Mysterium Fidei nº 40 – L’aumône spirituelle

Mars – Avril 2006

L’aumône spirituelle

Le Carême est un temps par­ti­cu­lier où il nous est deman­dé d’exercer la misé­ri­corde. Il ne fau­drait pas croire que l’exercice de cette misé­ri­corde doive se limi­ter au seul sou­la­ge­ment de la misère phy­sique. A côté des aumônes cor­po­relles, l’Eglise nous indique sept aumônes spi­ri­tuelles : conseiller les hési­tants, reprendre les cou­pables, ins­truire les igno­rants, conso­ler les affli­gés, par­don­ner les injures, sup­por­ter ceux qui nous sont à charge, et prier pour tous.

L’aumône spi­ri­tuelle sur laquelle l’Eglise revient avec le plus d’insistance, au cours du Carême, c’est sûre­ment le par­don des injures. Cette aumône-​là est très coû­teuse, car remettre une dette exige plus de géné­ro­si­té que faire un don. Oublier les injures, les oublier du fond du cœur, c’est peut-​être le point d’observance sur lequel les Pères reviennent le plus. La rai­son en est fort simple. Le Carême nous pré­pare à la célé­bra­tion du mys­tère de la Croix. Or nul ne peut obte­nir la plé­ni­tude du par­don divin, fruit propre de ce mys­tère, s’il ne rem­plit la condi­tion posée par Notre-​Seigneur lui-​même : « Remettez et il vous sera remis ».

Cependant nous avons l’occasion de pra­ti­quer le sup­port mutuel plus sou­vent et de manière plus large que le par­don des offenses. En plus d’une épître, saint Paul conjure les chré­tiens de « se sup­por­ter les uns les autres dans la cha­ri­té ». Supporter avec une patience inal­té­rable les défauts d’autrui ; s’accommoder des diver­gences de carac­tère, des oppo­si­tions de tem­pé­ra­ment de notre entou­rage proche ou loin­tain ; subir sans aigreur les mal­adresses dont nous sommes par­fois vic­times ou les pro­cé­dés peu déli­cats, tout cela sup­pose le don total dans un constant oubli de soi.

D’ailleurs le sup­port mutuel que recom­man­dait saint Paul n’est pas sim­ple­ment bien­veillante indul­gence à l’égard de tous ceux qui peuvent nous cau­ser quelque déplai­sir. Le véri­table sup­port va bien au-​delà, car il consiste à s’entraider réso­lu­ment en toutes cir­cons­tances, à se prê­ter mutuel­le­ment appui dans les mul­tiples peines, épreuves et cha­grins de la vie cou­rante. « Portez mutuel­le­ment vos far­deaux, disait saint Paul, c’est ain­si que vous accom­pli­rez la loi du Christ » (Gal. 6, 2).

Que ce saint temps du Carême soit donc l’occasion pour tous les ter­tiaires de pra­ti­quer géné­reu­se­ment en toutes cir­cons­tances cet impor­tant devoir du sup­port mutuel et du par­don des offenses. Ce qui est dif­fi­cile à la nature, est facile à la grâce et s’obtient par la prière.

Votre aumô­nier vous sou­haite un saint Carême et de joyeuses fêtes de Pâques. 

Abbé François Fernandez †