16 novembre 449

Saint Eucher

Né en 370 au pays d’Aigues, et mort en 449 à Lyon.

Saint Eucher((Auquille en pro­ven­çal. A ne pas confondre avec un autre saint Eucher, aus­si évêque de Lyon, mais de 523 à 530.)) est né en 370 d’une illustre famille gallo-​romaine du pays d’Aigues. Sénateur, il eut de son épouse sainte Jalle((Originaire de Ste-​Jalle (Baronnies). Elle fit fuir les Alains en dépla­çant une mon­tagne.)) (Galla) deux fils (les saints Véran et Salonius) et deux filles (les saintes Consorce et Tulle). Adulte, il se conver­tit au catho­li­cisme, peut-​être par saint Honorat((Etoile de la Mer, jan­vier 2014.)) dès 413.

Peut-​être parce que des bar­bares alains ou bur­gondes tuaient les hommes et emme­naient les gar­çons, il semble que devant l’invasion, en 416, Galla, enceinte de Salonius, et ses deux filles purent res­ter en sécu­ri­té, tan­dis qu’Eucher et Véran se reti­rèrent au monas­tère de Lérins. L’invasion pas­sée, il semble qu’il soit allé cher­cher sa famille pour demeu­rer, non plus avec les céno­bites sur l’île prin­ci­pale, mais sur l’île de Lero (Ste-​Marguerite), confiant au monas­tère l’éducation de Salonius qui avait dix ans, ayant rejoint son frère Véran, sous la direc­tion suc­ces­sive des saints Honorat, Hilaire, Salvien et Vincent((L’Etoile de la Mer, juin 2013.)). Il nous reste une lettre Du mépris du monde et de la phi­lo­so­phie du siècle((Voici un extrait : « J’ai vu des hommes éle­vés au plus haut faîte des hon­neurs et des richesses… La for­tune, pro­digue en leur faveur, avait accu­mu­lé tous les biens sur leurs têtes sans leur don­ner même le temps de les dési­rer ; leur pros­pé­ri­té par­ve­nue à son comble ne lais­sait plus d’activité à leurs pas­sions. Mais ils ont dis­pa­ru en un moment ; leurs vastes pos­ses­sions ont été dis­per­sées et eux-​mêmes ne sont plus ». Par ailleurs, le savant Dupin dit, en par­lant de cet ouvrage de saint Eucher et De la louange du désert, « qu’ils ne cèdent en rien, pour la poli­tesse et la pure­té du dis­cours, à ceux des auteurs qui ont vécu dans les siècles où la langue latine était dans sa plus grande pure­té ».)) qu’Eucher écri­vit vers 427 à Valerianus((A son cou­sin Priscus Valerianus qui sera pré­fet du pré­toire vers 455, ou à saint Valérien, qui de céno­bite de Lérins devint évêque de Cémèle (Alpes-​Maritimes) et mou­rut vers 450.)). Il écri­vit encore un De la louange du désert.

Puis, il se rapa­trie avec Galla et leurs filles à Beaumont-​de-​Pertuis, où, reclus dans un réduit rocheux, Eucher n’accepte la visite que de sa famille.

En 434, un ange révèle à un enfant lyon­nais qu’Eucher doit suc­cé­der au défunt arche­vêque métro­po­li­tain de Lyon. Eucher s’y refuse, mais l’archidiacre lyon­nais, char­gé de l’amener, abat la cloi­son d’accès, et dis­suade le récalcitrant.

De Lyon, il écrit à sa fille, sainte Tulle((Sainte Tulle vivra en ermite à un vil­lage, avant Manosque, qui pren­dra son nom. Elle décède sur la côte au lieu qui tien­dra aus­si d’elle le nom de Théoule.)), de le rem­pla­cer dans son ermi­tage. Quant à sainte Consorce, elle vit en ermite à l’Escale((Sur la Durance, au nord des Mées. Ces sœurs sont invo­quées contre la peste.)).

Dès 440, son fils saint Salonius est évêque de Genève, tan­dis que saint Véran, d’abord ermite dans les Alpes-​Maritimes, ne sera évêque de Vence qu’en 451, après le décès de son père.

Saint Eucher, avec saint Maxime((L’Etoile de la Mer, novembre 2013.)) de Riez, assis­ta au concile près d’Orange du 8 novembre 441, pré­si­dé par saint Hilaire d’Arles. Il y fut déci­dé notam­ment qu’on ordon­ne­rait plus de diacres mariés.

On attri­bue à saint Eucher la fon­da­tion de plu­sieurs églises lyon­naises et d’autres pieux établissements.

Il semble que c’est saint Eucher qui rédi­gea la Passion de la Légion Thébaine (saint Maurice et ses com­pa­gnons mar­tyrs). Dans l’opuscule Formules du dis­cer­ne­ment spi­ri­tuel dédié à son fils Véran, et dans ses deux livres d’Instructions à l’intention de Salonius, Eucher fait œuvre d’exégète. Il écri­vit aus­si un Commentaire sur la Genèse et un autre sur le Livre des Rois.

Quelques dis­cours et ser­mons de saint Eucher nous sont res­tés dans les­quels, notam­ment, il se montre zélé défen­seur de la doc­trine de saint Augustin contre les semi-pélagiens((Exposé in L’Etoile de la Mer, octobre 2013.)).

Il décé­da le 16 novembre 449, mais sa fête dans le dio­cèse de Fréjus-​Toulon est repor­tée au 29.

Abbé L. Serres-Ponthieu