L’évolution, ce conte de fées pour grandes personnes

D’après Jean Rostand, Biologiste, his­to­rien des sciences et aca­dé­mi­cien français

Le socia­liste Guy Lengagne, ancien dépu­té et ministre fran­çais, a essuyé un refus lorsqu’il a pré­sen­té un rap­port inti­tu­lé Dangers du créa­tion­nisme dans l’éducation. La phrase-​clef du rap­port dit ceci :

« L’enseignement de l’ensemble des phé­no­mènes liés à l’évolution comme une théo­rie scien­ti­fique fon­da­men­tale est par consé­quent cru­cial pour le futur de nos socié­tés et pour nos démo­cra­ties. Présenter à l’école le modèle créa­tion­niste serait est un can­cer mor­tel pour la pen­sée scien­ti­fique. Nous assis­tons aux pré­mices d’un retour au Moyen Age (sic !) », a‑t-​il ajouté.

Ce pro­pos d’emblée nous fait pen­ser à un enga­ge­ment idéo­lo­gique. Ce texte a rete­nu mon atten­tion car Guy Lengagne outre le fait qu’il soit socia­liste, ancien ministre de la mer sous Mitterrand, était à l’époque maire de la ville de Boulogne-​sur-​Mer où je suis né et j’habite ; et aus­si Grand Maître de la loge des Trois Lumières (GODF) dans cette cité. Pour faire bonne mesure il avait été pré­sident de la Fraternelle par­le­men­taire maçon­nique, toutes obé­diences et par­tis ras­sem­blés, tant au Sénat qu’à l’Assemblée Nationale Il était à l’époque le rap­por­teur de la Commission euro­péenne du 27 juin 2007. Ce rap­port sou­li­gnait le dan­ger pour la science, la recherche médi­cale, l’avenir et la socié­té et pour les droits de l’Homme, de croire que celui-​ci avait été créé par Dieu. Rien que cela ! Le but bien sûr était d’empêcher les reli­gions chré­tiennes de s’exprimer. Une sorte de loi Gayssot visant à impo­ser l’évolution dar­wi­nienne De même qu’il est inter­dit de nier la Shoah, croire et s’inspirer des écrits de la Genèse serait deve­nu un délit.

À Strasbourg donc Lengagne, dépu­té euro­péen à cette époque, a vu reje­ter son rap­port­par 64 voix contre 46 ; le Conseil de l’Europe a ren­voyé le rap­port en com­mis­sion. « J’ai assez d’expérience du pro­cé­dé par­le­men­taire pour savoir que c’est un enter­re­ment de pre­mière classe » a‑t-​il com­men­té. Ironiquement, le Président du Conseil de l’Europe, le séna­teur belge Luc Van Den Brande, décla­ra que le Conseil de l’Europe n’était pas une Académie scien­ti­fique mais une orga­ni­sa­tion politique.

Que s’est-il donc pas­sé ? Tous les pays de l’Est ont consi­dé­ré qu’ils avaient échap­pé à l’idéologie com­mu­niste ; ce n’était pas pour en accep­ter une autre. Ce furent les Russes qui prirent la tête des oppo­sants à Lengagne, aidés des Hongrois Guy Lengagne fut fort dépi­té. Il consi­dé­rait que sa défaite était impu­table aux « créa­tion­nistes » éma­nant des milieux reli­gieux. C’est du moins ce qu’il racon­ta à Boulogne. Il assi­mi­lait cette oppo­si­tion au sta­li­nisme, au nazisme et au ter­ro­risme. « J’ai honte de ce Conseil de l’Europe où j’ai pas­sé dix ans de ma vie ! » Air connu des gens de gauche quand leurs inter­lo­cu­teurs ne sont pas d’accord avec ce qu’ils dogmatisent.

Les évo­lu­tion­nistes ont fait de cette inter­pré­ta­tion du monde et de son ori­gine une sorte de bélier des­ti­née à enfon­cer le por­tail biblique auquel se réfèrent les églises chré­tiennes dans le récit de la Genèse ; et par là uti­li­ser l’évolution comme machine de guerre contre le chris­tia­nisme. Notre rôle n’est pas ici de décor­ti­quer la doc­trine de l’Évolution ; nous n’en avons ni le goût ni les com­pé­tences. Nous nous atta­chons sim­ple­ment à pré­sen­ter deux décou­vertes en géné­tique les­quelles sont les fers de lance des pro­grès actuels en médecine.

La pre­mière ques­tion qui vient à l’esprit est de savoir ce qu’est la vie. À ce jour per­sonne ne peut le dire. La méde­cine la défi­nit comme l’ensemble des organes et fonc­tions résis­tant à la mort ; dans le fond, la vie est la seule mala­die dont on est cer­tain qu’elle soit mor­telle. Faute de défi­nir la vie, il fal­lait l’expliquer. Les enne­mis de la reli­gion se sont ser­vis de Darwin comme porte-​drapeau d’une nou­velle phi­lo­so­phie appe­lée l’évolutionnisme. Ils ont réus­si à impo­ser par­tout cette théo­rie de l’évolution, ne se gênant pas pour élu­der des réa­li­tés simples. Par exemple pour­quoi les mêmes fos­siles décou­verts dans les falaises se retrouvent dans toutes les couches géo­lo­giques. Leur accès est facile dans le Boulonnais car cette région est appe­lée « fosse » ou bou­ton­nière : une dépres­sion cau­sée par l’érosion et l’évolution des sols. En pra­tique nos falaises per­mettent de voir les dif­fé­rentes sédi­men­ta­tions d’ères géo­lo­giques successives.

Il est bon de savoir que le livre L’origine des espèces (1859) est écrit par Darwin en anglais. C’est un texte illi­sible que lui-​même a constam­ment anno­té en marge quitte à se contre­dire. Les tra­duc­tions por­tèrent un titre dif­fé­rent pour le rendre pré­sen­table et essayer de le sor­tir de l’ambiguïté ; en effet Darwin au fil du temps se démen­tis­sait lui-​même. Le titre de ce livre fut chan­gé au fil des réédi­tions. En fait cet ouvrage se pré­sente plu­tôt comme un amas de don­nées, de maté­riaux à réor­ga­ni­ser ; ce que ten­tèrent ses dis­ciples. Le terme d’« évo­lu­tion » n’apparût qu’à la sixième édi­tion en 1872. Notons que Darwin uti­li­sait le mot anglais de « evol­ved » qui signi­fie « évo­lué ». Mais il n’utilise pas le mot de « évo­lu­tion » mais celui de « des­cen­dance avec modi­fi­ca­tion ». C’est plus tard que ce concept sera rem­pla­cé par celui de « évolution ».

La notion et les mots de « sélec­tion natu­relle » avaient déjà été écrits par Lamarck. Mais cela n’a rien à voir pré­ci­sé­ment avec l’origine des espèces et sur­tout ses varia­tions. Comment passe-​t-​on d’une espèce à une autre ? Darwin le dit lui-​même : dans l’état de nos connais­sances on en est igno­rant. La lutte pour la vie (struggle for life) pour Darwin est à prendre de manière méta­pho­rique, à titre de com­pa­rai­son. Pour lui ce serait plu­tôt les rela­tions mutuelles de dépen­dance notam­ment de l’environnement, et non pas des dents et des griffes san­glantes des ani­maux en lutte pour sur­vivre. Autrement dit, ce ne sont pas les espèces les plus fortes qui sur­vivent, mais celles qui s’adaptent le mieux à leur envi­ron­ne­ment. Ainsi se fait la sélec­tion natu­relle per­met­tant l‘évolution. Mais il se dés­in­té­resse des ori­gines de la vie ce qui est un comble. Il écrit : « Nous n’a­vons pas plus à nous occu­per de savoir com­ment un nerf a pu deve­nir sen­sible à l’ac­tion de la lumière que nous n’a­vons à nous occu­per de recher­cher l’o­ri­gine de la vie elle-​même. » (Chap. V). Ce sont ses suc­ces­seurs qui s’y inté­res­se­ront. Retenons que l’évolution des espèces pour arri­ver à l’homme se serait faite sur quatre mil­liards d’années par une suite d’évènements impro­bables. Une sorte de lote­rie, à laquelle la vie aurait tiré le bon numé­ro des mil­lions de fois ; fina­le­ment un hasard auquel Darwin ne croit pas vrai­ment disant qu’il cachait notre igno­rance : « J’ai pu jusqu’à pré­sent par­ler comme si les varia­tions, – si com­munes et mul­ti­formes dans les êtres organiques- avaient été dues au hasard. Il s’agit là bien enten­du d’une expres­sion tota­le­ment incor­recte ; mais elle sert à recon­naître sim­ple­ment notre igno­rance de la cause de chaque varia­tion par­ti­cu­lière » (Origine des espèces chap. V p 275). Quel aveu ! Notons au pas­sage que le mot de « varia­tion » serait de nos jours plu­tôt rem­pla­cé par celui de « muta­tion ». En effet, pour Darwin elles sont trans­mis­sibles à la descendance.

De nos jours on s’amuse à faire des des­sins expli­quant les varia­tions des espèces abou­tis­sant à d’autres espèces. Lamarck y avait pen­sé avant Darwin. Mais là-​aussi nous sommes dans des hypo­thèses et dans des appré­cia­tions sub­jec­tives, des contes de fées ; l’évolution n’est faite que de nom­breux chaî­nons man­quants ; c’est-​à-​dire des sortes de « trous » dans l’apparition et la conti­nui­té de la pré­ten­due évo­lu­tion d’une espèce par rap­port à une autre ; cela même si l’Education Nationale, l’Université et les médias nous pré­sentent des cer­ti­tudes et des dogmes que Darwin lui-​même ne sou­te­nait pas.

Finalement Darwin ne s’est guère atta­ché aux « varia­tions ». Comment les espèces ont-​elles pu don­ner nais­sance à d’autres espèces ? Telle est la notion de « varia­tion ». La géné­tique vient de vous don­ner une réponse. Elle nous en don­ne­ra d’autres car nous ne sommes qu’à l’aube de cette science. Il suf­fit à nos lec­teurs de rete­nir les deux idées géné­rales pré­sen­tées dans le pré­sent cahier pour réfu­ter par la géné­tique la théo­rie de Darwin. Nous pro­po­sons une conclu­sion élar­gis­sant le débat.

Quand vous enten­dez par­ler de l’évolution, ne pre­nez pas votre révol­ver. Il est évident que l’espèce humaine évo­lue. En cent ans les humains ont gran­di de 15 cm et nos enfants se dépar­tissent de nous : ils n’ont pas le même pro­fil. Ce que nous vou­lons contes­ter c’est la filia­tion entre les espèces et expli­quer pour­quoi un enfant sera tou­jours dif­fé­rent de son père ou de son frère.

La géné­tique fait lit­té­ra­le­ment explo­ser les théo­ries de Darwin

Chers lec­teurs, vous ver­rez, c’est très simple à comprendre.

Dr Jean-​Pierre Dickès

Sources : Cahiers Saint Raphaël n° 133