1er février 412

Saint Paul, évêque de Trois-​Châteaux, et le concile de Valence (374)

St Paul est né à Reims. Il fut marié à 18 ans avec une fille qu’il réus­sit à convaincre de vivre dans la chas­te­té. Fuyant des bar­bares (Les Francs sévirent en Champagne entre 351 et 355), il s’exile avec sa femme et sa mère à Lyon puis à Arles, et s’installe dans les Alpilles près du mau­so­lée de Glanum (auj. Chapelle St-​Paul-​de-​Mausole). Là, il cultive la terre d’un propriétaire.

Des chré­tiens de Trois-​Châteaux eurent révé­la­tion que le nou­vel évêque devait être Paul se trou­vant près de Glanum, le peuple et le cler­gé tri­cas­tins l’élurent en 372, des dépu­tés s’y ren­dirent, et l’ayant trou­vé, lui demandent son nom. Paul décline son nom. Ils lui dévoilent leur mis­sion. Il répond : Moi, pour leur évêque ? Allez mes amis, allez ; je ne suis pas le Paul que vous cher­chez. Ne voyez-​vous pas que je ne suis qu’un pauvre labou­reur ? Et pour défier leur insis­tance, il sai­sit la verge (aiguilla­do) dont il se sert pour conduire ses bœufs, l’enfonce en terre, et leur dit : Voyez-​vous cette verge ? Quand elle pro­dui­ra des feuilles et des fleurs, je vous crois, j’accepte l’offre que vous me faites ». A l’instant la verge se cou­vrit de ver­dure et de fleurs. Ainsi, il s’inclina devant la volon­té de Dieu. Son épouse se reti­ra dans un monas­tère d’Arles où elle décé­da en odeur de sain­te­té. Après son sacre, il pria Dieu pour la rémis­sion de ses péchés ; un Ange lui annon­ça qu’ils étaient pardonnés.

De retour du concile de Valence (1), un juif lui récla­ma la res­ti­tu­tion d’une somme pécu­niaire prê­tée à saint Torquat, l’évêque pré­cé­dent. Paul prie, revêt les habits sacer­do­taux et touche le tom­beau du saint de sa crosse, et lui com­mande, de la part de Dieu, de dire s’il a payé au juif ou non : une voix répond du sépulcre que le juif fut rem­bour­sé. St Paul décé­da le 1er février 412.

Les reliques furent détruites par les pro­tes­tants. La tra­di­tion à St-​Paul-​Trois-​Châteaux était, le 1e février, de faire pro­ces­sion­ner une verge gar­nie de fleurs d’amandiers.

Abbé L. Serres-Ponthieu

Note : l’évêque Acceptus

(1) Un prêtre de Fréjus, Acceptus, renom­mé pour sa sain­te­té, fut élu évêque de Fréjus, mais il cher­cha à se déro­ber en s’accusant de crimes imaginaires.

L’affaire fut por­tée devant un concile, le pre­mier qui se tint à Valence, le 12 juillet 374, dans l’église Saint-​Jean-​Baptiste. Saint Emilien, évêque de (fêté le 10.9) y accueille une ving­taine d’évêques, ou de leurs repré­sen­tants, dont e (arche­vêque d’), Artemius (Embrun), Antherius, Rhodanius, Chretus, Noeterius, Urbanus, un autre Urbanus, Nicetius, Constantius, Felix, venant de toute la Gaule, de Mende, de Clermont, d’Alba Helviorum (près Viviers), de Trèves, et notam­ment les saints évêques sui­vants : le doyen et pré­sident de ce concile, saint Phébade (Agen), saint Simplice (Autun, fêté le 24.6), saint Vincent (Digne), saint Florent 1er (, fêté le 3.1), saint Evode (Le Puy), saint Just (, fêté le 2.9), saint Euverte (, fêté le 7.9) et saint Paul (Trois-​Châteaux).

Les dépu­tés de Fréjus auprès de ce concile s’adressèrent à Concorde leur Primat d’Arles, lequel trans­mit au concile son propre rapport.

Le Concile remit aux dépu­tés pour le cler­gé de Fréjus le mes­sage sui­vant : « Quoique notre bien-​aimé frère Concorde nous ait par­lé d’une part tou­chant la per­sonne du très-​saint Acceptus, de la manière qui convient à un homme pru­dent et chré­tien, et que de l’autre, il nous ait fait connaître que vous dési­rez tous avec ardeur de l’avoir pour évêque ; cepen­dant comme notre concile avait déci­dé qu’il fal­lait défendre les Ordinations qui ne peuvent se faire sans scan­dale, nous n’avons pu accor­der au seul Acceptus ce que nous avons refu­sé à tous les autres ; et quoique nous n’ignorons pas que plu­sieurs par pudeur, et quelques autres par la crainte d’être char­gés de l’épiscopat (ce qui sont des marques de sain­te­té) ont dit des choses fausses contre eux-​mêmes pour éloi­gner cette digni­té de leurs per­sonnes ; néan­moins comme presque tous les hommes sont plus enclins à juger en mal qu’en bien, et que les détrac­ta­tions qu’on fait des pon­tifes de Dieu sont une source de dis­putes scan­da­leuses ; il a été réso­lu dans notre concile, que si quelqu’un avait dit des choses vraies ou fausses contre soi-​même, il fal­lait ajou­ter foi à son propre témoi­gnage. C’est pour­quoi nous avons sta­tué qu’on devait abso­lu­ment éloi­gner ces per­sonnes de l’épiscopat, qui doit être exempt de toute sorte de scan­dale. Nos très chers frères, que la divine misé­ri­corde vous conserve éternellement. »

Le concile en pro­fi­te­ra pour sta­tuer sur la péni­tence et l’admission aux ordres : le canon n°1, « inter­dit d’or­don­ner désor­mais (à un quel­conque degré de la clé­ri­ca­ture) les digames (veufs rema­riés) ou ceux qui ont épou­sé une veuve, que ce soit avant ou après leur bap­tême. » Le canon n°2 inter­dit qu’on se contente d’une péni­tence immé­diate impo­sée à une femme qui s’est mariée après avoir fait vœu de vir­gi­ni­té, mais seule­ment après l’exécution de la satis­fac­tion de la péni­tence ». Le canon n°3 « dif­fère l’absolution jusqu’à (l’approche de) la mort à ceux qui après avoir été bap­ti­sés par­ti­ci­paient aux sacri­fices pro­fanes des démons, et les exhorte à déjà faire péni­tence et à attendre la misé­ri­corde ». Le qua­trième et der­nier canon sti­pule qu’« il fat dépo­ser tous les diacres, prêtres et évêques qui s’accusent publi­que­ment de quelque grand crime, soit qu’ils l’aient com­mis, soit qu’ils s’en accusent faussement. »

Acceptus ne sera donc pas sacré évêque. (Tandis que saint Ambroise qui invo­qua de sem­blables pré­textes fut sacré en décembre 374…). De vieux manus­crits de Fréjus attestent que Quillinius fut élu par le cler­gé et le peuple de Fréjus et subro­gea Acceptus.