Lettre aux mamans n° 28 de février 2011

N° 28 – Février 2011

hère Madame,

« Mon Dieu, que votre règne arrive », telle est la prière ensei­gnée par Notre Seigneur dans le « Notre Père », et que nous réci­tons si sou­vent. Mais que demandons-​nous au juste dans cette invo­ca­tion ? Qu’est-ce que le règne de Dieu ? Penchons-​nous un ins­tant sur cette ques­tion fon­da­men­tale : « Qui est Dieu et quelle est sa plus grande perfection ? »

La Sainte Ecriture nous l’enseigne : « Deus cari­tas est » (1ère épître de st Jean, 4, 16). Elle ne dit pas : en Dieu il y ala cha­ri­té, mais bien : « Dieu estcha­ri­té » ; ce qui signi­fie que tout ce qui est en Dieu, est amour, que Dieu est essen­tiel­le­ment Amour. C’est son Etre par excellence.

Mais, qu’est-ce que l’amour ? Ce mot est à tel point si gal­vau­dé de nos jours que tout son véri­table sens en a été retiré.

L’amour, même l’amour humain, n’est pas un sen­ti­ment ; il est une volon­té qui tend vers le bien. Aimer, c’est « vou­loir du bien », c’est l’acte par lequel la volon­té se porte vers le bien.

Lorsqu’il s’agit de Dieu, l’Etre infi­ni, l’Amour en Lui est une volon­té infi­nie du bien qui se porte vers un bien infi­ni qui est l’essence même de Dieu, dans laquelle Il se com­plaît. Cet Amour, qui est Dieu Lui-​même, est donc un amour infi­ni de com­plai­sance pour son Bien infi­ni. Cet infi­ni­té d’amour de Dieu s’étend jusqu’aux créa­tures qu’Il crée afin de leur com­mu­ni­quer son Bien, sa féli­ci­té. C’est pour­quoi Dieu appelle à l’existence les créa­tures en un acte d’amour dans le but de les rap­por­ter au Bien infi­ni qui est la Sainte Trinité. En défi­ni­tive, Dieu crée et aime toutes ses créa­tures pour sa gloire.

Cependant, Il a créé les êtres humains que nous sommes, à son image, à sa res­sem­blance, (Genèse 1, 27) nous appe­lant à « par­ti­ci­per à cette sublime vie d’amour qui est Dieu Lui-​même » ; c’est à cette fin que la grâce nous a été don­née. Cette des­ti­née n’est pas facul­ta­tive (on parle tant de liber­té !) ; elle est un dû : nous devons rendre à Dieu ce qui Lui appar­tient, et nous Lui appar­te­nons entiè­re­ment en tant que « venant » de Dieu. St Paul nous l’enseigne : « Soyez des imi­ta­teurs de Dieu comme des enfants bien-​aimés et mar­chez dans la cha­ri­té ». (Ephésiens 5, 1et 2)

Il était néces­saire d’établir ces quelques notions pour mieux com­prendre com­ment nous devons trans­mettre à l’enfant cet amour. Oui, Chère Madame, c’est à vous qu’il dépend de com­mu­ni­quer à votre enfant tous les moyens pour qu’il aime véri­ta­ble­ment comme un enfant de Dieu ; et cela dès le ber­ceau ! Ne croyez pas que cela soit trop tôt ! Tout petit, si vous ne lui don­nez pas de « bonnes habi­tudes », il en contrac­te­ra, inévi­ta­ble­ment et plus rapi­de­ment que vous ne le pen­sez, de mau­vaises. N’oublions pas que si le bap­tême a effa­cé la tache du péché ori­gi­nel, il n’a pas enle­vé les « bles­sures » occa­sion­nées par celui-​ci dans toutes les âmes. Ce sont ces bles­sures qu’il faut « soi­gner » par une atten­tion toute par­ti­cu­lière sur l’enfant, et cela dès le ber­ceau ! Vous n’avez pas été sans remar­quer com­bien un bébé de quelques mois peut deve­nir capricieux.

Dieu vous a faite par­ti­ci­pante de sa créa­tion en don­nant le jour à votre enfant ; Il a donc mis dans votre cœur cet amour mater­nel qui vous porte à com­mu­ni­quer à votre enfant tout le bien pos­sible ; mais c’est là qu’il faut por­ter votre atten­tion : dans le choix et la dis­tinc­tion des vrais biens ; car le monde païen qui nous entoure pro­page des biens qui n’ont aucun rap­port avec notre des­ti­née chré­tienne. Ne nous lais­sons pas influen­cer par ces slo­gans qui nous entourent et qui sont comme un poi­son pour les âmes ; com­bien d’adolescents et même déjà des petits, ne sont-​ils pas détour­nés de ce vrai bien !

C’est donc, en vous appro­chant vous-​même de ce foyer d’amour qu’est Dieu que vous sau­rez com­ment agir concrè­te­ment et le trans­mettre à votre enfant. Cet amour doit rayon­ner par votre com­por­te­ment, comme le soleil divulgue natu­rel­le­ment ses rayons bienfaisants.

Quelques exemples concrets :

Il est nor­mal que le petit se trompe, fasse des bêtises, laisse tom­ber des objets,…. et recom­mence peut-​être tous les jours ou plu­sieurs fois même durant une heure ! Comment agir ? Certainement pas en par­lant fort ou en criant, encore moins en frap­pant sys­té­ma­ti­que­ment : ce serait com­mettre une grave injus­tice….. car c’est ain­si que vous lui « appren­drez », par votre mau­vais exemple, à réagir de la même façon avec vous (ou avec ses frères et sœurs). L’enfant ne sup­porte pas l’injustice et se com­por­ter ain­si peut réveiller en lui des sen­ti­ments de révolte, des réac­tions de colère. N’oubliez jamais qu’il est en appren­tis­sage, et donc qu’il peut faire beau­coup de choses – voire même tout – de tra­vers… sans le vou­loir vrai­ment. Comme nous sommes faci­le­ment impa­tients ! L’éducation est une œuvre de « longue et par­fois exces­sive » patience !

En criant, vous lui mon­trez votre fai­blesse et, d’une cer­taine façon, vous l’i­ni­tiez à uti­li­ser ce même lan­gage ! Cela est tel­le­ment cou­rant à l’heure actuelle. Au contraire, parlez-​lui dou­ce­ment mais avec fer­me­té. Les cris énervent l’enfant (rappelez-​vous la pré­cé­dente lettre au sujet du bruit). Au contraire, la parole douce a une ver­tu cal­mante et donc atti­rante. Si vous reli­sez la para­bole de l’enfant pro­digue, remar­quez l’accueil du père devant son enfant. Et nous, quand nous allons nous confes­ser, Dieu nous par­donne avec bien de la dou­ceur ! alors que nos fautes sont plus impor­tantes que les pec­ca­dilles de nos petits ! Oui, sui­vons notre modèle et employons plu­tôt cette « douce fer­me­té » de Dieu à notre égard. La dou­ceur attire vers le bien, et nous devons apprendre au petit à aimer le bien, et donc, ren­dons ce bien atti­rant. De cette façon, vous l’at­ti­re­rez vers l’o­béis­sance par amour de Dieu.

Communiquez éga­le­ment avec votre enfant par le regard. Qu’il sache lire sur votre phy­sio­no­mie vos réac­tions : le sou­rire et le visage apai­sant ras­su­re­ront l’enfant : vous mon­trez que vous êtes ravie ; au contraire les sour­cils fron­cés et la bouche fer­mée montrent que vous n’êtes pas contente et que c’est mal ; et, comme il pré­fère le sou­rire de maman… il com­pren­dra tout seul. Mais cela c’est avec le tout petit qu’il faut le faire sans attendre l’influence de tant et tant de per­sonnes ! Et puis, accom­pa­gnez votre visage d’une prière men­tale à Notre-​Dame afin qu’elle inter­vienne aus­si dans l’âme de votre enfant ; car très sou­vent cela pro­voque en lui une lutte : ce com­bat entre le bien et le mal que nous connais­sons tous. Aidons notre enfant en priant pour lui sur­tout dans ces moments cri­tiques. Soyons conscients que sans l’aide du divin péda­gogue qu’est Dieu, nous sommes tous des inca­pables : mais avec son aide divine que de mer­veilles ! Chère Madame, soyez bien consciente que vous par­ti­ci­pez à l’œuvre de Dieu dans votre enfant.

Il y a aus­si un écueil dans lequel il ne faut pas tom­ber, c’est de voir – incons­ciem­ment – dans son enfant-​bébé « si mignon » une per­fec­tion. Non ! Si mignon soit-​il, il a plein de défauts qu’il vous incombe de « dis­cer­ner » très vite pour qu’ils ne se déve­loppent pas, afin de les éli­mi­ner pro­gres­si­ve­ment. Faisons atten­tion à cette « fier­té » (orgueil mater­nel par­fois impor­tant et débor­dant) qui aveugle si faci­le­ment l’amour mater­nel. L’enfant se joue de cela : et j’ai vu plu­sieurs fois la maman « cra­quer » devant son ché­ri. Le résul­tat est inver­sé, car la maman en satis­fai­sant les dési­rs de son enfant, se sou­met tout sim­ple­ment à celui-​ci et lui apprend la déso­béis­sance. Il faut beau­coup se vaincre soi-​même pour apprendre à l’enfant à se plier et à obéir. L’humilité de la maman vis-​à-​vis de Dieu engen­dre­ra cette humi­li­té chez le petit ; « l’humilité, c’est la véri­té ». Oui, « semons » la ver­tu chez l’enfant et corrigeons-​nous éga­le­ment… pour qu’il n’imite pas nos défauts mais, par l’exemple, pra­tique pro­gres­si­ve­ment la vertu.

Nous venons de célé­brer le mys­tère de Dieu fait Enfant, mys­tère si riche en ensei­gne­ment. Que le Feu de l’amour divin qui se mani­feste dans cette venue du Sauveur, réchauffe nos cœurs tran­sis de froid et illu­mine nos esprits aveu­glés. C’est ce que je vous sou­haite en ce début d’année…..

(à suivre)

Une Religieuse.

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