Quelques nouvelles du chemin de Saint-​Jacques-​de-​Compostelle 2010

Le groupe des pèle­rins 2010 au départ de Domezain 

Présents depuis la veille au soir pour pré­pa­rer avec les reli­gieux du Prieuré/​Ecole Saint Michel Garicoïtz à Domezain (64) le départ des pèle­rins pour Saint-​Jacques-​de-​Compostelle, nous voyons nos « jac­quets » arri­ver les uns après les autres, se retrou­ver pour les Anciens, faire connais­sance pour les nou­veaux, joyeux et un peu inquiets tout de même.

En effet, 816 km les séparent du tom­beau de Saint-​Jacques. 33 jours de marche pour médi­ter sur autant d’année de la vie de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, por­tant dans le sac « leur mai­son » et dans la tête l’intention qui les a moti­vé pour se lan­cer dans cette aven­ture, et pour cer­tains l’intention du par­rain qui les a aidé pour accom­plir ce pèlerinage.

Ce soir du 3 juillet, c’est le der­nier repas de fête. Après avoir enten­du la Sainte Messe d’ouverture, nos pèle­rins se réunissent pour une pho­to de groupe et, après une san­gria fraîche et frui­tée, ils dévorent un dîner basque pré­pa­ré par une « béné­vole pur jus » à leur intention !

Ca y est ! C’est par­ti ! Le pèle­ri­nage com­mence : pre­mière nuit à la dure sous le préau de l’Ecole !

Après la messe domi­ni­cale du len­de­main matin, l’aumônier du pèle­ri­nage, Monsieur l’abbé PINAUD, Directeur de l’Ecole de Domezain, leur donne l’axe de ses pré­di­ca­tions pour les messes qui seront célé­brées chaque jour à l’heure ves­pé­rale : les Exercices de Saint-​Ignace… en 33 jours !

Cet axe de médi­ta­tion de nos jac­quets vient si bien en conti­nui­té du thème de notre pèle­ri­nage du Sacré-​Cœur de la Pentecôte 2010 : le com­bat de la Foi !

Une des cita­tions qui ornent les murs de cette édi­fiante école de gar­çons qu’est Saint-​Michel Garicoïtz, pla­cée sous la sta­tue de Saint-​Jacques Matamore, rap­pelle : « Dieu ne nous demande pas d’être vic­to­rieux, mais il nous demande de com­battre ! ». Et l’Apôtre Saint-​Jacques ne nous le montre-​t-​il pas dans cette repré­sen­ta­tion du Matamore où il décime les enne­mis de la Foi, quels qu’ils soient !

En effet, res­tons humbles, ce ne sont nos exploits per­son­nels qui donnent la vic­toire. Sainte Jeanne d’Arc nous l’a bien dit : « Les hommes d’armes bataille­ront et Dieu don­ne­ra la victoire ! »

Et nous sommes tous deve­nus par le sacre­ment de Confirmation des sol­dats du Christ…

C’est bien le sens de la céré­mo­nie qui a sui­vi cette messe domi­ni­cale du 4 juillet…

En effet après la messe, réunis sous la sta­tue du Sacré-​Cœur dans la cour de l’Ecole, cha­cun des 44 pèle­rins pré­sents dès le départ, à genoux, ont reçu de l’aumônier les béné­dic­tions de la besace (leur sac), du bour­don (leur bâton de marche) et du pèlerin.

Et cette béné­dic­tion par­ti­cu­lière a deux significations.

Elle est d’abord comme le revê­te­ment d’une armure qui va pro­té­ger les pèle­rins des attaques inces­santes que le démon ne va pas man­quer de leur déco­cher comme autant de flèches tout le long du Chemin : la fatigue, la souf­france, l’envie, le découragement, …

Mais cette béné­dic­tion est aus­si comme une arme ardente et flam­boyante comme la Foi qui les habite et qui va les ame­ner à faire de l’apostolat tout le long du Chemin par leur exemple de cha­ri­té et de joie, chaque jour nour­ries par la messe du soir à l’étape, leurs prières, leurs méditations,…

Dès lors ils peuvent mar­cher, seul ou par 2 ou 3, selon leur gré, selon leur rythme, s’arrêtant où et quand ils le veulent, man­geant et dor­mant où et quand ils le sou­haitent, dans une albergue, sous un abri, sous un porche d’église, sous la voûte céleste… Ils vont et font « leur » Chemin !

Alors : « Buen Camino ! »


Dialogue com­pli­qué avec un pre­mier contact avec un autochtone… 

Et les étapes s’égrènent : Ostabat, Untto (pro­non­cer « oun­tio »), puis le pas­sage en Espagne pour arri­ver à Roncevaux, ce col si cher aux francs preux et chré­tiens que nous sommes, Zubiri, Cizur Minor, Cirauqui, Villamajor de Monjardin (lire « mon­rar­dine »), etc.… pour les 26 autres étapes !

Ce que res­sentent les pèle­rins, il n’y a qu’eux qui peuvent vous le dire car, même pour les anciens jac­quets, ces « réci­di­vistes du Camino fran­cès », chaque pèle­ri­nage est différent.

Peut-​être le lirez-​vous sur La Porte Latine ou dans Pélé-​Infos que vous pou­vez trou­ver sur le site de Pèlerinages de Tradition ().


Impossible de se trom­per de route ? Ce n’est pas sûr…

Ils vous par­le­ront moins des fatigues, des souf­frances, des bles­sures que subit leur corps que de la joie qu’ils ont res­sen­tie quand ils les ont domi­nées par le cou­rage pui­sé dans la prière et la médi­ta­tion ; par la volon­té d’arriver à l’étape pour entendre, en com­mu­nau­té, la Sainte Messe, et trou­ver que leurs petites misères du jour sont tel­le­ment moindres que le sacri­fice divin qu’ils viennent de revivre en regar­dant l’autel ; mais aus­si par l’attention qu’ils ont por­tée à l’homélie de l’aumônier qui leur parle de l’imitation de Jésus-​Christ et dont les mots vivants leur sont une nour­ri­ture revi­go­rante qui les aide à reprendre le sac et à repar­tir sur le Chemin…

Ils vous par­le­ront plus faci­le­ment de ces joies simples qu’ils ont goû­tées pen­dant leur marche épui­sante, comme Saint François d’Assise, en contem­plant la beau­té de la créa­tion divine par ces pay­sages mer­veilleux et si dif­fé­rents entre les régions tra­ver­sées : la colo­rée et mon­ta­gneuse Navarre espa­gnole ; la riche Rioja avec ses plants de vigne ; l’industrieuse Castille de Burgos ; l’agraire et vivante León avec son inquié­tant mais si envoû­tant désert de la Meseta ; et, enfin, la verte Galice, but ultime de leur périple.

Mais ils vous en par­le­ront avec pudeur, car le che­min de Saint-​Jacques, c’est un pèle­ri­nage intime, où le jac­quet est seul avec Dieu pour Le prier, L’honorer, Le louer, Le ser­vir… A l’image de Saint-​Jacques, Apôtre et com­bat­tant de la Foi.

Alors en atten­dant leur retour voi­ci quelques pho­to­gra­phies des quelques 90 pèle­rins de cette édi­tion 2010.


L’abbé Pinaud à Tosantos, qui a pu célé­brer la messe dans une église troglodyte.
Certains y ont même pas­sé la nuit.
Campement à Villar de Mazarife.

Parcourons les, ensemble et tran­quille­ment en regar­dant les légendes, et prions pour eux qui ne sont pas encore au bout de leurs peines, mais qui ont un cœur et un esprit plein d’espérance, de joie, de force et de charité.


La fla­gel­la­tion à Burgos. Devant cela, nous oublions nos ampoules

Récitons avec eux cette prière à Monseigneur Saint-Jacques :

Glorieux Apôtre Saint-Jacques,
Soutenez-​nous dans les dan­gers, et allé­gez nos marches ;
Soyez pour nous une ombre contre le soleil, un man­teau contre la pluie et le froid ;
Soyez le bâton qui évite les chutes et le port qui accueille les naufragés ;
Afin que, gui­dés par Vous, nous attei­gnions avec cer­ti­tude notre but,
et reve­nions sains et saufs à la maison.

Ultreïa !

Photos et textes envoyés par François-​Xavier RENAULD au nom de tous les Jacquets 2010