Le cardinal Schönborn à la Civiltà Cattolica : des semences de vérité dans toutes les unions de fait

Note de La Porte Latine : le 16 mai 2014, dans le jour­nal Heute n° 2433 dans un billet inti­tu­lé « Homme et femme il les créa » le car­di­nal Schönborn (1) , arche­vêque de Vienne, se réjouit du suc­cès de « Conchita Wurst », et en pro­fite pour jus­ti­fier l’i­déo­lo­gie du genre.

En voi­ci un extrait : « Mais, nous le savons tous, dans le jar­din de Dieu il y a une varié­té de cou­leurs. Ce ne sont pas tous ceux qui sont nés mas­cu­lins qui se sentent hommes, et de même du côté fémi­nin. En tant que per­sonnes elles méritent le res­pect, auquel nous avons tous droit. Je me réjouis pour Thomas Neuwirth, qui pour son entrée en scène comme Conchita Wurst a eu un tel suc­cès. Je lui sou­haite que cette réus­site ne lui monte pas à la tête, et je prie pour lui, pour que Dieu envoie sa béné­dic­tion sur sa vie. »

Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

Le car­di­nal Christoph Schönborn a accor­dé une longue inter­view au père Antonio Spadaro, direc­teur de la Civiltà Cattolica (2) . Les paroles du car­di­nal autri­chien sont impor­tantes et méritent d’être lus parce qu’elles repré­sentent une sorte de syn­thèse de la pen­sée de ceux qui vou­draient un cer­tain type de mise à jour de la pas­to­rale du mariage et de la famille.

Prémisse : se détacher des livres et des concepts vides

Le pré­sup­po­sé, dit Schönborn, est que « nous devons nous déta­cher de nos livres pour aller par­mi la foule et nous lais­ser tou­cher par la vie des gens. Les regar­der et connaître leurs situa­tions, plus ou moins instables, à par­tir du désir pro­fond ins­crit dans le cœur de chacun. (…)

Nous n’a­vons pas encore atteint cette dimen­sion dans le dis­cours ecclé­sias­tique et dans le dis­cours du Synode. Nous par­lons encore trop avec un lan­gage fait de concepts vides de sens ».

La référence à l’évolution du contexte social

L’archevêque de Vienne, en ligne avec la posi­tion prise par de nom­breux théo­lo­giens et évêques alle­mands, accorde une atten­tion par­ti­cu­lière aux cir­cons­tances et aux faits de la vie ain­si qu’à l’é­vo­lu­tion sociale ; élé­ments consi­dé­rés comme fon­da­men­taux pour repen­ser l’ap­proche pastorale.

« Trop sou­vent », dit le car­di­nal, « nous, théo­lo­giens et évêques, pas­teurs et gar­diens de la doc­trine, oublions que la vie humaine se déroule dans les condi­tions impo­sées par une socié­té : condi­tions psy­cho­lo­giques, sociales, éco­no­miques, poli­tiques, dans un contexte his­to­rique. Ce qui jus­qu’à pré­sent a fait défaut au Synode. Et la chose est sur­pre­nante, par rap­port aux énormes chan­ge­ments que je per­çois au cours des soixante-​dix ans de ma vie ».

Et il a don­né un exemple. « Peu d’entre nous [au synode de 2014] ont par­lé des condi­tions réelles de jeunes gens qui veulent se marier. Nous nous plai­gnons de la réa­li­té qua­si uni­ver­selle des unions de fait, de nom­breux jeunes et moins jeunes qui vivent ensemble sans se marier civi­le­ment et encore moins reli­gieu­se­ment ; nous sommes là à déplo­rer ce phé­no­mène, au lieu de nous deman­der, « Qu’est-​ce qui a chan­gé dans les condi­tions de la vie ? ». (…) Je ne dis pas que ce qui arrive est bon, mais nous devons avoir un regard atten­tif et de com­pas­sion à la réa­li­té. On risque faci­le­ment de poin­ter du doigt l’hé­do­nisme et l’in­di­vi­dua­lisme de notre socié­té. Il est plus dif­fi­cile d’ob­ser­ver ces réa­li­tés avec attention ».

Semences de vérité dans les cohabitations

Lorsque le père Spadaro demande si « au le Synode, la qua­li­té du regard sur des situa­tions qui ont des défi­ciences objec­tives sera impor­tant », le car­di­nal répond que « nous devrons exa­mi­ner les nom­breuses situa­tions de coexis­tence non seule­ment du point de vue de ce qui manque, mais aus­si du point de vue de ce qui est déjà pro­messe, qui est déjà présent ».

Parce qu’il y a dans « un couple,dans une “union de fait”, des élé­ments de véri­table héroïsme, de véri­table cha­ri­té, de véri­table don mutuel. Même si nous devons dire : « Ce n’est pas encore une pleine réa­li­té du sacre­ment ». Mais qui sommes-​nous pour juger et dire qu’il n’y a pas en eux des élé­ments de véri­té et de sanc­ti­fi­ca­tion ? »

Parcours pénitentiels personnels pour l’accès aux sacrements des divorcés remariés

« Les cri­tères objec­tifs nous disent clai­re­ment qu’une cer­taine per­sonne encore liée par un mariage sacra­men­tel ne peut pas par­ti­ci­per plei­ne­ment à la vie sacra­men­telle de l’Église. Subjectivement, elle vit cette situa­tion comme une conver­sion, comme une véri­table décou­verte dans sa propre vie, au point que l’on peut dire, d’une cer­taine façon que pour le bien de la foi, on peut faire un pas qui aille au-​delà de ce que dirait objec­ti­ve­ment la règle. Je pense que nous sommes confron­tés à quelque chose qui aura une grande impor­tance au cours du pro­chain Synode. Je ne cache pas, à ce pro­pos, avoir été cho­qué par la façon dont un mode de pen­sée pure­ment for­ma­liste manie la hache de l’intrin­sece malum.(…) On ne peut pas trans­for­mer une situa­tion irré­gu­lière en une régu­lière, mais il existe aus­si des moyens de gué­ri­son, d’ap­pro­fon­dis­se­ment, des che­mins où la loi est vécue étape par étape. Il y a aus­si des situa­tions où le prêtre, la per­sonne accom­pa­gnante, qui connaît la per­sonne en son for inté­rieur, peut arri­ver à dire : « Votre situa­tion est telle qu’en conscience, dans votre et dans ma conscience en tant que pas­teur, je vois votre place dans la vie sacra­men­telle de l’Église ».

Union entre personnes du même sexe

On peut et on doit res­pec­ter la déci­sion de créer une union avec une per­sonne du même sexe, cher­cher dans le droit civil les ins­tru­ments pour pro­té­ger leur coexis­tence et leur situa­tion avec les lois pour assu­rer cette pro­tec­tion. Mais si on nous demande, si on exige que l’Eglise dise que cela est un mariage, eh bien, nous devons dire : non pos­su­mus. Ce n’est pas une dis­cri­mi­na­tion des per­sonnes : dis­tin­guer ne signi­fie pas dis­cri­mi­ner. Cela n’empêche abso­lu­ment pas d’a­voir un grand res­pect, de l’a­mi­tié, ou une col­la­bo­ra­tion avec des couples vivant ce genre d’u­nion, et sur­tout de ne pas les mépriser. (…)

« … Je connais une per­sonne homo­sexuelle qui a vécu pen­dant des années une série d’ex­pé­riences, non pas avec une per­sonne en par­ti­cu­lier ou une coha­bi­ta­tion, mais les expé­riences fré­quents avec des per­sonnes dif­fé­rentes. Maintenant, il a trou­vé une rela­tion stable. Il y a une amé­lio­ra­tion, au moins sur le plan humain, le fait de ne plus pas­ser d’une rela­tion à l’autre, mais de se sta­bi­li­ser dans une rela­tion qui ne repose pas seule­ment sur la sexua­li­té. On par­tage une vie, on par­tage les joies et les souf­frances, on s’aide mutuel­le­ment. Il faut recon­naître que cette per­sonne a fait un pas impor­tant pour son propre bien et pour le bien des autres, même si, bien sûr, ce n’est pas une situa­tion que l’Eglise peut consi­dé­rer régu­lière. Le juge­ment sur les actes homo­sexuels en tant que tel est néces­saire, mais l’Eglise ne doit pas regar­der d’a­bord dans la chambre à cou­cher, mais dans la salle à man­ger ! Il faut accompagner ! »

Concilier doctrine et miséricorde

Le Pape François appelle cha­cun de nous, pas­teurs, à une véri­table conver­sion pas­to­rale. Dans le dis­cours final du Synode, il a bien résu­mé ce qu’il vou­lait dire quand il a dit que l’ex­pé­rience du Synode est une expé­rience d’Église, de l’Église une, sainte, catho­lique et apos­to­lique com­po­sée de pécheurs, qui ont besoin de sa misé­ri­corde. C’est l’Eglise qui n’a pas peur de man­ger et de boire avec les pros­ti­tuées et les publi­cains. Le Pape exprime par­fai­te­ment l’é­qui­libre qui doit carac­té­ri­ser cette conver­sion pastorale.

Sources : Civita cattolica/Benoit-et-moi.fr/chiesa.espressonline.it/LPL

Notes de La Porte Latine

(1) Quelques « actions » remar­quables du car­di­nal Schönborn (Source : http://​yves​daou​dal​.hau​tet​fort​.com) :
– En 2008
, en pleine Semaine Sainte, il auto­rise, dans le Musée dio­cé­sain de Vienne, une expo­si­tion blas­phé­ma­toire pré­sen­tant la Cène comme une orgie homo­sexuelle. En 2009, à la veille de l’ou­ver­ture de l’Année sacer­do­tale, il se rend à Rome avec une délé­ga­tion d’é­vêques autri­chiens pour pré­sen­ter au Pape un appel deman­dant l’a­bo­li­tion de l’o­bli­ga­tion du céli­bat, le retour en acti­vi­té des prêtres mariés, l’ou­ver­ture du dia­co­nat aux femmes.
En sep­tembre 2009, il annonce que « Rome ne don­ne­ra pas le feu vert aux lefeb­vristes, mais leur impo­se­ra cer­tains prin­cipes non négo­ciables, à savoir la posi­tion de l’Église envers la reli­gion juive, les reli­gions non chré­tiennes et les autres confes­sions chré­tiennes, et la liber­té reli­gieuse comme droit humain fondamental ».
En octobre 2009, il inter­dit à l’é­vêque auxi­liaire de Salzbourg de par­ti­ci­per à une marche pour la vie.
En mai 2010, il déclare que le céli­bat sacer­do­tal est l’une des rai­sons des affaires de « pédo­phi­lie ». Convoqué par le pape (Benoît XVI), il doit reti­rer ses pro­pos. Mais en octobre il reparle du céli­bat sacer­do­tal en exa­mi­nant les causes des abus sexuels. Il dira aus­si que « dans le thème de l’ho­mo­sexua­li­té, on doit éga­le­ment tenir compte de la qua­li­té d’une rela­tion » et qu’a­lors « on peut en par­ler avec appréciation »…
En avril 2011 est publié Youcat, un caté­chisme à l’u­sage des jeunes. Le car­di­nal Schönborn est le res­pon­sable de la ver­sion alle­mande, qui jus­ti­fie l’eu­tha­na­sie dite passive.
En avril 2012, un curé désa­voue l’é­lec­tion à la tête du conseil parois­sial d’un homo­sexuel mili­tant. Le car­di­nal Schönborn reçoit l’ho­mo­sexuel, désa­voue le curé et valide l’é­lec­tion. Et il refuse de rece­voir le curé, qui démissionne.
Entre le 29 et le 31 mars 2014, un Ghanéen musul­man a détruit des sta­tues dans six églises de Vienne, dont la cathé­drale, et a démem­bré des cru­ci­fix. L’archevêché a consta­té que c’était sans pré­cé­dent, mais il n’y a eu aucune réac­tion de l’archevêque.
(2) Sandro Magister écrit le 8 sep­tembre 2015 dans un article inti­tu­lé « La Civiltà Cattolica a un nou­veau bureau. À la Maison Sainte-​Marthe » : « La Civiltà Cattolica » n’est pas une revue ordi­naire. Elle est rédi­gée exclu­si­ve­ment par des jésuites, dont les articles sont, depuis tou­jours, pas­sés au crible par les auto­ri­tés vati­canes avant d’être publiés.(…) Sous le pon­ti­fi­cat de François, le lien entre le pape et la revue est de nou­veau direct. Le direc­teur actuel de « La Civiltà Cattolica », le père Antonio Spadaro, a des rela­tions très étroites et très confiantes avec Jorge Mario Bergoglio, à tel point qu’il est deve­nu son prin­ci­pal inter­vie­wer et inter­prète. Voilà pour­quoi beau­coup de gens attri­buent à François tout ce que l’on peut lire dans cette revue à pro­pos du synode consa­cré à la famille. Et on note en effet, dans tous les articles qui y ont été publiés à ce sujet jus­qu’à main­te­nant, une ten­dance à sou­te­nir de manière plus ou moins accen­tuée le « pro­ces­sus » d’ac­tua­li­sa­tion de la pas­to­rale du mariage pla­cée sous le signe de la « misé­ri­corde » qui paraît bien être la véri­table inten­tion du pape et qui, d’a­près beau­coup d’ob­ser­va­teurs – au nombre des­quels cer­tains rédac­teurs de « La Civiltà Cattolica » – devrait se concré­ti­ser par l’ad­mis­sion des divor­cés rema­riés à la com­mu­nion eucha­ris­tique et par la béné­dic­tion des unions homo­sexuelles. »