16 février 441

Saint Armentaire

Né à Embrun, et mort vers 441.

Le dio­cèse de Fréjus célèbre conjoin­te­ment le 15 février deux évêques avec les­quels il conserve un cer­tain lien : saint Armentaire, et saint Quinide1, évêque de Vaison-la-Romaine.

Saint Armentaire((A ne pas confondre avec saint Armentaire, évêque de Pavie, décé­dé au VIIIe siècle, un 30 jan­vier, comme notre saint Armentaire.))est né à Embrun. Au prin­temps((La Gaule Chrétienne à l’époque Romaine, Elie Griffe, p.155.)) 437, le dio­cèse d’Embrun n’avait plus d’évêque. Le jeune Armentaire fut sacré évêque d’Embrun illi­ci­te­ment en 438, par deux évêques de passage((158 : les évêques d’Aix (Auxanius depuis 439 ? [wiki­pe­dia], et celui de Marseille, Vénérius, étaient absents aux conciles de Riez et d’Orange).)), sans l’autorisation de saint Hilaire, arche­vêque métro­po­li­tain d’Arles, sur la pres­sion d’une fac­tion de laïques. Armentaire ayant recon­nu cette irré­gu­la­ri­té, s’éloigna, puis revint à Embrun.

Au concile de Riez du 29 novembre 439, les deux évêques consé­cra­teurs, ayant fait valoir qu’il avaient été induits en erreur, furent seule­ment inter­dits de consé­cra­tion épis­co­pale et d’assistance à un concile pro­vin­cial. Quant à Armentaire, le concile recon­nût qu’il avait été éle­vé dans la crainte du Seigneur, et le dégra­da au rang de chorévêque((Un cho­ré­vêque était un évêque dépen­dant d’un évêque dio­cé­sain ou métro­po­li­tain. Aujourd’hui on pour­rait dire un évêque auxi­liaire.)) et de curé d’une seule paroisse dans le dio­cèse d’un évêque qui l’accepterait. Son pou­voir épis­co­pal était réduit à confé­rer la Confirmation et à consa­crer les vierges dans sa paroisse.

C’est vrai­sem­bla­ble­ment suite à cette dis­po­si­tion qu’Armentaire, accueilli par Théodore((Théodore suc­cé­da à saint Léonce, décé­dé le 1er décembre 432, et eut pour suc­ces­seur saint Ausile vers 460.)), évêque de Fréjus, fit péni­tence au monas­tère de Lérins, puis fut envoyé évan­gé­li­ser Griminum (Draguignan). Là, Armentaire en chas­sa, par sa prière, un inso­lite dra­gon, d’où le nom ulté­rieur de la cité (Draco-​Griminum : Draguignan)((Comme la tarasque tuée par l’eau bénite lan­cée par sainte Marthe, occa­sion­na le nom de Tarascon.)).

Saint Ménelphale, évêque d’Aix étant décé­dé vers 440((Guérin.)), un 22 avril, c’est un saint Armentaire, fêté le 7 octobre((Guérin.)), qui le rem­pla­ça et qui fut inhu­mé près de saint Ménelphale dans l’église St-​Laurent, puis trans­fé­rés dans l’église St-​Sauveur d’Aix… saint Armentaire, évêque d’Aix mort vers 450, est fêté un 7 octobre, alors que l’autre est fêté en jan­vier, février ou mai, à moins que ces dates dif­fé­rentes ne célèbrent des évé­ne­ments dif­fé­rents à la gloire du même évêque, la tra­di­tion aixoise pou­vant rete­nir une date comme celle de son intro­ni­sa­tion, par exemple…

Le concile d’Orange, du 8 novembre 441, sta­tua qu’un évêque sacré sans man­dat mais néan­moins digne, serait évêque à la place de l’un des deux consé­cra­teurs. Les noms des deux consé­cra­teurs ne nous sont pas parvenus.

Armentaire aurait été nom­mé pre­mier évêque d’Antibes. Les com­mu­ni­ca­tions jadis plus dif­fi­ciles néces­si­taient des dio­cèses plus petits et plus nom­breux qu’aujourd’hui. Ainsi se for­ma entre les dio­cèses de Fréjus et de Nice, celui d’Antibes((Le siège d’Antibes fut trans­fé­ré à Grasse au XIIIe siècle.)).

Armentaire par­ti­ci­pa au pre­mier concile de Vaison du 13 novembre 442, pré­si­dé par saint Nectaire, évêque de Vienne. Ce concile insis­ta sur l’unicité divine de la Trinité en citant notam­ment la seconde épitre de saint Clément aux Corinthiens, et édic­ta dix canons de dis­ci­pline ecclésiastique.

On garde trace d’une sup­plique, dont Armentaire était cosi­gna­taire avec dix-​huit autres évêques, au pape saint Léon 1er, au sujet de Ravennius, arche­vêque d’Arles depuis juin 449.

Saint Armentaire décé­da un 16 février2, en odeur de sain­te­té3, après l’an 451((Ramsgate.)), et l’on conserve ses reliques4 dans la cha­pelle de Draguignan qui porte son nom (St-​Hermentaire). Son corps fut sau­vé de la fureur des pro­tes­tants et des révolutionnaires.

On fai­sait encore au XIXe siècle des pro­ces­sions depuis les alen­tours pour implo­rer les suf­frages sou­vent effi­caces de ce saint.

Le dio­cèse de Fréjus l’a asso­cié à saint Quinide au 15 février. Hermentaire est patron de Draguignan où il est fêté le 22 mai. Il gué­ris­sait de la peur, obte­nait la pluie, pen­dant douze siècles son culte atti­rait des pèle­rins de Nice et du Dauphiné5. Son culte fut aus­si célé­bré à Grasse, Barjols, Tourves et Cuers.

Abbé L. Serres-Ponthieu

  1. L’Etoile de la Mer de février 2013 relate sa vie. []
  2. Ramsgate : 30 jan­vier : erreur avec celui de Pavie ? []
  3. Archives d’HADFT oct.1936, p.101. []
  4. Guérin, 16.2 in fine. []
  5. Calendrier des fêtes pro­ven­çales, p.51. []