Lettre de Mgr Lefebvre au Cardinal Seper du 9 juin 1979

Eminence,

Votre lettre du 1er juin m’est par­ve­nue hier, c’est-à-dire le 8 juin, veille de mon départ pour les U.S.A. pour deux semaines.

A mon retour les diacres seront en retraite pour l’ordination du 29 juin. Les parents et amis ont déjà rete­nu tous les hôtels du Valais, orga­ni­sé les trans­ports, envoyé les faire-​part tant pour l’ordination que pour les pre­mières messes.

Il eût fal­lu me deman­der cela lorsqu’au cours de l’entretien des 11 et 12 jan­vier, j’ai fait moi- même une allu­sion à pareille éven­tua­li­té, ce que j’ai d’ailleurs déjà fait pour celles du 2 février, il y a deux ans, sans aucun résultat.

Je suis très heu­reux de ce que Votre Eminence me dit au sujet d’une solu­tion défi­ni­tive. Je la sou­haite de tout cœur et crois avoir prou­vé depuis bien­tôt cinq ans la sin­cé­ri­té de ce désir par la dis­po­ni­bi­li­té à accep­ter tous les inter­ro­ga­toires, tous les entre­tiens, toutes les invi­ta­tions à me rendre à Rome. Et je demeure tou­jours dis­po­nible. Je regrette de ne pou­voir annu­ler mon voyage aux U.S.A. et je suis à votre dis­po­si­tion pour la pre­mière quin­zaine de juillet.

Or Votre Eminence pour­ra consta­ter que jusqu’aujourd’hui je ne puis avoir la moindre idée de ce que sera cette solu­tion défi­ni­tive ! Comment pourrais-​je péna­li­ser les sémi­na­ristes et les fidèles sans pou­voir leur faire entre­voir cette solution ?

Tous vivent de l’espoir que les tré­sors de la Tradition leur seront lais­sés, car ils y trouvent l’aliment de leur foi et de leur vie chré­tienne. Ils sont de cœur avec moi lorsque je vais à la Ville Eternelle. Mais, hélas, jusqu’à pré­sent aucune conso­la­tion ne leur vient de ceux qui devraient les bénir et les encourager.

Je puis donc me rendre chez Votre Eminence les 4 et 5 juillet ou les 11 et 12 juillet.

Que Votre Eminence veuille bien m’excuser de ce retard et ne consi­dère nul­le­ment mon acti­vi­té comme un signe de contes­ta­tion, mais plu­tôt, dans la situa­tion dou­lou­reuse de l’Eglise, comme une contri­bu­tion appor­tée à sa vita­li­té sur­na­tu­relle, avec l’espoir que cette contri­bu­tion sera sans tar­der bénie et encou­ra­gée par le Saint- Père et les évêques, ordi­naires des lieux.

Que Votre Eminence daigne agréer mes sen­ti­ments res­pec­tueux et fra­ter­nels en Jésus et Marie.

+ Marcel Lefebvre

Source : Mgr Marcel Lefebvre et le Vatican sous le pon­ti­fi­cat de Jean-​Paul II