vers août 216

Saint Zéphyrin, Pape et Martyr

Saint Zéphyrin, fils d’un cer­tain Abundius ou Abundantius, est Romain de nais­sance. Il devient le 16ème pape au cours de l’été de l’an 198, suc­cé­dant au pape saint Victor 1er, sous l’empereur païen Septime Sévère. Plautien, pré­fet du pré­toire, pour­sui­vit la per­sé­cu­tion, obli­geant Zéphyrin à se cacher jusqu’à la dis­grâce de Plautien le 22 février 205.

Zéphyrin appe­la Callixte, esclave qui habi­tait Anzio, pour l’ordonner diacre et le consti­tuer son archi­prêtre et secré­taire. Il lui confia la ges­tion du cime­tière acquis par son pré­dé­ces­seur sur la Via Appia.

Saint Optat [1], dans son livre I de son De schis­mate, au n°9, rap­porte que Zéphyrin rem­por­ta une vic­toire intel­lec­tuelle contre des héré­sies : le mar­cio­nisme qui reje­tait l’Ancien Testament, le patri­pas­sia­nisme de Praxéas qui confon­dait le Père et le Fils, le valen­ti­nisme gnos­tique basé sur une mytho­lo­gie judéo-​égyptienne, et le mon­ta­nisme qui exal­tait des pro­phé­ties dou­teuses sous des cou­verts d’ascétisme. Zéphyrin fut aidé dans ces contro­verses par Callixte qui lui suc­cé­de­ra comme pape. Néanmoins, seul Praxéas s’inclina et abju­ra son héré­sie devant Tertullien, encore ortho­doxe. Zéphyrin dépê­cha aus­si le prêtre Caius pour appor­ter la contra­dic­tion à Proculus, par­ti­san de Tertullien qui était deve­nu héré­tique. Cette joute théo­lo­gique rem­por­tée par Caius a dis­pa­ru à par­tir du IXème siècle, mais saint Jérôme l’avait lue et louée. Caius écri­vit aus­si un trai­té contre Artémon lequel niait la divi­ni­té du Christ. Zéphyrin sacre­ra Caius évêque région­naire, c’est-à-dire évêque nomade pour les besoins épars de la Chrétienté.

Eusèbe, évêque arien de Césarée, tire d’un livre de ce Caius la conver­sion de l’évêque Natalis, lequel avait été tor­tu­ré à Rome en rai­son de sa pro­fes­sion chré­tienne, mais qui par la suite fut séduit par deux héré­tiques, Asclépiodote et Théodote le Banquier, par­ti­sans de l’hérésiarque Théodote le Corroyeur, de Byzance, qui niait à sa façon la divi­ni­té du Christ. Les deux héré­tiques sacrèrent Natalis évêque de leur secte, et lui allouèrent une pen­sion de cent cin­quante deniers d’argent. Dieu néan­moins com­pen­sa les souf­frances endu­rées aupa­ra­vant par Natalis pour le gra­ti­fier de visions le som­mant de quit­ter cette secte où il ne demeu­rait que par vani­té et inté­rêt. Enfin, fouet­té par un ange toute une nuit, Natalis se ren­dit à la rai­son et alla, le visage bai­gné de larmes, et revê­tu de l’habit de péni­tence (cou­vert d’un sac et cendres sur la tête), se jeter aux pieds de Zéphyrin, et se pros­ter­na devant l’assemblée des fidèles. Zéphyrin accor­da son par­don après beau­coup d’hésitations et épar­gna à Natalis les peines alors très rigou­reuses pour de tels for­faits. Saint Zéphyrin fut abon­dam­ment insul­té par cette secte.

Le bré­viaire romain indique que Zéphyrin deman­da à ce que les céré­mo­nies d’ordination aient lieu en un temps oppor­tun et avec un afflux de clercs et de laïcs ; il rap­pe­la le devoir de tous les prêtres d’assister à la messe de l’évêque, ain­si que le pape Evariste l’avait déjà ordon­né ; et enfin que les patriarches, pri­mats métro­po­li­tains, ne condamnent point un évêque sans l’assentiment de l’Autorité Apostolique, c’est-à-dire du Saint-​Siège de Rome. Une tra­di­tion romaine pré­tend qu’il régna 18 ans et 18 jours, et ordon­na treize prêtres, sept diacres et sacra treize évêques au cours de quatre ordi­na­tions au mois de décembre.

On ne sait com­ment il est décé­dé mais il est hono­ré du titre de mar­tyr, en rai­son des souf­frances aux­quelles il fut expo­sé au cours des per­sé­cu­tions de Plautien et de l’empereur Sévère jusqu’en 211.

Son corps fut ense­ve­li le 26 août 216 sur la via Appia près du cime­tière dit de St- Callixte, sous l’empereur Caracalla. C’est à cette date qu’il est cité en mémoire dans le calen­drier romain pour le Missel et le bré­viaire ; quelques mar­ty­ro­loges fixent son tré­pas et sa fête au 20 décembre, ce qui cepen­dant pour­rait cor­res­pondre à une éven­tuelle trans­la­tion de son corps [2] ou au jour de son ordi­na­tion épis­co­pale. C’est pour­quoi il est cité à ces deux dates dans le Martyrologe romain.

Paul VI a sup­pri­mé son culte en 1969…

Abbé Laurent Serres-​Ponthieu, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Notes de bas de page
  1. Evêque de Milève en Numidie, †4.6.v.387 []
  2. Zéphyrin fut le pre­mier des Pontifes ense­ve­lis dans la crypte célèbre où les Papes du IIIe siècle vinrent après leurs com­bats dor­mir le der­nier som­meil. La cata­combe qui suc­cé­dait ain­si au cime­tière Vatican dans l’hon­neur d’a­bri­ter les vicaires du Christ avait été inau­gu­rée, trente ans aupa­ra­vant, par Cécile la vierge mar­tyre : comme sur le point de quit­ter la vie elle consa­crait son palais de Rome en église, du fond de la tombe elle fai­sait main­te­nant que sa sépul­ture de famille pas­sât à l’Eglise maî­tresse et mère. La dona­tion funé­raire des Csecilii deve­nait, en face de l’Etat païen, le com­men­ce­ment de la pro­prié­té col­lec­tive ecclé­sias­tique, offi­ciel­le­ment recon­nue du pou­voir ; Zéphyrin confia l’ad­mi­nis­tra­tion du nou­veau cime­tière au pre­mier per­son­nage après lui de l’Eglise romaine, l’ar­chi­diacre Calliste. []