Sermon du 15 août 2006 par l’abbé de Cacqueray

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ain­si soit il.

Chers confrères, Mes bien chers frères, 

Nous ne voyons pas reve­nir cette fête de l’Assomption, cette grande fête de la Très Sainte Vierge Marie sans qu’une espé­rance pro­fonde s’ins­crive dans notre cour, l’es­pé­rance que nos gémis­se­ments, que nos prières pour la conver­sion de la France, pour la conver­sion de nos âmes, pour le retour de l’Eglise vers sa Tradition, toutes ces grandes inten­tions pré­sentes en nous mêmes, puissent être davan­tage enten­dues par la Très Sainte Vierge Marie . 

La Très Sainte Vierge Marie, évi­dem­ment, est par­fai­te­ment atten­tive aux besoins, aux dési­rs de ses enfants . Si Notre Dame entend nos demandes et nos sup­pli­ca­tions, si nos cours sont vrai­ment pré­oc­cu­pés de lui deman­der la conver­sion de notre pays, le retour de l’Eglise à la Tradition, com­ment se fait il que nous en soyons là, accu­lés dans cette espèce d’im­passe où il semble que le Catholicisme se trouve réduit aujourd’­hui ? Force nous est de consta­ter que la situa­tion ne s’a­mé­liore guère. 

Il est évident que la faute ne se trouve pas en Notre Dame, ni dans le Bon Dieu. Alors il nous faut regar­der atten­ti­ve­ment la manière dont nous for­mu­lons nos demandes : sans doute ne demandons-​nous pas assez, sans doute demandons-​nous mal. Voilà l’u­nique cause pour laquelle nos sou­haits, nos aspi­ra­tions ne se pro­duisent pas plus rapi­de­ment, pas mieux. Il est cer­tain que cette fête de l’Assomption ne pro­dui­ra des fruits que si une conver­sion se réa­lise dans la Tradition et au plus pro­fond de nous mêmes. Les grandes vic­toires aux­quelles nous aspi­rons sont d’a­bord rem­por­tées au fond des âmes . 

C’était la volon­té des saints, de sainte Jeanne d’Arc comme de saint Pie V, que de n’a­voir comme com­pa­gnons d’armes que des sol­dats en état de grâce parce qu’ils savaient bien, les grands capi­taines chré­tiens, que c’est au dedans de nous mêmes que les choses com­mencent et que se trouvent livrées les batailles les plus déci­sives, celles qu’il est néces­saire de mener, non seule­ment pour obte­nir de faire son salut éter­nel et pour par­ve­nir à ce degré de per­fec­tion que le Bon Dieu veut de nous, mais parce qu” il n’y a pas de grandes vic­toires exté­rieures s’il n’y a pas d’a­bord ces grandes vic­toires intérieures. 

« Soyez par­faits comme votre Père du Ciel est parfait » ; 

cette demande de Dieu n’est pas réser­vée à quelques-​uns, elle est pour tous ! Prétendre à mener des conquêtes, des recon­quêtes, des croi­sades, tra­cer les plans de la res­tau­ra­tion du règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ, est illu­soire sans ce désir pro­fond de sain­te­té que le Bon Dieu demande à tous, sans que nous nous atta­quions bien plus fort encore à cet obs­cur chan­tier inté­rieur de sacri­fices et d’im­mo­la­tion pour que la mort du vieil homme per­mette aux forces, aux ver­tus, à l’es­prit de Notre Seigneur Jésus-​Christ de régner en nous. 

Rien de pro­fond, rien de bien, rien de fécond ne s’o­père sans cette sain­te­té per­sé­vé­rante de quelques âmes : si nous n’a­vions eu cette sain­te­té per­sé­vé­rante de Mgr Lefebvre, cette cha­pelle n’exis­te­rait pas, nous ne serions pas là. Il s’en est fal­lu d’une âme docile aux des­seins de Dieu, à accom­plir les ins­pi­ra­tions du Saint Esprit, pour que tout se trouve modi­fié, chan­gé pro­fon­dé­ment. Il s’en est fal­lu d’une seule âme ! Voilà à quoi les choses tiennent dans les plans de Dieu ! 

Alors, si nos sup­pli­ca­tions, si nos prières inté­rieures redoublent, si une fer­veur nou­velle s’empare de nos âmes, nous tou­che­rons le Cour de la Sainte Vierge ! Elle aura pitié de nous, comme elle a eu si sou­vent pitié dans l’Histoire de notre pays et elle obtien­dra du Bon Dieu une misé­ri­corde pour la France, pour les cours, pour cha­cun d’entre nous. 

Parce que le Bon Dieu a pro­té­gé dans nos cours la foi qu’Il nous a don­née, nous devons mesu­rer la res­pon­sa­bi­li­té consé­quente qui est la nôtre. A ceux qui ont beau­coup reçu, il sera beau­coup deman­dé. Quelle res­pon­sa­bi­li­té sur nos épaules, dans nos cours, dans nos âmes ! Si ce n’est pas des cours fidèles que cette prière, cette plainte pro­fonde auprès du Bon Dieu, s’é­lève, d’où vien­dra t elle alors que nous demeu­rons si peu nom­breux à conser­ver la foi aujourd’­hui en France ?

Nous ne pou­vons pas voir notre Eglise tom­ber en déli­ques­cence, notre pays enva­hi par les faux cultes, les faux dieux, par la dégé­né­res­cence morale, sans être ani­més par un désir pro­fond de ser­vir d’ins­tru­ments au Bon Dieu pour que Notre Seigneur Jésus-​Christ retrouve sa place de Roi des cours et de Roi des socié­tés. Nous n’a­vons pas le droit d’être indif­fé­rents, nous n’a­vons pas le droit à la médio­cri­té. Nous avons un devoir pro­fond de véri­té, de sainteté.

« Mon Dieu, don­nez moi la grâce, don­nez moi la force de me conver­tir ; don­nez moi la grâce et la force de ne pas demeu­rer dans une sorte de chris­tia­nisme, sans doute pra­ti­quant, mais un peu facile, un peu confor­table, avec ma Messe du dimanche, mais fina­le­ment si peu de mon cour don­né à Dieu, si peu de mon cour pour Lui, tant il est enva­hi de pré­oc­cu­pa­tions de cette terre .» 

Mes bien chers frères, il est urgent de com­prendre qu’il doit se pro­duire en nous tous une sorte de réac­tion pro­por­tion­nelle au mal qui s’am­pli­fie par­tout. N’attendons pas un renou­vel­le­ment du monde et des cours si nous ne com­pre­nons pas que nos âmes doivent être pro­fon­dé­ment enra­ci­nées en Dieu pour y pui­ser la sève spi­ri­tuelle qui pro­dui­ra les fruits que nous dési­rons tant. 

Alors, l’ac­ti­vi­té exté­rieure, l’a­pos­to­lat, ce désir de rame­ner des âmes à Jésus-​Christ pro­vien­dront de ces forces inté­rieures que donne la grâce et c’est vrai­ment le plan de Dieu qui sera mis en place. 

Voilà tout ce que nous deman­de­rons avec beau­coup de sup­pli­ca­tions et beau­coup de force à la Sainte Vierge aujourd’­hui. Fasse le Cour de Marie que nos réso­lu­tions soient humbles, pro­fondes et per­sé­vé­rantes .Ainsi, recon­quête, croi­sade, ne seront plus de vains mots parce que nous aurons com­pris que c’est dans nos cours, à l’in­time de nous mêmes, que doivent s’o­pé­rer d’a­bord la recon­quête et la croisade. 

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ain­si soit il.

Abbé Régis de Cacqueray-Valménier †

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.