Prière neutre à un dieu « polyforme » dans un Vatican syncrétiste – MPI du 9 juin 2014

Illustration : Le Pape et les pré­si­dents israé­lien et pales­ti­nien au Vatican

Les pré­si­dents pales­ti­nien, Mahmoud Abbas, et israé­lien, Shimon Peres, ont répon­du favo­ra­ble­ment à la demande du pape François de se rendre au Vatican pour une prière pour la paix. . L’évènement a donc eu lieu ce dimanche 8 juin, en la fête de la Pentecôte.

Après la mort du Christ, les apôtres se cachaient, téta­ni­sés qu’ils étaient par l’idée de devoir sacri­fier leur vie pour Celui que pour­tant ils avaient recon­nu comme leur Dieu et sui­vi pen­dant des années. Pierre, leur chef, a abju­ré trois fois. Thomas ne croit plus. C’est ain­si que ceux qui ont assis­té à tous les miracles du Christ se retrouvent enfer­més au Cénacle la peur au ventre : les Juifs les cherchent pour les mettre à mort.

Or c’est le jour de la Pentecôte que le Saint-​Esprit des­cend sur les apôtres rem­plis­sant leurs âmes de ses sept dons : Sagesse, Intelligence, Conseil, Force, Science, Piété et Crainte de Dieu. C’est à par­tir de cet ins­tant que for­ti­fiés, les apôtres sor­tirent et prê­chèrent l’Evangile de Vie, par­lant plu­sieurs langues, bra­vant les foules, accom­plis­sant les miracles. Et qua­si­ment tous finirent mar­tyrs et ver­sèrent leur sang par fidé­li­té au Christ.

Nous sommes le 8 juin 2014, et Vatican II, « le grand Concile de l’ouverture de l’Eglise sur le monde », est pas­sé par là… On ne prêche plus, on dia­logue. Le Christ n’est plus « le che­min de la véri­té et la vie » (Jean 14:6) car cha­cun est appe­lé doré­na­vant à ne rien reje­ter « de ce qui est vrai et saint dans ces reli­gions » et à consi­dé­rer « avec un res­pect sin­cère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doc­trines » (Nostra Aetate, Vatican II)

C’est donc en ce jour de Pentecôte qu’ont eu lieu « les invo­ca­tions pour la Paix » pro­po­sées par le pape François. Et en 2014, « être ensemble pour prier » – une sub­ti­li­té abor­dée plus loin – s’avère très com­pli­qué : ni un ven­dre­di, jour férié musul­man, ni un same­di, Shabbat pour les Juifs ! Fichtre ! Naturellement tout lieu à repré­sen­ta­tion chré­tienne serait mal­ve­nu. Evidemment ! Et qui plus est, pas ques­tion de prier tour­nés vers l’Est, parce qu’à l’Est il y a la Mecque !!! Chaque prière ne doit pas bles­ser le voi­sin, n’oublions pas que nous sommes là pour la paix !

Et l’un des orga­ni­sa­teurs, le fran­cis­cain Pierbattista Pizzaballa, de nous ras­su­rer : « on ne prie pas ensemble, mais on est ensemble pour prier ». Comme si ce genre de pré­cau­tion ora­toire, aus­si ridi­cule qu’hypocrite, pou­vait empê­cher d’une quel­conque manière la pro­li­fé­ra­tion d’un esprit rela­ti­viste et syn­cré­tiste. Comme si la prière de l’Islam, reli­gion fausse et pour­fen­deuse de chré­tiens, pou­vait être agréable à Dieu ! Comme si la prière d’un judaïsme ayant reje­té et mis à mort le Messie pou­vait trou­ver un quel­conque écho favo­rable dans l’éternité !

Reste dans ce rela­ti­visme abso­lu la bonne volon­té du cœur des ces per­sonnes, bonne volon­té que Dieu seul peut juger et agréer.

Certains trou­ve­ront bien cri­tiques ces quelques lignes : il est bien facile de dénon­cer ce que fait là le pape François, mais que faire dans une situa­tion si com­plexe où deux peuples s’affrontent depuis des décen­nies ? N’est-il pas nor­mal que l’Eglise tente de peser de tout son poids pour faire avan­cer une solu­tion pacifique ?

Certes. Mais pour que l’Eglise ait du poids, il faut que l’Eglise soit elle-​même, qu’elle fasse son tra­vail, c’est-à-dire celui de pro­cla­mer l’évangile, d’envoyer des apôtres pour conver­tir au Christ les peuples de la Terre. L’Eglise n’a jamais été forte et puis­sante que lorsqu’elle envoyait dans le monde des mil­liers de mis­sion­naires, non pour dis­cu­ter ou dia­lo­guer, mais pour conver­tir, avec l’aide des dons de l’Esprit Saint.

Et sur­tout, que les hommes d’Eglise n’oublient pas que l’Eglise n’est qu’un moyen entre les mains de Dieu. Sa vraie force réside dans son inter­ces­sion auprès du Prince de la Paix et non dans l’organisation « d’une invo­ca­tion pour la Paix » à un Dieu dont on ne sait s’il est juif, musul­man ou martien.

Ce n’est pas par une prière neutre à un dieu « poly­forme » dans un Vatican syn­cré­tiste que le pape François obtien­dra la paix.

Xavier Celtillos

Sources : du 9 juin 2014/​LPL du 9 juin 2014