Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du séminaire St-​Curé-​d’Ars n° 68

Le nombre et l’origine des séminaristes et des frères entrés à Flavigny

Abbé Patrick Troadec, Directeur du séminaire

Chers amis et bienfaiteurs,

Alors que va s’ou­vrir le 19 juin pro­chain une année sacer­do­tale, à l’oc­ca­sion du 150e anni­ver­saire de la mort du saint curé d’Ars, comme l’a annon­cé le pape Benoît XVI, je suis heu­reux de vous don­ner, chiffres à l’ap­pui, la contri­bu­tion du Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars à cette œuvre capi­tale de la for­ma­tion du cler­gé pour la sanc­ti­fi­ca­tion de vos âmes et de celles des géné­ra­tions à venir.

Le nombre et l’origine des séminaristes et des frères entrés à Flavigny

Séminaristes fran­çais et étrangers 

Période
Entrées au séminaire
Âge moyen
Nombre d’enfants
dans la famille
Mères demeu­rant au foyer
Issus d’une école de la FSSPX 
1989–1993
102
23.5
4.2
66
22
1994–1998
93
21.5
4.8
51
52
1999–2003
79
22.2
5.8
74
63
2004–2008
87
20.9
5.9
73
68

Frères fran­çais et étrangers

Période
Effectifs
Passage dans une école de la Fraternité
1989–1998
18 frères
1 frère
1999–2008
44 frères
22 frères

Le nombre d’en­trées de sémi­na­ristes à Flavigny a été légè­re­ment plus impor­tant jus­qu’en 1996 en rai­son du plus grand nombre de sémi­na­ristes étran­gers. Le nombre de sémi­na­ristes fran­çais est tou­te­fois rela­ti­ve­ment stable et oscille entre 12 et 14 par an, depuis 20 ans. En revanche, le nombre d’en­trées de frères a plus que dou­blé ces 10 der­nières années par rap­port à la décen­nie pré­cé­dente, avec une moyenne de plus de 4 frères par an.

Les autres para­mètres per­mettent d’ar­ri­ver aux consta­ta­tions qui suivent pour ces 5 der­nières années. Les sémi­na­ristes qui entrent au Séminaire ont une moyenne d’âge de 21 ans. Ils sont issus de familles nom­breuses, près de 6 enfants par famille. Pour les trois quarts, la mère est pré­sente au foyer. A titre de com­pa­rai­son, dans les sémi­naires dio­cé­sains, les sémi­na­ristes entrent à 26 ans ; la moyenne des enfants par famille est de 3,8, tan­dis que 30% des mamans sont mères au foyer[1].

68% de nos sémi­na­ristes ont pas­sé au moins une année dans une école de la Fraternité. Le taux s’é­lève même à 81% pour les sémi­na­ristes fran­çais entrés depuis 2001. La moi­tié des frères entrés ces dix der­nières années sont éga­le­ment pas­sés par une école de la Fraternité. La pro­por­tion s’é­lève à 58% pour les Français.

Quand on regarde atten­ti­ve­ment ces quelques cri­tères sur l’o­ri­gine des sémi­na­ristes et frères, il saute aux yeux que, pour faire ger­mer et mûrir une voca­tion, rien ne rem­place le ter­reau d’une famille géné­reuse et fer­vente avec une mère pré­sente au foyer, et d’une école fon­ciè­re­ment catho­lique. L’évolution sen­sible du nombre des voca­tions issues des écoles de la Fraternité accom­plit le vœu expri­mé par Mgr Lefebvre de voir nos écoles deve­nir un jour des pépi­nières de voca­tions. « Il est abso­lu­ment cer­tain que c’est par ces col­lèges [c’est-​à-​dire les écoles de la Tradition] que nous vien­dront le plus de voca­tions [.]. Sans ouvrir des petits sémi­naires, nous avons des col­lèges qui en rem­pli­ront l’of­fice »[2]. Ce juge­ment ne doit pas nous éton­ner lorsque l’on sait qu’en 1957, en France, 74% des voca­tions venaient des petits sémi­naires[3].

Ces fruits tan­gibles sont un bel encou­ra­ge­ment pour les parents qui consentent à tant de sacri­fices pour don­ner à leurs enfants une bonne édu­ca­tion. Ils récom­pensent éga­le­ment la géné­ro­si­té de tant de bien­fai­teurs qui contri­buent au déve­lop­pe­ment de l’œuvre prio­ri­taire que repré­sente l’é­du­ca­tion des enfants.

La perception de l’appel de Dieu

La voca­tion est une réponse à un appel de Dieu. Dieu appelle les âmes quand il veut, comme il veut. Il n’est pas tenu à prendre tel moyen plu­tôt que tel autre pour appe­ler une âme à son ser­vice. Cependant cer­tains sémi­na­ristes ont cru dis­cer­ner des cir­cons­tances par­ti­cu­lières qui leur ont paru déter­mi­nantes dans cette déci­sion de deve­nir prêtres un jour. C’est assez sou­vent vers l’âge de 12 ans qu’ils ont per­çu le pre­mier appel. Les cir­cons­tances de cet appel sont très diverses. Certains l’ont eu dès le jour de leur pre­mière com­mu­nion ou de leur confir­ma­tion, d’autres au hasard d’une lec­ture, d’autres encore au moment d’un pèle­ri­nage, à l’oc­ca­sion d’un ser­mon, en assis­tant à une ordi­na­tion ou en visi­tant le Séminaire, d’autres enfin par l’in­ter­mé­diaire d’un mou­ve­ment de jeu­nesse ou au moment de leur conver­sion. Mais le nombre le plus impor­tant en pro­por­tion affirme l’a­voir res­sen­ti au contact de la litur­gie, que ce soit sous la forme du ser­vice de messe ou de l’aide à la sacris­tie. Le pre­mier déclic n’é­tant pas tou­jours suf­fi­sant pour entraî­ner une déci­sion défi­ni­tive, un deuxième appel est sou­vent enten­du par la plu­part d’entre eux après une période d’é­clipse plus ou moins longue.

Il a lieu à l’âge moyen de 19 ans, notam­ment au cours d’une retraite ou au contact d’un prêtre. Voici un témoi­gnage par­mi tant d’autres : « C’est dans une école tra­di­tion­nelle que j’ai com­men­cé à pen­ser sérieu­se­ment à la voca­tion [entre 15 et 17 ans]. Ce désir a sur­tout été sti­mu­lé par le don de soi que nous mon­traient les prêtres de mon école, par leur très grande bon­té. De plus, mon contact avec la litur­gie et mon rôle de sacris­tain ont enra­ci­né en moi un pro­fond atta­che­ment au culte de l’Église. Le fac­teur déter­mi­nant a été cepen­dant le fait que l’Église, dans la crise actuelle, a un grand besoin de prêtres »[4].

Ces élé­ments exté­rieurs, par­fois déter­mi­nants pour per­mettre à une âme de dis­cer­ner l’ap­pel de Dieu, peuvent être uti­li­sés avec pru­dence par les parents et édu­ca­teurs lors­qu’ils voient chez tel enfant des pré­dis­po­si­tions par­ti­cu­lières pour une voca­tion sacer­do­tale ou religieuse.

La persévérance des séminaristes et des frères entrés à Flavigny

Périodes

Séminaristes

Frères
Séminaristes et Frères*
Effectifs
Persév.(1)
%
Effectifs
Persév.
%
Effectifs
Persév.
% Persév.
1987–1995
188
91
48%
19
4
21%
206
95
46%
1996–2004
158
77
49%
32
22
69%
182
100
55%

(1) Persévérance

* Certains sémi­na­ristes étant deve­nus frères, l’ef­fec­tif de l’en­semble est infé­rieur à la somme des effec­tifs des sémi­na­ristes et frères.

Le tableau de per­sé­vé­rance des sémi­na­ristes et des frères s’ar­rête à la pro­mo­tion de ceux qui sont entrés au Séminaire en 2004 et qui viennent de fran­chir le pas défi­ni­tif du sous-​diaconat en mars 2009, les pro­mo­tions sui­vantes étant sus­cep­tibles de connaître de nou­veaux départs.

Le tableau révèle un taux constant de per­sé­vé­rance au cours des der­nières années : 48%[5] de per­sé­vé­rance étant enre­gis­trés (depuis les prêtres ordon­nés en 2002 jus­qu’à ceux qui viennent de rece­voir le sous-​diaconat), taux sen­si­ble­ment iden­tique à celui des 9 années pré­cé­dentes (49%).

Le taux de per­sé­vé­rance des sémi­na­ristes pas­sés par les écoles de la Fraternité (56%) est supé­rieur à celui des autres (37%) pour les 9 der­nières années. Dans les sémi­naires dio­cé­sains, le taux de per­sé­vé­rance est éga­le­ment de 50% envi­ron[6].

En revanche, le taux de per­sé­vé­rance des frères a consi­dé­ra­ble­ment aug­men­té. Il est pas­sé de 21% à 69%, si bien que, sémi­na­ristes et frères confon­dus, on a un pour­cen­tage de 55% de per­sé­vé­rance de sémi­na­ristes et frères durant les 9 der­nières années sur les 182 entrées au Séminaire, pour 46% de per­sé­vé­rance durant les 9 années pré­cé­dentes sur les 206 sémi­na­ristes et frères entrés au Séminaire.

Il ne fau­drait pas consi­dé­rer tous les départs du Séminaire comme des échecs ou des infi­dé­li­tés à la grâce. J’ai reçu de très beaux témoi­gnages d’an­ciens sémi­na­ristes sur ce que le Séminaire leur a appor­té pour être dans le monde de fer­vents catho­liques. L’un d’eux m’a écrit à l’oc­ca­sion de son mariage : « L’exemple des sémi­na­ristes et des frères à Flavigny m’a édi­fié et la vie au Séminaire m’a for­ti­fié. Et la Providence m’a déjà ren­du au cen­tuple ! Puisse le Seigneur nous accor­der de nom­breuses vocations !»

Nous serions cepen­dant heu­reux de voir gran­dir le nombre de sémi­na­ristes et frères dans nos sémi­naires et dimi­nuer le nombre des départs.

La messe pour la persévérance des vocations ecclésiastiques

Pour aider les sémi­na­ristes et les prêtres à per­sé­vé­rer dans leur voca­tion, l’Église dans sa belle litur­gie a com­po­sé une messe votive dont les prières sont admi­rables. Ces prières décrivent les dan­gers que peuvent ren­con­trer les prêtres dans leur minis­tère et la manière de les surmonter.

Comme le dit saint Thomas d’Aquin, il existe prin­ci­pa­le­ment deux causes de chute chez l’homme, l’at­trait des plai­sirs et la crainte des maux (II-​II, q. 138, a.1).

Pour évi­ter de se lais­ser sub­ju­guer par les faux plai­sirs du monde, l’é­pître de la messe pour les voca­tions ren­ferme les paroles de saint Jean : « Frères très chers : je vous écris, jeunes gens, parce que vous êtes forts et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vain­cu le malin. N’aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quel­qu’un aime le monde, l’a­mour du Père n’est pas en lui. Car tout ce qui est dans le monde, la concu­pis­cence de la chair, la concu­pis­cence des yeux et l’or­gueil de la vie, ne vient pas du Père, mais du monde. Le monde passe et sa concu­pis­cence aus­si ; mais celui qui fait la volon­té de Dieu demeure éter­nel­le­ment » (1 Jn 2, 14–17). Ainsi saint Jean invite le prêtre à être dans le monde sans être du monde.

A l’at­trait des plai­sirs s’a­joute la crainte des maux. La vie sacer­do­tale est par­se­mée d’é­preuves. Pour aider les prêtres à les sur­mon­ter, Notre-​Seigneur dans l’é­van­gile de la messe pour la per­sé­vé­rance des voca­tions donne l’i­mage de la vigne et du sar­ment : « Tout sar­ment qui porte du fruit, dit Notre- Seigneur, Dieu le Père l’é­monde afin qu’il en porte davan­tage » (Jn 15, 2). Cette taille de la vigne sym­bo­lise les tri­bu­la­tions de la vie pré­sente, nous dit saint Jean Chrysostome. Celles-​ci sont des­ti­nées à rendre les prêtres plus forts et plus vigou­reux. Pour cela, ils doivent res­ter unis au cep : « Je suis la vigne, vous êtes les sar­ments ; celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beau­coup de fruit : car, sépa­rés de moi, vous ne pou­vez rien faire » (Jn 15, 5). Loin de se décou­ra­ger devant les épreuves, le prêtre doit voir à tra­vers elles une part de la Croix du divin Maître et le gage de la fécon­di­té de son apostolat.

Pour ne pas se lais­ser conta­mi­ner par l’es­prit du monde et pour ne pas recu­ler devant les sacri­fices inhé­rents à la sublime voca­tion sacer­do­tale, le prêtre a spé­cia­le­ment besoin de pra­ti­quer deux ver­tus que men­tionne la col­lecte de la messe : « Réveillez, Seigneur, en votre Église l’es­prit de pié­té et de force ».

Pour trou­ver son bon­heur en Dieu, le prêtre doit être un homme de prière, et pour sur­mon­ter l’at­trait des plai­sirs et la crainte des maux, il doit faire preuve de force. On com­prend dès lors la place que le saint sacri­fice de la messe doit occu­per dans sa vie. En effet, où le prêtre alimentera-​t-​il son esprit de pié­té et de force ?

Ce sera spé­cia­le­ment à l’au­tel. En contem­plant Notre-​Seigneur sur la Croix, le prêtre a sous les yeux l’exemple le plus par­fait de prière per­sé­vé­rante et de force héroïque.

Prions pour nos sémi­na­ristes et nos prêtres, spé­cia­le­ment en cette année du sacer­doce. Que Notre-​Seigneur leur donne l’a­mour de leur sublime voca­tion et les éclaire sur les moyens à mettre en œuvre pour l’ac­com­plir sain­te­ment. Soyez vive­ment remer­ciés pour vos prières et pour vos dons en faveur du Séminaire.

Abbé Patrick TROADEC, Directeur
le 31 mai 2009, en la fête de la Pentecôte.

Chronique du séminaire

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Renseignements pratiques

Messes à Flavigny :

- semaine : 7 H 15 (ou 6 H 50)
– dimanche : 7 H 20 – 10 H 15 (messe chan­tée), 17 H 00 (vêpres et salut).

Pension d’un séminariste

Nous vous remercions du soutien que vous procurez aux séminaristes
et de l’aide apportée à l’Œuvre du Séminaire

- 12 € par jour, soit envi­ron 3 000 € par an + 460 € de cou­ver­ture sociale.

Pour aider le Séminaire :

- Les chèques sont à libel­ler à l’ordre de : Séminaire Saint-Curé‑d’Ars

- Pour aider régu­liè­re­ment le Séminaire, vous pou­vez uti­li­ser le vire­ment auto­ma­tique en faveur de notre compte au Crédit Mutuel de Venarey-​les-​Laumes (21) : 10278 02511 n° 00051861345 24.

Nous vous en remer­cions. Un reçu fis­cal vous sera adres­sé sauf men­tion contraire.

Adresse :

Séminaire International
Saint-Curé‑d’Ars
Maison Lacordaire
F 21150 FLAVIGNY-SUR-OZERAIN

03 80 96 20 74

03 80 96 25 32

Entretien avec monsieur l’abbé Troadec, Directeur du séminaire

Entretien pour La Porte Latine 

Notes de bas de page
  1. -Statistiques des années 1975 à 2002 (Documentation catho­lique, 2297, août 2003).[]
  2. -C’est moi, l’ac­cu­sé, qui devrais vous juger ! (p. 58). []
  3. -Documentation catho­lique, 2297, août 2003.[]
  4. -Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du Séminaire Saint-​Curé-​d’Ars, 52.[]
  5. - Le taux de per­sé­vé­rance des sémi­na­ristes entrés à Flavigny entre 1996 et 2004 atteint 62% si l’on intègre ceux qui ont per­sé­vé­ré dans la vie reli­gieuse ou sacer­do­tale, dans la Fraternité Saint-​Pie X (frères) ou en dehors. []
  6. - Documentation catho­lique, 2297, août 2003.[]