Entretien avec l’abbé Rostand – Mgr Marcel Lefebvre : un évêque de l’Eglise

Catholic Family News : 1 – Pouvez-​vous nous par­ler du docu­men­taire actuel­le­ment en pro­duc­tion : « Mgr Marcel Lefebvre : un évêque de l’Eglise »

Abbé Arnaud Rostand : Il y a quelques mois, le District de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X en France a lan­cé la pro­duc­tion d’un docu­men­taire sur la vie de Mgr Marcel Lefebvre. J’ai immé­dia­te­ment offert la col­la­bo­ra­tion du District des États-​Unis, le deuxième District de la Fraternité, car je vois ce pro­jet comme un moyen de faire davan­tage connaitre le rôle et la mis­sion de Mgr Lefebvre. Mais déjà, j’é­tais en contact avec cer­tains fidèles ici aux États-​Unis qui avaient eu la même idée et avaient déjà pro­pose leur aide.

2 – J’ai enten­du dire que Mgr Fellay, Supérieur géné­ral de la SSPX, a sou­te­nu ce pro­jet. Que peut appor­ter le District amé­ri­cain à ce documentaire ? 

Je crois que le District amé­ri­cain peut appor­ter beau­coup à ce pro­jet. Tout d’a­bord, comme je l’ai déjà men­tion­né, les États-​Unis consti­tuent le deuxième plus grand District de la Fraternité en nombre de prêtres, de fidèles et de mai­sons (cha­pelles, écoles, etc…). Voila un beau résul­tat du tra­vail de Monseigneur dans le monde. Deuxièmement, les fidèles amé­ri­cains ont un grand amour et un pro­fond atta­che­ment pour Monseigneur. Je suis cer­tain qu’ils sont très heu­reux de voir cet effort entre­pris. J’ai confiance éga­le­ment en leur mer­veilleuse géné­ro­si­té pour aider à cette pro­duc­tion, occa­sion pour eux d’exprimer leur pro­fonde gra­ti­tude envers lui.

C’est aus­si l’oc­ca­sion pour nous de ras­sem­bler les archives amé­ri­caines sur notre véné­ré fon­da­teur. Ceci est très impor­tant : c’est un tra­vail d’histoire, un devoir de main­te­nir sa mémoire vivante pour les géné­ra­tions futures.

Son Excellence Monseigneur Fellay a vrai­ment béni ce pro­jet. Il y voit une grande et noble entre­prise. Il a accep­té de plus d’ouvrir toutes les archives de la Fraternité, ce qui consti­tue un énorme tré­sor et, en outre, un grand signe de confiance.

3 – Que pré­tend réa­li­ser la Fraternité avec ce documentaire ?

La volon­té de la Fraternité est de pré­sen­ter l’extraordinaire vie de Monseigneur, fon­da­teur de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X. De nom­breux livres ont été écrits sur lui ; nom­breux sont ceux qui ont déjà lu, par exemple, sa bio­gra­phie par Mgr Tissier de Mallerais, un chef-​d’œuvre sur la vie de l’ar­che­vêque et un colos­sal tra­vail d’his­toire. Et cepen­dant, quoiqu’on ait déjà beau­coup dit ou écrit sur lui, sa vie et nom­breuses de ses œuvres sont mal connues. L’un des prin­ci­paux objec­tifs est donc de le faire mieux connaitre.

Il est aujourd’­hui néces­saire d’u­ti­li­ser des sup­ports visuels. Car pour beau­coup qui n’ont jamais enten­du par­ler de Monseigneur, ce pour­rait être leur pre­mière ren­contre avec la tra­di­tion. Pour beau­coup de jeunes, ce devrait être un nou­veau moyen d’en savoir plus sur lui et de l’admirer. Aussi nous espé­rons que ce docu­men­taire sus­ci­te­ra l’in­té­rêt et l’envie d’en savoir plus.

D’autre part, ce tra­vail est aus­si un acte de jus­tice envers Monseigneur car nous sommes ses fils spi­ri­tuels, prêtres catho­liques grâce à son cou­rage et déter­mi­na­tion. Ce sera donc pour nous un moyen de l’honorer et d’exprimer notre recon­nais­sance. Et parce que nous lui devons tous tel­le­ment, nous sommes tous invi­tés à col­la­bo­rer à cette œuvre.

4 – Avez-​vous une date pré­vue pour sa publication ?

Le District de France a l’in­ten­tion de pro­duire ce film avant la fin de l’année 2010. Il y a beau­coup à faire pour être en mesure d’at­teindre cet objec­tif, mais faisons-le !

5 – Ce docu­men­taire sera-​t-​il dif­fu­sé sur les canaux de télé­vi­sion ou sur le câble, ou sor­ti­ra t‑il direc­te­ment en DVD ?

Le pre­mier objec­tif est de le rendre acces­sible sur DVD à autant de per­sonnes que pos­sible, à un prix très rai­son­nable afin de pou­voir le répandre faci­le­ment. Nous n’a­vons pas encore étu­dié la pos­si­bi­li­té d’une dif­fu­sion télé­vi­sée ; ce serait évi­dem­ment une grande réussite.

6 – Quelles sont les points plus impor­tants de la vie de Mgr Lefebvre ?

Ce qui est le plus impor­tant peut-​être, c’est de mon­trer com­ment un seul homme, simple évêque catho­lique, a résis­té au monde entier, même aux plus hautes auto­ri­tés dans l’Eglise. Un homme s’est dres­sé contre tous, défiant l’es­prit du monde, dénon­çant l’es­prit moder­niste de Vatican II. Cela, en soi, est une his­toire incroyable et ce n’est pas une œuvre de fic­tion, un conte ou une pro­duc­tion de l’i­ma­gi­na­tion ; c’est la réa­li­té ! Ce n’est pas une his­toire vieille de deux siècles, une his­toire ancienne ; cela est arri­vé il y a juste quelques décen­nies avec de graves consé­quences pour le monde dans lequel nous vivons. C’est une his­toire d’intérêt tout par­ti­cu­lier pour cha­cun d’entre nous aujourd’hui.

Mais il y a tel­le­ment plus à mon­trer, par exemple en remon­tant à ses jeunes années. Il y a l’his­toire de ses saints parents, l’éducation qu’il a reçu béné­fi­ciant du motu pro­prio de saint Pie X concer­nant l’âge de la pre­mière com­mu­nion, la fon­da­tion d’une solide assise doc­tri­nale reçue au sémi­naire fran­çais a Rome, l’in­fluence du père Le Floch dans sa for­ma­tion phi­lo­so­phique et théo­lo­gique, « un homme d’une grande bon­té et d’une grande fer­me­té doc­tri­nale auquel je dois beau­coup pour ma for­ma­tion de sémi­na­riste et de prêtre », comme Monseigneur en a témoi­gné, un homme qui « vou­lait for­mer ses sémi­na­ristes en par­faite confor­mi­té a la tra­di­tion et a la véri­té. » On peut mon­trer com­ment l’encyclique Quas Primas l’a influen­cé et même conver­ti, fai­sant de lui un fervent apôtre du Christ Roi, ou encore sa voca­tion reli­gieuse chez les Pères du Saint-​Esprit, sa vie mis­sion­naire en Afrique et tel­le­ment plus. Tout dans sa vie illustre com­ment il a sui­vi la Providence ; une leçon pour nous.

Sa fidé­li­té a la Providence et com­ment la Providence l’a pré­pa­ré pour sa future mis­sion pen­dant la révo­lu­tion dans l’Eglise est un belle page d’histoire. Sa vie, toute dédiée à l’Église catho­lique en fai­sant de lui un ser­vi­teur de la Papauté, en par­ti­cu­lier en tant que Délégué apos­to­lique et Assistant au trône pon­ti­fi­cal, le pré­pa­rait à défendre l’Église et le Pape dune manière très dif­fé­rente mais com­bien véri­table. Permettez-​moi de citer Monseigneur le 29 novembre 1975 à Ecône : « J’ai tra­vaillé uni­que­ment à Son ser­vice et je désire tra­vailler jusqu’a la fin de mes jours à Son ser­vice. » Voila un résu­mé de sa vie par ses propres mots, encore une fois, un exemple à suivre.

7 – Le com­bat de Mgr Lefebvre concernait-​il seule­ment la messe Tridentine, ou bien la tota­li­té de la foi ?

Monseigneur Lefebvre l’a sou­vent répé­té : « lex oran­di, lex cre­den­di, » c’est-​à-​dire que la litur­gie est inti­me­ment liée à la foi. En d’autres termes, la manière de prier (lex oran­di) exprime ce que l’on croit (lex cre­den­di). « Nous devons dire avec l’Église que la litur­gie est vrai­ment une école et une expres­sion de la foi, parce que la source de la litur­gie est pré­ci­sé­ment la foi », déclarait-​il le 7 février 1980. Ce prin­cipe explique et est essen­tiel pour com­prendre pour­quoi l’ar­che­vêque a reje­té la Nouvelle messe et a défen­du l’ancienne.

Pour des motifs d’œcuménisme, la nou­velle messe a pro­po­sé des prières nou­velles qui refu­saient d’ex­pri­mer cer­tains dogmes catho­liques, sim­ple­ment parce qu’ils étaient oppo­sés aux idées pro­tes­tantes. La nou­velle Liturgie ne trans­met­tait plus la foi catho­lique concer­nant la pré­sence réelle de notre Seigneur Jésus Christ, la Transsubstantiation ou le carac­tère pro­pi­tia­toire du sacri­fice avec ses consé­quences quant au péché, a l’en­fer et a la grâce. Toutes ces notions, incom­pa­tibles avec la foi pro­tes­tante, ont été sim­ple­ment gom­mées ou dimi­nuées. La nou­velle messe, en n’exprimant plus ces dogmes catho­liques, même si ce n’est que par omis­sion, condui­ra à une perte de la foi, bien plus, pro­dui­ra une foi nou­velle. Voila pour­quoi Monseigneur a dénon­cé le dan­ger de la nou­velle messe : « Cette nou­velle messe est un sym­bole, une expres­sion, une image d’une foi nou­velle, d’une foi moder­niste… » (29 juin 1976) L’autre consé­quence logique du prin­cipe « lex oran­di, lex cre­den­di » fut donc non seule­ment de dénon­cer la nou­velle messe, mais sur­tout de pro­té­ger l’an­cienne. La pro­tec­tion de la foi était la rai­son de son atta­che­ment à la messe Tridentine et c’est ain­si qu’il est deve­nu le grand défen­seur de la Messe. Par la fon­da­tion de sémi­naires, par les ordi­na­tions sacer­do­tales et les consé­cra­tions épis­co­pales, il a non seule­ment sauve la messe de saint Pie V, mais aus­si la foi. « Nous vou­lons gar­der la foi catho­lique par la Messe catho­lique, non par une Messe œcu­mé­nique… » écri­ra t‑il au Cardinal Seper, le 26 février 1978.

« C’est parce que dans cette Messe se trouve toute notre foi, toute la foi catho­lique : la foi dans la Sainte Trinité, la foi dans la divi­ni­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ, la foi dans la Rédemption par Notre Seigneur Jésus-​Christ, la foi dans le Sang de Notre Seigneur Jésus-​Christ, qui a cou­lé pour la Rédemption de nos péchés, la foi dans la grâce sur­na­tu­relle, qui nous vient du Saint Sacrifice de la Messe, qui nous vient de la Croix, qui nous vient par tous les sacre­ments. Voilà ce que nous croyons en célé­brant le Saint Sacrifice de la Messe de tou­jours. Cette Messe est une leçon de foi, indis­pen­sable pour nous en cette époque où notre foi est atta­quée de toutes parts. » 29 Juin 1976.

Aussi pouvons-​nous aujourd’­hui, répé­ter après lui : « Certainement la ques­tion de la litur­gie et des sacre­ments est très impor­tante, mais ce n’est pas la plus impor­tante. La plus impor­tante, c’est celle de la foi. Pour nous, elle est réso­lue. Nous avons la foi de tou­jours, celle du concile de Trente, du caté­chisme de saint Pie X, de tous les conciles et de tous les papes d’avant Vatican II. » Février 1991

Plus on lit Monseigneur, plus on com­prend que toute sa vie a été consa­crée à l’Eglise et par consé­quent à la foi catho­lique. Évidemment, Mgr Marcel Lefebvre est plu­tôt connu comme un défen­seur de la vraie messe mais en réa­li­té, il est bien plu­tôt le vrai pro­tec­teur de la foi catholique.

8 – Comment la foi catho­lique elle-​même a‑t-​elle été mena­cée par le Concile Vatican II ?

Monseigneur Lefebvre l’explique magis­tra­le­ment dans les cha­pitres 13 et 14 de son ouvrage Lettre ouverte aux catho­liques per­plexes, livre que tout le monde devrait lire. C’est une lec­ture facile, très com­pré­hen­sible et éclai­rante. Il y a plu­sieurs rai­sons dans la mise en péril de la foi par le Concile.

Tout d’a­bord, nous devons obser­ver que les enne­mis de l’Eglise, mal­gré les condam­na­tions infaillible des papes du XVIIIe et XIXe siècles, ont réus­si à dif­fu­ser leurs idées pré­pa­rées dans les Loges Maçonniques. Malgré les condam­na­tions et les mesures prises par saint Pie X et Pie XII pour éra­di­quer ces erreurs, elles ont péné­tré l’Eglise sous le nom de moder­nisme. Une seconde expli­ca­tion his­to­rique c’est la grande illu­sion libé­rale qui condui­sit Jean XXIII à dési­rer que le Concile soit l’oc­ca­sion d’un aggior­na­men­to avec le monde moderne.

De plus, il faut cer­tai­ne­ment ajou­ter une baisse d’in­té­rêt pour la saine phi­lo­so­phie Thomiste et une cer­taine perte de fer­veur dans le monde catho­lique dans les années qui sui­virent la seconde guerre mon­diale. Alors vint la « troi­sième guerre mon­diale », beau­coup plus dan­ge­reuse et meur­trière que les pré­cé­dentes. Cette expres­sion est de Monseigneur Lefebvre lui-même.

En d’autres termes, ce qui a réel­le­ment mena­cé la foi a Vatican II c’est l’in­tro­duc­tion, au sein de l’Eglise, de prin­cipes maçon­niques et anti­ca­tho­liques ; la liber­té reli­gieuse, l’é­ga­li­té col­lé­giale et la Fraternité œcu­mé­nique, pour reprendre les termes mêmes de Monseigneur. Ce sont ces nou­veau­tés qui ont mis en péril la foi catholique.

Par exemple, par l’in­tro­duc­tion d’un nou­vel œcu­mé­nisme. Le Concile Vatican II a décla­ré que : « ces Églises et com­mu­nau­tés sépa­rées, bien que nous croyions qu’elles souffrent de défi­ciences, ne sont nul­le­ment dépour­vues de signi­fi­ca­tion et de valeur dans le mys­tère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se ser­vir d’elles comme de moyens de salut, dont la ver­tu dérive de la plé­ni­tude de grâce et de véri­té qui a été confiée à l’Église catho­lique. » (Unitatis Redintegratio, n. 3) Contrairement a l’en­sei­gne­ment des papes pré­cé­dents, le Concile affirme qu’il y a des élé­ments de salut dans les fausses reli­gions, qu’elles peuvent aider les per­sonnes à se sau­ver puisqu’elles sont « moyens de salut uti­li­sés par l’es­prit du Christ. » Cette nou­velle doc­trine conduit au rela­ti­visme en matière reli­gion. En par­ti­cu­lier, elle implique qu’il n’est pas néces­saire de se conver­tir à l’Eglise pour assu­rer son salut. Peu à peu dis­pa­rait le dogme de la foi : « hors de l’é­glise, pas de salut ». Ce dogme a besoin d’ex­pli­ca­tion et doit être enten­du de manière catho­lique sans doute, mais c’en est pas moins un dogme qui nous rap­pelle le rôle unique de notre Seigneur Jésus Christ, seul Sauveur et la mis­sion de l’Unique Vraie Eglise qu’Il a fondée.

C’est effrayant, par exemple, de voir com­ment aujourd’­hui, les catho­liques qui ont assis­té régu­liè­re­ment à la nou­velle messe pen­dant les der­nières décen­nies, sont les plus fer­vents pro­mo­teurs de cet œcu­mé­nisme. Par la même, ils n’ont aucune com­pré­hen­sion de l’absolue néces­si­té de notre Seigneur et de son église divine pour être sauve. C’est un effet de Vatican II ; l’effroyable perte de la vraie foi catholique.

Toutes ces consi­dé­ra­tions sont en même temps une leçon pour nous. Le retour défi­ni­tif à la solide phi­lo­so­phie Thomiste, l’étude réflé­chie de l’en­sei­gne­ment tra­di­tion­nel de l’Eglise et des papes, un regain d’au­then­tique pié­té fon­dée sur la doc­trine, la com­pré­hen­sion pro­fonde de l’op­po­si­tion radi­cale exis­tant entre l’Eglise de Dieu et le monde : voi­la les réponses à la crise dans l’Église et les fon­de­ments néces­saires pour le renou­veau de la foi.

9 – Quelles leçons la fidé­li­té de Mgr Lefebvre enseigne t‑elle à ceux d’entre nous qui luttent encore pour la vraie messe et pour l’adhésion inté­grale à la doc­trine, comme Vatican I l’en­seigne, « dans le même sens dans la même com­pré­hen­sion », comme l’Eglise a ensei­gné a tra­vers les siècles ?

L’une des grandes leçons que Monseigneur nous enseigne, c’est, je crois, gar­der la paix de l’âme au milieu même des situa­tions les plus hor­ribles. Il est impor­tant de lire de nou­veau et encore com­ment il est reste confiant aux moments les plus dif­fi­ciles, alors même qu’il avait à prendre des déci­sions cru­ciales. Il lui a été deman­dé quel­que­fois s’il se sen­tait seul et iso­lé. Voici la réponse qu’il don­na à un jour­na­liste amé­ri­cain en 1978 : « Comment puis-​je me sen­tir seul quand je suis en com­mu­nion avec 262 papes et l’en­semble de la foi catho­lique ? » Quelle force ! Tous ceux qui l’ont connu peuvent témoi­gner com­bien il était pai­sible. Jeune sémi­na­riste durant ses der­nières années, je me sou­viens très bien de sa séré­ni­té. J’en ai tou­jours été pro­fon­dé­ment impressionné.

Je pense que cette paix pro­ve­nait sur­tout de sa déter­mi­na­tion à tou­jours « Suivre la Providence et a ne pas La pré­cé­der ! » Il se plai­sait à répé­ter et recom­man­der cette maxime pour nous ensei­gner à suivre la voie droite. Il com­pa­rait la vie à un mor­ceau de musique où Dieu lui-​même écrit les notes et les lignes. A nous de suivre. Malheureusement, c’est nous qui fai­sons les fausses notes. Si nous sui­vions seule­ment le ton déter­mi­né par le Bon Dieu, comme la musique serait belle ! « Laissons Dieu agir et n’intervenons pas par nous-​mêmes pour détruire l’harmonie que le Bon Dieu veut mettre dans notre vie. C’est la tout le pro­blème de notre existence. »

Pour être aus­si pra­tique que pos­sible, l’une des demandes très concrètes de Monseigneur a été d’appeler à une croi­sade. Souvenons-​nous du ser­mon de son jubi­lé en 1979 : « Que nous reste-​t-​il à faire ? Mes bien chers frères si, ain­si, nous appro­fondissons ce grand mys­tère de la messe. Eh bien ! Je pense pou­voir dire que nous devons faire une Croisade, appuyée sur le Saint Sacri­fice de la Messe, sur le Sang de Notre Seigneur Jésus-​Christ, appuyée sur ce roc invin­cible et sur cette source inépui­sable de grâces qu’est le Saint Sacrifice de la Messe. »

Il nous a enrô­lé dans une croi­sade, une croi­sade pour la messe, pour sau­ver le Saint sacri­fice de la messe, une croi­sade pour les voca­tions, une croi­sade pour une jeu­nesse non pas agi­tée par les pas­sions, mais moti­vée par un vrai idéal, une croi­sade pour les familles chré­tiennes, une croi­sade pour les pays catho­liques : « Vous n’a­vez pas le droit de lais­ser votre pays enva­hi par le socia­lisme et le com­mu­nisme. Vous n’en avez pas le droit ou vous n’êtes plus catholique. »

Et nous sommes tou­jours dans cette croi­sade. Nous vou­lons et devons conti­nuer à res­tau­rer le monde catho­lique basé sur le Saint Sacrifice de la Messe.

10 – Pouvez-​vous com­men­ter la décla­ra­tion de 1974, et nous dire com­ment cette décla­ra­tion sert tou­jours de guide a la Fraternité Saint Pie X aujourd’hui ?

Cette décla­ra­tion a vrai­ment été écrite sous l’inspiration du Saint-​Esprit. Rien n’a change dans ses prin­cipes et elle demeure la chartre de notre com­bat aujourd’hui. La meilleure illus­tra­tion ou preuve de son impor­tance comme aus­si de la fidé­li­té de la Fraternité se trouve dans la décla­ra­tion que le Chapitre General de notre Fraternité fai­sait en 2006 : « (…) la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X tient à décla­rer sa ferme réso­lu­tion de pour­suivre son action, Dieu aidant, dans la ligne doc­tri­nale et pra­tique tra­cée par son véné­ré fon­da­teur, Monseigneur Marcel Lefebvre. Marchant sur ses pas dans le com­bat pour la défense de la foi catho­lique, la Fraternité fait plei­ne­ment siennes ses cri­tiques envers le concile Vatican II et ses réformes, telles qu’il les a expri­mées dans ses confé­rences et ses ser­mons, et en par­ti­cu­lier dans sa décla­ra­tion du 21 novembre 1974 : ‘ Nous adhé­rons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catho­lique, gar­dienne de la Foi catho­lique et des tra­di­tions néces­saires au main­tien de cette Foi, à la Rome éter­nelle, maî­tresse de sagesse et de véri­té. Nous refu­sons par contre, et nous avons tou­jours refu­sé de suivre la Rome de ten­dance néo-​moderniste et néo-​protestante qui s’est mani­fes­tée clai­re­ment dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues ».

Ce qui est éton­nant dans cette célèbre décla­ra­tion de 1974 c’est sa clair­voyance. Nous sommes moins de dix ans âpres le Concile, la Fraternité Saint-​Pie X est une Fraternité sacer­do­tale légi­time, ‑il y a bien déjà des per­sé­cu­tions mais pas encore de condamnation- et Monseigneur voit la néces­si­té d’une décla­ra­tion publique. Cette décla­ra­tion est si claire, si pré­voyante, qu’au­jourd’­hui encore elle exprime la posi­tion de la Fraternité sans qu’il soit néces­saire d’en chan­ger d’un iota. Nous pour­rions dire que c’est une sorte de pro­phé­tie, une pro­phé­tie de ce qui allait deve­nir plus net et plus claire avec les années, une pro­phé­tie quant à la vraie ligne de conduite néces­saire pour res­ter fidèle à l’Église et à la foi.

Les prin­ci­paux points de cette décla­ra­tion sont, d’abord, une adhé­sion à la Rome éter­nelle et un refus des ten­dances néo-​moderniste de Vatican II. Deuxièmement, un refus de par­ti­ci­per à l’auto-​démolition de l’Eglise, en par­ti­cu­lier par des com­pro­mis sur la doc­trine de l’Eglise. Ensuite, c’est un refus de la nou­velle messe parce « cette Réforme étant issue du libé­ra­lisme, du moder­nisme, est tout entière empoi­son­née ; elle sort de l’hérésie et abou­tit à l’hérésie, même si tous ses actes ne sont pas for­mel­le­ment héré­tiques ». Enfin, la per­sé­vé­rance dans notre tra­vail en évi­tant tout esprit de rébel­lion, d’amertume ou de res­sen­ti­ment. Si la Fraternité aujourd’­hui est fidèle à ces points ? Je le crois cer­tai­ne­ment. C’est bien notre bannière.

11- Le 25 mars 2011, ce sera le 20ème anni­ver­saire du décès de Mgr Lefebvre. Il y a donc une géné­ra­tion de catho­liques dans la Tradition qui sont rede­vables à Mgr Lefebvre pour son com­bat de la foi, mais qui ne l’ont jamais vu ou per­son­nel­le­ment ren­con­tré. Cela inclut de nom­breux jeunes prêtres dans le FSSPX elle-​même. Ce film aide­ra donc la jeune géné­ra­tion à décou­vrir Monseigneur et son combat ?

C’est bien ce que nous espé­rons. Il est dif­fi­cile pour les jeunes d’au­jourd’­hui de com­prendre la situa­tion de l’Eglise, la crise au sein de l’Eglise et même les posi­tions de la Fraternité Saint-​Pie X. Ils n’ont évi­dem­ment pas vécu les batailles des pre­mières années après Vatican II, les choix à faire en 1976 avec la sus­pens a divi­nis, ou lors des consé­cra­tions des quatre évêques en 1988. Car ces évé­ne­ments ont for­cé cha­cun d’entre nous à faire un choix. Nous avons donc dû pen­ser, étu­dier et com­prendre les rai­sons de ces choix. Aujourd’hui, les jeunes issus de familles tra­di­tio­na­listes héritent de la géné­ra­tion pré­cé­dente. Bon nombre d’entre eux sont nés dans une famille tra­di­tio­na­liste, ont été bap­ti­sés dans une cha­pelle de Fraternité, ont gran­di dans l’une de nos écoles – mer­ci mon Dieu ! Ils n’ont jamais assiste a une nou­velle messe ; ils ont été pro­té­gés ‑ce qui est une bonne chose- mais cela ne les oblige pas à pen­ser et à se rendre compte du ter­rible état de l’Eglise ou du drame qui est en cours. Nous devons donc les aider à com­prendre la lutte dans laquelle nous sommes.

Ils ont tout d’a­bord à com­prendre que nous sommes en guerre ! Il est facile d’être pris par une sorte de rou­tine, où la situa­tion appa­rait nor­male. Ils doivent prendre conscience que nous sommes au milieu d’une guerre, « la troi­sième guerre mon­diale » men­tion­née plus haut. C’est une guerre spi­ri­tuelle, mais néan­moins véri­table, une bataille entre l’Eglise et le monde. Elle n’est pas vrai­ment nou­velle, car elle a tou­jours exis­té, mais c’est une guerre avec des armes nou­velles, des armes « nucléaires » : œcu­mé­nisme et liber­té reli­gieuse, armes de des­truc­tion mas­sive pour le monde et au sein de l’Eglise.

Deuxièmement, les jeunes doivent déli­bé­ré­ment entrer dans cette guerre. Ils ont à conti­nuer cette lutte pour pré­ser­ver l’Église et la socié­té. Nous espé­rons que ce docu­men­taire les aide­ra à com­prendre la situa­tion et les inci­te­ra à se for­mer, à lire davan­tage, afin de mieux com­prendre leurs propres responsabilités.

Finalement, ils trou­ve­ront dans ce film un excellent exemple qui sus­ci­te­ra admi­ra­tion et désir d’i­mi­ta­tion. Puisse Monseigneur Lefebvre deve­nir leur héros !

12 – Comment les laïcs peuvent-​ils aider cette production ?

Nous atten­dons trois types d’aide ; tout d’a­bord, comme je l’ai déjà dit, nous recher­chons les docu­ments d’ar­chives concer­nant Monseigneur aux États-​Unis. Nous vou­lons trou­ver tous les enre­gis­tre­ments, vidéos, fichiers audio et pho­tos de ses visites en Amérique du Nord. De même, nous vou­drions connaitre les inter­views ou articles parus dans les jour­naux. C’est une bonne occa­sion pour le District d’é­ta­blir de véri­tables archives. Ces docu­ments sont his­to­riques et seront très utiles à l’a­ve­nir, au delà de ce docu­men­taire. Toute archive doit être adres­sé à :

Society of Saint Pius X
Regina Cœli House
11485 N. Farley Road
Platte City, MO 64079
info@​sspx.​org
Fax : 816 753 3560
Téléphone : 816 753 0073

Nous avons éga­le­ment lan­cé une cam­pagne de col­lecte de fonds pour aider le coût de pro­duc­tion, rendre pos­sible ce docu­men­taire et main­te­nir le prix de vente rai­son­nable. Un groupe de fidèles a géné­reu­se­ment offert de tra­vailler à cette cam­pagne. Tous les fonds recueillis seront uti­li­sés pour pro­duire cet impor­tant docu­men­taire sur la vie de notre fon­da­teur. Les dons peuvent être envoyées à :

The Benefactor Committee
Archbishop Lefebvre The Movie
6145 W. Byron St.
Chicago, IL 60634

Enfin nous avons besoin de prières. Car ce pro­jet, en rai­son de son conte­nu et de son objec­tif, n’est pas seule­ment humain. Combien d’âmes pourront-​elles y trou­ver une grâce de conver­sion, un chan­ge­ment pour toute l’éternité ? Comme tout apos­to­lat, ses fruits dépendent par-​dessus tout de la grâce de Dieu. La pré­pa­ra­tion de ce docu­men­taire, sa réa­li­sa­tion et sa dif­fu­sion doivent être pré­cé­dées et accom­pa­gnées par la prière. Veuillez donc conser­ver cette inten­tion dans vos prières ! Je vous en remer­cie et que Dieu vous bénisse !

Abbé Arnaud Rostand, Supérieur du District des USA

P.S. : le District de France remer­cie cha­leu­reu­se­ment Monsieur l’ab­bé Arnaud Rostand et M. John Vennari, Editeur du Catholic Family News, d’a­voir fait tra­duire et d’a­voir auto­ri­sé la mise en ligne de cet entre­tien exceptionnel.