Lettre n° 22 de Mgr Lefebvre aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX de février 1982

Chers Amis et Bienfaiteurs,

ors de l’audience que le Pape Jean-​Paul II m’a accor­dée en novembre 1979, après une conver­sa­tion pro­lon­gée au terme de laquelle le Pape sem­blait assez dis­po­sé à lais­ser la liber­té de choix dans la Liturgie, le Cardinal Seper appe­lé par le Pape se ren­dit compte de cette dis­po­ni­bi­li­té du Pape et s’écria aus­si­tôt : « Mais, Très Saint Père, ils font de cette Messe un dra­peau ! » Et le Pape parut très influen­cé par cette réflexion.

Laissant de côté le sens péjo­ra­tif de cette réflexion du Cardinal Seper, ne doit-​on pas affir­mer qu’en effet la Messe est le dra­peau de la foi catho­lique parce qu’elle mani­feste et syn­thé­tise tous les dogmes fon­da­men­taux de notre foi. On y retrouve tous les trai­tés de théologie.

Et par le fait même ce « Mystère de notre foi » ter­rasse toutes les erreurs du pro­tes­tan­tisme, de l’Islam, du Judaïsme, du Modernisme, du laï­cisme maté­ria­liste, socia­liste et com­mu­niste. Aucune erreur ne peut sub­sis­ter face à notre Sainte Messe catho­lique. La Messe est anti-​œcuménique, au sens où s’entend l’œcuménisme depuis le Concile : union de toutes les reli­gions dans un syn­cré­tisme de prière sans dogmes, de mora­li­té aux lois impré­cises, s’accordant sur des slo­gans équi­voques : droits de l’homme – digni­té humaine – liber­té religieuse.

La Messe nou­velle par contre est bien le dra­peau de ce faux œcu­mé­nisme, qui repré­sente l’anéantissement de la reli­gion catho­lique et du sacer­doce catholique.

Pour l’honneur de Jésus-​Christ et pour l’honneur de l’Eglise soyons fidèles à la Messe catho­lique, sym­bole de notre foi, dra­peau de notre sainte religion.

Pour conti­nuer cette Messe catho­lique, il faut donc des prêtres, donc des Séminaires catho­liques et non moder­nistes où, comme tou­jours dans l’Eglise les jeunes clercs orientent toute leur for­ma­tion et leur apos­to­lat vers l’autel du Sacrifice.

Pour avoir des jeunes conve­na­ble­ment pré­pa­rés à entrer dans nos Séminaires, il nous faut des écoles catho­liques où les jeunes apprennent à aimer la Liturgie, le chant gré­go­rien, le latin, et se forment viri­le­ment et chré­tien­ne­ment par le sacri­fice de soi pour l’amour de Jésus-​Christ, sous l’égide de leur Mère du Ciel.

Cette œuvre des écoles est donc une œuvre indis­pen­sable, non seule­ment pour les voca­tions sacer­do­tales, mais pour toutes les voca­tions, y com­pris celle du mariage catho­lique avec tout ce qu’il repré­sente d’idéal et de sacri­fice dans notre socié­té corrompue.

Déjà des réa­li­sa­tions ont eu lieu en France, aux Etats-​Unis. Les reli­gieuses ont mon­tré l’exemple et nous essayons de suivre pour l’éducation catho­lique des gar­çons. Ainsi les tra­vaux ont com­men­cé pour l’école de Fanjeaux, située au vil­lage de Montréal-de‑l’Aude. Pour mener l’œuvre à bien, nous comp­tons sur l’aide tou­jours géné­reuse de nos amis et bien­fai­teurs de France.

L’Allemagne aus­si va ouvrir sa pre­mière école de gar­çons en octobre. Nous ne dou­tons pas de la géné­ro­si­té des Allemands pour venir au secours des familles catho­liques qui ne savent plus ou mettre leurs enfants.

Les Etats-​Unis ont déjà de nom­breuses réa­li­sa­tions. Le Grand Séminaire doit s’agrandir pour rece­voir les voca­tions qui se mul­ti­plient. Nous comp­tons aus­si sur l’aide des bienfaiteurs.

Le Séminaire de Buenos-​Aires ter­mine la construc­tion de sa pre­mière aile pour le mois de mars. Il y en a cinq à construire ! …

Nous ne savons com­ment vous remer­cier, chers Amis et Bienfaiteurs. Votre grande récom­pense est d’assister aux ordi­na­tions. Venez donc le 27 juin au Séminaire de Zaitzkofen en Allemagne et le 29 juin à Ecône comme de cou­tume. C’est là que vous recueille­rez le fruit de vos prières et de votre aide.

Que Jésus, Marie et Joseph vous bénissent et vous gardent dans la foi catholique !

+ Marcel LEFEBVRE
Rickenbach, le 18 Février 1982

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Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.