LAB de l’école Saint-​benard de Courbevoie (92) – Novembre 2008

Lettre aux parents, amis et bienfaiteurs

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Editorial de l’abbé Bernard de Lacoste

Es-​tu fier de ta foi ?

En 1915, le Père de Foucault écri­vait au géné­ral Laperrine :

« J’avais cru en entrant dans la vie reli­gieuse que j’au­rais sur­tout à conseiller la dou­ceur et l’hu­mi­li­té ; avec le temps, je vois que, ce qui manque le plus sou­vent, c’est la digni­té et la fierté ! »

Cette réflexion est d’une actua­li­té brû­lante. Par la grâce de Dieu, nous sommes catho­liques. Nous avons reçu de Dieu la foi le jour de notre bap­tême. Néanmoins, cer­tains sont si dis­crets dans ce domaine qu’on pour­rait les croire hon­teux d’être les dis­ciples de Jésus-​Christ. En milieu pri­vé et catho­lique, ils ne craignent pas de se dire catho­liques. Mais dans un lieu public, leur com­por­te­ment est radi­ca­le­ment dif­fé­rent, si bien que même les esprits les plus pers­pi­caces seront inca­pables de devi­ner leur foi. Outre la fai­blesse de carac­tère que cette atti­tude révèle, c’est le signe que nous nous pré­oc­cu­pons plus de l’o­pi­nion des hommes que de l’hon­neur de Dieu.

Saint Thomas d’Aquin enseigne que, dans cer­taines cir­cons­tances, la pro­fes­sion publique de la foi est une obli­ga­tion grave :

- quand le fidèle est inter­ro­gé au sujet de sa foi par une auto­ri­té publique ;
– quand il est inter­ro­gé par une per­sonne pri­vée qui l’in­cite, en haine de la foi, à renier Jésus-Christ ;
– quand l’o­mis­sion de la pro­fes­sion de foi cau­se­rait un grave scan­dale pour le prochain.

Un épi­sode de la vie de saint Sébastien illustre bien cette fier­té d’être chré­tien : En l’an 288, Sébastien a 28 ans. Il est un jour convo­qué chez l’empereur Dioclétien qui semble irrité :

- Sébastien, je t’ai nom­mé tri­bun. Je t’ai don­né mon ami­tié. Cependant, on m’ap­prend que tu es chré­tien, et un chré­tien plein de zèle.
– C’est exact, Majesté, mon inten­tion n’est pas de vous men­tir ou de le nier ; mais vous savez que les chré­tiens sont vos plus fidèles sujets !
– Méprises-​tu nos dieux ?
– Cela oui, je ne le nie pas.
– Mon ami, tu sais com­bien ta dis­pa­ri­tion me bles­se­rait au cœur. Finissons-​en, renie ce chris­tia­nisme qui cause ta perte et je te com­ble­rai de richesses !
– Maître, vous me deman­dez l’im­pos­sible. Jamais je ne tra­hi­rai mon Seigneur et mon Dieu !

Exaspéré, Dioclétien appelle le chef de ses archers :

« Je viens de condam­ner ce traître à mort. Conduis-​le dans la cour et que tes hommes le percent de flèches ».

C’est ain­si que saint Sébastien pré­fère perdre la vie au milieu de ter­ribles souf­frances plu­tôt que de renier son divin maître.

Cependant, à l’heure actuelle, pour le jeune chré­tien, il est rare que le dilemme soit aus­si tra­gique. La ten­ta­tion n’est pas celle de renier Jésus-​Christ pour échap­per à la mort, mais plu­tôt pour échap­per aux moque­ries ou aux insultes. Parfois, c’est la seule crainte de l’o­pi­nion d’au­trui qui consti­tue un obs­tacle à la confes­sion de la foi. Une telle crainte, qu’on appelle res­pect humain, est d’au­tant plus inad­mis­sible et scan­da­leuse que les enne­mis de notre foi, au contraire, ne craignent pas de mani­fes­ter haut et fort leurs fausses croyances.

L’exhortation que Notre-​Seigneur adres­sait à ses apôtres vaut aus­si pour nous :

« Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une mon­tagne ne peut être cachée ; et on n’al­lume pas une lampe pour la mettre sous le bois­seau, mais on la met sur le can­dé­labre afin qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la mai­son. Que votre lumière luise ain­si devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glo­ri­fient votre Père qui est dans les cieux ».

La vie de saint Louis-​Marie Grignion de Montfort nous offre un bel exemple de vic­toire sur le res­pect humain. Le saint voyage en bateau sur la Seine. A peine sur le coche, il se met à genoux et invite les pas­sa­gers à réci­ter avec lui le rosaire. On devine quel éclat de rire accueille sa pro­po­si­tion. Mais lui, imper­tur­bable sous la grêle des quo­li­bets, alterne avec frère Nicolas la réci­ta­tion d’un pre­mier cha­pe­let, fai­sant mon­ter vers Marie des invo­ca­tions affec­tueuses pour ses insul­teurs. Le calme enfin reve­nu, le bon Père se lève et renou­velle son invi­ta­tion à la prière ; les rires de recom­men­cer, mais déjà plus timides. La puis­sance des Ave Maria com­mence à se faire sen­tir, pen­dant que le mis­sion­naire et son com­pa­gnon égrènent un deuxième cha­pe­let, si bien qu’à la troi­sième som­ma­tion, la par­tie est gagnée : la foule achève la réci­ta­tion du rosaire ; et, docile désor­mais, écoute jus­qu’au débar­que­ment les ins­truc­tions du saint prêtre.

Aucune trace de honte, ni de crainte de l’o­pi­nion d’au­trui dans cet épi­sode. C’est l’a­mour de Dieu et de sa sainte mère qui l’a­nime et qui est à l’o­ri­gine de son zèle pour les âmes.

Les saints n’a­vaient pas honte d’être chré­tiens. Au contraire, ils en étaient fiers, de cette fier­té qui, loin d’être de l’or­gueil, consiste plu­tôt dans une force pleine de noblesse pour conser­ver sa foi et la répandre. Qu’importe si l’on se moque de nous ? Les Actes des apôtres nous rap­portent qu’a­près avoir été fla­gel­lés, sur ordre du Sanhédrin, les apôtres étaient « heu­reux d’a­voir été jugés dignes de souf­frir des outrages pour le nom de Jésus ». Non pas que la honte, en elle-​même, soit tou­jours un sen­ti­ment mépri­sable. On a honte de ce que l’on sou­hai­te­rait ne pas être ou ne pas pos­sé­der. Ainsi la honte d’a­voir com­mis une faute est salu­taire. Mais que dire de la honte d’a­voir la foi ? Ecoutons la voix du divin Maître :

« Quiconque me confes­se­ra devant les hommes, je le confes­se­rai aus­si moi-​même devant mon Père qui est dans les cieux. Mais qui­conque me renie­ra devant les hommes, je le renie­rai aus­si moi-​même devant mon Père qui est dans les cieux. »

De quoi exa­mi­ner sérieu­se­ment notre conscience…

Chers amis et bien­fai­teurs, voi­ci les sen­ti­ments que nous nous effor­çons, avec l’aide de Dieu, de trans­mettre à vos enfants. La tâche est dif­fi­cile. Je ter­mi­ne­rai en vous remer­ciant de votre pré­cieux sou­tien et en fai­sant à nou­veau appel à votre géné­ro­si­té, qui n’a plus à être prou­vée mais qui nous est tou­jours aus­si néces­saire pour faire fonc­tion­ner notre école. Le prix des sco­la­ri­tés, bien que très éle­vé pour les familles, ne suf­fit pour­tant pas à cou­vrir toutes les dépenses indispensables.

Nous vivons grâce à vos dons. Les prêtres et les élèves vous assurent de leurs prières reconnaissantes.

Abbé Bernard de Lacoste