Entretien avec le Supérieur général

« Les évé­ne­ments mettent en lumière l’exceptionnelle pers­pi­ca­ci­té sur­na­tu­relle de notre fondateur. »

Les cinquante ans de la FSSPX

Raviver notre idéal de fidé­li­té à ce que nous avons reçu.

1. DICI : Que repré­sente le cin­quan­te­naire de la FSSPX pour la Tradition ?

Tout d’abord ce jubi­lé est l’occasion de remer­cier la Providence pour tout ce qu’elle nous a accor­dé pen­dant ces cin­quante années, car une œuvre qui ne serait pas de Dieu n’aurait pas résis­té à l’usure du temps. C’est d’abord à Lui que nous devons attri­buer tout cela.

Mais aus­si et sur­tout, ce jubi­lé est pour nous l’occasion de ravi­ver notre idéal de fidé­li­té à ce que nous avons reçu. En effet, après tant d’années, il peut y avoir une fatigue bien com­pré­hen­sible. Il s’agit donc de rani­mer notre fer­veur dans le com­bat pour l’établissement du règne du Christ-​Roi : qu’il règne dans nos âmes d’abord, et ensuite autour de nous. C’est sur ce point par­ti­cu­lier que nous devons tra­vailler, à la suite de Mgr Lefebvre.

2. DICI : Pourquoi, d’après vous, l’héritage de Mgr Lefebvre peut-​il être résu­mé par cette volon­té d’établir le règne du Christ-Roi ?

La réponse me paraît très simple : c’est l’amour de Notre Seigneur Roi qui a fait de Mgr Lefebvre un saint pré­lat et un grand mis­sion­naire, cher­chant pas­sion­né­ment à étendre autour de lui le règne de Celui qui régnait d’abord dans son âme ; c’est cet amour qui l’a conduit par consé­quent à dénon­cer avec force tout ce qui s’y oppose. Or, pour étendre ce règne et en com­battre les enne­mis, le moyen par excel­lence, c’est le saint Sacrifice de la Messe. La voix de Mgr Lefebvre trem­blait d’émotion lorsqu’il pro­non­çait ces belles paroles de la litur­gie, qui résument à la fois son amour de la Messe et du Christ-​Roi : « Regnavit a ligno Deus » (hymne Vexilla Regis), Dieu règne par le bois de la Croix. Dans une lettre qu’il écri­vait peu avant sa mort à un ancien confrère de sa congré­ga­tion d’origine, Mgr Lefebvre a tenu à dire que, pen­dant toute sa vie, il n’avait jamais tra­vaillé que pour le règne de Notre Seigneur. Voilà bien ce qui résume tout ce qu’il était et tout ce qu’il nous a légué.

3. DICI : Ce 24 sep­tembre, à votre demande, le corps de Mgr Lefebvre a été trans­fé­ré dans la crypte de l’église du sémi­naire d’Ecône. Malgré la crise du Coronavirus, de nom­breux prêtres, sémi­na­ristes, reli­gieux et fidèles ont par­ti­ci­pé à la céré­mo­nie. Comment avez-​vous vécu cette journée ?

En fait, ce trans­fert avait été deman­dé par le der­nier cha­pitre géné­ral, en 2018, et je suis très heu­reux qu’il ait pu se concré­ti­ser en l’espace de deux ans. Même s’il appar­tient à l’Église seule de cano­ni­ser un jour Mgr Lefebvre, je pense qu’il mérite déjà toute notre véné­ra­tion, et un lieu de sépul­ture digne d’un saint évêque. En cette année jubi­laire, ce geste veut être l’expression de la gra­ti­tude de tous les membres de la FSSPX envers celui que la Providence a sus­ci­té comme un ins­tru­ment pour sau­ve­gar­der la Tradition de l’Église, la foi, la sainte Messe, et pour nous léguer tous ces tré­sors. Le fait de revoir, après une tren­taine d’années, le cer­cueil de notre fon­da­teur, de voir nos prêtres le por­ter sur leurs épaules comme au jour de ses obsèques, a été par­ti­cu­liè­re­ment poi­gnant. J’ai vu des confrères anciens émus jusqu’aux larmes.

La vie de la FSSPX

La Fraternité Saint-​Pie X doit s’enraciner plus pro­fon­dé­ment là où elle est déjà présente.

4. DICI : Lorsque la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie X a été fon­dée, il s’agissait pour les médias d’un « phé­no­mène fran­çais », donc des­ti­né à res­ter local. Aujourd’hui, la FSSPX est une com­mu­nau­té mon­diale. Qu’est-ce que cela implique pour son administration ?

Cela entraîne que la Maison géné­rale doit arri­ver à coor­don­ner des situa­tions très diverses. La Tradition elle-​même a été redé­cou­verte dans les dif­fé­rents pays par des biais variés, et selon des sen­si­bi­li­tés aus­si par­fois dif­fé­rentes. Cela explique pour­quoi la FSSPX ne s’est pas déve­lop­pée par­tout de la même façon ni en même temps. Il va de soi qu’une œuvre d’une ampleur telle que celle de la FSSPX, avec toutes ses facettes, n’est pas admi­nis­trée par le Supérieur géné­ral seule­ment : celui-​ci est aidé dans cette tâche par les Supérieurs majeurs, qui œuvrent dans les dif­fé­rents pays.

Mais la grande diver­si­té des situa­tions ne doit pas nous faire sous-​estimer le fait que l’unité de la FSSPX se fonde sur un idéal et des prin­cipes com­muns à tous les membres et à tous les fidèles sans dis­tinc­tion. C’est cette uni­té qui fait notre force, mal­gré les dif­fé­rences légi­times et inévi­tables. C’est d’ailleurs parce que la FSSPX est une œuvre d’Église qu’elle doit, d’une cer­taine manière, repro­duire la capa­ci­té de l’Église à pro­po­ser aux fidèles du monde entier les mêmes prin­cipes et la même foi, en dépit de leurs différences.

5. DICI : Après deux ans à la tête de la FSSPX, quel juge­ment portez-​vous sur le déve­lop­pe­ment de la FSSPX ?

La FSSPX est, depuis long­temps, pré­sente un peu par­tout dans le monde. Je ne pense pas qu’à l’heure actuelle, la Providence nous demande d’ouvrir de nou­velles mai­sons et de nous étendre davan­tage, ce qui serait peut-​être de notre part un manque de pru­dence. Je pense plu­tôt que la FSSPX doit s’enraciner plus pro­fon­dé­ment là où elle est déjà pré­sente, afin d’avoir des com­mu­nau­tés plus fortes ; afin sur­tout que les jeunes prêtres aient le temps de mûrir, de com­plé­ter leur for­ma­tion, ce qui va nous per­mettre de les pré­pa­rer aux dif­fé­rentes res­pon­sa­bi­li­tés, en par­ti­cu­lier à la tâche de prieur, afin qu’ils soient un jour de vrais pères pour leurs confrères et pour les âmes confiées à leurs soins.

6. DICI : Connaissez-​vous tous les pays où la FSSPX est implan­tée ? Comment le « tré­sor » dont vous par­liez après votre élec­tion, est-​il com­mu­ni­qué par la FSSPX dans le contexte actuel ?

En rai­son de la Covid-​19, il y a des dis­tricts que je n’ai pas encore pu visi­ter et je le regrette beau­coup. Ce « tré­sor » est com­mu­ni­qué par les prêtres de la FSSPX dans des situa­tions qui dif­fèrent néces­sai­re­ment les unes des autres, mais qui per­mettent tou­jours l’expression d’un vrai zèle de la part des prêtres. À ce sujet, j’ai été très édi­fié par l’inventivité de nos confrères, qui sont arri­vés à trou­ver des solu­tions très ingé­nieuses pour admi­nis­trer autant que pos­sible les sacre­ments en situa­tion de confi­ne­ment. Surtout, cer­tains de nos prêtres sont res­tés iso­lés pen­dant plu­sieurs mois en des endroits où la com­mu­ni­ca­tion avec d’autres prêtres était deve­nue impos­sible. Ils ont eu un grand mérite, et je tiens à les féliciter.

En même temps, j’ai été tou­ché aus­si par les réac­tions de nos fidèles, qui avaient un tel désir de rece­voir les sacre­ments qu’ils n’ont pas épar­gné leur peine, et ont consen­ti à des sacri­fices consi­dé­rables pour mani­fes­ter leur atta­che­ment à Notre Seigneur. Cette crise nous a cer­tai­ne­ment aidés à sor­tir de la rou­tine et à appré­cier davan­tage tous les tré­sors dont nous béné­fi­cions habituellement.

Par ailleurs, de nom­breux catho­liques, qui jusqu’ici nous regar­daient de loin, ont été atti­rés dans nos cha­pelles, car celles-​ci étaient pour eux la seule pos­si­bi­li­té d’accéder aux sacre­ments. C’est un phé­no­mène assez géné­ra­li­sé, et toutes ces âmes mani­festent une grande recon­nais­sance envers la FSSPX.

7. DICI : Quels sont les pro­jets en cours ou à venir ?

Pour l’instant, les pro­jets sont sur­tout d’ordre moral, et ne sont donc pas for­cé­ment des pro­jets dont on peut consta­ter exté­rieu­re­ment la réa­li­sa­tion. Il s’agit, pour tout dire d’un mot, de conti­nuer à tra­vailler le plus pos­sible à rendre la FSSPX forte, unie, réel­le­ment ancrée en Dieu, fidèle à la grâce qui la sou­tient et, j’ose le dire, solide comme une armée ran­gée en bataille, capable de défendre, avec tous les moyens mis à sa dis­po­si­tion, les tré­sors que Dieu lui a confiés ; capable aus­si d’attaquer ce qui s’y oppose ; capable, enfin, comme une armée digne de ce nom, de s’occuper des plus faibles par­mi ses membres, des bles­sés, des décou­ra­gés, de ceux qui sont par­ti­cu­liè­re­ment éprouvés.

8. DICI : Vous êtes le qua­trième Supérieur géné­ral de la FSSPX après Mgr Marcel Lefebvre, M. l’abbé Franz Schmidberger et Mgr Bernard Fellay. Votre style de gou­ver­ne­ment diffère-​t-​il du leur ?

Je pense que chaque per­son­na­li­té est inévi­ta­ble­ment dif­fé­rente, et qu’elle apporte par consé­quent une expé­rience autre. De plus, chaque époque de l’histoire de la FSSPX est dif­fé­rente, car après cin­quante ans, les cir­cons­tances et les per­sonnes ne sont plus les mêmes.

Cela dit, la FSSPX est depuis tou­jours fidèle à ce que Mgr Lefebvre lui a ensei­gné et légué : la sau­ve­garde de cet héri­tage du fon­da­teur, la fidé­li­té à son esprit, voi­là le sou­ci pre­mier de tout Supérieur géné­ral, quel qu’il soit, et quelle que soit sa per­son­na­li­té. D’autre part, la conti­nui­té est éga­le­ment garan­tie par le fait que chaque Supérieur géné­ral vise le même but : la sau­ve­garde du sacer­doce catho­lique et de la Tradition de l’Église, pour le ser­vice des âmes et de l’Église elle-​même. C’est là une réa­li­té qui trans­cende les dif­fé­rences de styles, et qui per­met que le renou­vel­le­ment néces­saire des supé­rieurs ne soit pas une menace pour la sta­bi­li­té de l’œuvre.

Pour ma part, le main­tien de cette conti­nui­té est d’autant plus aisé que j’ai le pri­vi­lège ines­ti­mable de béné­fi­cier du sou­tien de mes deux pré­dé­ces­seurs, Mgr Fellay et M. l’abbé Schmidberger ayant été élus conseillers du Supérieur géné­ral au der­nier cha­pitre. Pour moi, il ne s’agit pas d’une élec­tion pure­ment for­melle pour des tâches à rem­plir admi­nis­tra­ti­ve­ment, mais de l’heureuse pos­si­bi­li­té de m’appuyer sur deux anciens supé­rieurs géné­raux, qui ont bien connu le fon­da­teur et la vie de la Fraternité pen­dant des décen­nies, et qui ont consa­cré le meilleur d’eux-mêmes à la ser­vir, méri­tant aujourd’hui la plus grande estime. J’ai eu en par­ti­cu­lier la joie de béné­fi­cier des conseils pré­cieux de Mgr Fellay, qui a conti­nué à rési­der à la Maison géné­rale pen­dant deux ans. J’ai pu admi­rer à cette occa­sion une grande dis­po­ni­bi­li­té à aider, unie à une dis­cré­tion remar­quable. Cette pré­sence de mes deux pré­dé­ces­seurs com­pense ain­si quelque peu ce qui me man­que­rait incon­tes­ta­ble­ment s’ils n’étaient pas là.

9. DICI : Les sta­tuts de la FSSPX donnent au Supérieur géné­ral deux objec­tifs spi­ri­tuels :
1) tout mettre en œuvre pour main­te­nir, entre­te­nir et accroître « dans le cœur des membres » une « grande géné­ro­si­té, un pro­fond esprit de foi et un zèle fervent au ser­vice de l’Église et des âmes » ;
2) aider les membres « à ne pas tom­ber dans la tié­deur et à faire des conces­sions à l’esprit du temps ».
Comment pouvez-​vous atteindre ces objectifs ?

Un Supérieur géné­ral doit tout d’abord se rap­pe­ler à lui-​même qu’il ne peut atteindre ces objec­tifs sans le tra­vail de la grâce. Il se trom­pe­rait en pen­sant y par­ve­nir uni­que­ment par des textes, des rap­pels ou d’autres mesures pure­ment exhortatives.

Quant à moi, je suis inti­me­ment per­sua­dé que la clef de notre fidé­li­té à ces objec­tifs réside dans la ver­tu de pau­vre­té. En effet, avec le temps, il est inévi­table que les membres de la FSSPX risquent de « s’installer » dans un cer­tain confort et que, par ce biais, l’esprit du monde s’infiltre imper­cep­ti­ble­ment dans nos com­mu­nau­tés. Si cela arri­vait, cela fini­rait par avoir des réper­cus­sions sur la géné­ro­si­té des membres, et donc sur la fécon­di­té de leur zèle apostolique.

Les relations avec Rome

Le Vatican lui-​même a pré­fé­ré pour l’instant ne pas reprendre les dis­cus­sions doctrinales.

10. DICI : Le para­graphe IV des Statuts pré­voit : « Dès que la Fraternité aura des mai­sons dans dif­fé­rents dio­cèses, elle pren­dra les mesures néces­saires pour obte­nir le sta­tut d’ins­ti­tut de droit pon­ti­fi­cal ». Cela conduit à la ques­tion sui­vante : com­ment peut-​on rem­plir ce sou­hait de notre véné­ré fon­da­teur dans la crise actuelle de l’Église ?

Les sta­tuts de la FSSPX ont été approu­vés en 1970 au niveau dio­cé­sain. Il était tout à fait nor­mal que notre fon­da­teur ait déjà en vue une appro­ba­tion à un niveau supé­rieur, puisque la Fraternité était des­ti­née à s’étendre dans le monde entier.

Mais cha­cun sait que, mal­gré tous ses efforts en ce sens, Mgr Lefebvre, au lieu de connaître une appro­ba­tion de droit pon­ti­fi­cal, a subi en 1975 une sup­pres­sion pure et simple de la FSSPX. Depuis cette date, les Supérieurs de la Fraternité, à com­men­cer par Mgr Lefebvre lui-​même, ont à tour de rôle envi­sa­gé des solu­tions, mais ces der­nières se sont sys­té­ma­ti­que­ment heur­tées, de la part du Saint-​Siège, à des exi­gences doc­tri­nales tout sim­ple­ment inac­cep­tables. Celles-​ci auraient certes per­mis sa recon­nais­sance cano­nique, mais elles auraient en même temps détruit sa valeur morale. Ainsi, pour prendre l’exemple le plus récent, lorsque la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en 2017, a vou­lu exi­ger de la FSSPX qu’elle accepte les ensei­gne­ments du concile Vatican II, et recon­naisse la légi­ti­mi­té de la nou­velle Messe : si la FSSPX avait accep­té les condi­tions impo­sées à ce moment-​là, elle aurait tout sim­ple­ment nié ce qu’elle est, en reniant ce à quoi elle est atta­chée de toutes les fibres de son être.

Il me semble donc que, à l’instar de ce qui fut tou­jours la conduite de notre fon­da­teur, il convient de suivre la Providence et non pas de la précéder.

11. DICI : Les contacts avec le Vatican vont-​ils donc conti­nuer à stagner ?

Cela ne dépend pas de la FSSPX, ni de son Supérieur géné­ral. Le Vatican lui-​même a pré­fé­ré pour l’instant ne pas reprendre les dis­cus­sions doc­tri­nales, que la FSSPX pro­po­sait dans le but de mieux expo­ser sa posi­tion, et de mon­trer son atta­che­ment à la foi catho­lique et au Siège de Pierre.

Ce qui est éton­nant, c’est que le Vatican nous demande en même temps de régu­la­ri­ser d’abord notre situa­tion cano­nique : cela crée une situa­tion inex­tri­cable et intrin­sè­que­ment contra­dic­toire, puisque la pos­si­bi­li­té d’une recon­nais­sance cano­nique de la FSSPX est elle-​même constam­ment sou­mise à des exi­gences de nature doc­tri­nale ; les­quelles, encore et tou­jours, demeurent pour nous abso­lu­ment inacceptables.

J’ajouterais que, quels que soient les avis per­son­nels à ce sujet, il est impor­tant de veiller à ne pas se pré­oc­cu­per d’une manière quasi-​obsessionnelle de ces ques­tions très déli­cates, comme cela a pu par­fois se pro­duire. Il faut nous rap­pe­ler que, de même que la Providence nous a gui­dés et assis­tés depuis notre fon­da­tion, de même, à son heure, elle ne man­que­ra pas de nous don­ner les signes suf­fi­sants et pro­por­tion­nés qui nous per­met­tront de prendre les déci­sions que récla­me­ront les cir­cons­tances. Ces signes seront tels que leur évi­dence sera faci­le­ment per­cep­tible par la Fraternité, et que la volon­té de la Providence appa­raî­tra ain­si clairement.

La situation de l’Église

Tout effort her­mé­neu­tique, ten­dant à inter­pré­ter ‘l’erreur’ pour en faire une ‘véri­té mal com­prise’, ne peut qu’échouer irrémédiablement.

12. DICI : Pendant cette année 2020, la crise liée à la Covid-​19 a affec­té aus­si l’Église et a condi­tion­né ses acti­vi­tés. Comment voyez-​vous cela ?

Il est inté­res­sant de noter qu’avec la crise due à la Covid, la hié­rar­chie ecclé­sias­tique a man­qué une occa­sion en or de pous­ser les âmes vers la véri­table conver­sion et la péni­tence, ce qui est tou­jours beau­coup plus facile lorsque les hommes redé­couvrent, en quelque sorte, leur nature mor­telle. De plus, cela aurait été l’occasion de rap­pe­ler à l’humanité, prise de panique et déses­pé­rée, que Notre Seigneur est « la Résurrection et la Vie ».

Au lieu de cela, la hié­rar­chie a pré­fé­ré inter­pré­ter l’épidémie d’une façon éco­lo­gique, en par­faite cohé­rence avec les prin­cipes chers au pape François. En pra­tique, la Covid ne serait autre chose que le signe de la rébel­lion de la Terre contre une huma­ni­té qui aurait abu­sé d’elle par l’exploitation déme­su­rée de ses res­sources, la pol­lu­tion des eaux, la des­truc­tion des forêts, etc. Cela est lamen­table et incom­pa­tible avec une ana­lyse où sub­sis­te­rait un mini­mum de foi et de conscience de ce qu’est le péché, qui se mesure par rap­port à la majes­té offen­sée de Dieu, et non par rap­port à la pol­lu­tion de la Terre.

Dans son mes­sage pour la Journée mon­diale de prière pour la sau­ve­garde de la créa­tion (Jubilé de la Terre), le 1er sep­tembre 2020, le pape lui-​même nous enseigne à quelle conclu­sion morale la pan­dé­mie doit nous conduire : « La pan­dé­mie actuelle nous a ame­nés, en quelque sorte, à redé­cou­vrir des styles de vie plus simples et durables. […] Il a été pos­sible de consta­ter com­ment la terre réus­sit à se reprendre, si nous lui per­met­tons de se repo­ser : l’air est deve­nu plus sain, les eaux plus trans­pa­rentes, les espèces ani­males sont reve­nues dans de nom­breux endroits d’où elles avaient dis­pa­ru. La pan­dé­mie nous a conduits à un car­re­four. Nous devons pro­fi­ter de ce moment déci­sif pour mettre fin à des acti­vi­tés et à des fina­li­tés super­flues et des­truc­trices, et culti­ver des valeurs, des liens et des pro­jets géné­ra­tifs… » Bref, la crise de la Covid nous pousse de nou­veau à la « conver­sion éco­lo­gique », pierre angu­laire de l’encyclique Laudato si’. Comme si la sain­te­té pou­vait se résu­mer dans le res­pect de la planète.

13. DICI : Il y a eu, au cours de ces deux der­nières années, le synode sur l’Amazonie, la Déclaration d’Abou Dabi, à laquelle vous avez réagi par un com­mu­ni­qué le 24 février 2019, etc. Comment voyez-​vous la situa­tion actuelle, à la suite de ces événements ?

Les der­niers ensei­gne­ments du pape François semblent mal­heu­reu­se­ment confir­mer défi­ni­ti­ve­ment la mau­vaise direc­tion prise au début de son règne. En effet, le 3 octobre der­nier, le pape a signé l’encyclique Fratelli tut­ti, cen­sée être le phare de la deuxième par­tie de son pon­ti­fi­cat, après que Laudato si’ a été le point de réfé­rence de sa pre­mière par­tie. Cette ency­clique est un véri­table déve­lop­pe­ment de la décla­ra­tion d’Abou Dabi, dont elle s’inspire. Cette der­nière, rappelons-​le, pré­ten­dait recon­naître comme expres­sion de la volon­té de Dieu la diver­si­té des reli­gions, toutes appe­lées à construire la paix. Nous avons là l’aboutissement catas­tro­phique de l’œcuménisme, du dia­logue inter­re­li­gieux, de la liber­té reli­gieuse, et sur­tout de la néga­tion de la royau­té uni­ver­selle du Christ et de ses droits intangibles.

Il s’agit d’un long texte qui traite de beau­coup de sujets dif­fé­rents, mais avec une uni­té de fond assez claire : en effet, ce long dis­cours du pape se déve­loppe de façon bien ordon­née et cohé­rente autour d’une idée fon­da­men­tale, à savoir l’illusion selon laquelle il pour­rait exis­ter une véri­table fra­ter­ni­té uni­ver­selle même sans réfé­rence, directe ou indi­recte, au Christ et à son Église. En d’autres termes, autour d’une « cha­ri­té » pure­ment natu­relle, une sorte de phi­lan­thro­pie vague­ment chré­tienne, à la lumière de laquelle on relit l’Évangile. En effet, en par­cou­rant cette ency­clique, on a l’impression que c’est la phi­lan­thro­pie qui nous donne la clef pour inter­pré­ter l’Évangile, et non l’Évangile qui nous four­nit la lumière pour éclai­rer les hommes. Cette fra­ter­ni­té uni­ver­selle est mal­heu­reu­se­ment une idée d’origine libé­rale, natu­ra­liste et maçon­nique, et c’est sur cette uto­pie apos­tate que s’est construite la socié­té contemporaine.

14. DICI : Des évêques comme Mgr Schneider et Mgr Viganò, ont sou­li­gné le rap­port de cause à effet entre le concile Vatican II et la crise actuelle. Comment recevez-​vous ces prises de posi­tion ? Faut-​il « cor­ri­ger » le Concile (Mgr Schneider) ou « l’oublier » (Mgr Viganò) ?

Il va de soi que nous nous réjouis­sons de ces réac­tions, car des évêques exté­rieurs à la FSSPX, et n’ayant pas de lien direct avec elle, arrivent enfin, par d’autres biais et un autre par­cours, à des conclu­sions simi­laires à celles de la FSSPX, et sur­tout à des conclu­sions capables de faire réflé­chir et éclai­rer beau­coup d’âmes débous­so­lées. Cela est très encourageant.

Je pense que l’on ne pour­ra mal­heu­reu­se­ment pas « oublier » le Concile sic et sim­pli­ci­ter, car il s’agit d’un évé­ne­ment majeur de l’histoire, de même que la chute de l’Empire romain ou la Première Guerre mon­diale. Il fau­dra plu­tôt le mettre sérieu­se­ment en dis­cus­sion, et cer­tai­ne­ment cor­ri­ger tout ce qu’il contient d’incompatible avec la foi et la Tradition de l’Église.

L’Église elle-​même résou­dra la ques­tion déli­cate de l’autorité de ce concile aty­pique et bizarre, et sta­tue­ra sur la meilleure façon de le cor­ri­ger. Mais ce qui est cer­tain, c’est qu’une erreur en tant que telle – et le Concile en contient plu­sieurs – ne peut en aucune manière être consi­dé­rée comme la voix de l’Église et lui être attri­buée : on peut et on doit déjà le dire. De plus, les évé­ne­ments de ces der­nières années, à par­tir du pon­ti­fi­cat de Benoît XVI, ont mon­tré aux hommes de bonne volon­té que tout effort her­mé­neu­tique, ten­dant à inter­pré­ter « l’erreur » pour en faire une « véri­té mal com­prise », ne peut qu’échouer irré­mé­dia­ble­ment. C’est une voie sans issue dans laquelle il est vain de s’engager.

15. DICI : Le juge­ment de Mgr Lefebvre sur le Concile et les réformes post­con­ci­liaires dans son livre J’accuse le Concile (1976), et dans sa lettre au car­di­nal Ottaviani (1966) est-​il tou­jours actuel ?

Ce juge­ment cor­res­pond à la posi­tion qui a tou­jours été, et sera tou­jours celle de la FSSPX ; elle ne peut et ne pour­ra pas chan­ger. On voit que plus les évé­ne­ments se déroulent, plus ils confirment ce juge­ment, et mettent en lumière l’exceptionnelle pers­pi­ca­ci­té sur­na­tu­relle de notre fondateur.

16. DICI : Mgr Schneider, dans son livre Christus vin­cit (pp. 152–155 de l’éd. fran­çaise), recon­naît que sa posi­tion vis-​à-​vis des argu­ments de la FSSPX a chan­gé de façon posi­tive. Comment analysez-​vous ce chan­ge­ment, et le croyez-​vous pos­sible chez d’autres prélats ?

Mgr Schneider mani­feste depuis tou­jours une très bonne volon­té, résul­tat d’un esprit à la fois humble et intel­lec­tuel­le­ment hon­nête. Ce qui est le plus frap­pant chez ce pré­lat, c’est sa dou­ceur, alliée au cou­rage de par­ler publi­que­ment en faveur de la Tradition. Je pense que ce sont toutes ces qua­li­tés – mal­heu­reu­se­ment bien rares – qui lui ont per­mis le par­cours qui l’a conduit aux conclu­sions que nous connaissons.

Pour ce qui est d’autres pré­lats, je suis per­sua­dé qu’ils pour­raient eux aus­si entre­prendre le même par­cours, mais seule­ment dans la mesure où ils auront la même liber­té morale et le même amour de la véri­té. C’est cer­tai­ne­ment une inten­tion de prières pour nous tous.

17. DICI : La Messe tri­den­tine est aujourd’hui célé­brée aus­si en dehors de la FSSPX, par d’autres com­mu­nau­tés, chose qui n’existait pas lorsque la FSSPX a été fon­dée. De même, il y a aus­si des prêtres qui découvrent actuel­le­ment ce rite. Comment voyez-​vous cette évo­lu­tion de la situation ?

On constate que, sur­tout dans les der­nières années, un cer­tain nombre de prêtres, décou­vrant la Messe de tou­jours, ont com­men­cé un par­cours qui les a pro­gres­si­ve­ment ame­nés à décou­vrir la gran­deur de leur sacer­doce et, plus géné­ra­le­ment, le tré­sor de la Tradition. Il s’agit d’un déve­lop­pe­ment fort inté­res­sant, car c’est vrai­ment tout cela que la Messe apporte. Je me sou­viens bien du témoi­gnage reçu, un jour, d’un prêtre qui avait choi­si, non sans ren­con­trer de sévères oppo­si­tions, de célé­brer uni­que­ment la messe tri­den­tine. Il m’a fait remar­quer et il a sou­li­gné com­ment, en célé­brant cette messe, il avait été ame­né à recon­si­dé­rer tout son sacer­doce, et par voie de consé­quence, tout ce qu’il était appe­lé à faire en tant que prêtre : pré­di­ca­tion, conseils aux âmes, caté­chisme, etc. Cela est très beau, et on ne peut que se réjouir d’une telle régé­né­ra­tion, que l’on voit naître ici dans l’âme même du prêtre.

Cela dit, il est impé­ra­tif de gar­der la Messe tri­den­tine pour cette rai­son pro­fonde qu’elle est l’expression de notre foi, en par­ti­cu­lier en la divi­ni­té de Notre Seigneur, en son Sacrifice rédemp­teur, et par consé­quent en sa royau­té uni­ver­selle. Il s’agit de vivre la sainte Messe en entrant com­plè­te­ment dans tous ces mys­tères, et plus par­ti­cu­liè­re­ment dans le mys­tère de cha­ri­té qu’elle ren­ferme. Ce qui est incom­pa­tible avec une foi tiède, cen­trée sur l’homme, mièvre, œcu­mé­nique ; ou avec une appré­cia­tion pure­ment esthé­tique des richesses du rite tri­den­tin, telle qu’on la trouve par­fois mal­heu­reu­se­ment chez ceux qui seraient ten­tés de dis­so­cier l’usage du rite tri­den­tin de la néces­si­té de le vivre réel­le­ment, de le péné­trer, et sur­tout de se lais­ser assi­mi­ler par Notre Seigneur et par sa charité.

En défi­ni­tive, on peut le dire : la messe elle-​même est comme sté­ri­li­sée si elle n’aboutit pas à nous faire vivre dans le Christ : per Ipsum, et cum Ipso, et in Ipso. Elle ne sert pas à grand-​chose si elle ne pro­duit pas en nous le désir d’imiter Notre Seigneur par le don de nous-​mêmes. Générosité qui s’avère impos­sible dans un contexte impré­gné de l’esprit du monde, ou tou­jours por­té à se com­pro­mettre avec lui. La fécon­di­té de la Messe est d’autant plus grande qu’un ardent esprit de sacri­fice dis­pose les âmes à se don­ner géné­reu­se­ment au Christ.

18. DICI : Récemment, les médias ont don­né un reten­tis­se­ment consi­dé­rable au scan­dale lié au car­di­nal Becciu. Qu’en pensez-vous ?

Il va de soi qu’il ne revient pas à la FSSPX de se pro­non­cer sur les res­pon­sa­bi­li­tés des uns et des autres dans cette affaire, ni d’enquêter à ce sujet. Cela dit, en tant que fils de l’Église, nous ne pou­vons que déplo­rer ce scan­dale qui, hélas, l’affecte et l’humilie. Cela nous attriste inévi­ta­ble­ment, car la sain­te­té de l’Église s’en trouve obs­cur­cie. Néanmoins, il faut nous sou­ve­nir que, mal­heu­reu­se­ment, les scan­dales de ce genre exis­te­ront tou­jours dans l’Église, et que Dieu les per­met mys­té­rieu­se­ment dans sa Sagesse, pour la sanc­ti­fi­ca­tion des justes. Il serait donc dépla­cé de s’en scan­da­li­ser d’une façon pha­ri­saïque, à la manière des protestants.

Pour aller plus loin, ce qu’il me semble impor­tant de remar­quer, c’est l’attention que les médias laïcs portent à l’Église sur un tel sujet. Cette atten­tion dépasse celle qu’ils prêtent aux autres évé­ne­ments de la vie de l’Église, ou celle que les empe­reurs du Moyen Age pou­vaient consa­crer aux papes de leur époque. Si l’on arrive à lire entre les lignes des nom­breux articles de jour­naux consa­crés à ce thème, on y recon­naît une cer­taine com­plai­sance, une satis­fac­tion mal­saine. On dirait que le monde laïc ne peut perdre une si belle occa­sion de cra­cher sur le visage de l’Épouse du Christ, vis-​à-​vis de laquelle il avait pour­tant juré indif­fé­rence. Cela doit nous faire réflé­chir, et sur­tout cela devrait faire réflé­chir tous ceux qui vivent dans l’illusion qu’aujourd’hui, l’Église peut vivre en paix vis-​à-​vis d’un monde deve­nu effec­ti­ve­ment laïc et théo­ri­que­ment res­pec­tueux de tous. C’est faux. Derrière la rhé­to­rique libé­rale, il y a tou­jours le désir de voir l’Église, non pas puri­fiée, mais décré­di­bi­li­sée et anéan­tie. Il n’y a pas d’entente pos­sible avec ce monde.

La place de la FSSPX dans cette situation

Une Messe vrai­ment vécue, qui nous per­met de péné­trer le mys­tère de la Croix, est néces­sai­re­ment apostolique.

19. DICI : En quoi la FSSPX peut-​elle por­ter remède, selon ses moyens, à la crise actuelle ?

Tout d’abord sur le plan doc­tri­nal, la FSSPX est consciente qu’elle ne peut pas varier dans ses posi­tions. Qu’on le veuille ou non, celles-​ci sont un point de réfé­rence pour tous ceux qui, dans l’Église, cherchent la Tradition. C’est donc dans un esprit de ser­vice à rendre aux autres, et à l’Église elle-​même, que nous devons gar­der la lumière hors du bois­seau, sans faiblir.

Sur le plan pra­tique, les membres de la FSSPX doivent mon­trer que leur atta­che­ment au saint Sacrifice de la Messe est un atta­che­ment à un mys­tère de cha­ri­té qui doit rejaillir sur l’Église entière. Cela signi­fie qu’une Messe vrai­ment vécue, qui nous per­met de péné­trer le mys­tère de la Croix, est néces­sai­re­ment apos­to­lique et nous pous­se­ra tou­jours à recher­cher le bien du pro­chain, même du plus éloi­gné, sans dis­tinc­tion. C’est une atti­tude fon­cière, une dis­po­si­tion morale de bien­veillance qui doit impré­gner toutes nos actions.

20. DICI : Le but de la Fraternité est le sacer­doce catho­lique et tout ce qui s’y rap­porte. C’est pour­quoi vous êtes pré­oc­cu­pé prin­ci­pa­le­ment par les voca­tions, la sanc­ti­fi­ca­tion des prêtres et la fidé­li­té à la messe de tou­jours. Quelles sont vos pré­oc­cu­pa­tions actuelles ?

Elles sont exac­te­ment celles que vous avez énu­mé­rées. Je suis per­sua­dé que dans la mesure où nous arri­ve­rons à gar­der de tout notre cœur ces trois objec­tifs, les grâces et les lumières dont nous avons besoin pour notre ave­nir et pour les déci­sions que nous devrons prendre, nous seront don­nées au moment opportun.

En gar­dant le sacer­doce, nous gar­dons ce que la FSSPX et l’Église ont de plus cher. En effet, chaque voca­tion a une valeur infi­nie. Une voca­tion est indé­nia­ble­ment la grâce la plus pré­cieuse que le Bon Dieu puisse faire à une âme et à son Église. Par consé­quent, un sémi­naire est le lieu le plus saint qui puisse se conce­voir ou se trou­ver sur terre. Le Saint-​Esprit conti­nue à y tra­vailler comme dans le Cénacle, pour trans­for­mer les âmes des can­di­dats au sacer­doce et en faire des apôtres. Nous devons conti­nuer à y enga­ger tous nos efforts, et à y inves­tir nos éner­gies morales et humaines. Tout ce que nous construi­sons sur le sacer­doce de Notre Seigneur, et pour per­pé­tuer le sacer­doce de Notre Seigneur, demeure pour l’éternité.

21. DICI : Quels encou­ra­ge­ments donnez-​vous aux prêtres et aux fidèles atta­chés à la Tradition ?

Je vou­drais leur faire remar­quer que la Providence a tou­jours gui­dé la FSSPX et l’a tou­jours pro­té­gée au milieu de mille dif­fi­cul­tés. Cette même Providence, tou­jours fidèle à ses pro­messes, tou­jours vigi­lante et géné­reuse, ne peut pas nous aban­don­ner à l’avenir, parce qu’elle ces­se­rait d’être ce qu’elle est – ce qui est impos­sible, car Dieu reste tou­jours le même.

Autrement dit, après cin­quante ans d’existence de la FSSPX, notre confiance s’enracine encore plus pro­fon­dé­ment dans les innom­brables signes de cette bien­veillance mani­fes­tée durant toutes ces années.

Mais je pré­fère lais­ser le der­nier mot à Notre Seigneur lui-​même : « Ne crai­gnez point, petit trou­peau, car il a plu à votre Père de vous don­ner le Royaume. » (Luc 12,32)

Menzingen, le 11 octobre 2020,
Fête de la Maternité divine de la BVM

Don Davide Pagliarani, Supérieur général

Source : FSSPX.Actualités

Supérieur Général FSSPX

M. l’ab­bé Davide Pagliarani est l’ac­tuel Supérieur Général de la FSSPX élu en 2018 pour un man­dat de 12 ans. Il réside à la Maison Générale de Menzingen, en Suisse.