La postérité d’Annibal Bugnini

Annibal Bugnini (1912-1982)

Un des aspects et non des moindres des pro­blèmes posés par l’ac­cep­ta­tion sinon même la res­tau­ra­tion de la Messe Tridentine, face au refus obs­ti­né de la part des évêques, en tête celui des Français, tient à la per­sis­tance du ver­rouillage éta­bli par Annibal Bugnini.

Morte la bête, son venin n’a pas ces­sé de nuire.

Demeure solide à l’un des postes par­mi les plus signi­fi­ca­tifs, celui de céré­mo­niaire pon­ti­fi­cal, Mgr Pietro Marini. Il a été légué par Jean-​Paul II à Benoît XVI.

Il fut auprès du Pape défunt, celui qui don­na libre cours aux démons­tra­tions les plus aber­rantes. D’avoir vu par exemple, en Inde, en 1986, le Pape se faire mar­quer au front du signe de la déesse Siva fut l’une des pro­vo­ca­tions les plus remar­quables par­mi tant d’autres.

Dans le compte-​rendu de la Messe du 21 août 2005, clô­tu­rant le ras­sem­ble­ment des J.M.J à Cologne, nous notions à la fin :

« S’il y a un fau­teur de trouble, c’est au pre­mier chef le céré­mo­niaire pon­ti­fi­cal héri­té de Jean-​Paul II, qui semble veiller à ce que le Saint-​Père s’é­carte le moins pos­sible de la voie litur­gique tra­cée par Mgr Bugnini ».

En dépit du fait que ce der­nier fut véri­ta­ble­ment celui qui désho­no­ra la fin du Pontificat de Paul VI, pour­sui­vi dans la « dis­con­ti­nui­té », selon le terme même employé par Benoît XVI, force est de consta­ter que Mgr Marini fut de tous temps le bras droit de Bugnini.

Après avoir retra­cé le par­cours rava­geur de ce der­nier au Vatican, dans le n° 117 du Saint-​Anne, il faut nous rap­pe­ler qu’Annibal Bugnini avait choi­si l’ab­bé Marini, encore sémi­na­riste comme col­la­bo­ra­teur pri­vi­lé­gié au « Concilium » pour l’exé­cu­tion de la réforme litur­gique ins­ti­tuée, dès le 26 février 1964, en plein concile Vatican II.

Ayant sans doute espé­ré suc­cé­der au car­di­nal Arinze, pré­fet de la congré­ga­tion du culte divin et des sacre­ments, Marini n’a­vait plus que l’es­poir d’être nom­mé au secré­ta­riat, ou au pis aller, d’y voir pro­mu l’un de ses com­plices à la grande époque du règne de Bugnini.

Jusqu’à des temps récents, les can­di­dats aux deux postes, et dans la mou­vance bugni­niesque, avaient été, selon des bruits de cou­loir, suc­ces­si­ve­ment au nombre de quatre :

- Le car­di­nal Agnelo Gerardo Majella, ancien secré­taire de la Congrégation, qui se serait bien vu en lieu et place du car­di­nal Arinze, a enfoui dans les archives secrètes du Vatican les preuves de la ges­tion de la réforme litur­gique par Bugnini, alors contes­tées par le pré­fet de la Congrégation, le car­di­nal Antonelli, avant d’ac­cé­der à un siège épis­co­pal au Brésil.
- Mgr Terron Garriga Pere, autre­fois son secré­taire de la Congrégation, du pré­cé­dent car­di­nal, est évêque de Barcelonne et a dû se conten­ter d’un doc­to­rat « hono­ris cau­sa » de l’Institut Liturgique de Saint Anselme à Rome.
- Mgr Francesco Pio Tamburino, ancien abbé de Montervergine, béné­dic­tin, spé­cia­liste des rela­tions avec les ortho­doxes, fut l’a­vant der­nier secré­taire de la Congrégation.
- Après lui, Mgr Domenico Sorrentino, ayant lui aus­si exer­cé la fonc­tion de secré­taire, a été nom­mé, le 19 novembre 2005, arche­vêque d’Assise Nocera. Il avait été convain­cu, en octobre de la même année, d’a­voir signé une note secrète indi­quant que la libé­ra­li­sa­tion de la Messe Tridentine était impos­sible parce qu’abolie.

Franchi le synode romain de l’au­tomne 2005, insis­tant pour­tant sur les bien­faits de la réforme litur­gique réa­li­sée à par­tir du concile, c’est fina­le­ment un « out­si­der » qui a été nom­mé secré­taire de la Congrégation.

Il s’a­git du Sri Lankais Albert Malcom Ranjith Patabendige. Agé de 58 ans, il est arche­vêque titu­laire d’Umbricatico, en Calabre. Selon une démarche des­ti­née à ras­su­rer, il a été pré­sen­té comme « conser­va­teur », ce qu’ont sem­blé confir­mer les pro­pos miti­gés qu’il a tenus récem­ment dans une inter­ven­tion don­née à La Croix :

« Je remarque com­bien les jeunes prêtres, ici, aiment à célé­brer le rite tri­den­tin. Il faut bien pré­ci­ser que ce rite, celui du mis­sel de Saint Pie V n’est pas « hors la loi ». Faut-​il l’en­cou­ra­ger d’a­van­tage ? C’est le Pape qui décidera ».

Le pro­pos étant néan­moins atté­nué par la réflexion que :

« la réforme litur­gique de Vatican II n’a jamais vrai­ment décollé ».

Et de conclure, en sou­hai­tant une plus grande orien­ta­tion vers un mys­tère qui retrouve » sa dimen­sion mys­tique et céleste ».

Que faut-​il vrai­ment attendre de ces pro­pos contras­tés ? La réponse est une nou­velle fois pour nous : « Vigilate et Orate » !

Armoricus