Il nous montre alors des pho­tos de son église d’Oskarshamn où l’autel est tou­jours tour­né vers la croix et où la table de com­mu­nion sépare encore le chœur de la nef. Mais, confesse-​t-​il, nous n’avons pas la suc­ces­sion apos­to­lique et ma messe était inva­lide : il n’y avait pas trans­sub­stan­tia­tion. Lorsque je l’ai décou­vert, ce fut un drame.

- Abbé Alain Lorans : à quel moment avez-​vous pris conscience de l’invalidité de votre messe ?

Sten Sandmark :

Après le pèle­ri­nage de l’Unec, j’ai reçu l’abbé Schmidberger. Nous avons par­lé pen­dant deux jours, à la fin je me suis dit : je ne suis rien.

Lorsqu’il confia au seul évêque catho­lique de Suède son désir de se conver­tir, celui-​ci – imbu d’œcuménisme conci­liaire – lui conseilla de res­ter luthé­rien tout en étant catho­lique de cœur. C’était, selon lui, une façon d’être mis­sion­naire catho­lique à l’intérieur du luthé­ra­nisme. Et en guise de sou­tien spi­ri­tuel, il lui adres­sa une carte de vœux à Noël !

A la ques­tion de savoir si cer­tains de ses fidèles pour­raient le rejoindre et se conver­tir au catho­li­cisme, Sten Sandmark répond qu’il y aura peut-​être quelques conver­sions, mais qu’il leur conseille de ne pas se pré­ci­pi­ter en direc­tion de l’Eglise conci­liaire et qu’il vaut mieux main­te­nir le contact avec la Fraternité Saint Pie X.

Je lui demande s’il a le désir de célé­brer un jour une messe qu’il sau­ra être valide. Il dit qu’après 31 ans dans le luthé­ra­nisme il sou­haite savoir qu’il y a, à sa messe, réel­le­ment la pré­sence du Christ. Mais, aban­don­né aux des­seins de la Providence, il ajoute : « Si l’évêque (un des quatre évêques de la Fraternité, ndlr) ne m’autorisait pas à deve­nir prêtre, je me soumettrais ».

Me sou­ve­nant de la conver­sion de Julien Green qui avait besoin d’être cer­tain qu’il était vrai­ment par­don­né lorsqu’il accu­sait ses péchés, j’interroge Sten Sandmark sur la vali­di­té de la confes­sion. Il me dit que cette ques­tion est pour lui très impor­tante. Pendant cinq ans, il a enten­du des confes­sions en milieu psy­chia­trique ou en milieu car­cé­ral, mais son abso­lu­tion était inva­lide : il n’avait pas de véri­table abso­lu­tion à don­ner. Il enten­dait les confes­sions comme un psy­chiatre écoute ses patients, avec tou­te­fois le sou­ci de leur pré­sen­ter Jésus-​Christ. Il a lu beau­coup de livres pour pou­voir com­prendre la vie de ces gens, mais il recon­naît : « Je ne les ai pas absous ».

Au cours de cet entre­tien, Sten Sandmark nous confie que les membres de sa famille, sa mère en par­ti­cu­lier, lui ont fait savoir qu’ils n’étaient pas sur­pris de sa conver­sion, qu’ils s’y atten­daient même.

Je lui pose une der­nière ques­tion : – Quels sont les saints qui, par leurs exemples ou par leurs écrits, ont pré­pa­ré le che­min de votre conversion ?

- J’ai lu les révé­la­tions de Sainte Brigitte, Saint Jean de la Croix, Thomas a Kempis, Sainte Thérèse d’Avila. Ils ont été mes guides spi­ri­tuels, mais un jour j’ai décou­vert la Sainte Vierge Marie. (Ici le pas­teur conver­ti marque un long moment de silence, ses yeux sont embués de larmes) Nous avons certes de belles sta­tues de Marie dans nos églises en Suède, mais ce ne sont que des sta­tues. Maintenant je l’ai décou­verte, elle, et je lui parle. Je res­sens l’intime cor­ré­la­tion qu’il y a entre la prière de la consé­cra­tion à la messe et la Sainte Vierge Marie. C’est pour­quoi je ne puis plus res­ter par­mi les luthé­riens qui n’y croient pas.

Le len­de­main, 8ème dimanche après la Pentecôte, après son abju­ra­tion et sa pro­fes­sion de foi catho­lique, Sten Sandmark rece­vait la confir­ma­tion et fai­sait sa pre­mière com­mu­nion. Le lun­di matin, il pre­nait le train à la gare de l’Est pour se rendre au sémi­naire de Zaitzkofen, en Allemagne. Là, il suit la retraite de 30 jours des Exercices de Saint Ignace.

Abbé Alain Lorans pour le site de la