Lettre n° 32 de l’abbé Franz Schmidberger aux Amis et Bienfaiteurs de la FSSPX de février 1987

Chers Amis et Bienfaiteurs,

es pro­phé­ties de l’Evangile sur les der­niers temps par la bouche de la Vérité incar­née et de ses Apôtres, se réa­lisent de jour en jour davantage :
– l’annonce des faux pro­phètes qui opèrent de grands signes et pro­diges de telle façon que même les élus, si c’était pos­sible, seraient séduits ;
– le refroi­dis­se­ment de la cha­ri­té, l’établissement mon­dial du men­songe, de l’impiété, le défer­le­ment de l’anarchie, l’aveuglement des esprits et l’endurcissement des cœurs ;
– l’apostasie géné­rale de la foi révé­lée en un Dieu Trinité et en Celui qu’il a envoyé, Jésus-Christ ;
– la pro­pa­ga­tion d’une nou­velle reli­gion du pur huma­nisme, de l’amour, de la tolé­rance, de la paix et du pro­grès, qui per­sé­cute les adhé­rents de la doc­trine traditionnelle ;
– la mani­fes­ta­tion des pré­cur­seurs de l’Antéchrist jusqu’à ce qu’il vienne lui- même « s’asseoir dans le sanc­tuaire de Dieu, et à se pré­sen­ter comme s’il était Dieu ».
Qu’on lise dans ce but, en les repla­çant dans le contexte de tout l’Evangile, les pas­sages sui­vants : Mt. 24 ; Jn 16, 1–4 ; II Thés. 2, 3–12 ; I Thés. 5,3 ; II Tim. 3, 1–5 ; 4, 3–5 ; I Jn 2, 18–25 ; 4, 1–6 ; Apo. 12.
N’est-ce pas le Concile Vatican II qui a sanc­tion­né cette évo­lu­tion dans ses lignes principales ?
– Le décret sur la liber­té reli­gieuse sécu­la­rise toute la socié­té ; en effet, si l’Etat et la socié­té ont le devoir de tolé­rer toute erreur, pour­quoi alors l’individu devrait-​il encore s’orienter d’après la Croix du Christ et la por­ter ? Ce décret est comme le ban­nis­se­ment d’un Dieu jusqu’alors pré­sent sur cette terre dans la vie des indi­vi­dus et des nations.
– Avec le décret sur l’œcuménisme, le dogme « hors de l’Eglise point de salut » a été aban­don­né dans son conte­nu essen­tiel. La ques­tion de la véri­té et de la foi est désor­mais subor­don­née à des valeurs comme la com­pré­hen­sion, le dia­logue, l’équilibre et la paix. Il ne reste plus qu’un petit pas jusqu’au rela­ti­visme reli­gieux, car si le Saint Esprit « a dai­gné accep­ter les autres confes­sions reli­gieuses comme moyens de salut », alors le Christ n’a pas fon­dé une seule Eglise et notre Credo est nul.
– Le décret sur les reli­gions non-​chrétiennes leur donne dans l’économie du salut, une place posi­tive au moins impli­ci­te­ment d’après le contexte et l’orientation géné­rale. Alors tout ordre sur­na­tu­rel doit néces­sai­re­ment s’effondrer et le plan d’établissement d’une super-​église mon­diale, d’une seule reli­gion de l’humanité, en résulte tout natu­rel­le­ment. Ces acti­vi­tés dia­bo­liques, la bien­heu­reuse Anne-​Catherine Emmerich en avait eu la vision il y a plus de cent cin­quante ans : « ils ont construit une grande église curieuse et extra­or­di­naire ; là tous, les pro­tes­tants, les catho­liques, et toutes les sectes, devraient s’y trou­ver unis avec les mêmes droits, et ils devraient for­mer une vraie com­mu­nion des non-​saints et deve­nir un seul trou­peau et un seul pas­teur ». Une nou­velle construc­tion de la tour de Babel pire que la pre­mière est donc en train de se faire. (A.-C. Emmerich, Les mys­tères de l’Ancienne Alliance, Noé et sa descendance).
– Finalement le décret sur l’Eglise dans le monde moderne nous donne de l’avenir et du salut une vue opti­miste tout à fait fausse : le para­dis sur terre semble être acces­sible sur les paroles du Sauveur : « Le che­min dif­fi­cile et la porte étroite », le monde enne­mi de Dieu, la sau­ve­garde des chré­tiens contre sa cor­rup­tion, appar­tiennent défi­ni­ti­ve­ment au pas­sé. C’est à juste titre que le car­di­nal Ratzinger a dési­gné ce docu­ment comme un anti-​Syllabus, un docu­ment donc qui est dia­mé­tra­le­ment oppo­sé à la doc­trine tra­di­tion­nelle des Papes comme aux témoi­gnages des mar­tyrs, des confes­seurs et des doc­teurs de l’Eglise.

Chers amis et bien­fai­teurs, le com­bat auquel nous nous livrons aujourd’hui est le point culmi­nant de cette oppo­si­tion qui dure depuis au moins deux cents ans, au sein même de l’Eglise, entre ceux qui sont fidèles et les libé­raux. Et pen­dant ce temps se réa­lisent mot à mot devant nos yeux les annonces de Notre Dame à Fatima. Si donc dans ce temps de confu­sion on nous dit : « voi­ci le Christ », n’allons pas voir cette nou­velle reli­gion huma­niste, et ne nous atta­chons pas non plus à des voyants et à des mes­sages dou­teux, mais rassemblons-​nous autour de nos autels : « voi­ci qu’il est là », ne le croyons pas, mais cherchons-​le plu­tôt dans la doc­trine immuable de l’Eglise, dans le caté­chisme du Concile de Trente, dans les sacre­ments tels que nos parents les ont reçus, et aus­si dans le Rosaire. « Christus heri, hodie et in sæcu­la », ces paroles nous nous les répé­tons tou­jours. Le Christ est Dieu, et Dieu ne peut pas chan­ger, II n’est ni libé­ral, ni moder­niste, ni œcu­mé­nique, ni pen­te­cô­tiste, mais catholique.

Et puisque l’Evangile est écrit et l’Eglise ins­ti­tuée afin que nous croyons à la divi­ni­té du Christ et que nous ayons la vie éter­nelle, puisqu’il est impos­sible de plaire à Dieu sans la foi, nous ne crai­gnons aucun effort pour réa­li­ser, à la mesure de nos faibles forces, l’ordre de mis­sion de Notre Seigneur : « allez dans le monde entier, prê­chez l’Evangile à toute créa­ture, celui qui croi­ra et sera bap­ti­sé, sera sau­vé, celui qui ne croi­ra pas, sera condam­né » (Mc 16, 15–16). En effet, la vraie cha­ri­té chré­tienne est celle-​ci : faire aban­don­ner leur mau­vais che­min à ceux qui sont dans l’erreur et dans de fausses reli­gions, afin de les conduire à Celui qui seul est la Voie, la Vérité et la Vie et sans lequel per­sonne n’arrive au Père (Jn 14,6).

C’est pour la foi et la vie sur­na­tu­relle seules que nous avons ouvert le 5 octobre 1986 le sémi­naire International Saint-​Curé d’Ars à Flavigny ; c’est pour la foi et la vie de Dieu dans les âmes que nous pen­sons, en automne, ouvrir le sémi­naire Saint-​Joseph à Libreville (Gabon) et le sémi­naire de la Sainte-​Croix en Australie, ain­si que pré­pa­rer le sémi­naire Saint-​Thomas Apôtre au Sud de l’Inde.

Voici le témoi­gnage tout récent d’un jeune offi­cier dans une lettre adres­sée à Mgr Lefebvre :
« Ce qui arrive à de nom­breux fidèles m’est arri­vé : le doute sur les véri­tés fon­da­men­tales s’est ins­tal­lé, la tié­deur et l’indifférence m’ont gagné petit à petit. Satan réus­sis­sait dans ma pauvre âme son coup de maître habituel.

Il a fal­lu éga­le­ment la ren­contre et l’amitié de …, ses conseils de lec­ture et deux visites à Ecône, lors des ordi­na­tions au dia­co­nat et au sacer­doce, pour que le retour s’opère en moi et mon épouse.

Il a fal­lu éga­le­ment un pauvre vieux curé, fati­gué, dimi­nué phy­si­que­ment, per­du dans un minus­cule vil­lage (…), mais res­té fidèle à la messe de son ordi­na­tion, pour que cette si belle vie de la Grâce vienne à nou­veau nous habiter.

Suivant tou­jours les conseils de mon ami, j’ai été cet été suivre une retraite au Prieuré… J’y ai vécu une véri­table conver­sion. Ce jour-​là, le démon a connu sa plus belle défaite sur moi, grâce à la Miséricorde Infinie de Notre Seigneur, bien enten­du, mais aus­si grâce à la fidé­li­té de vos prêtres : fidé­li­té à son Amour pour les hommes, certes, et sur­tout à Son Enseignement, Son Evangile ; en un mot, fidé­li­té à leur sacer­doce. J’y ai décou­vert, en fait, toute votre œuvre, Monseigneur. J’ai très bien com­pris que la Sainte Volonté de Notre Seigneur pas­sait imman­qua­ble­ment par vous et votre œuvre, si merveilleuse.
Aussi, c’est en véri­table fils que je viens m’agenouiller à vos pieds et vous expri­mer ma pro­fonde recon­nais­sance ain­si que celle de mon épouse et notre atta­che­ment sans réserve. »

Dieu seul sait de com­bien d’efforts, de prières et de sacri­fices toute cette expan­sion est payée, com­bien nous dépen­sons nos forces vives dans ce com­bat avec les Puissances des Ténèbres, et com­bien vous, chers amis, par­ti­ci­pez à cette œuvre de la Rédemption. La récom­pense pro­mise est grande, c’est Dieu lui-même.

« Frères, soyez sobres et vigi­lants, car votre adver­saire le diable, comme un lion rugis­sant, rôde, cher­chant qui dévo­rer. Résistez-​lui, fermes dans la foi », ce sont les paroles que l’Eglise adresse chaque soir, dans son Office, à ses enfants.

Pour obte­nir toutes ces grandes grâces par l’intercession du Cœur Immaculé de Marie, nous vou­lons en la fête de ce Cœur Immaculé, le 22 août 1987, nous retrou­ver au pied de notre Dame à Fatima pour lui renou­ve­ler, avec un dévoue­ment filial, la Consécration du monde, et spé­cia­le­ment de la Russie, ain­si que la Consécration de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X.

Rickenbach, en la fête de saint Mathias, Apôtre, le 24 février 1987

Abbé Franz Schmidberger

Supérieur Général

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