Au sujet des prêtres de la FSSPX

Extrait du « Mascaret » (novembre 2003)

es évêques et les prêtres de la Fraternité [.] sont hors de la com­mu­nion de l’é­glise catho­lique « , est-​il décla­ré au pré­am­bule [nº 1], en rai­son des sacres de 1988. Signalons que le pou­voir ultime d’ex­clure de l’Eglise ne peut rele­ver que du pape. Or Jean-​Paul II n’a jamais fait preuve d’une atti­tude aus­si rigide et sec­taire à l’en­contre des prêtres de la Fraternité, pas même en 1988. Pour preuve du contraire, Jean-​Paul II a tou­jours dési­gné comme char­gé offi­ciel de la Fraternité Saint-​Pie X à Rome, non pas le Préfet en charge de l’o­cu­mé­nisme ou du dia­logue avec les frères sépa­rés, mais le Préfet de la Congrégation pour le cler­gé, le car­di­nal Castrillon Hoyos – « D.R.H. » de l’é­glise catho­lique. C’est bien que Jean-​Paul II nous consi­dère comme prêtres, membres du cler­gé catho­lique, au rebours des allé­ga­tions controu­vées du père Narcisse et de Mgr Pontier qui, nous assi­mi­lant aux ortho­doxes, ne sont pas en com­mu­nion avec le Saint Père sur ce deuxième point​.Il fau­drait reprendre une à une les impu­ta­tions faciles du père Narcisse, et ses ten­ta­tives nom­breuses d’é­car­ter d’un revers de main juri­dique les faits et les pro­blèmes dont souffre en pro­fon­deur l’é­glise aujourd’­hui. Mais la solu­tion au temps de crise pro­lon­gée que nous vivons n’est pas pure­ment juri­dique, car on ne résout pas un pro­blème tou­chant la foi et la litur­gie seule­ment par le droit, sur­tout s’il est mal enten­du. De sur­croît, les domi­ni­cains de Saint-​Paul mani­festent dans leur tract anti-​Saint-​Eloi une mécon­nais­sance du Code de droit cano­nique en vigueur depuis 1983 – qui vaut aujourd’­hui pour l’é­glise entière. Sous cou­vert « d’ob­jec­ti­vi­té », ce juri­disme étroit du couvent de Bordeaux éli­mine le débat de fond et fait son­ger aux heures les plus sombres de l’Inquisition (Jeanne d’Arc, Galilée.). Historiquement, les domi­ni­cains nous avaient habi­tués à plus de rigueur et hau­teur de vue intel­lec­tuelle. La grande fai­blesse de leur tract est qu’il ne démontre rien, car il part de ce qu’il pré­tend mon­trer. Le rai­son­ne­ment du père Narcisse, plus péremp­toire que convain­cant, se décom­pose en trois temps : 1- Ils sont schis­ma­tiques ; 2- Donc ils sont excom­mu­niés ; 3- Conclusion : ils sont schis­ma­tiques et excommuniés.à moins que ce ne soit l’in­verse. La conclu­sion étant pré­sup­po­sée dans l’hy­po­thèse, ce rai­son­ne­ment tau­to­lo­gique, qui peut séduire, ne prouve cepen­dant pas grand chose.

« L’église du Concile » : un constat de Paul VI

Tout d’a­bord, je déplore l’ex­pres­sion du père Narcisse : « mou­ve­ment lefeb­vriste »[nº 1] ou « dis­si­dence lefeb­vriste » [nº 8], péjo­ra­ti­ve­ment conno­tée, comme s’il s’a­gis­sait d’un par­ti au sein de l’é­glise. La Fraternité est certes en résis­tance (litur­gique et doc­tri­nale) et sus­cite le débat, mais elle forme une par­tie réelle de l’é­glise, non un par­ti. De plus, il est sim­ple­ment odieux de caté­go­ri­ser un prêtre selon l’é­vêque qui l’or­donne. Il fau­drait alors par­ler de prêtres ricar­diens, eytistes, lus­ti­ge­riens, woj­ti­listes ?. les prêtres de la Fraternité ne sont pas « lefeb­vristes », mais prêtres de Jésus-​Christ – membres du cler­gé catho­lique recon­nus par le Cardinal Castrillon, quoi­qu’en dis­grâce avec « l’é­glise du Concile ». En revanche, à pro­pos de cette expres­sion que le père Narcisse nous reproche d’employer au nom d’une « dis­tinc­tion irréelle et illé­gi­time »[nº 4], je lui rap­pelle qu’elle fut intro­duite par le pape Paul VI en per­sonne qui, dans son dis­cours de clô­ture à Vatican II, pose la dis­cri­mi­na­tion entre l’é­glise d’a­vant et « l’é­glise du Concile ». Le père Narcisse ferait bien de relire les actes du « magis­tère authen­tique » ; ou bien doit-​il consi­dé­rer Paul VI comme éga­le­ment schismatique ?