L’attitude à avoir devant l’apparition de messes selon le nouveau Motu Proprio

Bien chers fidèles,

Au cours des der­niers mois, un tract pro­po­sant de com­man­der au siège du dis­trict du Canada de la Fraternité Saint Pie X, un DVD per­met­tant aux prêtres d’apprendre à célé­brer la messe dite tri­den­tine a été envoyé à tous les prêtres du Canada, soit plus de 7 000 envois. Devant le silence et le peu de réac­tions que l’annonce du Motu Proprio « Summorum Pontificum » du 7 juillet 2007,avait pro­vo­qués au Canada, il nous avait sem­blé impor­tant de faire connaître ce docu­ment du Pape Benoît XVI aux membres du cler­gé cana­dien et de les infor­mer de l’existence d’un tel DVD. La réponse à ces envois a été pro­met­teuse puisque nous avons déjà reçu plus de 300 demandes et que les cour­riers conti­nuent d’arriver. Nous avons eu la joie de rece­voir quelques cour­riers d’encouragements pour notre apos­to­lat venant de prêtres de diverses pro­vinces. Certains ont aus­si mani­fes­té leur joie de pou­voir apprendre ou réap­prendre à célé­brer la messe tra­di­tion­nelle. Il est vrai que nous avons aus­si reçu des lettres de désapprobation.

Je tiens à remer­cier d’une façon toute spé­ciale, la Légion de Marie de Toronto qui, par son tra­vail achar­né, a per­mis la réa­li­sa­tion de ce pro­jet. Ce fut un ouvrage consi­dé­rable mais un apos­to­lat magni­fique auprès du cler­gé canadien.

À plu­sieurs reprises, nous avons été inter­ro­gés sur l’attitude à avoir devant l’ap­pa­ri­tion, bien que trop minime au Canada, de messes selon le nou­veau Motu Proprio. La posi­tion de la Fraternité Saint-​Pie X à ce sujet a été déjà expo­sée par notre Supérieur Général, Monseigneur Bernard Fellay, à l’occasion de la publi­ca­tion du Motu Proprio ain­si que dans les « lettres aux amis et bien­fai­teurs. » La Fraternité se réjouit fran­che­ment de la publi­ca­tion de ce docu­ment en par­ti­cu­lier parce qu’il affirme que la Messe dite tri­den­tine n’a jamais été abro­gée. Elle se réjouit aus­si que les prêtres puissent et de fait recom­mencent à célé­brer la messe selon l’ancien rite, per­met­tant ain­si à de nou­veaux fidèles qui l’i­gno­raient ou qui n’o­saient pas y par­ti­ci­per pour des scru­pules de » léga­li­té » de décou­vrir les richesses de la litur­gie tra­di­tion­nelle. Dans de nom­breux pays, la Fraternité met à la dis­po­si­tion des prêtres ce DVD, ou d’autres moyens, pour apprendre à célé­brer la Messe. Les prêtres de la Fraternité Saint Pie X sont aus­si à la dis­po­si­tion de ceux qui veulent être gui­dés ou aidés dans cet apprentissage.

Mais, comme l’a rap­pe­lé, à plu­sieurs reprises Monseigneur Bernard Fellay, si la Fraternité Saint-​Pie X se réjouit de la déci­sion cou­ra­geuse du Pape Benoît XVI expri­mée dans le Motu Proprio, elle n’oublie pas pour autant que la loi de la litur­gie est indis­so­ciable de la loi de la foi : Lex Orandi, Lex Credendi. Notre atta­che­ment à la litur­gie tra­di­tion­nelle est intrin­sè­que­ment lié à notre atta­che­ment à la foi de tou­jours, à la foi qui a été pro­fes­sée « tou­jours, par­tout et par tous ».

Or, il est mal­heu­reu­se­ment encore très clair que la crise de la foi est tou­jours bien pré­sente dans l’Église aujourd’hui. Les erreurs de Vatican II et son esprit moder­niste dévas­ta­teur imprègnent encore et, peut-​on le craindre, pour long­temps, les auto­ri­tés de l’Église, le cler­gé et les fidèles, en par­ti­cu­lier ceux qui ont été habi­tués à la nou­velle messe ou n’ont connu qu’elle.

Notre posi­tion a tou­jours été et demeure un atta­che­ment à la foi catho­lique et un refus des nou­veau­tés intro­duites par le deuxième concile du Vatican. Un retour à la litur­gie est un évé­ne­ment impor­tant que nous encou­ra­geons de tout notre cœur mais cela reste une étape vers un retour com­plet à l’enseignement tra­di­tion­nel de l’Église. Voilà pour­quoi Monseigneur Bernard Fellay concluait sa der­nière lettre aux amis et bien­fai­teurs (# 72) par ces mots que je me per­mets de citer :

« (…) La Fraternité Saint Pie X ne peut pas « signer d’accord ». Elle se réjouit fran­che­ment de la volon­té papale de réin­tro­duire le rite ancien et véné­rable de la sainte Messe, mais découvre aus­si la résis­tance par­fois farouche d’épiscopats entiers. Sans déses­pé­rer, sans impa­tience, nous consta­tons que le temps d’un accord n’est pas encore venu. Cela ne nous empêche pas de conti­nuer d’espérer, de conti­nuer le che­min défi­ni dès l’an 2000. Nous conti­nuons de deman­der au Saint Père l’annulation du décret d’excommunication de 1988, car nous sommes per­sua­dés que cela ferait le plus grand bien à l’Église et nous vous encou­ra­geons à prier pour que cela se réa­lise. Mais il serait très impru­dent et pré­ci­pi­té de se lan­cer incon­si­dé­ré­ment dans la pour­suite d’un accord pra­tique qui ne serait pas fon­dé sur les prin­cipes fon­da­men­taux de l’Église, tout spé­cia­le­ment sur la foi. »

Alors, quelle atti­tude les fidèles devraient-​ils donc avoir devant cette situa­tion ? deux mots la résument : fidé­li­té et prière.

Fidélité à la litur­gie mais aus­si à l’enseignement de la foi, fidé­li­té à la résis­tance contre les erreurs modernes. Devant l’ampleur de la crise de l’Église, il est clair que cha­cun doit témoi­gner de la foi selon sa place et son rang, sans ani­mo­si­té mais avec fidé­li­té. Ainsi donc, s’il ne semble pas pos­sible à la Fraternité de « signer un accord », s’il lui paraît dan­ge­reux de pour­suivre un accord pra­tique qui ne serait pas fon­dé sur la foi, com­ment pourrait-​elle encou­ra­ger les fidèles à le faire ? Comment pourrait-​elle les enga­ger à se rendre à des messes même tra­di­tion­nelles où, au mieux, on se tait sur ces erreurs lorsque l’on ne les pro­page pas, comme si cela n’avait pas grande impor­tance, comme si défendre la foi n’était pas un devoir pour tout catho­lique, prêtres et fidèles, lorsque celle-​ci est atta­quée ? Il faut bien com­prendre que la pré­di­ca­tion enten­due, l’en­sei­gne­ment reçu à l’oc­ca­sion de la messe sont aus­si impor­tants que le rite observé.

Prière : engageons-​nous aus­si avec géné­ro­si­té dans cette nou­velle croi­sade du rosaire à laquelle nous appelle Monseigneur Bernard Fellay. Chaque jour réci­tons le cha­pe­let à toutes ces inten­tions, mul­ti­plions nos prières afin que l’Église retrouve et reprenne sa tra­di­tion bimillénaire.

Abbé Arnaud Rostand †, Supérieur du District du Canada