Editorial du n° 44 de nov. 2016 – Aux Sources du Carmel – Honorer le Sacré-Cœur

Bulletin du Tiers-​Ordre sécu­lier pour les pays de langue fran­çaise

Editorial du n° 44 de novembre 2016, abbé Dubroeucq

Cher frère, Chère sœur,

Si l’on veut hono­rer le Sacré-​Cœur selon les inten­tions du Sauveur qui le révèle et de l’Église qui le pro­pose, comme si l’on veut trou­ver en lui tous les secours, toutes les dou­ceurs, toutes les richesses qu’il brûle de don­ner aux âmes, c’est dans le sacre­ment de l’Eucharistie qu’il le faut cher­cher, là qu’il le faut hono­rer et ado­rer, parce que c’est là qu’il est réel­le­ment pré­sent et vivant ; là qu’il veut se don­ner réel­le­ment à cha­cun de nous par la man­du­ca­tion de la com­mu­nion. En d’autres termes, le Cœur de Jésus dans l’Eucharistie est cor­po­rel­le­ment et spi­ri­tuel­le­ment, l’objet concret, com­plet et adé­quat de la dévo­tion envers le Sacré-​Cœur. C’est, en fait, dans le Saint Sacrement que le Sauveur le montre, et c’est là qu’il devait le montrer.

Aussi est-​ce dans l’Eucharistie que Notre-​Seigneur appa­raît le plus sou­vent à sainte Marguerite-​Marie et qu’il révèle son Cœur, foyer de sa vie ; c’est des fautes com­mises contre son Sacrement qu’il montre son Cœur offen­sé et bles­sé ; c’est l’amour pour l’Eucharistie qu’il réclame pour apai­ser la soif ardente dont son Cœur est embra­sé. Dans le Bref de la béa­ti­fi­ca­tion de la sainte, le pape Pie IX rati­fie le fait de l’apparition de Notre-​Seigneur dans le Saint-​Sacrement, quand il deman­da la fête de son divin Cœur : 

« L’auteur et le consom­ma­teur de notre foi ne pour­suit rien plus ardem­ment, sinon d’allumer dans les âmes la flamme de l’amour dont brûle son propre Cœur. Pour déve­lop­per cet incen­die, il a vou­lu voir ins­ti­tuer dans l’Église la véné­ra­tion et le culte de ce divin Cœur. Et, un jour que la Bienheureuse priait avec plus de fer­veur devant le très auguste sacre­ment de l’Eucharistie, Notre-​Seigneur lui signi­fia qu’il aurait pour très agréable qu’on ren­dît un culte nou­veau à son divin Cœur consu­mé d’amour pour les hommes ((19 août 1864.))»

« On n’aura jamais la vraie connais­sance de Jésus cru­ci­fié, écri­vait le pape Pie XII, si l’on ne pénètre pas dans la mys­tique inti­mi­té de son Cœur. Et l’on ne pour­ra faci­le­ment conce­voir la force de l’amour qui pous­sa le Christ à se faire notre nour­ri­ture spi­ri­tuelle, si l’on ne pra­tique ce culte du Cœur eucha­ris­tique de Jésus, dont le but est pré­ci­sé­ment, selon les paroles de Notre pré­dé­ces­seur d’heureuse mémoire Léon XIII, d’honorer « l’acte d’amour suprême par lequel notre Rédempteur, lais­sant débor­der toutes les richesses de son Cœur, ins­ti­tua le sacre­ment ado­rable de l’Eucharistie, afin de pou­voir demeu­rer avec nous jusqu’à la consom­ma­tion des siècles1 ». En effet, « l’Eucharistie n’est pas une petite par­celle de son Cœur ; mais il nous l’a don­née dans la cha­ri­té totale de son Cœur2 »

Le Cœur de Jésus dans l’Eucharistie est l’objet pré­sent, actuel et immé­diat de cette dévo­tion, parce que ce n’est que là que nous pou­vons le trou­ver ici-​bas ; nous vou­lons y recon­naître d’abord l’amour qui nous donne actuel­le­ment son Sacrement, parce que c’est celui qui nous touche de plus près. Mais dans ce Cœur, comme dans le centre vivant de toutes les mer­veilles du Verbe incar­né, nous vou­lons ado­rer tout son pas­sé de vie humaine, de ver­tus, de bien­faits et de souf­frances ; nous vou­lons ado­rer tout son ave­nir, c’est-à-dire ce qui fut pour lui, pen­dant sa vie de voya­geur, l’avenir, et ce qui le demeure encore pour nous, sa gloire céleste, son règne éter­nel et sa béa­ti­tude à la pos­ses­sion de laquelle il nous appelle.

Celui-​là la consi­dère impar­fai­te­ment, qui ne voit dans l’Eucharistie que l’amour du don pré­sent. Ce pré­sent fait revivre tout le pas­sé du Christ pour sa gloire et pour notre bien ; ce pré­sent amène jusqu’à nous sa royau­té éter­nelle pour nous la faire connaître à l’avance, ce qui est un avant-​goût du bon­heur qu’elle nous réserve. L’Eucharistie est la réa­li­sa­tion concrète de cette grande parole de saint Paul : « Christus heri, et hodie, ipse et in sae­cu­la3 » Là revit le Christ du pas­sé, là vit le Christ du pré­sent, là anti­cipe sa vie le Christ de l’éternité.

Pour com­prendre et hono­rer dans la plé­ni­tude de ses amours, de ses fonc­tions et de ses fins misé­ri­cor­dieuses le très saint Cœur du Christ eucha­ris­tique, il faut le consi­dé­rer dans cette plé­ni­tude de l’amour qu’il évoque, de l’amour qu’il pré­pare, de l’amour qu’il donne : Cœur de chair, for­mé du sang de Marie ; Cœur glo­ri­fié, rem­pli des gloires de la Résurrection ; Cœur sacra­men­tel, anéan­ti sous les sym­boles qui lui per­mettent de s’immoler en vic­time et de se don­ner en nourriture.

Dans un ser­mon sur l’action de grâces, le R.P. Augustin-​Marie du Très Saint Sacrement disait :

« Le vrai Maître de cha­pelle, c’est le Cœur de Jésus-​Christ dans la Divine Eucharistie ; c’est de Lui qu’il faut rece­voir le dia­pa­son ; c’est ce Cœur divin dont les actes d’amour battent la mesure de notre recon­nais­sance, dont les ado­ra­tions enflam­mées dirigent et entraînent nos voix, nos cœurs dans les chants de louange que nous devons au Très-​Haut, Per Christum Dominum nos­trum. Oui, par Lui seul, les anges eux-​mêmes louent la Majesté de Dieu et la glo­ri­fient4 »

Bien chers ter­tiaires, à la lec­ture de ce bul­le­tin, nour­ris­sez votre dévo­tion au Cœur eucha­ris­tique de Jésus. N’est-ce pas ce contact avec l’Humanité sainte de Jésus qui a enflam­mé l’âme de la grande sainte Thérèse et l’a conduite à une si haute sain­te­té ? Souvenez-​vous de l’importance qu’elle donne à l’action de grâces après la com­mu­nion. Comme elle, et avec Notre-​Dame, soi­gnons ce moment si impor­tant de notre jour­née qui peut trans­for­mer notre vie et celle de notre prochain. 

Je vous bénis.

Abbé L.-P. Dubrœucq

Retraites carmélitaines

Retraites car­mé­li­taines

Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du car­mel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du carmel.

Inscriptions auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq au prieu­ré de Gastines tél : 02 41 74 12 78 

Tél : au prieu­ré Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17

  1. Litt. Apost. Quibus Archisodalitas a Corde Eucharistico Jesu ad S. Joachim de Urbe eri­gi­tur, 17 février 1903 : Acta Leonis XIII (1903) 307 sqq. []
  2. Pie XII, Enc. Haurietis aquas, 15 mai 1956 ; in P. Cattin, O.P., Sources de la vie spi­ri­tuelle, t. 2, Éd. St Paul, Fribourg 1961, n°3170, p.1322–1323 []
  3. .Heb,3,8. []
  4. R.P. Hermann Cohen, Sermon sur l’action de grâces en l’église sainte Clotilde de Paris, revue Carmel, mars 1989, n°54. []