Motu Proprio Summorum Pontificum : Pour l’honneur de Mgr Marcel Lefebvre

Bien chers fidèles,

Le 7 juillet der­nier, Sa Sainteté le Pape Benoît XVI publiait le « Motu Proprio » Summorum Pontificum, libé­rant la Messe Tridentine, empri­son­née injus­te­ment depuis presque 40 ans. Nous ren­dons grâce à Dieu pour cet évé­ne­ment impor­tant dans l’histoire de l’Eglise. Notre recon­nais­sance se tourne aus­si vers la très Sainte Vierge Marie qui a écou­té nos prières : rappelez-​vous les deux mil­lions et demi de cha­pe­lets qui furent offerts au pape à cette inten­tion. Notre très pro­fonde gra­ti­tude va ensuite vers notre pape Benoît XVI qui, résis­tant à toutes les pres­sions dont il était l’objet, a main­te­nu avec cou­rage sa déter­mi­na­tion et pro­mul­gué ce « Motu Proprio » qui recon­naît la légi­ti­mi­té et la sain­te­té de la litur­gie tra­di­tion­nelle, c’est-à-dire non seule­ment du mis­sel mais aus­si du bré­viaire, du rituel et du pontifical.

Plus que jamais, nous tenons à expri­mer notre gra­ti­tude envers Monseigneur Marcel Lefebvre, pour nous avoir trans­mis la foi vraie et inal­té­rée, pour sa vision claire des causes de la crise de l’Eglise, pour son refus caté­go­rique de la nou­velle Messe et son atta­che­ment à la Messe de Toujours, pour l’œuvre qu’il a fon­dée, la Fraternité Saint-​Pie X, et pour l’exemple d’une vie sainte qu’il nous a donné.

Vous avez cer­tai­ne­ment remar­qué que le Pape affirme, dans ce docu­ment, que la Messe tra­di­tion­nelle n’avait jamais été abo­lie. Nous ne pou­vons qu’y voir une recon­nais­sance impli­cite du com­bat de Monseigneur Marcel Lefebvre, au sujet de la Messe tout au moins. N’était-ce pas ce que notre fon­da­teur avait deman­dé, dès le début des « dif­fi­cul­tés » avec Rome ? Permettez- moi de citer le ser­mon qu’il fai­sait en 1976 à Lille (France) :

« Nous prie­rons donc ensemble, deman­dant au Bon Dieu de nous don­ner les moyens de résoudre nos dif­fi­cul­tés. Ce serait si simple si chaque évêque, dans son dio­cèse, met­tait à notre dis­po­si­tion, à la dis­po­si­tion des catho­liques fidèles, une église en leur disant : « Voilà l’é­glise qui est la vôtre ». Quand on pense que l’é­vêque de Lille a don­né une église aux musul­mans, je ne vois pas pour­quoi il n’y aurait pas une église pour les catho­liques de la Tradition. Et en défi­ni­tive la ques­tion serait réso­lue. Et c’est ce que je deman­de­rai au Saint Père s’il veut bien me rece­voir : « Laissez-​nous faire, Très Saint Père, l’ex­pé­rience de la Tradition. Au milieu de toutes les expé­riences qu’on fait actuel­le­ment qu’il y ait au moins l’ex­pé­rience de ce qui a été fait pen­dant vingt siècles !»

Ce « Motu Proprio » est très cer­tai­ne­ment une étape capi­tale, nous l’espérons tout au moins. Mais nous sommes conscients que notre Résistance Catholique ne s’achève pas ici, loin de là. C’est la foi qui a été atta­quée, dimi­nuée, sou­vent détruite. C’est la foi qui est tou­jours en dan­ger aus­si nous deman­dons au Ciel la grâce de res­ter fidèle à la foi catho­lique telle qu’elle a tou­jours été ensei­gnée dans l’Eglise. Il est donc oppor­tun de nous rap­pe­ler ces autres paroles de notre fon­da­teur, où nous voyons les rai­sons les plus pro­fondes de notre atta­che­ment à la Messe dite de Saint Pie V et notre refus du Nouvel Ordo Missae :

« Cette nou­velle messe est un sym­bole, une expres­sion, une image d’une foi nou­velle, d’une foi moder­niste, car si la Très Sainte Eglise a vou­lu gar­der, tout au cours des siècles, ce tré­sor pré­cieux qu’elle nous a don­né du rite de la Sainte Messe cano­ni­sé par saint Pie V, ce n’est pas pour rien. C’est parce que, dans cette Messe, se trouve toute notre foi, toute la foi catho­lique : la foi dans la Sainte Trinité, la foi dans la divi­ni­té de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, la foi dans la Rédemption par Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, la foi dans le Sang de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, qui a cou­lé pour la rédemp­tion de nos péchés, la foi dans la grâce sur­na­tu­relle, qui nous vient du Saint Sacrifice de la Messe, qui nous vient de la Croix, qui nous vient par tous les sacre­ments. Voilà ce que nous croyons en célé­brant le Saint Sacrifice de la Messe de tou­jours. Cette Messe est une leçon de foi, indis­pen­sable pour nous en cette époque où notre foi est atta­quée de toutes parts. Nous avons besoin de cette Messe véri­table, de cette Messe de tou­jours, de ce Sacrifice de Notre-​Seigneur, pour réel­le­ment rem­plir nos âmes du Saint Esprit et de la force de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. » (Écône – 29 juin 1976).

C’est pour­quoi, aujourd’hui et à nou­veau, nous fai­sons nôtre la célèbre décla­ra­tion du 21 novembre 1974 de Monseigneur Marcel Lefebvre :

« Sans aucune rébel­lion, aucune amer­tume, aucun res­sen­ti­ment nous pour­sui­vons notre œuvre de for­ma­tion sacer­do­tale sous l’é­toile du magis­tère de tou­jours, per­sua­dés que nous ne pou­vons rendre un ser­vice plus grand à la Sainte Église Catholique, au Souverain Pontife et aux géné­ra­tions futures. (…) Nous nous en tenons fer­me­ment à tout ce qui a été cru et pra­ti­qué dans la foi, les mœurs, le culte, l’en­sei­gne­ment du caté­chisme, la for­ma­tion du prêtre, l’ins­ti­tu­tion de l’Église, par l’Église de tou­jours et codi­fié dans les livres parus avant l’in­fluence moder­niste du concile en atten­dant que la vraie lumière de la Tradition dis­sipe les ténèbres qui obs­cur­cissent le ciel de la Rome éternelle. »

Après cette étape capi­tale de la litur­gie – « lex oran­di, lex cre­den­di » – ce sont donc les points doc­tri­naux en litige à la suite de Vatican II que, dans le cli­mat ins­tau­ré par le « Motu Proprio » que nous espé­rons favo­rable, la Fraternité Saint-​Pie X sou­haite voir abor­dés main­te­nant avec le Saint Siège, après qu’aura été reti­ré le décret d’excommunication tou­chant son fon­da­teur et ses évêques.

Je pro­fite aus­si de cette lettre pour vous don­ner quelques nou­velles de notre nou­velle acqui­si­tion à Wilmot, Ontario. Nous avons, en effet, ache­té l’école près de Kitchener et nous sommes en train d’obtenir le per­mis de réno­ver une par­tie des bâti­ments en habi­ta­tion pour les prêtres et sœurs. Très pro­chai­ne­ment nous devrions, je l‘espère, com­men­cer les tra­vaux dont, entre autres, une par­tie du toit qui doit être refaite. Nous ne serons mal­heu­reu­se­ment pas en mesure d’ouvrir l’école en sep­tembre 2007 mais nous tâche­rons, dès que pos­sible, de ras­sem­bler les familles et de les aider à suivre les pro­grammes d’école à la mai­son avant de pou­voir ouvrir les classes.

Comme vous vous en dou­tez, nous avons encore besoin de votre aide finan­cière. Un géné­reux bien­fai­teur nous a pro­mis d’égaler vos dons jus­qu’à 60,000.00$, nous espé­rons que vos dons nous per­met­tront d’atteindre ce mon­tant d’ici au mois de septembre.

En vous remer­ciant de vos prières et de votre sou­tien si visible et pré­cieux dans ce pro­jet, je vous prie de croire en mes prières et de rece­voir ma bénédiction.

Abbé Arnaud Rostand †, Supérieur du District du Canada