27 septembre 1323

Saint Elzear

Né en 1285 à Cabrières d’Aigues,
et mort en 1323 à Paris.

St Elzéar((Appelé vul­gai­re­ment St Augias.)) naquit en 1285 d’Hermengaud de Sabran, comte d’Arian, et de Laudune de Sabran. Laudune fit cette prière : « Seigneur Dieu, c’est de Vous que viennent toutes les créa­tures. Je vous rends grâces de m’avoir don­né ce fils : faites qu’il soit un jour votre ser­vi­teur et bénissez-​le ! Si Vous pré­voyez qu’il doit un jour Vous offen­ser, enlevez-​le de ce monde aus­si­tôt qu’il aura été bap­ti­sé ; car il vaut mieux pour lui mou­rir sans péché, comme sans mérite, que de vivre pour Vous offenser. »

Sa mère étant décé­dée, il fut éle­vé par Gassendis, parente qui l’éduqua plus pieu­se­ment que sa mère. Souvent il par­ta­geait son dîner avec de pauvres enfants. Puis, un sien oncle, Guillaume de Sabran, Abbé de St-​Victor de Marseille (1294–1324), le prit au monas­tère pour accom­plir son ins­truc­tion. Elzéar por­tait une cein­ture gar­nie de pointes aigües, mais un jour, du sang ayant cou­lé inopi­né­ment, son oncle l’en reprit sévèrement.

Charles II, comte de Provence et roi de Snde Sicile (Naples), neveu de S. Louis, ayant remar­qué la beau­té de Delphine de Glandèves, déci­da, en 1295, de la fian­cer à Elzéar.

Le mariage se célé­bra en 1299 au châ­teau de Pui-Michel((Entre Manosque et Digne.)). Le soir, Delphine expose à Elzéar son sou­hait de vivre dans la conti­nence. Elzéar pro­met de ne pas s’y oppo­ser. Vivant chez son grand-​père au châ­teau d’Ansouis, Elzéar, gêné par la mon­da­ni­té et ten­té par la soli­tude reli­gieuse, pria Dieu de l’éclairer ; une voix inté­rieure lui dit dis­tinc­te­ment : « Ne chan­gez rien à votre état actuel ». Autorisé à quit­ter Ansouis en 1306, il par­tit vivre au châ­teau de Pui-​Michel, domaine de son épouse.

Elzéar priait le bré­viaire tous les jours, pas­sait une par­tie de la nuit à genoux en orai­son, jeû­nait l’Avent et les trois jours avant les prin­ci­pales fêtes. Il n’en était pas moins affable, mais si l’on par­lait de choses pro­fanes, l’application de son esprit à Dieu l’empêchait d’écouter ce qui se disait, ou bien il trou­vait une rai­son pour aller s’enfermer dans sa chambre.

Il obli­gea ses domes­tiques chaque jour à assis­ter à la messe et à entendre le soir ses conseils spi­ri­tuels. Il posa comme condi­tion à leur charge qu’ils reçussent les sacre­ments chaque mois, et soient de bonnes mœurs. Le domes­tique qui jurait, blas­phé­mait ou tenait un pro­pos indé­cent, man­geait assis par terre au pain et à l’eau. Les jeux de hasard était interdits.

Il rece­vait chaque jour à sa table douze pauvres et ne les lais­saient pas repar­tir sans une aumône. Il visi­tait les malades et pan­sait et bai­sait les plaies des lépreux.

Il dit un jour à Delphine : « Je ne pense pas que l’on puisse ima­gi­ner une joie sem­blable à celle que je goûte à la table du Seigneur. La plus grande conso­la­tion sur la terre est de rece­voir très fré­quem­ment le Corps et le Sang de Jésus-Christ. »

En 1308, il doit rem­pla­cer son père défunt au com­té napo­li­tain d’Arian. Les locaux, pré­fé­rant le par­ti Aragonais, se rebel­laient durant trois ans contre son auto­ri­té. Elzéar patien­tait dans l’indulgence, et la rébel­lion disparut.

St Elzéar, régent du roi Robert de Sicile, absen­té en Provence, arrê­ta en 1312 l’armée du Roi des Romains Henri VII de Luxembourg qui essaya de péné­trer au Vatican.

Lorsqu’un cri­mi­nel était condam­né à mort, et que les prêtres ne réus­sis­saient point à le conver­tir, quel­que­fois Elzéar rame­nait à des sen­ti­ments de péni­tence le sup­pli­cié. La loi confis­quait sou­vent les biens du condam­né, mais Elzéar les res­ti­tuait à sa veuve ou à ses orphelins.

Dans sa cor­res­pon­dance à sa femme, on lit : « Vous dési­rez apprendre sou­vent de mes nou­velles ? Allez sou­vent visi­ter Jésus-​Christ dans le St-​Sacrement. Entrez en esprit dans son cœur sacré. Vous savez que c’est là ma demeure ordi­naire ; vous êtes sûre de m’y trou­ver toujours ».

En 1313, Elzéar obtient du roi de retour­ner en Provence à Ansouis. Tombée malade, Delphine lui dit que seul le double vœu de chas­te­té la gué­ri­rait. Ils pro­non­cèrent en 1316 le vœu de chas­te­té en pré­sence de Gersende Alphent, leur confi­dente, et de leur confes­seur com­mun, et devinrent ter­tiaires franciscains.

Ambassadeur en 1323 à Paris, Elzéar croise un prêtre por­tant le St-​Viatique : tout le monde s’agenouille sauf le comte. Le fait est rap­por­té à l’évêque, Etienne III de Bouret, qui convoque Elzéar, lequel lui répond : « Faites venir le prêtre et je m’expliquerai devant lui. » Elzéar pres­sa le curé d’avouer devant l’évêque ce qu’il por­tait en pro­ces­sion. Le curé répon­dit : « J’avais refu­sé le saint Viatique à un mar­chand, parce que je m’étais vu obli­gé de lui refu­ser l’absolution, pour la rai­son que le malade ne vou­lait pas res­ti­tuer des biens mal acquis. Mais ses proches m’ayant mena­cé des plus grands maux, si je per­sis­tais dans mon refus, je lui ai por­té en via­tique une hos­tie non consa­crée ». Le curé fut destitué.

Elzéar, tom­bé malade à Paris, obtint que la messe fut célé­brée dans sa chambre, fit une confes­sion géné­rale et se confes­sa encore chaque jour, alors que ses confes­seurs assurent qu’il ne pécha jamais mor­tel­le­ment. Il écou­tait chaque jour la pas­sion du Christ, reçut l’Extrême-Onction et le Viatique avant de décé­der le 27 sep­tembre. Un domes­tique, édi­fié par le saint tré­pas d’Elzéar, se conver­tit et se confes­sa sans retard.

Son corps fut trans­fé­ré à l’église des fran­cis­cains d’Apt puis à l’église cathédrale.

En 1324, la bien­heu­reuse Delphine eut une vision de son mari.

En 1352, Clément VI fit véri­fier les miracles obte­nus par l’intercession d’Elzéar.

Le Bx Urbain V signe en 1370 le décret de cano­ni­sa­tion de S. Elzéar, son par­rain. Grégoire XI publie ce décret.

Abbé Laurent Serres-Ponthieu