Protestation et réparation contre la première application de la loi Taubira à Reims


Juillet 2013 – M. l’abbé Ludovic Girod

Reims, le 20 juin 2013

Nous sommes réunis ici, sur le par­vis de la cathé­drale Notre-​Dame de Reims, pour pro­tes­ter de toutes nos forces contre le pre­mier soi-​disant « mariage » entre deux femmes, rati­fié en ce jour à l’Hôtel de Ville de Reims, à quelques cen­taines de mètres d’i­ci, contre la pre­mière appli­ca­tion dans notre ville de la loi Taubira. 

Cette loi est intrin­sè­que­ment mau­vaise : elle détruit fon­da­men­ta­le­ment la notion de mariage. Prenez tous les dic­tion­naires, consul­tez toutes les civi­li­sa­tions : le mariage est tou­jours défi­ni comme l’u­nion légi­time d’un homme et d’une femme en vue de fon­der une famille et d’a­voir des enfants. Les lois de la République ont déjà anéan­ti les pro­prié­tés du mariage qui sont l’u­ni­té et l’in­dis­so­lu­bi­li­té, pro­prié­tés qui ne sont pas uni­que­ment celles du mariage sacre­ment, conclu entre deux bap­ti­sés, mais celles du mariage natu­rel tel que Dieu l’a vou­lu en créant l’homme et la femme. Le divorce notam­ment, intro­duit sous la IIIème République, est venu faire croire que l’u­nion conju­gale pou­vait être bri­sée pour des motifs deve­nus au fil des ans de plus en plus futiles. Le divorce entraîne avec lui des maux innom­brables de licence morale, de foyers bri­sés, d’en­fants déchi­rés et lais­sés à eux-​mêmes, de pré­ca­ri­té matérielle. 

Mais cette fois-​ci, la loi civile ne s’en prend plus aux pro­prié­tés du mariage, elle s’en prend à l’es­sence même de celui-​ci, à la dis­tinc­tion gra­vée par la nature entre l’homme et la femme. Le gou­ver­ne­ment pré­cé­dent, dit de droite, a intro­duit dans les pro­grammes sco­laires de l’Education natio­nale, la notion de genre : nous ne nais­sons pas homme ou femme, nous déci­dons libre­ment de notre genre, nous en chan­geons à notre guise. L’homme s’i­ma­gine ain­si gran­dir dans sa liber­té en niant le réel le plus concret, le plus tan­gible. C’est main­te­nant le mariage qui doit pas­ser sous les fourches cau­dines de la théo­rie du gen­der. Un jour, après le genre, ce sera le nombre qui sera le fruit d’un libre choix : 2, 3, 4 ou plus qui s’u­ni­ront dans le mariage. Puis ce sera plus tard la bar­rière de l’âge qui fini­ra par céder : pour­quoi inter­dire aux mineurs d’of­fi­cia­li­ser leur vie sexuelle. Puis enfin la bar­rière de l’es­pèce : mon cana­ri, mon chien, mon chat, ma chèvre que j’aime tant : pour­quoi des car­cans héri­tés du pas­sé, des sté­réo­types rétro­grades m’in­ter­di­raient de les épouser ?

On pour­rait nous objec­ter : la loi a été votée par la majo­ri­té des par­le­men­taires, elle est enté­ri­née par la démo­cra­tie. Rentrez chez vous et rumi­nez en silence votre mécon­ten­te­ment : la volon­té géné­rale s’est expri­mée sur le sujet. La véri­té, c’est que la volon­té géné­rale, la majo­ri­té des voix ne changent rien à la nature des choses et n’ont pas le pou­voir de rendre bon ce qui est mau­vais, mau­vais ce qui est bon. Ce n’est pas parce que les dépu­tés votent à la majo­ri­té que la terre est plate que celle-​ci cesse d’être sphé­rique pour se plier à leur volon­té. Toute loi injuste, per­ni­cieuse, scan­da­leuse doit être abro­gée au plus vite. Tout régime poli­tique qui s’é­gare avec per­ti­na­ci­té dans des chi­mères idéo­lo­giques qui per­ver­tissent le peuple doit être com­bat­tu et rem­pla­cé par un régime res­pec­tueux de la loi natu­relle et tra­vaillant au bien commun. 

Nous sommes ici éga­le­ment pour rap­pe­ler publi­que­ment que les actes contre-​nature sont des péchés très graves, de ceux qui crient ven­geance contre le ciel. Peut-​être un jour, affir­mer cela sera suf­fi­sant pour subir des peines d’emprisonnement. Peut-​être un jour la Bible sera condam­née et inter­dite, car elle est émi­nem­ment homo­phobe. Il fau­dra faire dis­pa­raître l’é­pi­sode de la des­truc­tion de Sodome et de Gomorrhe par le feu du ciel, cen­su­rer saint Paul qui ose écrire, en par­lant des païens : 

« C’est pour­quoi Dieu les a livrés à des pas­sions d’i­gno­mi­nie. Les hommes, au lieu d’u­ser de la femme selon l’ordre de la nature, ont, dans leurs dési­rs, brû­lé les uns pour les autres, ayant homme avec homme un com­merce infâme et rece­vant dans une mutuelle dégra­da­tion, le juste salaire de leur éga­re­ment. » (Rom I, 26–27).

Ces rap­pels, ce n’est pas à moi, simple prêtre, de les faire. Je ne fais pas par­tie de l’Eglise ensei­gnante. C’est aux évêques de les faire, c’est à eux qu’il revient de faire entendre haut et fort les paroles de l’Evangile dans ce désert spi­ri­tuel qu’est deve­nu le monde. Et s’il faut souf­frir per­sé­cu­tion pour la véri­té, c’est que Notre Seigneur nous a trou­vés dignes de le suivre dans sa Passion, de nous unir à sa croix. 

Nous n’a­vons pas les mêmes moyens que nos enne­mis. Ils ont à leur dis­po­si­tion l’ap­pa­reil de l’Etat, la force publique, l’argent des contri­buables. Ils inti­mident les oppo­sants à la loi Taubira par des arres­ta­tions mas­sives et injus­ti­fiées, par des peines de pri­son qui frappent ceux qui ont com­mis le crime inex­piable de mani­fes­ter dans la rue. Ils menacent les maires qui ne se plie­raient pas aux oukases de groupes de pres­sion homo­sexuels d’a­mendes astro­no­miques. Les asso­cia­tions de pro­mo­tions des actes contre-​nature sont gras­se­ment payées par l’argent du contri­buable. Jugez plu­tôt : 12 500 euros de la mai­rie en 2012 pour l’as­so­cia­tion Ex Aequo, sans comp­ter des ral­longes pour les mani­fes­ta­tions ponc­tuelles comme le Festival Bisqueers Roses. Et comme cela ne suf­fit pas, la Région ral­longe la sauce (14 396 euros de sub­ven­tion pour cette même asso­cia­tion en 2011). A la mai­rie, des tra­ve­los dégui­sés en reli­gieuses singent des céré­mo­nies litur­giques et Mme le Maire assiste tout sou­rire à ces paro­dies blas­phé­ma­toires dans des salons où depuis long­temps le moindre signe reli­gieux a été ban­ni. Dans les écoles, dès les plus petites classes, toutes les per­ver­sions sont ensei­gnées avec force illus­tra­tions à l’ap­pui. Des livres de lec­tures pour les plus petits portent des titres à faire fré­mir : Papa porte une robe – Dis Mamans – Jean a deux mamans – Familles arc-​en-​ciel).

« Mais celui qui scan­da­li­se­ra un de ces petits qui croient en moi, il vau­drait mieux pour lui qu’on lui atta­chât une meule de mou­lin au cou et qu’on le pré­ci­pi­tât dans la mer » (Mt XVIII, 6). 

Devant cette vio­lence faite au bon sens, cette per­ver­sion contre nature qui s’é­tale par­tout, nous aurions envie de par­tir en guerre, le glaive au poing, de suivre une nou­velle Jeanne d’Arc se levant pour libé­rer la France de la tyran­nie du vice, des affres de la déca­dence. Nous n’a­vons pas ce chef tant dési­ré : nous sup­plions Dieu de nous aider cepen­dant à tra­vailler, cha­cun à notre place, au salut des âmes et à la res­tau­ra­tion de la France chré­tienne, de la cité catholique.

Nous répa­rons en ce jour de manière publique un scan­dale public. Nous le fai­sons en réci­tant le cha­pe­let, cette prière si simple mais si pro­fonde et si effi­cace. C’est ce même cha­pe­let qui a plu­sieurs fois sau­vé la Chrétienté, notam­ment à Lépante en 1571. Sainte Jeanne d’Arc nous encou­rage à prier et à agir, à prier pour mieux agir :

« Les hommes d’armes bataille­ront et Dieu don­ne­ra la victoire ».

Abbé Ludovic Girod

Source : Sainte Ampoule n° 220 de juillet-​août 2013