Communiqué de l’ACIM du 26 mars 2008


Nous ne voulons pas d’une nouvelle guerre

La ques­tion de l’euthanasie est relan­cée dans le cadre d’une cam­pagne média­tique dont la famille concer­née a vou­lu se démar­quer publi­que­ment consi­dé­rant qu’elle était une manipulation. 

Chantal Sébire souf­frait d’une tumeur raris­sime d’un sinus. Le pro­fes­seur Arnold Munnich, pro­fes­seur de géné­tique infan­tile à l’hôpital Necker (enfants malades) et conseiller médi­cal de l’Elysée a com­men­cé par s’étonner que la patiente avait à l’origine refu­sé de se faire opé­rer de cette tumeur gué­ris­sable à 70 % par la chi­rur­gie, selon ses dires. Elle a refu­sé l’intervention de peur de mou­rir. Et para­doxa­le­ment, c’est la mort qu’elle deman­de­ra compte tenu de l’évolution de sa mala­die. Il y voit un paradoxe. 

Par ailleurs tous les méde­cins géné­ra­listes de ville ont été ame­nés à assis­ter des mou­rants, bien que les 2/​3 des Français meurent désor­mais à l’hôpital. Ils connaissent les trai­te­ments néces­saires pour adou­cir la fin de vie de leurs patients : déri­vés de la mor­phine, anti­dé­pres­seurs, antal­giques, anxio­ly­tiques. En tant que pra­ti­cien je n’ai jamais eu de cas ingé­rable. Mais il doit y en avoir sans doute. Que faire ? 

Nous tom­bons alors dans le cadre des soins pal­lia­tifs. La loi Leonetti auto­rise les méde­cins à arrê­ter les trai­te­ments d’un malade quand il n’y a plus rien à faire pour le sau­ver. Mais en réa­li­té ce n’était que légi­fé­rer sur une ques­tion réglée depuis plus de 2.000 ans par Hippocrate en 337 av. J.C. Tout méde­cin sait qu’à un moment il ne pour­ra plus rien faire pour gué­rir son patient. Et les cas d’acharnement thé­ra­peu­tique sont de manière géné­rale raris­sime. La loi Leonetti pre­nait sim­ple­ment compte du fait que cha­cun sait qu’un jour il doit mou­rir ; et qu’à un moment le méde­cin pou­vait savoir s’arrêter et lais­ser mou­rir son patient en paix tout en le sou­la­geant de ses souf­frances. Or Chantal Sébire a refu­sé les soins pal­lia­tifs notam­ment en disant qu’elle ne les sup­por­tait pas. Admettons. Cas extrême sans doute. 

Il y avait alors une solu­tion. La mettre sous nar­cose, c’est-​à-​dire l’endormir, puis la lais­ser mou­rir dou­ce­ment dans son som­meil. J’en parle en connais­sance de cause puisque c’est le dilemme qui s’est posé pour nous lors de la mort de notre fils il y a 10 ans. Afin qu’endormi, il ne souffre pas au moment de la mort. Mais là encore Chantal Sébire refuse au pré­texte qu’elle vou­lait faire une fête avant de mou­rir et se faire tenir la main au moment où son cœur s’arrêterait de battre. Mais qu’est-ce qui l’empêchait de se trou­ver entou­rée de ses amis et enfants au moment où elle aurait été endor­mie pour l’éternité ? Rien ! 

Alors où est l’hypocrisie qui est invo­quée en per­ma­nence par les repré­sen­tants d’associations qui demandent la léga­li­sa­tion pour nous méde­cins d’un per­mis légal de tuer menant tout droit au sui­cide assis­té ? Devons-​vous deve­nir les exé­cu­teurs des basses-​œuvres de la socié­té ? Les per­sonnes qui veulent en finir avec la vie peuvent le faire au moyen qui leur convient et qui ne manquent pas. Et dans le cas pré­sent, c’est pro­ba­ble­ment ce qui s’est pas­sé. Seul Dieu jugera. 

Axel Kahn a expli­qué qu’il n’y a qu’un seul cas don­nant le droit légal de don­ner la mort : c’est la guerre. Il ne sou­haite pas en créer un deuxième. 

Dr Jean-​Pierre Dickès 

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