1er juin 434

Saint Caprais

Mort le 1er juin 434 à Lérins.

Saint Honorat1, jeune néo­phyte, et son frère aîné, Venance, menaient une vie aus­tère et se dévouaient aux pauvres et au cler­gé. Mais la répu­ta­tion de leur ver­tu amène sur eux des louanges et leur ins­pire la fuite de leur contrée. Laissant leur bien aux pauvres, ils emmènent avec eux saint Caprais, un vieillard auquel ils se sou­mettent. Saint Caprais((A ne pas confondre avec son devan­cier, mar­tyr d’Agen en 303, lequel donne son nom à quelques vil­lages fran­çais.)) était d’une famille illustre et avait étu­dié la phi­lo­so­phie et la lit­té­ra­ture avant de tout quit­ter pour le Christ pour une soli­tude vers les mon­tagnes qui sépa­raient la Gaule Belgique et Lyonnaise d’avec la Germanie (Jura/​Vosges). Certains ont cru qu’il y accep­ta quelques dis­ciples. Il leur fit visi­ter les lieux consa­crés par le sang des mar­tyrs ou par quelque dévo­tion des fidèles. Arrivés à Marseille, ils font connais­sance avec l’évêque Procule((Evêque vers 381-​vers 428.)) qui essaie de les rete­nir dans son dio­cèse. Les trois céno­bites s’embarquent vers la Mer Egée, où les côtiers ignorent le latin, afin d’y vivre inco­gni­to. A Nicomédie, ils s’adjoignent saint Jacques, un perse nou­vel­le­ment bap­ti­sé. Leur périple les fait enfin accos­ter en Péloponnèse. Là, à Modon ou Méthone, décède Venance qui n’avait pas les forces pour de tels voyages. Malade, Honorat décide de reprendre la route des Gaules. Ils se font aimer en Italie, mais ils pour­suivent jusqu’en Provence où ils se lient d’amitié avec saint Léonce((LEtoile de la Mer de décembre 2012.)), évêque de Fréjus. Pour ne pas s’éloigner de cet homme de Dieu, ils cherchent un lieu iso­lé : saint Léonce leur pro­pose d’abord une grotte au Cap Roux, mais très vite les soli­taires sont sol­li­ci­tés par la popu­la­tion qui se recom­man­dait à leur prière. Saint Léonce les mène alors à l’archipel de Lérins vers l’an 391.

Saint Caprais devait se juger trop âgé pour diri­ger ce nou­veau monas­tère et il consta­tait non seule­ment les pro­grès dans la ver­tu de saint Honorat mais aus­si sa capa­ci­té à gou­ver­ner. Ainsi saint Honorat, avec l’accord de saint Léonce, devint l’Abbé-fondateur de Lérins, tan­dis que saint Caprais conti­nuait à pro­di­guer des conseils à son nou­veau supé­rieur, notam­ment pour la rédac­tion de la Règle, et s’adonnait plus libre­ment à la prière pour la sanc­ti­fi­ca­tion de la com­mu­nau­té. Honorat s’employa d’abord à détruire le temple au demi-​dieu Léro. On ne sait dans quelle mesure le vieillard qu’était saint Caprais put col­la­bo­rer à la construc­tion de l’église et du monas­tère, sinon par l’appoint de ses prières et quelques offices, comme les rela­tions avec le conti­nent ou avec les visi­teurs venus sol­li­ci­ter des prières. Pour ce qui était de la nour­ri­ture, elle consis­tait, au rap­port de saint Césaire, en des herbes et une bouillie cuite pour la semaine. Saint Honorat ayant mira­cu­leu­se­ment chas­sé les ser­pents de l’archipel, cela ne pou­vait échap­per long­temps à la connais­sance des conti­nen­taux qui savaient très bien que l’archipel en était infes­té. Ce pro­dige, et d’autres qu’accomplissait saint Honorat, aug­men­ta le cré­dit du monas­tère auprès des pro­ven­çaux et bien­tôt de tous les peuples gallo-​romains. Les malades ou autres néces­si­teux ne tar­dèrent pas à visi­ter ces îles favo­ri­sées par la grâce. Les jeunes gens atti­rés par la vie reli­gieuse prirent la direc­tion de ces îlots natu­rel­le­ment sépa­rés du monde. De fait, la cha­ri­té hos­pi­ta­lière du monas­tère atti­ra de plus en plus de voyageurs.

Les Burgondes ayant enva­hi la pro­vince Viennoise en 413, saint Honorat emme­na quelques moines pour évan­gé­li­ser les côtes du Rhône et de la Saône. En son absence, on peut pen­ser que saint Caprais assu­mait la charge d’Abbé jusqu’au retour de saint Honorat vers 420.
Honorat sera pres­sé par la plu­part des Arlésiens, fin 426, de quit­ter l’île, pour deve­nir leur évêque. Laissant saint Maxime((LEtoile de la Mer de novembre 2013.)) diri­ger l’abbaye, saint Honorat, accom­pa­gné des saints Jacques et Hilaire, gagne Arles, nou­velle pré­fec­ture des Gaules, où saint Honorat et saint Jacques décè­de­ront le jour de l’Epiphanie 429.

Saint Hilaire d’Arles et Théodore, évêque de Fréjus, ayant su que saint Caprais était deve­nu malade, vinrent le véné­rer et se recom­man­der à ses prières. Saint Caprais décé­da le 1er juin 434. Son corps était encore conser­vé sous Louis XV à Lérins. Son nom figure dans les mar­ty­ro­loges depuis celui d’Adon.

St Sidoine Apollinaire écri­vit à saint Fauste, suc­ces­seur de saint Maxime, comme Abbé de Lérins et comme évêque de Riez, le poème « Eucharisticon » dans lequel l’évêque de Clermont rap­pelle l’accueil qu’il reçut, encore laïc, chez Fauste à Riez : « Tu révèles aux frères quelle fut la sainte vie du vieillard Caprais, du jeune Loup, de quelles grâces fut rem­pli le véné­rable Honorat, ce que fut Maxime dont tu es le suc­ces­seur à double titre… ».

Abbé Laurent Serres-Ponthieu

  1. LEtoile de la Mer de jan­vier 2014. []