Lettre ouverte à Mgr Rifan

The Remnant – 12 avril 2006

La lettre ouverte à mon­sei­gneur Rifan, écrite par deux laïcs, mes­sieurs Christopher A. Ferrara et Michael J. Matt, est un docu­ment superbe, l’un des plus beaux de la résis­tance catho­lique tra­di­tion­nelle de ces der­nières années.
Je suis heu­reux de saluer leur cou­rage et de por­ter à la connais­sance des fidèles fran­çais un texte qui, après avoir créé aux Etats-​Unis et au Brésil, une onde de choc salu­taire, ne man­que­ra cer­tai­ne­ment pas d’a­voir le même effet en France.
Il arrive au bon moment. Les tri­bunes qui ont été offertes à l’é­vêque bré­si­lien, à Bordeaux et à Paris, ont géné­ré une confu­sion que ce docu­ment devrait finir de dis­si­per.
Nous lais­sons à l’im­par­tia­li­té des lec­teurs le soin de juger par eux-​mêmes si Monseigneur Rifan a chan­gé de camp ou non. Bonne lec­ture et un grand mer­ci à nos deux américains !

Abbé de Cacqueray, †
Supérieur du District de France
Le 14 avril 2006

Votre Excellence

Le 4 Avril 2006, le site d’angelqueen.org a fait men­tion d’une « inter­view exclu­sive » avec Votre Excellence, dans laquelle par­mi d’autres décla­ra­tions alar­mantes et décon­cer­tantes, vous avez expo­sé ce que vous appe­lez « les sept péchés capi­taux » des traditionalistes ».

Vous décri­vez ces péchés capi­taux en tant que « ten­ta­tions et dan­gers » aux­quelles ils pour­raient suc­com­ber, et aux­quelles par­fois ils suc­combent. D’après Votre Excellence ces sept péchés capi­taux seraient :

1. Orgueil – Le sen­ti­ment que nous sommes les seuls à pos­sé­der la véri­té, et cette idée sec­taire, que nous sommes éga­le­ment les seuls vrais Catholiques, seuls Sauveurs de l’Eglise.

2. Manque de cha­ri­té sys­té­ma­tique :« regar­dez comme ils se détestent entre eux « , le contraire de ce que les païens disaient à pro­pos des pre­miers chré­tiens. L’art de chan­ger ses amis en enne­mis. L’esprit de division.

3. Jugements impé­tueux – Esprit soup­çon­neux. Théorie de la conspiration.

4. Propagateur de scan­dales. Critiques éri­gées en sys­tème. Ministère de critiques.

5. Esprit de Conflit. Désobéissance sys­té­ma­tique. Indépendance envers la hié­rar­chie et le Magistère de l’Eglise.

6. Esprit de secte -« En dehors de nous, point de salut « .

7. Pessimisme en ce qui concerne l’Espoir chré­tien (In spe gaudentes).

Jusqu’à un cer­tain point, une cer­taine satis­fac­tion quant à l’a­nor­ma­li­té de leur situa­tion et envers les erreurs par la par­tie humaine de l’Eglise, comme si cela pou­vait jus­ti­fier de sa propre position.

Les catho­liques tra­di­tion­nels qui connaissent le rôle impor­tant tenu par Votre Excellence , résis­tant à l’in­fluence moder­niste dans le dio­cèse de Campos en tant que prêtre dans les années 80, sont sur­pris, c’est le moins que l’on puisse dire, de voir votre liste des péchés « des tra­di­tio­na­listes ».

Ces péchés que vous énu­mé­rez sont pré­ci­sé­ment ceux que les moder­nistes de Campos vous ont attri­bué, à vous et à vos frères tra­di­tio­na­listes, y com­pris le très grand évêque Antonio de Castro Mayer lorsque vous les com­bat­tiez à pro­pos de la nou­velle Messe et remet­tiez en cause les nou­veau­tés théo­lo­giques engen­drées par Vatican II . C’est-​à-​dire que ces « péchés, » ne sont pas des péchés, mais des des­crip­tions plu­tôt injustes du mou­ve­ment tra­di­tion­nel par ses cri­tiques modernistes.

On peut se per­mettre d’ar­gu­men­ter sur la sagesse de Votre Excellence, énu­mé­rant publi­que­ment sur le Web mon­dial, « les sept péchés capi­taux des tra­di­tion­nels » car beau­coup d’entre eux vous consi­dèrent comme l’un des chefs du mou­ve­ment contre-​révolutionnaire, du fait de votre atti­tude cou­ra­geuse envers la révo­lu­tion moder­niste de l’Eglise. Considérons, Votre Excellence, le fait d’un géné­ral qui dis­cu­te­rait des fai­blesses et défauts de ses propres sol­dats dans des com­mu­ni­qués qui seraient lus par l’en­ne­mi : ce serait un euphé­misme de dire que ce géné­ral serait impru­dent. Ses troupes, humi­liées et démo­ra­li­sées seraient par­don­nables, si elles le consi­dé­raient, en fait, comme un traître à leur cause.

Nous espé­rons que votre excel­lence appré­cie­ra qu’une telle impres­sion pour­rait seule­ment être confir­mée, par le fait que ‚tan­dis que vous sai­sis­siez l’oc­ca­sion de votre inter­view exclu­sive pour énu­mé­rer les sept péchés capi­taux des tra­di­tio­na­listes, vous n’a­vez assi­gné aucun péché capi­tal aux auto­ri­tés ecclé­sias­tiques, de quelque niveau qu’ils soient , qui ont pré­si­dé à la des­truc­tion de la litur­gie de l’Eglise,à la ruine de sa dis­ci­pline, à la cor­rup­tion de sa doc­trine et à sa dis­grâce depuis le Concile .

Si Votre Excellence avait pris la peine d’é­nu­mé­rer les sept péchés capi­taux des hiérarques- qui incluent la pra­tique et les mesures pro­tec­trices de la sodomie- votre “inter­view exclu­sive » n’au­rait par­lé que de cela et rien d’autre, et aurait due être pré­sen­tée de façon mul­ti­forme. Au lieu de cela, Votre Excellence a fait seule­ment une vague réfé­rence aux« prêtres pro­gres­sistes » cou­pables de manque « de sacré » (sic) et de la désa­cra­li­sa­tion géné­ra­li­sée de l’Eglise, comme si la crise de l’Eglise avait été pro­vo­quée par quelques parois­siens rené­gats plu­tôt que par les actes et les omis­sions désas­treux, des chefs de l’Eglise, y com­pris les papes conci­liaires et post­con­ci­liaires eux ‑mêmes.

Néanmoins, puisque Votre Excellence a trou­vé bon d’é­nu­mé­rer publi­que­ment les sept péchés capi­taux des tra­di­tio­na­listes, permettez-​nous de vous énon­cer, publi­que­ment, ces com­men­taires pour ce qui concerne vos accu­sa­tions du mou­ve­ment traditionnel.

Nous nous devons de le faire du fait de notre convic­tion que l’in­ter­view de Votre Excellence, dans son ensemble n’a pas seule­ment injus­te­ment dif­fa­mé le mou­ve­ment dont nous fai­sons par­tie , mais à éga­le­ment mis en doute (volon­tai­re­ment ou non), la rai­son même de l’exis­tence de ce mouvement .

Regard sur les » sept péchés capitaux des traditionalistes « .

A pro­pos des trois pre­miers « péchés capi­taux » – Orgueil, Manque de Charité, Jugement imprudent- qui sont ter­mi­no­lo­gi­que­ment recon­nais­sables en tant que péchés, en oppo­si­tion avec les quatre autres sui­vants qui sont exac­te­ment du type pseudo-​psychologiques, péjo­ra­tifs, uti­li­sés par les Modernistes pour décrire n’im­porte quel catho­lique qui objec­te­rait à la débâcle ecclé­siale qu’ils appellent Renouvellement. C’est avec une grande tris­tesse que nous avons consta­té que Votre Excellence emploie cette même ter­mi­no­lo­gie.

Il ne peut y avoir aucun doute que les péchés « clas­siques »,Orgueil, Manque de Charité, Jugement Imprudent , peuvent être une ten­ta­tion pour les traditionalistes,mais pas plus que pour d’autres dans l’Eglise, car ils ne sont guère les « péchés capi­taux » des tra­di­tio­na­listes. Que pen­ser, Votre Excellence, des membres de la hié­rar­chie qui sont cou­pables de ce que vous appe­lez » le « manque du sacré, et de la désa­cra­li­sa­tion géné­ra­li­sée dans l’Eglise » (ce que, pour quelques rai­sons que ce soit vous ne décri­vez pas comme « péché capital » ?).

- N’y a‑t-​il aucun péché d’or­gueil dans cette par­ti­ci­pa­tion à la des­truc­tion du « sacré », sans men­tion­ner les péchés de sacri­lège et de blas­phème qui offensent Dieu, directement ?

- N’y a‑t-​il pas un manque de cha­ri­té de la part de ceux qui ont vir­tuel­le­ment dépouillé l’Eglise tout entière de son patri­moine spi­ri­tuel, qui de droit, revient à chaque Catholique ?

- N’avez-​vous pas consta­té de juge­ment impru­dent de la part de ces nom­breux » pro­gres­sistes » qui calom­nient les tra­di­tio­na­listes en les taxant de « déso­béis­sants » et de schis­ma­tiques, pour aucune autre rai­son que celle de leur juste refus de coopé­rer avec la désa­cra­li­sa­tion géné­ra­li­sée de l’Eglise ?

En effet, Votre Excellence, quel juge­ment pour­rait être plus impru­dent et absurde que le juge­ment de ceux qui s’op­posent à la désa­cra­li­sa­tion de l’Eglise et ne sont pas en com­mu­nion avec l’Eglise ?

En ce qui concerne les quatre autres « péchés capi­taux », que Votre Excellence attri­bue aux tra­di­tio­na­listes, vous énu­mé­rez : La Critique en tant que sys­tème. Ministère de la Critique. Désobéissance sys­té­ma­tique. Indépendance envers la Hiérarchie et le Magistère de l’Eglise. Hors de nous, point de salut. Satisfaction envers l’a­nor­ma­li­té de leur situa­tion et envers les erreurs de la par­tie humaine de l’Eglise.

Et vous, Votre Excellence, que pensez-​vous de vos actions ?

Qu’il nous soit ici per­mis, Votre Excellence, de par­ler de vous, qui vous êtes, d’où vous venez.

Vous êtes l’é­vêque d’un groupe de catho­liques tra­di­tion­nels du Diocèse de Campos, qui, pen­dant plus de 30 années a refu­sé d’ac­cep­ter la nou­velle Messe ou aucune des pré­cé­dentes inno­va­tions dans l’Eglise depuis Vatican II et qui s’est reti­ré de la struc­ture dio­cé­saine plu­tôt que d’être for­cé de chan­ger la pra­tique de la Foi Eternelle.

Vous êtes deve­nu évêque seule­ment du fait de cette résis­tance qui vous a mis en posi­tion d’être choi­si pour suc­cé­der à Monseigneur Rangel, qui se mour­rait, en tant que lea­der de la Communauté tra­di­tion­nelle de Campos.

Dans son ouvrage de réfé­rence, très connu, La Gueule du Lion (Mouth of the Lion) le Docteur David Allen White raconte un grand nombre de détails sur la par­ti­ci­pa­tion de Votre Excellence dans la résis­tance de la révo­lu­tion post-​conciliaire à Campos : il n’y avait pas de plus féroce résis­tant que le Padre Fernando Areas Rifan :

- En 1986, vous avez publi­que­ment résis­té à l’ordre De Monseigneur Navarro de par­tir de votre paroisse, quand vous y étiez alors le der­nier prêtre du dio­cèse de Campos à célé­brer la Messe tra­di­tion­nelle en latin.

- 25 Juillet, de la même année , vous avez envoyé à cet évêque » 13 lettres, docu­ments, ency­cliques pon­ti­fi­cales de Pie IX, Grégoire XVI, Léon XIII,Saint Pie X, Pie XI et Pie XII deman­dant à l’Evêque, dans vos notes per­son­nelles, com­ment ces ensei­gne­ments pouvaient-​ils se conci­lier avec Vatican II » .

- En même temps, avec vos lettres et docu­ments vous avez envoyé un extrait de » Summa Theologicae » qui traite de l’o­béis­sance, jus­ti­fiant votre refus d’o­béir aux direc­tives injustes de l’é­vêque vous ordon­nant de ces­ser la célé­bra­tion de la Messe tra­di­tion, celle en latin et de par­tir de votre paroisse. Quatre de vos parois­siens, – Gerson Ribeiro Gomez, Géraldo Damiao, de Azevedo, Amaro Fideliz da Cruz et Jonas Mourabar­ri­ca­dèrent la porte de votre église pour que le Vicaire de Monseigneur Navarro, et l’a­vo­cat dio­cé­sain qui l’ac­com­pa­gnait ne puissent y entrer pour vous remettre en main propre le décret vous sti­pu­lant votre ordre de départ de votre paroisse.

- Vous avez enga­gé alors une bataille légale contre Monseigneur Navarro lors­qu’il vous a traî­né devant les tri­bu­naux pour pou­voir s’emparer de votre paroisse comme il l’a­vait fait aupa­ra­vant, avec les autres prêtres qui eux aus­si, résis­tèrent à l’in­jonc­tion de célé­brer la Nouvelle Messe contre la volon­té du cler­gé et des laïcs de Campos. Quand vous avez per­du votre pro­cès, vous avez emme­né votre com­mu­nau­té tout entière dans une cha­pelle que vous aviez construite sur un ter­rain ache­té aupa­ra­vant. Avec les autres prêtres de Campos ayant le même pro­blème, qui firent la même chose que vous dans leurs propres cha­pelles, vous avez per­sé­vé­ré et avez conti­nué à célé­brer la Messe tra­di­tion­nelle, pour vos parois­siens, en défiant Monseigneur Navarro.

Votre excel­lence, vous devez cer­tai­ne­ment vous sou­ve­nir de ce vous avez dit de Mgr Navarro et de ses col­la­bo­ra­teurs, dans votre der­nier ser­mon avant de quit­ter votre église dont l’é­vêque vous chas­sait, avec l’aide des tribunaux :

« Aujourd’hui, nous n’a­ban­don­nons pas notre lutte, nous sommes expul­sés par déci­sion juri­dique, et nous par­tons pour notre « paroisse-​en-​exil ». Les res­pon­sables de l’im­plan­ta­tion du pro­gres­sisme dans cette église seront les mêmes qui pro­fa­ne­ront ce temple par manque de res­pect, par l’ac­cep­ta­tion de vête­ments indé­cents, par la nou­velle Messe. Ils imposent le pro­gres­sisme par force dans cette église, mais un jour ils devront répondre à Dieu, à l’heure du juge­ment .Notre mis­sion conti­nue, avec votre aide, dans les quar­tiers déshé­ri­tés. C’est aujourd’­hui une date his­to­rique, et nous ne par­tons pas vain­cus. Un jour le décompte se fera et nous sau­rons au ciel qui seront les vain­queurs » .

Mais après avoir été nom­mé évêque après tant d’an­née de résis­tance au Modernisme, Votre Excellence nous parle main­te­nant des péchés capi­taux des tra­di­tion­nels ; il est donc sim­ple­ment juste de deman­der à Votre Excellence une ques­tion pro­vo­quée par ses accu­sa­tions : lorsque vous avez fait, par écrits, paroles, actions tout ces actes de cou­rage, racon­tés dans La Gueule du Lion, avez- vous, vous-​même com­mis quelques-​uns de ces péchés capi­taux, en particulier :

- Etait-​ce de l’or­gueil d’en­voyer à Mgr Navarro des docu­ments de théo­lo­gie, et de lui deman­der com­ment les ensei­gne­ments pas­sés de l’Eglise pou­vaient se conci­lier avec les nou­veau­tés à l’ordre du jour ?

- Quand vous vous êtes joints avec les autres prêtres et amis de Campos, pour cri­ti­quer la nou­velle Messe, le nou­vel oecu­mé­nisme et les nou­velles liber­tés reli­gieuses, étiez vous cou­pable de ce que vous appe­lez main­te­nant « la cri­tique en tant que sys­tème », ou le« minis­tère de la cri­tique « ?

- Avez vous émis des juge­ments impru­dents quand vous avez dit, dans votre der­nier sermon,dans cette église que plus tard l’é­vêque Navarro et ses col­la­bo­ra­teurs pro­fa­ne­ront avec la nou­velle messe et tout ce qui s’en­suit et qu’ils devront répondre de leurs actions devant Dieu, à l’heure du jugement ?

- Etiez vous cou­pable de « déso­béis­sance sys­té­ma­tique », et « d’in­dé­pen­dance envers le Magistère de l’Eglise » lorsque vous avez refu­sé d’é­va­cuer votre paroisse, com­bat­tu l’é­vêque au tri­bu­nal pour sa pos­ses­sion, et bâti ensuite une cha­pelle pour sau­ve­gar­der la Foi tra­di­tion­nelle à Campos ?

- Quand vous vous êtes ins­tal­lé dans votre cha­pelle indé­pen­dante, et avez conti­nué de vous pro­non­cer contre la« nou­velle orien­ta­tion » de l’Eglise, étiez vous « satis­fait de cette situa­tion anor­male » et par « les erreurs humaines de a par­tie humaine l’Eglise » ?

- En orga­ni­sant votre cha­pelle indé­pen­dante en dehors de celle du dio­cèse, déclariez- vous » hors de nous, point de salut ? »

Dans le monde entier, les tra­di­tio­na­listes qui admi­raient l’ab­bé Rifan et son oppo­si­tion à « l’au­to démo­li­tion de l’Eglise » croient que la réponse à ces ques­tions est non.

En effet, puisque Votre Excellence connais­sait les maux qui affli­geaient l’Eglise après le Concile, vous auriez été en état de péché si vous n’a­viez pas agi comme vous l’a­vez fait. Car com­ment serait-​il pos­sible de ne pas pécher en refu­sant de résis­ter à ce que l’on savait être la « désa­cra­li­sa­tion géné­ra­li­sée de “Eglise « ?

Accusation Ironique

Pourtant, main­te­nant, Votre Excellence accuse les tra­di­tio­na­listes d” »être satis­faits » avec « l’a­nor­ma­li­té de leur situa­tion et avec les erreurs humaines de l’Eglise ».

Mais, com­ment la situa­tion des tra­di­tio­na­listes qui ont pris les mesures néces­saires pour com­battre la « désa­cra­li­sa­tion géné­ra­li­sée » de l’Eglise- comme vous l’a­vez fait vous-​même – devrait-​elle être consi­dé­rée comme anor­male ? Ce n’est pas plu­tôt la désa­cra­li­sa­tion géné­ra­li­sée de l’Eglise qui pré­sente une situa­tion anor­male ? Et ceux qui ont par­ti­ci­pé à cette désa­cra­li­sa­tion, alors sont ceux qui se satis­font d’une situa­tion anor­male ? Est ce que ces mêmes per­sonnes ‑émi­nem­ment satisfaites- ne sont pas les mêmes qui le sont avec les « erreurs humaines de l’Eglise » qui sont res­pon­sables de sa désacralisation ?

Vous dites que les tra­di­tio­na­listes sont cou­pables de croire que « hors de nous, point de salut ». N’est ce pas cela même que votre « trou­peau » de Campos croyait ?

Croient-​ils à celà ceux qui assistent dans cer­taines cha­pelles à la Messe indult en latin ou dans les cha­pelles de la Fraternité Saint Pierre ? Est ce que la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X a jamais dit une telle chose ? Est ce que Votre Excellence peut citer une publi­ca­tion légi­time de la Fraternité, men­tion­nant la phrase « Hors de nous, point de salut « ?

Exactement, qui est cou­pable de ce« péché capi­tal des tra­di­tio­na­listes », que vous dites être une ten­dance du mou­ve­ment tra­di­tion­nel en géné­ral ? Vous par­lez main­te­nant de la « déso­béis­sance sys­té­ma­tique » et de « l’in­dé­pen­dance envers la Hiérarchie et le Magistère de l’Eglise » de la part de tra­di­tio­na­listes autres que vous-​même. Désobéissance à quoi ? Et à qui, Votre Excellence ?

Comme vous le savez, et comme le Vatican se pré­pare à le publier offi­ciel­le­ment au monde, la Messe tra­di­tion­nelle n’a jamais été inter­dite. « Oecuménisme« et« dia­logue » ne nous ont jamais été impo­sés en tant que lois de l’Eglise. En fait, aucune des nou­veau­tés de ces qua­rante années pas­sées n’a jamais été deman­dée aux fidèles en tant qu’o­bli­ga­tion de la Foi. Et jamais pour la plu­part d’entre nous, comme vous l’a­vez été, avons nous été dans la posi­tion d’a­voir à résis­ter direc­te­ment à un ordre éma­nant de l’Episcopat d’a­ban­don­ner la tra­di­tion. Comment se fait-​il donc main­te­nant, que Votre Excellence per­çoive des péchés capi­taux chez les tra­di­tio­na­listes dont les actions dociles, timides mêmes, n’ont rien à voir avec les vôtres en tant que prêtre à Campos. 

Nous espé­rons que Votre Excellence nous par­don­ne­ra ce que nous venons de dire, mais qui mal­gré tout, reste pré­sent dans l’es­prit de beau­coup, après votre inter­view ; il semble que l’homme qui nous parle main­te­nant, qui donne des « inter­view exclu­sives », énu­mé­rant les péchés capi­taux des tra­di­tio­na­listes, n’est pas le même homme qui refu­sait les ordres funestes d’un évêque moder­niste déci­dé à com­plè­te­ment sup­pri­mer la litur­gie catho­lique, et la Foi qui l’entoure.

« Unité » et « Coxistence avec le Modernisme ».

A contra­rio, main­te­nant Votre Excellence parle de « co‑existence avec le dio­cèse local-​unité dans la diver­si­té » – et vous dites que la démons­tra­tion de cette « co-​habitation » est utile pour les pro­gres­sistes et pour les tra­di­tio­na­listes ; Mais, com­ment pourrait-​il y avoir une uni­té quel­conque entre les pro­gres­sistes qui, vous l’ad­met­tez sont cou­pables de la désa­cra­li­sa­tion de l’Eglise, et les tra­di­tio­na­listes qui essaient de la re-​sacraliser ? Et même si quelques évêques locaux sont d’ac­cord pour tolé­rer l’exis­tence de tra­di­tio­na­listes dont les com­mu­nau­tés sont en stricte qua­ran­taine dans leur dio­cèse, est-​il pos­sible de décrire cet arran­ge­ment comme une « uni­té dans la diver­si­té ? »

Qu’est-​il adve­nu de l’op­po­si­tion de prin­cipe entre pro­gres­sistes et tra­di­tio­na­listes, cette oppo­si­tion qui, il n” y a pas déjà si long­temps, vous avez conduit, vous et vos parois­siens dans ce que vous appe­liez une « chapelle-​en-​exil ? Quant à cette idée de tra­di­tio­na­listes en « co-​habitation » avec les pro­gres­sistes Votre Excellence a fait une décla­ra­tion quelque peu confuse :

« Les pro­gres­sistes sont per­sua­dés que ce n’est pas pos­sible, crai­gnant que l’u­ni­té de l’Eglise soit ébran­lée s’ils ouvraient leur porte aux tra­di­tio­na­listes et les tra­di­tio­na­listes craignent qu’ils puissent perdre leur iden­ti­té avec cette co-​habitation. Non ! La paix est pos­sible avec une diver­si­té litur­gique, une diver­si­té dans la dis­ci­pline et natu­rel­le­ment, fidé­li­té à la Doctrine ».

Votre Excellence veut-​elle vrai­ment dire que les pro­gres­sistes sont main­te­nant une par­tie légi­time dans l’Eglise – même domi­nante -, avec les­quels les tra­di­tio­na­listes sont obli­gés de cher­cher « l’u­ni­té dans la diver­si­té », et « la paix » ? Est-​ce donc pour cela que vous vous ren­diez aux scan­da­leuses Journées Mondiales des Jeunes dont les les vête­ments sont plus « indé­cents » que les vête­ments que vous inter­di­siez dans votre paroisse de Campos et vous joindre aux moder­nistes qui cari­ca­turent les catho­liques romains tra­di­tion­nels en bigots à l’es­prit étroit ? Appelez-​vous alors à l’u­ni­té avec les moder­nistes en oppo­si­tion vers une fin légi­time (que vous pour­sui­viez en tant que prêtre à Campos) dans le but de prendre pied dans un dio­cèse pour l’a­me­ner à la tra­di­tion, Mais qu’est-​il donc arri­vé à votre totale oppo­si­tion au Modernisme ?

Il nous semble que main­te­nant, vous consi­dé­rez Modernisme/​Progressisme comme l’une des nom­breuses iden­ti­tés de l’Eglise « co-​habitant » avec le Catholicisme Romain, et que ce der­nier ne doit plus être com­pa­ré avec la Foi « sim­pli­ci­ter » qui se doit d” être recons­ti­tuée pour tous .

Absoudre la Nouvelle Messe d’être coupable de la Crise.

La répu­dia­tion, par Votre Excellence du docu­ment : « 62 rai­sons pour les­quelles on ne doit pas, en bonne foi, assis­ter au Nouvel Ordo », publié par les prêtres de Campos, ‑dont la plu­part, votre inter­vie­wer l’a noté, sont sous votre juri­dic­tion, – est bien alar­mante. Vous l’é­car­tez comme un « docu­ment rédi­gé, pas offi­ciel­le­ment, il y a bien long­temps. » Mais, vous-​même n’é­tiez vous pas d’ac­cord avec ce docu­ment lors­qu “il fut publié ?

Cependant, main­te­nant Votre Excellence déclare » La plu­part de ces (62) rai­sons sont réel­le­ment arti­fi­cielles, pre­nons par exemple, sur l’a­po­sta­sie des prêtres, etc. sans aucune rela­tion cau­sale avec le « Novus Ordo ». » Votre Excellence si l’on prend en consi­dé­ra­tion votre his­toire per­son­nelle en tant que mili­tant de l’op­po­si­tion de la révo­lu­tion litur­gique, com­ment pou­vez ‑vous, main­te­nant, en conscience, dire qu’il n’y a aucune rela­tion cau­sale néces­saire entre le Novus Ordo et le déclin immé­diat de l’Eglise après son intro­duc­tion, spé­cia­le­ment quand ce déclin est celui-​là même que vos amis prêtres de Campos et l’Evêque de Castro Mayer avaient pré­dit qu’il arriverait ?

Votre Excellence ne croit-​elle plus en ce que le Dr White a écrit au sujet de la conser­va­tion de la Foi à Campos, alors que le reste du Brésil subis­sait une apos­ta­sie ? Laissez moi vous rap­pe­ler ses mots :

» Dans Campos, ou la Messe Tridentine avait été pré­ser­vée et la Foi demeu­rée en place sans changement,.…rien de ces bou­le­ver­se­ments ne s’est pro­duit .La vie du peuple est demeu­rée catho­lique. Un grand nombre de per­sonnes assis­tait à la Messe, et le nombre de prêtres ne fai­sait que s’ac­croître. Les cou­vents du dio­cèse étaient rem­plis de reli­gieuses qui tra­vaillaient, priaient, ensei­gnaient et qui avaient l’air de reli­gieuses. Campos a pré­ci­sé que l’ef­fon­dre­ment tur­bu­lent des années pré­cé­dentes avait été inutile, et qu’il était dû aux chan­ge­ments de la Messe et que l’empiétement des idées moder­nistes avait affai­bli la Foi. »

Votre Excellence rejette-​t-​elle main­te­nant ce que même l’ex-​Cardinal Ratzinger a décla­ré au sujet de la connec­tion entre la nou­velle litur­gie et la crise ecclé­siale ? Comme le Cardinal l’a écrit :

» Je suis convain­cu que la crise ecclé­siale dans laquelle nous nous trou­vons aujourd’­hui, dépend pour une grande par­tie de l’ef­fon­dre­ment de la liturgie.(1) »

Quelle est donc cette litur­gie qui s’est effon­drée, Votre Excellence, si ce n est celle du Novus Ordo ? Pourtant, main­te­nant il sem­ble­rait que Votre Excellence soit satis­faite d’é­non­cer que « la Messe du Novus Ordo est, une Messe catho­lique, valide, natu­rel­le­ment, » comme si il n’y avait eu cet effon­dre­ment de la litur­gie pro­dui­sant une grande crise dans l’Eglise. Vous faites vôtres les sen­ti­ments d’un cer­tain fonc­tion­naire romain qui avait dit : » le pro­blème n’est pas le rite, le pro­blème est le ser­mon. » Est-​ce donc ce que vous croyez main­te­nant, Votre Excellence, que la crise dans l’Eglise serait sim­ple­ment sur­ve­nue à cause de mau­vais sermons ?

Participation « Occasionnelle » dans une ambiance Moderniste.

Même lorsque vous faites réfé­rence à » l’am­biance moder­niste » du Novus Ordo qui doit, dans cer­tains cas » être évi­té » – depuis quand les Catholiques ont-​ils évi­té le Modernisme dans quelques cas seule­ment, Votre Excellence ? – vous jus­ti­fiez votre » propre par­ti­ci­pa­tion occa­sion­nelle en concé­lé­brant la litur­gie du Novus Ordo, avec un cer­tain nombres de vos prêtres. Voici donc que vous indi­quez que vous avez par­ti­ci­pé à une telle litur­gie avec des évêques angli­cans, qui y avaient assis­té » par cour­toi­sie ». Vous, qui dans le pas­sé avait bar­ré la porte aux hommes de l’é­vêque Navarro, quand ils sont venus pour vous empê­cher de célé­brer la Messe tra­di­tion­nelle en latin, vous êtes main­te­nant d’ac­cord pour concé­lé­brer » occa­sion­nel­le­ment » avec quelques faux pré­lats Anglicans, qui prêchent tous l’hé­ré­sie et l’im­mo­ra­li­té, condui­sant les âmes en enfer !!!!

En ce qui concerne ce scan­dale, vous deman­dez à votre porte-​parole de vous défendre comme suit :

« Dom Fernando est un évêque catho­lique, membre de l’é­pis­co­pat catho­lique, en com­mu­nion avec Sa Sainteté le Pape. De ce fait, comme tous les évêques catho­liques, même ceux d’un rite dif­fé­rent, il doit, en pra­tique, démon­trer cette pleine com­mu­nion. Maintenant, refu­ser ce rite, expli­ci­te­ment et conti­nuel­le­ment dans une ou plu­sieurs Messes, du même rite que le Pape, et de tous les évêques de l’Eglise, tout en jugeant, en soi, ce rite incom­pa­tible avec la Foi, cause même de péché, repré­sen­te­rait un refus for­mel de com­mu­nion avec le Pape et l’é­pis­co­pat Catholique ».

Avons-​nous lu la décla­ra­tion de votre porte-​parole cor­rec­te­ment, Votre Excellence ? Est-​ce vrai­ment, main­te­nant, qu’une abs­ten­tion conscien­cieuse et com­plète est un acte schis­ma­tique ? A votre avis, il est schis­ma­tique de tou­jours évi­ter » une ambiance moder­niste » dans la litur­gie ? Comment votre propre porte-​parole peut il pro­non­cer de tels non sens ? Imitant les sédé­va­can­tistes, votre porte-​parole sug­gère qu’on ne peut évi­ter la Nouvelle Messe sans impli­quer que l’Eglise a échoué « uni­ver­sel­le­ment en vou­lant pro­mul­guer un rite inva­lide et illé­gi­time ». Les sédé­va­can­tistes doivent être ravis de voir que vous accep­tiez leur argu­ment trom­peur. Mais votre porte-​parole, sans pré­ci­sion aucune, ne fait pas de dis­tinc­tion entre » la Nouvelle Messe » telle que pro­mul­guée, en latin, par Paul VI, et la Nouvelle Messe dans sa pra­tique. En pra­tique, la Nouvelle Messe est impar­fai­te­ment célé­brée dans une sorte de tra­duc­tion ver­na­cu­laire, avec d’in­nom­brables options, et abus tolé­rés. Ces élé­ments de la nou­velle litur­gie n’im­pliquent pas l’au­to­ri­té dis­ci­pli­naire uni­ver­selle infaillible de l’Eglise, mais sont seule­ment des juge­ments pru­dents et faillibles, et une mau­vaise gou­ver­nance dont le Pape lui même n’est pas immu­ni­sé et que les Catholiques n’ont pas le devoir de res­pec­ter. En outre, votre porte-​parole ne men­tionne pas, que même, l’é­di­tion typique de la Messe en latin de Paul VI était, comme de légi­times docu­ments romains en font état, rien de plus qu’une excep­tion au rite uni­ver­sel­le­ment recon­nu et approu­vé de la Messe de l’Eglise qui reste la litur­gie Damasienne-​Grégorienne en Latin, cano­ni­sée à per­pé­tui­té par le Saint Pape Pie V.

Paul VI lui-​même a dit au Frère Jean-​Marie Charles Roux » Je n’ai jamais défen­du de célé­brer l’Ancienne Messe ; j’en ai sim­ple­ment offert une alter­na­tive.(2) »

Comme Votre Excellence l’a jadis, lui même recon­nu, aucun Catholique, en fait, n’a jamais été obli­gé de par­ti­ci­per, même » occa­sion­nel­le­ment » à cette litur­gie alter­na­tive : une expé­rience dont l’é­chec est évident pour n’im­porte qui en toute pos­ses­sion de sa raison.

Avec tout le res­pect que je vous dois, Votre Excellence, entre vous et votre porte-​parole, l’ap­proche de la Société de Saint Jean-​Marie Vianney à la Nouvelle Messe est deve­nue inco­hé­rente. En rai­son de cette confu­sion, on se demande ce qui a bien pu arri­ver à la simple convic­tion de Votre Excellence qui vous avez conduit à la « Chapelle-​en-​Exil » située au milieu des tau­dis de Campos, que la nou­velle litur­gie avait affai­bli la Foi Catholique.

Avez-​vous oublié, Votre Excellence, la décla­ra­tion d’un de vos propres parois­siens, Damiao Geraldo de Azevedo, un Protestant conver­ti qui était l’un de vos quatre parois­siens qui avaient bar­ré la porte de votre paroisse aux repré­sen­tants de l’é­vêque Navarro ? Voilà ce que dit cet homme, pour votre défense, comme il est men­tion­né dans les rap­ports du Dr White :

» Réfléchissez sur cela : A Campos, curieu­se­ment Dom Navarro per­sé­cute ceux qui célèbrent la Messe qui a fait que des pro­tes­tants se conver­tissent au Catholicisme et d’une main de fer implante la Messe qui a fait que les Catholiques deviennent Protestants. Sûrement, ce doit être la fin du monde « .

Pourtant , il semble que Votre Excellence a peur de dire ce que même Monsignor Klaus Gamber a dit dans sa Réforme de la Liturgie Romaine, que la Messe Traditionnelle « doit deve­nir , à nou­veau, la norme de notre Foi, et le sym­bole de l’u­ni­té Catholique à tra­vers le monde, un roc de sta­bi­li­té, dans une période de bou­le­ver­se­ment et chan­ge­ment sans fin ».

Croyez-​vous tou­jours que le rite de la Messe Traditionnelle doit être res­tau­ré en tant que norme de notre Foi, et pour le bien de l” Eglise toute entière et le bien des âmes ? Si c’est le cas, laissez-​nous vous entendre Votre Excellence, nous le dire, sans ambi­guï­té, une fois encore ! Sinon, qu’est-​il adve­nu de votre apos­to­lat ? Déjà, il appa­raît, à beau­coup, que votre apos­to­lat a été réduit à la simple recom­man­da­tion d’une litur­gie « de pré­fé­rence » que les catho­liques peuvent prendre ou lais­ser, sans qu’il y ait aucune dif­fé­rence pour le bien de l’Eglise (ou de leurs âmes). C’est ce qui nous semble être l’o­pi­nion de Votre Excellence ces jours-ci.

Mais, Votre Excellence, consi­dé­rez les rai­sons que vous don­nez dans votre inter­view pour­quoi vous « aimez, pré­ser­vez et pré­fé­rez » la Messe Traditionnelle, pour une ques­tion de mieux et de façon plus pré­cise d’ex­pri­mer notre Foi dans le Dogme Eucharistique :

- Pour la sécu­ri­té et la pro­tec­tion contre les abus Pour la richesse et la solen­ni­té des rites
– Pour une meilleure pré­ci­sion et la rigi­di­té des rubriques
– Pour le sens du Sacré
– Plus de richesse et de pré­ci­sions dans les for­mules des prières
– Pour une rituelle et per­son­nelle humilité
– Pour l’é­lé­va­tion et la noblesse des cérémonies
– Pour le res­pect, la beau­té, le bon goût, le lan­gage sacré, la tradition.…

Par une impli­ca­tion néces­saire, Votre Excellence « pré­fère » la Messe Traditionnelle parce que la Nouvelle Messe pêche par manque de : expres­sion de notre Foi, du dogme Eucharistique, de sécu­ri­té et de pro­tec­tion envers les abus, solen­ni­té, pré­ci­sions des rubriques, sens du sacré, res­pect, humi­li­té per­son­nelle et rituelle, élé­va­tion et noblesse, res­pect de la beau­té, du bon goût, de la pié­té, du lan­gage sacré, et de tradition. !

Par cette expli­ca­tion néga­tive de la Nouvelle Liturgie, Votre Excellence nous dit qu’elle a été un désastre com­plet pour l’Eglise, en dépit de son « essen­tielle vali­di­té ». Pas éton­nant qu’elle s’est effon­drée ! Car votre propre liste de rai­sons pour les­quelles vous « pré­fé­rez » la Messe Traditionnelle révèle que ces inno­va­tions sont ruineuses.

De plus, le Cardinal Ratzinger, lui même, a posé cette ques­tion accablante :

» Quand la Communauté de la Foi, l’u­ni­té mon­diale de l’Eglise et son his­toire ne sont plus visibles dans la litur­gie, dans le mys­tère du Christ Vivant, ou alors l’Eglise doit-​elle deve­nir visible dans son essence spi­ri­tuelle ? »(3)

Ou, sin­cè­re­ment, Votre Excellence, qu’est-​il adve­nu de vos inquié­tudes en ce qui concerne ces catas­trophes dans l’Eglise ? Partout, les tra­di­tio­na­listes se demandent ce qui est arri­vé au mili­tant qui avait éta­bli cette « chapelle-​en-​exil » indé­pen­dante, plu­tôt que de per­mettre que la tra­di­tion immé­mo­riale litur­gique de l’Eglise, son grand rem­part contre l’hé­ré­sie, soit rem­pla­cée par une nou­veau­té pro­tes­tan­tiste dont l’in­tro­duc­tion, il y a juste 36 ans, que le Cardinal Ratzinger avait appe­lé « une brèche dans l’his­toire de notre litur­gie et dont les consé­quences ne peuvent être que tra­giques »(4)…

Mais éton­nantes sont main­te­nant les vues de Votre Excellence envers » l’oc­ca­sion­nelle » par­ti­ci­pa­tion à cette tra­gé­die comme le signe de « par­faite com­mu­nion » pen­dant que vous consen­tez à la pro­po­si­tion que le rite reçu de l’Eglise et approu­vé de la Messe, et per­pé­tuel­le­ment sanc­tion­né par le Saint Père, est sim­ple­ment une litur­gie de pré­fé­rence à laquelle aucun Catholique n’est tenu de par­ti­ci­per, même « occa­sion­nel­le­ment ». Comment est-​ce que le prêtre mili­tant tra­di­tion­nel de Campos a pu per­mettre de se lais­ser manoeu­vrer pour accep­ter un ren­ver­se­ment aus­si absurde ?

La raison de notre Mouvement

Dans votre inter­view, vous racon­tez avec satis­fac­tion que vous » avez ren­du visite à Monseigneur Vingt-​Trois, à paris, au Cardinal Ricard à Bordeaux, vous avez déjeu­né avec Monseigneur Pansard à Chartres et que vous avez été reçu par le Nonce Apostolique à Paris. Ils m’ont tous trai­té comme un frère. » Pendant que cela a pu plaire à Votre Excellence d’être trai­té cour­toi­se­ment par des pré­lats libé­raux, qui ont pré­si­dés à la des­truc­tion de la Foi en France où seule­ment 12% de catho­liques assistent à la Messe heb­do­ma­daire, pouvez-​vous blâ­mer ceux qui pensent que, au milieu de tout cette chaude atmo­sphère de bons sen­ti­ments et votre accep­ta­tion en tant qu’é­vêque, vous per­diez un peu de vue de ce qu’est le mou­ve­ment tra­di­tion­nel dans l’Eglise ?

Quand vous étiez jeune prêtre à Campos vous agis­siez, et par­liez comme quel­qu’un enga­gé dans la bataille de la Foi elle-même,et non dans une simple pour­suite d’une pré­fé­rence litur­gique . Votre motif ‑c’est vous même qui l’a­vez décla­ré – était le salut des âmes et le bien de l’Eglise Universelle, qui, vous le saviez ‚étaient mena­cés par un sou­lè­ve­ment révo­lu­tion­naire néo-​moderniste, s’é­ten­dant bien plus loin que la litur­gie, et pro­vo­quant la plus grande crise ecclé­siale depuis le temps d’Arius .

Comme Monsignor Gamber l’é­cri­vait, par­lant de notre situation :

» Grande est la confu­sion ? Qui peut encore voir clair au milieu de cette obs­cu­ri­té ? Où sont dans notre Eglise les lea­ders qui peuvent nous mon­trer le bon che­min ? Où sont les évêques, assez cou­ra­geux pour sec­tion­ner cette crois­sance can­cé­reuse de cette théo­lo­gie moderne qui s’est implan­tée elle-​même et infecte, de l’in­té­rieur, la célé­bra­tion du mys­tère le plus sacré, avant que ce can­cer ne s’é­tende et cause de plus grands ravages encore ?
Ce dont nous avons besoin aujourd’­hui est un nou­vel Anastase, un nou­veau Basil, des évêques comme ceux-​la qui au IVème siècle com­bat­tirent l’Arianisme quand la presque entière majo­ri­té de la Chrétienté avait suc­com­bé à l’hé­ré­sie. Nous avons besoin de saints qui peuvent unir ceux dont la Foi est demeu­rée ferme, pour que nous puis­sions com­battre l’er­reur, et réveiller le faible et le vacillant de leur apathie.(5)»

Votre excel­lence, lais­sez la renais­sance de la Tradition réduite à une » pré­fé­rence » de quelques catho­liques soi-​disant tra­di­tion­nels, et il n’y aura plus de fin a cette obs­cu­ri­té et à cette confu­sion que Monsignor Gamber décrivait.

La cause dans laquelle vous êtes impli­qué, cepen­dant, a tou­jours été une cause pour la res­tau­ra­tion de « tout l’élé­ment humain de l’Eglise à l’in­té­gri­té litur­gique, doc­tri­nale et morale ». En tant que jeune prêtre Catholique Romain mili­tant, vous l’a­viez com­pris ; Mais main­te­nant il est juste de vous deman­der si vous le com­pre­nez encore, tant de Catholiques attendent d’en­tendre votre réponse.

Respectueusement vôtres dans le Christ,
Christopher A. Ferrara, Michael J.Matt

(1) Ratzinger, La Mia Vita, quo­ted by Michael Davies in The Latin Mass, Fall 1997.

(2) « Restore the Old Mass, » Inside the Vatican, May 4, 2004.

(3) Ratzinger, Joseph, Milestones : Memoirs : 1927–1977 (Ignatius Press : San Francisco, 1998), p. 149.

(4)Ibid, pp. 156, 148.

(5) Gamber, Reform of the Roman Liturgy, p. 113.

Notes de la rédaction de La Porte Latine

- (*) Christopher A. Ferrara et Michael J. Matt sont deux jour­na­listes proches des milieux ecclé­sia­déistes amé­ri­cains et ne se reven­diquent en aucune manière d’une appar­te­nance quel­conque à la FSSPX : leur objec­ti­vi­té n’en prend que plus de relief et de force.

- Traduction par Madame Annick Eldridge, cor­res­pon­dante niçoise de La Porte Latine.

L’interview de The Remnant en anglais :

An Open Letter to Bishop Fernando Rifan