Le prêtre professeur – XIXe – XXe siècles – Un ministère oublié

Mgr Lefebvre debout, le 2e à partir de la gauche

Recension publiée en hom­mage à tous les prêtres de la Fraternité qui se dévouent ou se sont dévoués dans les écoles.

Depuis le mono­pole que l’Etat s’est octroyé en matière sco­laire avec l’institution de l’Universi­té impé­riale de Napoléon, en 1806, l’Eglise de France et son cler­gé ne sont pas res­tés inac­tifs. A côté des écoles tenues par des congré­ga­tions reli­gieuses (Jésuites, Maristes, Frères des écoles chré­tiennes, etc.) qui subi­ront sou­vent la per­sé­cu­tion gou­ver­ne­men­tale et par­fois l’exil, nom­breux ont été les éta­blis­se­ments tenus par des prêtres sécu­liers agis­sant loca­le­ment, les petits sémi­naires consti­tuant la forme la plus ache­vée et la plus pro­fes­sion­nelle de ces établissements.

L’historien Marcel Launay aborde avec clar­té et une illus­tra­tion vivante de nom­breux té­moignages cette page peu connue de l’his­toire de l’enseignement. On y retrouve selon les époques – avant ou après la loi Falloux de 1850, puis avant ou après la IIIe République anti­clé­ri­cale – les ten­ta­tives aux suc­cès variés de struc­tures qui cherchent à don­ner une ins­truction sco­laire pour beau­coup tour­née vers une future et éven­tuelle for­ma­tion sacerdo­tale. Le constat s’impose : long­temps la for­mation des maîtres clé­ri­caux a lais­sé à dési­rer. Si les huma­ni­tés chré­tiennes demeurent la matrice qui struc­ture les études déli­vrées, tous les ensei­gnants ne sont pas à la hau­teur de la tâche, par­fois faute de moti­va­tion – ils ont obéi en pre­nant le poste d’enseignant qu’on leur confiait mais n’étaient manifeste­ment pas faits pour édu­quer des ado­les­cents – ou faute d’études préa­lables adap­tées aux disci­plines qu’ils eurent à enseigner.

Cela n’empêche pas cer­tains éta­blissements de pros­pé­rer jus­qu’au milieu du XXe siècle grâce à une meilleure prise en compte de la for­ma­tion et des diplômes obte­nus par les ecclé­sias­tiques. Les lois des IVe puis Ve Répu­bliques vont démo­cra­ti­ser les études secon­daires et enclen­cher un déclin des éta­blis­se­ments te­nus par les prêtres. La crise des années 1960 aura rai­son des écoles catho­liques qui s’intégre­ront alors dans le moule de l’Etat par l’éta­blissement des contrats d’association. Ceux- ci pré­ser­ve­ront la coquille d’écoles confes­sionnelles mais déli­vre­ront un ensei­gne­ment réso­lu­ment ali­gné sur le modèle étatique.

Aucune men­tion n’est faite dans l’étude de Marcel Launay de ces écoles libres, hors con­trat, tenues par des prêtres et qui existent bel et bien encore aujourd’hui, grâce aux initia­tives de parents d’élèves et du concours très actif de la FSSPX. Elles montrent pour­tant la per­ma­nence de l’œuvre édu­ca­tive de l’Eglise telle que la conce­vait encore Pie XI dans son ency­clique Divini illius magis­tri (1929). Avec leurs limites et leurs suc­cès, assez sem­blables aux aléas décrits dans l’ouvrage de M. Lau­nay, ces écoles sont le lieu d’apostolat de prêtres géné­reux, man­gés par leur minis­tère d’éducation, au ser­vice des familles et du sacerdoce.

Edition Salvator, 2020, 216 pages, 20 €.

Photo : Une classe dans un lycée pres­ti­gieux du Nord, avec un élève qui nous est bien connu.