10 septembre 481

Saint Véran de Vence

Saint Véran est patron de la ville de Vence

Saint Véran [1] est le fils aîné du séna­teur saint Eucher et de sainte Jalle, éta­blis en pays d’Aigues. Adulte, Eucher se conver­tit au catholicisme.

Peut-​être parce que des bar­bares Alains ou Burgondes tuaient les hommes et emme­naient les gar­çons, il semble que devant l’invasion, en 416, Galla, enceinte de Salonius, put demeu­rer en sûre­té sur place, tan­dis qu’Eucher et Véran se reti­rèrent au monas­tère de Lérins.

Là, Véran, avec les autres céno­bites, vit sous la hou­lette du fon­da­teur, saint Honorat [2]. Un jour que Véran pei­nait à creu­ser pour trou­ver une source, Honorat, tel un nou­veau Moïse, fit cou­ler mira­cu­leu­se­ment une source à par­tir d’un rocher.

L’invasion pas­sée, il semble qu’Eucher soit allé cher­cher sa famille pour demeu­rer, non plus avec les céno­bites sur l’île prin­ci­pale, mais sur l’île de Lero (Ste-​Marguerite), confiant l’éducation de Salonius et de Véran aux aus­pices suc­ces­sives des saints Hilaire, Salvien et Vincent [3].
Puis, Eucher se rapa­trie avec Galla à Beaumont-​de-​Pertuis, reclus dans un réduit rocheux.

Eucher dédie l’opuscule Formules du dis­cer­ne­ment spi­ri­tuel à son fils Véran deve­nu ermite dans les Alpes-Maritimes.

En 434, Eucher devient arche­vêque de Lyon. Dès 440, Salonius est évêque de Genève, tan­dis que Véran ne sera évêque de Vence qu’en 446.
En 450, Véran, son frère Salonius et saint Cérat, évêque de Grenoble, écrivent au pape Léon une lettre, lui sou­met­tant un texte contre l’hérésie mono­phy­site d’Eutychès qui ris­quait d’atteindre l’Occident. Dans la même ligne, St Véran a vrai­sem­bla­ble­ment assis­té au concile d’Arles de décembre 451.

Vence et les autres évê­chés des Alpes-​Maritimes n’étaient plus suf­fra­gants d’Arles, mais, depuis 445, d’Embrun, sur déci­sion du pape saint Léon. Cependant Auxanius, évêque d’Aix, reven­di­quait une supré­ma­tie sur les Alpes-​Maritimes. St Véran et les autres évêques des Alpes-​Maritimes écri­virent donc au pape Léon, lequel repro­cha à Ingénuus, évêque d’Embrun, de n’avoir pas défen­du ses droits contre la pré­ten­tion de l’évêque d’Aix. Le pape sui­vant, saint Hilaire, un temps cir­con­ve­nu par l’évêque d’Aix, ren­dra ensuite à l’évêque d’Embrun tous ses droits, grâce à la lettre que saint Véran avait adres­sée au pape précédent.

St Mamert, arche­vêque métro­po­li­tain de Vienne, vou­lant contrer l’arianisme, vint confir­mer l’élection de saint Marcel [4] et l’ordonna prêtre et évêque de Die en 463. Ce sacre fut repro­ché pour avoir lésé la pré­ro­ga­tive de l’archevêque métro­po­li­tain d’Arles. Sur la dénon­cia­tion du roi Gondioc, le pape saint Hilaire 1er envoya une lettre le 10 octobre 463 à Léonce, arche­vêque d’Arles, deman­dant qu’un concile fît une enquête. St Véran par­ti­ci­pa à ce concile d’Arles, avec dix-​neuf autres évêques. En réponse, le 24 février 464, le pape déclare vou­loir user d’indulgence envers St Marcel, et charge St Véran de mena­cer St Mamert de lui enle­ver ses quatre évê­chés suf­fra­gants s’il ne res­pec­tait pas les limites de sa province.

Après la chute de l’empire romain d’Occident du 4 sep­tembre 476, Euric [5], roi arien [6] des Wisigoths, en pro­fi­ta pour enva­hir la Provence ! Il com­bat­tit d’abord les Burgondes au nord, puis péné­tra la Provence. Les Vençois étant mena­cés par l’avancée des goths, la légende raconte que St Véran les emme­na en sûre­té dans une for­te­resse sous le Baou [7], puis, revê­tu d’insignes épis­co­paux et empoi­gnant la crosse, il se dirige sur sa mule vers le camp d’Euric, accom­pa­gné d’un enfant qui por­tait une croix.

Véran apos­tro­pha Euric : « Je suis Véran, évêque de Vence. Je viens te sup­plier d’épargner ma cité et ses habi­tants, ô toi roi des païens » ; Euric fait tour­noyer son épée au des­sus de la tête du pré­lat qui priait à voix basse, quand l’épée se plan­ta dans un arbre ; Euric s’avança vers Véran et lui dit : « Evêque, si mon arme demain est fleu­rie, je t’épargnerai, toi et ta cité » ; Véran se reti­ra prier près de l’arbre jusqu’au matin. A l’aube, l’épée est fleu­rie car pen­dant la nuit un lise­ron rouge s’était enrou­lé autour de l’épée. Le soir, Euric leva le siège et Vence fut sau­vée. Ce qui valut à Véran le sur­nom de « Defensor civi­ta­tis », avant de décé­der en sep­tembre 481. Son corps fut ense­ve­li dans l’église cathé­drale de Vence. En 481, il est canonisé.

Au sixième siècle fut éri­gée une église St-​Véran à Cagnes-​sur-​Mer, près de Lérins, puis un monas­tère St-​Véran en 1010.

Saint Lambert Péloguin [8], évêque de Vence de 1114 à 1154, envoya des reliques de saint Véran, pour qui il avait une grande dévo­tion, à Bauduen [9], alors dans le dio­cèse de Riez, mais depuis dans celui de Fréjus-Toulon.

En 1466, Rafaël Monso, évêque de Vence, fit exhu­mer le corps de saint Véran ; son chef fut dépo­sé dans un buste d’argent qui fut fon­du sous la révo­lu­tion, avant d’être réin­tro­duit en 1825 dans un buste de bronze doré.

St Véran, cité au mar­ty­ro­loge de St-​Jérôme et au mar­ty­ro­loge Romain au 11 novembre, comme ayant été ense­ve­li à Lyon [10], est cité au mar­ty­ro­loge de France au 9 sep­tembre, et dans le dio­cèse de Fréjus-​Toulon au 11 sep­tembre, mais fêté com­mu­né­ment le 10 sep­tembre.
St Véran est le patron de Vence.

Abbé Laurent Serres-Ponthieu

Notes de bas de page
  1. A ne pas confondre avec St Véran, évêque de Cavaillon (-19.10.589), patron du célèbre vil­lage épo­nyme.[]
  2. L’Etoile de la Mer, jan­vier 2014.[]
  3. L’Etoile de la Mer, juin 2013.[]
  4. L’Etoile de la Mer, avril 2013.[]
  5. Euric s’était tenu au bord du Rhône, aus­si l’empereur romain Anthémius envoya des légats pour le dis­sua­der d’envahir la Provence. Peine per­due, Euric les fit mas­sa­crer, tra­ver­sa le Rhône en 471 et rava­gea l’ouest de la Provence. En 474, Népos, nou­vel empe­reur romain d’Occident, concède l’Auvergne à Euric à la condi­tion de ne plus péné­trer en Provence…[]
  6. Les ariens niaient la divi­ni­té du Christ.[]
  7. Appelé le Baou des Blancs depuis que les Pénitents Blancs y mon­taient chaque année en pèle­ri­nage.[]
  8. L’Etoile de la Mer, mai 2018.[]
  9. Ville natale de St Lambert, au bord du Verdon au lac de Sainte-​Croix.[]
  10. Peut-​être en rai­son de l’occupation wisi­go­thique.[]