Lettre de Mgr Fellay aux fidèles et déclaration du Chapitre Général du 16 juillet 2006


Lettre de Mgr Fellay aux fidèles 

Chers fidèles,

Permettez-​moi de com­men­cer la pre­mière lettre de ce nou­veau man­dat en vous remer­ciant de vos prières abon­dantes pour notre cha­pitre géné­ral. Pendant tout son dérou­le­ment, dans une atmo­sphère sereine et en même temps intense, nous avons bien sen­ti ce sou­tien spi­ri­tuel que vous nous apportiez. 

J’aimerais vous pré­sen­ter ici quelques-​uns des fruits de vos prières et du chapitre. 

Tout d’a­bord les élec­tions : le cha­pitre a donc déci­dé de me confier, à nou­veau et mal­gré sa lon­gueur, un nou­veau man­dat de supé­rieur géné­ral. J’ose vous deman­der un sur­croît de prières pour que, avec cette aide pré­cieuse, je me dévoue au mieux à l’ac­com­plis­se­ment de cette tâche à la fois lourde et magnifique.

Le cha­pitre a éga­le­ment élu deux assistants. 

Monsieur l’ab­bé Niklaus Pfluger dont deux frères et deux neveux sont prêtres chez nous, un troi­sième est frère, sans comp­ter deux sours reli­gieuses ! C’est un Suisse à qui ont été confiées les fonc­tions de supé­rieur de dis­trict (Suisse puis Allemagne) et de supé­rieur de sémi­naire (Zaitzkofen). Il a ain­si acquis une bonne expé­rience tant par la for­ma­tion sacer­do­tale que dans le gou­ver­ne­ment de deux districts. 

Monsieur l’ab­bé Alain Nély, d’a­bord pro­fes­seur à l’é­cole Saint Joseph des Carmes, puis prieur de Marseille et enfin supé­rieur du dis­trict d’Italie, a aus­si acquis une solide connais­sance de la jeu­nesse et des prêtres ain­si que dans le gou­ver­ne­ment d’un district. 

Les deux assis­tants rési­de­ront tous deux à Menzingen en Suisse, où est éta­blie notre Maison géné­rale depuis 1993. Ils seront de pré­cieux col­la­bo­ra­teurs pour la bonne marche de la Fraternité, auront l’oc­ca­sion de voya­ger de par le monde et per­met­tront ain­si un contact encore meilleur entre la mai­son géné­rale et les membres de la Fraternité, ain­si qu’a­vec les fidèles. 

Le cha­pitre ne se réduit pas à des élec­tions. C’est aus­si l’oc­ca­sion de faire le point sur notre situa­tion, de consi­dé­rer les fai­blesses qui demandent à être amé­lio­rées, de don­ner des direc­tives afin que nos prêtres puissent vivre tou­jours mieux selon nos sta­tuts et ain­si vous appor­ter plus effi­ca­ce­ment la grâce et les dons du Ciel. Nous avons bien évi­dem­ment aus­si consi­dé­ré l’é­tat de nos rap­ports avec Rome. Dans un sou­ci de clar­té la plus grande pos­sible, dans le sou­ci aus­si d’é­vi­ter tout faux espoir ou toute illu­sion le cha­pitre, à l’u­na­ni­mi­té, a déci­dé de faire la décla­ra­tion que vous trou­ve­rez en annexe.

Dans cette même ligne, il me charge de vous com­mu­ni­quer un pro­jet ambitieux : 

La Fraternité a l’in­ten­tion de pré­sen­ter au Souverain Pontife un bou­quet spi­ri­tuel d’un mil­lion de cha­pe­lets pour la fin du mois d’oc­tobre, le mois du Rosaire. Les cha­pe­lets seront réci­tés aux inten­tions suivantes. 

1. Obtenir du Ciel pour le pape Benoît XVI la force néces­saire afin qu’il libère tota­le­ment la Sainte Messe de tou­jours, dite de saint Pie V.

2. Pour le retour de la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ. 

3. Pour le triomphe du Cour Immaculé de Marie.

C’est donc à une véri­table croi­sade du Rosaire que nous vous appe­lons. Cette prière tant de fois recom­man­dée par la Très Sainte Vierge Marie elle-​même est pré­sen­tée comme le grand moyen de sou­tien, de pro­tec­tion et de salut pour les chré­tiens d’au­jourd’­hui dans ce temps de crise. Depuis des siècles, depuis que l’an­ta­go­nisme entre le monde et l’Eglise se mani­feste de plus en plus for­te­ment, cette prière est appa­rue comme l’arme don­née par le Ciel pour se défendre, pour se sanc­ti­fier et pour vaincre. 

Nous vous recom­man­dons donc ins­tam­ment de com­men­cer sans tar­der à appor­ter des roses spi­ri­tuelles à notre bou­quet. Les prêtres vous don­ne­ront sous peu les indi­ca­tions néces­saires pour recueillir ce trésor.

Nous vou­lons aus­si mani­fes­ter tant aux auto­ri­tés romaines qu’au Ciel, par cette quan­ti­té évi­dem­ment sym­bo­lique, notre volon­té et notre déter­mi­na­tion « d’y mettre le prix ». 

Confiants que notre bonne Mère des Cieux écoute la prière assi­due de ses enfants, qu’Elle ne peut être indif­fé­rente ni à la dure­té des temps qui courent, ni à la misère spi­ri­tuelle qui nous entoure, et que tôt ou tard Elle écou­te­ra cette prière qui répond à son appel, nous avons confié toutes les déci­sions du cha­pitre à la mater­nelle bien­veillance du Cour Immaculé de Marie et à la pro­tec­tion du Sacré-​Cour de Jésus afin qu’Il les bénisse, les rende effi­caces pour la plus grande gloire de Dieu et notre salut à tous.

Nos cum prole pia bene­di­cat Virgo Maria.

+ Bernard Fellay 

16 juillet 2006, En la fête de Notre Dame du Mont Carmel

Déclaration du chapitre

Pour la gloire de Dieu, pour le salut des âmes et pour le vrai ser­vice de l’Église, à l’oc­ca­sion de son 3ème Chapitre géné­ral, tenu du 3 au 15 juillet 2006 à Écône en Suisse, la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X tient à décla­rer sa ferme réso­lu­tion de pour­suivre son action, Dieu aidant, dans la ligne doc­tri­nale et pra­tique tra­cée par son véné­ré fon­da­teur, Monseigneur Marcel Lefebvre. Marchant sur ses pas dans le com­bat pour la défense de la foi catho­lique, la Fraternité fait plei­ne­ment siennes ses cri­tiques envers le concile Vatican II et ses réformes, telles qu’il les a expri­mées dans ses confé­rences et ses ser­mons, et en par­ti­cu­lier dans sa décla­ra­tion du 21 novembre 1974 :

« Nous adhé­rons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catho­lique, gar­dienne de la Foi catho­lique et des tra­di­tions néces­saires au main­tien de cette Foi, à la Rome éter­nelle, maî­tresse de sagesse et de véri­té. Nous refu­sons par contre, et nous avons tou­jours refu­sé de suivre la Rome de ten­dance néo-​moderniste et néo-​protestante qui s’est mani­fes­tée clai­re­ment dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. » 

Dans les échanges qu’elle a eus en ces der­nières années avec Rome, la Fraternité a pu consta­ter le bien-​fondé et la néces­si­té des deux préalables(1) qu’elle a récla­més, qui pro­cu­re­raient un très grand bien à l’Eglise en res­ti­tuant à celle-​ci au moins une par­tie de ses droits à sa propre Tradition. Non seule­ment le tré­sor de grâces dont jouit la Fraternité serait sor­ti de des­sous le bois­seau, mais il appor­te­rait ain­si le remède dont le Corps mys­tique a tant besoin pour guérir. 

Si, après leur accom­plis­se­ment, la Fraternité attend la pos­si­bi­li­té de dis­cus­sions doc­tri­nales, c’est encore dans le but de faire réson­ner plus for­te­ment dans l’Église la voix de la doc­trine tra­di­tion­nelle. En effet, les contacts qu’elle entre­tient épi­so­di­que­ment avec les auto­ri­tés romaines ont pour seul but de les aider à se réap­pro­prier la Tradition que l’Église ne peut renier sans perdre son iden­ti­té, et non la recherche d’un avan­tage pour elle-​même, ou d’ar­ri­ver à un impos­sible « accord » pure­ment pra­tique. Le jour où la Tradition retrou­ve­ra tous ses droits, 

« le pro­blème de la récon­ci­lia­tion n’au­ra plus de rai­son d’être et l’Église retrou­ve­ra une nou­velle jeu­nesse ». (2)

Dans ce long tra­vail de recon­quête, le Chapitre encou­rage tous les membres de la Fraternité à vivre encore plus inten­sé­ment, dans la confor­mi­té aux Statuts, de cette grâce qui lui est propre : l’u­nion à la grande prière du Souverain Prêtre, au saint Sacrifice de la Messe. Qu’ils soient convain­cus, avec leurs fidèles, que c’est dans cet effort d’une sanc­ti­fi­ca­tion tou­jours plus grande au cour de l’Église que se trouve la seule solu­tion aux mal­heurs pré­sents : la res­tau­ra­tion de l’Église par la res­tau­ra­tion du sacerdoce. 

A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera.

Mgr Bernard Fellay

(1) La liber­té entière et sans condi­tions pour la Messe tri­den­tine et le retrait du décret d’ex­com­mu­ni­ca­tion des quatre évêques de la Fraternité

(2) Lettre de Mgr Lefebvre du 2 juin 1988 au pape Jean-​Paul II.