10 novembre 461

Saint Léon 1er

Saint Léon allant au devant d'Attila, Musée du Vatican

Léon naquit à Rome d’une famille opu­lente de tos­cans. Il était Archidiacre de l’Eglise Romaine sous le pape Célestin 1er.

Sous le pape saint Sixte III, il fut envoyé en Gaule pour récon­ci­lier les géné­raux romains rivaux Aetius et Albinus. Sa média­tion ayant réus­si, il est élu pape à l’unanimité au décès de saint Sixte III en 440, alors qu’il séjourne encore en Gaule.

En tant que pape, Léon 1er confir­ma ses frères évêques en Orient et en Occident dans la Foi catho­lique contre les héré­sies nes­to­riennes, mono­phy­sites, mani­chéennes, péla­giennes et pris­cil­lia­nistes, par de nom­breuses lettres. Sa pré­di­ca­tion au peuple romain montre éga­le­ment son sou­ci de défendre l’intégrité de la Foi.

En 443, le Pape intente des pro­cès au Sénat contre les mani­chéens qui ver­saient dans le crime rituel et le can­ni­ba­lisme. En 445, Valentinien III exclut de l’armée les mani­chéens, les exilent en cam­pagne, les déclarent inaptes à héri­ter ou léguer leurs biens confis­qués à leur mort. C’est ce que l’on appelle l’union du sabre et du gou­pillon, ou encore l’union du trône et de l’autel, c’est-à-dire la poli­tique du Christ-Roi !

En tant que pape, il veille éga­le­ment sur la dis­ci­pline ecclé­sias­tique et il repré­sente la suprême auto­ri­té à laquelle recou­rir en cas de litige comme en témoigne la lettre que saint Armentaire, évêque à Draguignan, cosi­gna avec dix-​huit autres évêques au pape saint Léon 1er, au sujet de Ravennius, arche­vêque d’Arles depuis juin 449.

Attila, chef des Huns, ayant été ména­gé par saint Loup, lequel avait été for­mé au monas­tère de Lérins, renon­ça à péné­trer dans la cité de Troyes et, pour­sui­vi, fuyant par les Alpes, enva­hit l’Italie. Sorti de Rome, saint Léon, ambas­sade de Valentinien III, alla à la ren­contre d’Attila le 11 juin 452 à Peschiera sur le bord du Mincio, affluent du Pô, et le dis­sua­da d’entrer ou de piller Rome. Attila dira plus tard à ses sbires qu’à ce moment il eut une vision der­rière le pape des Apôtres Pierre et Paul bran­dis­sant une épée redou­table le mena­çant de mort1). Léon obtient qu’il se retire en Pannonie contre un tri­but annuel. D’où l’on dit qu’ « Attila n’eut peur que d’un Loup et d’un Lion » (Leo signi­fie lion en latin).

Le 17 mars 455, Pétrone Maxime ren­verse Valentinien III à Rome. Maxime force le mariage de son fils avec Eudocie, fille de Valentinien et d’Eudoxie, qui avait été pro­mise à Hunéric, fils de Genséric, roi de Vandales d’Afrique. Eudoxie en appelle à Genséric qui s’embarque pour Rome où, à cette nou­velle, la panique géné­rale abou­tit le 31 mai au lyn­chage de l’empereur Maxime. Trois jours après, Genséric arrive à Rome où il est tem­pé­ré par saint Léon qui obtient qu’il n’y ait ni meurtre ni incen­die. Genséric ne fit que « van­da­li­ser » Rome quinze jours, épar­gnant les églises basi­liques St-​Pierre et St-Paul.

Saint Léon décède le 10 novembre 461 au terme d’un des plus longs pon­ti­fi­cats de l’Histoire. Son corps est ense­ve­li dans l’église basi­lique St-​Pierre, puis il sera dépla­cé un 11 avril à un autre endroit de cette église, ce qui éta­bli­ra la date de sa fête. Dans la basi­lique St-​Pierre recons­truite, son corps sera trans­fé­ré en 1715 à l’autel qui porte son nom.

Amos, patriarche de Jérusalem entre 594 et 601, disait avoir lu que saint Léon avait veillé et prié qua­rante jours au pied du tom­beau de saint Pierre, lui deman­dant d’intercéder pour la rémis­sion de ses péchés ; saint Pierre lui appa­rut et dit : « Le Seigneur vous par­donne tous vos péchés, excep­té ceux que vous avez com­mis en confé­rant les saints Ordres et dont vous êtes encore char­gé pour en rendre un compte rigou­reux. » On peut pen­ser que dès lors le saint pape s’était appli­qué plus encore à faire res­pec­ter la dis­ci­pline ecclésiastique !

Saint Euloge, patriarche d’Alexandrie de 581 à 608, disait avoir reçu la tra­di­tion d’un diacre de Rome dénom­mé Grégoire, selon laquelle saint Léon, après avoir écrit la fameuse lettre doc­tri­nale à saint Flavien, patriarche de Constantinople de 441 à 449, contre les héré­sies de l’archimandrite Eutychès qui niait l’humanité du Christ, la dépo­sa sur le tom­beau de saint Pierre, en le conju­rant par des veilles, des jeûnes et des prières, de la cor­ri­ger. Quatre jours étant écou­lés, l’Apôtre lui appa­rut lui disant avoir lu la lettre et y avoir appor­té les cor­rec­tions néces­saires. Le pape, ayant reprit la lettre sur le tom­beau, y lut les cor­rec­tions du Prince des Apôtres, et l’envoya à Flavien ; mal­heu­reu­se­ment l’empereur Théodose II et les euty­chiens n’en per­mirent pas la publi­ca­tion. Cette lettre sera hono­rée en 451 par les 630 évêques du concile de Chalcédoine, ce qui n’empêcha pas le schisme euty­chien des coptes, des éthio­piens et des syriens.

En 1754, le pape Benoît XIV décla­ra saint Léon Docteur de l’Eglise.

Abbé L. Serres-Ponthieu

  1. Scène fameu­se­ment dépeinte par Raphaël. (Voir pho­to ci-​dessus []