Vers 50-100

Saint Probace


Saint Probace est invo­qué pour obte­nir la pluie

Une charte de 1019 du Cartulaire de l’Abbaye St-​Victor men­tionne l’existence de la cha­pelle Saint-​Probace près de Tourves [1]. Ce sanc­tuaire de la « Côte du Gau » pou­vait être un lieu sûr au sor­tir du canion de Caramy en cas de persécutions.

Une notice pré­ten­du­ment écrite par le Bx Raban Maur (-856) fut don­née par l’Abbaye Saint-​André d’Andaon [2], fon­dée en 982 à Villeneuve-​lès-​Avignon, à Joseph-​Marie de Suarès, pré­vôt de la Cathédrale d’Avignon, lequel, deve­nu évêque de Vaison en 1633, en don­na copie aux consuls de Tourves en 1644 ; cette notice dit ceci :

« Voici le pro­logue des Saints dis­ciples du Christ qui assis­tèrent, avec les douze Apôtres, à la Cène du Seigneur. De ce nombre fut Probace. Après l’Ascension du Sauveur, lorsque la per­sé­cu­tion était sur le point d’éclater, des dis­ciples quit­tèrent Jérusalem et arri­vèrent par mer dans la cité d’Aquilée. De là ils se diri­gèrent vers la ville de Ravenne où reposent St Vital et St Apollinaire. Or, Probace et ses com­pa­gnons ense­ve­lirent les corps des saints pré­nom­més [3]. Ils séjour­nèrent dans ce pays pen­dant trois ans et trois mois. Prêchant le nom du Christ à ces peuples et les bap­ti­sant. Ce laps de temps écou­lé, les hommes de Dieu se levèrent, et, met­tant à la voile, ils tra­ver­sèrent la mer et abor­dèrent à la ville de Rome. Là, ils trou­vèrent saint Trophime qui par­tit en même temps avec eux. Suivis d’un grand nombre de navires, ils demeu­rèrent dans leur barque pen­dant un an ; cha­cun s’arrêta où il vou­lut, près d’un port de mer. Cependant Probace, ayant pas­sé au-​delà des Alpes, vint à Marseille ; il y prê­cha et bap­ti­sa jusqu’au jour où le Seigneur ordon­na à son âme de sor­tir de ce siècle. J’ignore seule­ment où repose son corps. Tout ce que je sais, c’est que cet Apôtre s’en alla vers le Seigneur, le hui­tième jour des calendes de sep­tembre (25 août), sous le règne de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ. Amen. »

Tandis que des paléo­graphes pré­tendent que cette notice fut rédi­gée par un incon­nu au XIème siècle. Selon une tra­di­tion, c’est de lui dont il est ques­tion, sous le nom com­plet de Patrobas, dans l’épître aux Romains (XVI, 14) : « Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermas, Patrobas, Hermès et nos frères qui sont avec eux. »

Saint Probace décède à Tourves. Son corps repo­sait dans un caveau creu­sé dans le roc de la Chapelle St-​Probace de Tourves. Il fut trans­fé­ré en 1019 pour la consé­cra­tion de la Chapelle du prieu­ré béné­dic­tin Saint-​Estève de Tourves sous Pons 1er, arche­vêque d’Aix. Lorsque ce prieu­ré pas­sa au cler­gé dio­cé­sain vers 1470, les reliques de saint Probace furent trans­fé­rées à la Chapelle de l’Annonciade, future église parois­siale. En 1531, les Tourvains obtinrent de repor­ter les reliques à la Chapelle Saint-​Probace. Les guerres de reli­gion ensuite virent dimi­nuer le nombre de pèle­rins, mais des vil­la­geois mon­taient désor­mais invo­quer saint Probace pour obte­nir la concorde (on comp­tait une cin­quan­taine de bour­geois pro­tes­tants à Tourves).

En 1643, ces pèle­ri­nages indi­vi­duels furent l’objet de « visions, révé­la­tions et gué­ri­sons » comme la petite-​fille d’Antoine Aymat, boi­teuse, qui fut com­plè­te­ment gué­rie. Etienne Christineau, à deux heures du matin, enten­dit une voix mélo­dieuse com­man­der la répa­ra­tion des cha­pelles et la fon­da­tion d’une messe le ven­dre­di à per­pé­tui­té. L’archevêque décla­ra l’origine divine de ces événements.

En 1660, le Curé Durand se rend à Rome et obtient du pape Alexandre VII des indul­gences pour la confré­rie de St-Probace.

L’enthousiasme de ces dévo­tions s’étant essouf­flé par la suite, le Curé Raymondi, le 12 novembre 1869 pro­cé­da à l’ouverture du tom­beau et sor­tit le cof­fret des reliques pour les pla­cer dans une châsse en bronze. En 1890, le Curé Bon invi­ta des évêques pour pré­si­der à l’installation des reliques dans un riche mau­so­lée de marbre désor­mais au centre de la cha­pelle de l’ermitage. Les nom­breux ex-​votos témoignent de l’intercession heu­reuse de Saint Probace dans cette cha­pelle orien­tée du sud au nord, longue de 18 mètres sur 7 de large, à trois tra­vées sépa­rées par des arceaux plein cintre por­tant la voûte, en arètes, à 8 mètres de haut.

La Saint-​Probace était l’occasion d’une brave fête popu­laire à Tourves, dans l’ancien dio­cèse d’Aix, aujourd’hui dans celui de Fréjus-​Toulon, avec la pro­ces­sion de ses reliques. Il est invo­qué pour obte­nir la pluie.

Abbé Laurent Serres-Ponthieu

Notes de bas de page
  1. Il est notable qu’un sar­co­phage chré­tien du IIème siècle fut décou­vert dans la cha­pelle Notre-​Dame de la Gayole en 1860, sur l’ancien ter­ri­toire de Tourves, aujourd’hui de La Celle.[]
  2. Le Juge Heldebert d’Avignon leur avait don­né la moi­tié de la pro­prié­té de la com­mune de Tourves en 1002.[]
  3. St Apollinaire fut mar­ty­ri­sé sous Vespasien (69–79), et St Vital vers 67.[]